Pas tant un monstre d’indisponibilité, Leo quand il le veut bien. Un café, c’était tout à fait raisonnable, ça rentrait facilement dans ses journées bien remplies. C’est donc volontier qu’il avait accepté l’invitation de la jeune femme à se rendre au Snow Rose café, histoire de profiter des derniers rayons de la saison d’été. Pas sa saison préférée, lui-même avait hâte de passer à autre chose, sans doute parce que l’avenir lui semblait soudainement moins compliqué. La journée est belle, on n’a pas encore sorti les pumpkin spice late. Pendant qu’il marche jusqu’au café, qui n’est pas forcément une entité qui lui rappelle ses meilleurs souvenirs, le brun ne peut s’empêcher de repenser aux derniers mois écoulés; cette révélation de parenté qui sortait de nulle part. La résolution de se plonger dans les souvenirs rapportés chez ses parents, lors de sa prochaine visite. Pas tant dans un but méfiant, mais plus pour y trouver un sens. Pas de la faute d’Elizabeth, si leurs familles s’étaient embrouillées, c’est certain. Comme toutes discordes familiales, celle-ci n’échappait pas l’exception : elle avait été stupide, elle avait un lien avec de l’argent. L’ego qui prend le dessus, et la famille qui passe en deuxième plan. Dommage s’était-il dit, quand il en avait parlé avec ses parents, dont les regrets s’étaient manifestés au fil des années sans qu’ils n’agissent à ce sujet. Plus facile d’aller prier à la paroisse plutôt que de prendre un téléphone et rectifier les choses.

Sur la terrasse du café, son cappuccino sous les yeux, des lunettes de soleil logées sur son nez. Il l’écoute lui annoncer avoir trouvé une maison. Ah ouais ? Trop bien ! Sincère, quand lui-même ne se voyait pas vivre des mois dans une chambre d’hôtel. Malgré son absence décorative, il y a tout de même quelque chose de chaleureux à passer la porte de chez soi. Besoin de son avis, qu’il est bon pour ça car sa maison est trop belle. Il rit Leo, envie de secouer la tête et lui dire qu’au contraire, on a tendance à relever son défaut de personnalisation; qu’il avait simplement engagé des gens, et qu’il avait simplement eu à poser ses valises. Pas lui qui l’avait choisie cette maison non plus. Prends le compliment, Leo. Ce qui l’empêche de rectifier et de passer pour le mood killer. Ouais ? Vas y montre ! Par contre, si t’as besoin d’aide pour la déco, c’est vraiment pas mon truc. Elle ne savait pas Eli, au fond parce qu’elle n’avait pas mis les pieds à l’intérieur. Attends, attends, je vois rien avec le soleil. Il se rapproche, papi pour se retrouver dans le même sens que le téléphone. Il se penche, pas vraiment gêné par leur proximité tandis que les images défilent sous ses yeux. C’est nickel, y a pas besoin de faire des travaux de rénovation, t’as juste à déposer tes valises. Qu’il relève, en appréciant les différents espaces. Ouais ? Là ça va vraiment être tranquille, t’arrives à dormir quand y a genre… zéro bruit ? Qu’il demande sans jugement aucun, c’est même plutôt pertinent quand on vit en ville d’habitude, on a tendance à s’habituer aux nuisances sonores. Ah bah là c’est sûr t’as largement la place pour y faire installer une piscine. Voire deux. Il rit légèrement, Et puis pour le terrain t’as de quoi te payer un jardinier de toute manière, right ? Petite moue amusée, tandis qu’il ne peut cependant que relever : C’est une très belle maison mais je me dis… C’est peut être un peu… grand ? J’veux dire… 3 salles de bain ? Pour une jeune femme seule dans une maison au milieu de nulle part, ce n’était peut être pas optimal. A moins d’avoir des colocataires mais autant dire que ce serait la hantise de Leo le solitaire. C’est pour Marius aussi ? Taquin, évidemment tandis qu’il apporte sa tasse de café à ses lèvres.

