Lancer notre propre groupe de musique n’était pas ce qui embêterait le plus mon interlocuteur, mais y trouver un nom. Comme je pouvais le comprendre ! Après tout, j’avais été obligé de demander de l’aide pour choisir celui de Moana ! Bon ok, c’était davantage car les idées se bousculaient plus que par manque d’inspiration mais voilà. Je réfléchis, songeant que notre amie en commun aurait très bien pu rejoindre l’équation afin de monter un trio.

- Si Dana nous avait rejoint, pourquoi pas les 2Be3 ? Image parfaite de l’osmose entre nous ! Super vendeur.

Enfin… en principe ! Je n’en avais strictement aucune idée ni ne suspectais que cela avait déjà été utilisé en France. À moins que je l’eusse intercepté lors de mon séjour mais n’en avais tout simplement pas conscience ? Quoiqu’il en soi, cette affaire de dépasserait jamais le cap de l’hypothétique et, par conséquent, il était inutile de s’y attarder davantage. Surtout que nous avions bien mieux à faire lorsque, plusieurs minutes après, nous nous retrouvâmes dans la chambre ultra luxueuse qui serait notre maison pour les prochains jours ! Je n’en revenais pas. Peu importe le nombre d’endroits classes que je visitais aux côtés de Castiel, je ne pouvais m’empêcher d’être émerveillé dès que je posais le pied dans l’un d’eux. Jamais lassé ni blasé. Le jacuzzi se révélait d’ailleurs particulièrement attractif après tant d’heures assis inconfortablement dans le véhicule nous ayant conduit jusque-là ! De la détente et de la relaxation. Que demander de plus ? Bien sûr, il était complexe pour moi de savoir quoi choisir entre cette perspective et celle de découvrir les casinos de Las Vegas à proximité. Ainsi, je fus grandement soulagé lorsque l’agent immobilier prit la décision pour moi.

Sans même avoir le temps de réagir, je me retrouvais avec son t-shirt dans la figure. J’étais si peu réactif ce soir ! Je ris face à sa menace de défaite cuisante et j’eus comme un coup de fouet à l’annonce du combo bulles et minibar. Bon sang, était-ce ça de vivre un conte de fées ? Oublier le poids des responsabilités, bouder ses différentes sources d’anxiété et ne jurer que par son propre bonheur ?

- J’en pense que tu ne me le proposeras pas deux fois ! m’exclamai-je en posant son haut sur le rebord du canapé avant de faire de même avec le mien.

S’ensuivit une visite du bar d’où Eliot tira plusieurs bouteilles pendant que je choisis des verres avec soin. Pitié, pas de casse. Mais rien n’était moins sûr vu la quantité d’alcool que l’artiste paraissait décidé à ingurgiter. Au pire, nous n’étions plus à ça près ! Blagueur, j’ajoutai après l’avoir aperçu déjà immergé en partie :

- T’as gardé le bas j’espère !

Je ris de bon cœur puis le rejoignis après avoir ouvert la première bouteille de champagne et m’être débarrassé de mon pantalon.

- Toi qui n'y tiens absolument pas, t’as conscience qu’avec tout ça on risque de se réveiller mariés ? lui demandais-je, toujours avec humour, en référence à Ross et Rachel qui avaient connu de sacrées péripéties à Las Vegas à cause d’un surplus d’alcool.

Il y avait pire parti que moi, eh ! Nous trinquâmes puis je bus une première gorgée tout en fixant la vue impressionnante qui nous faisait face. Je peinais à savoir si la vue du quinzième étage était plus incroyable encore que celle au rez-de-chaussée. Tout ici donnait le tournis entre sa grandiosité et ses lumières vives. Je sentais déjà mes muscles se détendre.

- Encore quelques verres et ce sera le moment parfait pour jouer à « Action ou vérité » !

Oui, je nous imaginais déjà totalement saouls en train de nous baigner dans les Fontaines du Bellagio ou en train d’écrire partout avant de nous retrouver en cellule de dégrisement. Ok, cette dernière option était beaucoup moins sympathique mais une chose était certaine : nous risquions d’être les victimes d’une sacrée gueule de bois si nous descendions tout ce que mon binôme avait ramené à côté de nous !

Reproduire le final de la cinquième saison de Friends relevait de l’impossible maintenant que monsieur était un homme engagé ! Dire que je l’avais connu à une époque où il prétendait encore que sa femme était gravement souffrante pour éviter ça… Dingue comme il avait changé depuis notre rencontre. J’étais fier de lui, du moins si ce changement de philosophie de vie le rendait heureux. Et il en avait tout l’air aux côtés de Maxine. Je la connaissais que trop peu pour affirmer cette réflexion de façon réciproque mais elle était bien chanceuse de l’avoir trouvé ! Après avoir avalé une gorgée de ma coupe, je pouffai à la mention du fameux marqueur indélébile qui avait valu à Rachel d’être la risée du casino pendant plusieurs heures.

- Si tu fais ça, ce sera à charge de revanche. Et crois-moi que je ne manque jamais d’idée pour te torturer ! le menaçais-je en plissant les yeux dans l’espoir de l’« effrayer ».

Oui, la différence d’âge n’avait jamais constitué un frein à notre alchimie. Nous nous charrions tour à tour sans jamais prêter attention à la décennie et demi qui nous séparait. À quoi bon ? Qu’est-ce que cela changerait ? Et puis cela faisait une éternité que je remarquai qu’à part une poignée de potes, je traînais énormément avec des quarantenaires. Notre amitié se caractérisait notamment par un point : nous nous connaissions parfaitement comme Eliot ne manqua pas de le formuler alors même que cette réflexion se forma dans mon esprit. À ce stade, qu’ignorais-je encore de lui ? Il marquait un point. Très vite, il investit ses efforts dans un refus catégorique de se retrouver dans des situations rocambolesques en guise de gage.

- Dommage car ça aurait été sympa d’avoir un tigre domestique… Au moins, tu n’as pas refusé de chanter en boxer au Caesars Palace et c’est déjà un plus !

Je ris, sachant que cette perspective ne le réjouirait pas. Quoi de pire que d’être sur scène (pour moi) ? L’être en sous-vêtement ! N’était-ce pas là l’une des plus grandes peurs de beaucoup ? En revanche, nous étions d’accord sur un point du programme : manger ! Mon ventre criait famine et quitte à sortir le grand jeu alors… Allons-y ! Dans un élan de surexcitation, je bondis hors du jacuzzi puis donnai le téléphone à mon colocataire.

- Vas-y, fais-toi plaisir ! Je te l’offre !

Désormais je n’étais plus en difficulté financière grâce au Point et c’était le moindre que je puisse faire avec tout l’argent qu’il avait déjà investi dans ce séjour.

- Tant qu’il y a du gâteau je suis satisfait ! ajoutai-je, amusé. Profites-en pour leur demander s’il y a un piano dans le coin !

Car oui, quoi de mieux pour deux musiciens que d’avoir un instrument sous la main ? À vrai dire, n’ayant pas réellement fouillé l’appartement, peut-être ne l’avais-je pas aperçu ? Ce serait très surprenant tout de même puisque nous n’avions pas la chambre la plus VIP du bâtiment.