Content d’apprendre que ses recherches de maison avancent; il n’est toujours pas certain de comprendre sa situation en vérité. Il a bien compris qu’elle était là pour un but bien précis; se demande s’il était pertinent d’acheter. Était-ce un futur investissement locatif ? Ce serait legit, et puis de ce qu’il avait compris, si elle se la jouait pauvre - Eli était loin de l’être, grâce à son mariage avec Roman. Une maison pouvait facilement se l’acheter. Pourtant, le principe même d’être riche n’était pas d’être un peu près de ses sous ? Dépensier, le Roman visiblement peu gêné à l’idée d’acheter une baraque dans laquelle il ne vivra probablement jamais. Des points d’interrogations qui n’ont toujours pas de réponses, et ça, Leo commence à les accumuler sans pour autant être dans la confrontation constante. Il n’a pas envie qu’Eli finisse par se braquer. Gentil Leo est de sortie, celui qui laisse couler. En tout cas c’est le mood pour le moment, bien qu’il lui précise tout de même ne pas être un pro de la décoration. Oula non, on dirait un vrai catalogue Ikea, c’est très… aseptisé. J’ai deux fausses plantes, un vrai psychopathe. Il plaisante en se traitant de psychopathe, le reste, juste une vérité. Récemment lui est venue l’idée d’enfin vouloir afficher des photos. Il a fallu qu’il tombe amoureux, et qu’il se retrouve dans ce mindset d’ado in love qui veut voir sa meuf affichée quelque part parce qu’elle lui manque quand elle n’est pas là, et qu’il est juste complètement accro. Proche d’Eli, l’homme ne voit pas mal, faut dire que c’est sa cousine. Rien de louche, en somme, tandis qu’il commente progressivement les photos qu’il voit défiler sous ses yeux. Le regard qui se relève parfois pour l’observer, en particulier lorsqu’il l’interroge sur ses habitudes de sommeil. Il voit sa petite moue, se mord l’intérieur de la lèvre, embêté. T’as jamais dormi chez quelqu’un à Redwood Hills ? Un petit haussement de sourcil, un sourire amusé.   Bon… tu peux toujours mettre de la musique, ou je sais pas. Haussement d’épaules, à son sens c’est probablement quelque chose qui pouvait être solutionné.

Et puis quand il est question du jardin, peut-être l’avait-il mal jugée ? Elle lui dit pouvoir gérer. Il hoche la tête. Je t’imaginais pas avoir envie de tondre et tailler la haie, mais je me trompe peut-être ? En tous cas, lui ne se voyait pas faire une chose pareille, un peu trop précieuse; aucun jugement de son côté. Cependant - et parce qu’il ne pense pas que son avis puisse semer réellement une éventuelle discorde ou créer le malaise - il a l’impression que l’endroit est peut-être un peu trop grand. Il mentionne les salles de bain en exemple. La maison qui n’est pas particulièrement bon marché, mais Eli explique trouver dommage de passer à côté de cette maison pour sa taille. Y a rien d’autre ? Qu’il demande avant de finalement mentionner le garde du corps. Peut être que c’est pour cette raison qu’elle cherche une maison aussi grande. La blonde s’étouffe. Réflexe de regarder s’il ne s’est pas pris un postillon de café sur lui. Tu peux pas juste… le virer ? Un haussement de sourcils. T’as tant besoin d’un entourage ici ? Qu’il lui demande, un peu perplexe.  D’autant plus qu’elle ajoute devoir prévoir quelque chose pour le fameux Marius. C’est à dire ? Emménager ensemble ?? Ah voilà le retour du Leo qui ne comprend rien et qui pose des questions.

Ah ah. Leo sourit en entendant Eli vouloir explorer l’étendue de sa non décoration chez lui. Il se mord la lèvre inférieure. Ouais, bah ouais ça se fait. Wow, Leo t’as tout donné là. En même temps, il soupçonne toujours qu’elle gambade de l’autre côté de sa haie, pas besoin de visiter sa maison, right ? Petty Leo. Sa maison, contrairement aux apparences, n'est pas si impressionnante que ça; trois chambres dont une qui a été changée en bureau. En comparaison à celle de son voisin, on pouvait presque dire que la maison de Leo était assez modeste. Et puis cela s’applique également à la maison qu’elle aimerait acheter. Un terrain interminable, de nombreuses salles de bain, beaucoup trop grande pour une personne qui comptait y vivre seule… ? En tous cas c’est ce qu’il s’imagine car il n’a toujours pas compris les plans de sa cousine quant à son installation à Redwood Hills. Un sourire amusé quand elle évoque des ronflements d’humains et de chat. Leo hoche la tête, bon bah finalement ça va. Peut-être que ce sera la même chose dans cette future acquisition; suggère au cas où d’ajouter de la musique. La logistique en revanche, qui concerne le jardin est soulevée par Leo qui pense à un jardinier. Elle gère la tonte du gazon. Bon si t’es motivée, c’est fine, t’as le droit d’engager un paysagiste hein. Pour Leo la princesse, c’est une nécessité. Pas lui qui allait passer sa journée avec un taille-haie, activité bien trop fatigante pour celui qui préfère profiter du résultat.

Progressivement, s’il a dit des choses positives, il veut tout de même être honnête quant à la maison qui conviendrait peut-être à un autre type de client. Eli ne veut pas passer à côté de cette offre, n’a pas vu d’autre maison. Le jeune homme sourit, un peu embêté. Il n’a pas envie de la froisser, et puis au fond, ça ne le regarde pas, right ? Écoute si t’as eu un coup de coeur tu devrais foncer. Qu’il souffle en essayant de se rattraper, se sentant soudainement un peu maladroit; ce sentiment qu’ils ne se comprennent pas toujours. D’ailleurs il en a la preuve, quand elle fronce les sourcils et lui demande des précisions. Il secoue vivement la tête. C’est pas dans ce sens-là que je voulais dire ! J’disais entourage dans le sens d’avoir toute une panoplie d’employés, fin... Oh well. Il est toujours pas convaincu qu’elle ait réellement besoin d’un Marius, bien qu’il ne sache pas pourquoi elle l’avait engagé. Toujours concentré sur cette conversation - il ne voit pas sa sirène fâchée qui venait de traverser la route pour se diriger droit sur eux. Sa cousine qui s’arrête au milieu de sa phrase, le regard qui dérive. Leo en fait de même. Pas le temps de se lever, ou d’avoir la moindre réaction, qu’il se fait aussitôt démarrer. Pas le temps donc de se réjouir de sa présence. Le volcan Betty qui entre directement en éruption. Gare à vos fesses. Qu’est-ce que tu fous là ? Comment ça qu’est-ce que je fous là ?  Pourquoi tu continues à voir cette pouffiasse? Elle sait que t’es supposé être en couple ou c’est définitivement juste un mythe cette histoire ? Hein ?  L’homme incapable qui cligne des yeux, clairement abasourdi, ça va trop vite.  Phase 1, la surprise. Phase 2, vexé et agacé de se faire pourrir comme ça. Phase 3, compréhension de la scène qui peut être ambiguë. Regard qui dérive sur sa cousine, qui venait de se faire insulter et menacer dans la foulée. Pauvre cœur qui peine à reconnecter ses deux neurones. Betty… Qu’il l’interpelle, en se levant cette fois-ci. C’est ma… Ah mais c’est toi, je te reconnais ! Miss scandale à elle toute seule ! Hein ?  Regard qui passe de Betty à Eli, encore plus perdu, l’impression d’avoir manqué un épisode. Fâchée, visiblement et à juste titre, elle enchaîne. Pas si important apparemment. Again, même rituel de surprise vs agacement. Urgh..... non mais...  sérieux ? La situation ambiguë qu’il déteste. La rouquine qui pense qu’il se tape sa cousine, et sa cousine vexée de pas avoir eu la primeur de l’info concernant Betty. Un soupir peu discret. Envie de se barrer en courant. Rappel amer qu’il n’est pas le roi des annonces ni de la communication. Eli qui le fusille du regard. Celui de Betty n’est probablement pas plus chaleureux, ça peut aussi se comprendre. Il enchaîne rapidement, en espérant que dans cette vague rouge colère qu’il sentait monter entre elles, il puisse être entendu : C’est ma cousine. Qu’il lâche en remettant dans le contexte, sans vraiment ajouter l’habituel c’est pas ce que tu crois, et on faisait rien de mal , parce qu’il n’est clairement pas nécessaire, right… ?

Petite expérience hors de son corps; Leo qui ne voit absolument rien venir; subit finalement le moment plus qu’il n’en est acteur, au départ. Il y a quelque chose qui lui échappe complètement, de base. Il y a deux secondes, il essayait de justifier un choix de mot, à présent, ils lui manquent. Il l’observe, Betty, complètement perdu. Pourquoi elle lui tape une crise, au juste ? Et puis… inévitablement, ça lui revient : il a encore oublié d’ouvrir sa bouche. Ce n’est pas par indifférence, au fond. Pas par crainte non plus; sans doute un enchaînement de circonstances, d’autres priorités. Pas cool pour Betty, pas cool pour Eli non plus; une considération qu’elle aurait méritée sans doute car à ce stade, il n’a rien dit à qui que ce soit. Coeur distant, quand il s’agit de la famille. Pas une excuse, c’est bien le résultat d’un gros fuck-up de sa part. Le malentendu qu’il espère voir rapidement dissipé. L’incendie qui a bien du mal à s’éteindre. Des piques qui commencent à être balancées. C’était plus gracieux, avec le père de Betty dans le tribunal, c’est certain. Comparaison qui n’a rien à voir au fond, mais l’homme a du mal à s’imposer dans ce triangle, puisqu’il ne dit pas grand chose. Drôle de spectateur, qui déteste ce moment. Il déteste voir Betty dans cet état, déteste ce spectacle, déteste être celui qui déçoit, force est de constater qu’il excelle dans le domaine. Pas le moment de se lamenter, évidemment; bien qu’au fond, il aspire à se cacher sous son lit. Tu l’as voulue, ta meuf explosive.

Et puis Eli qui joue la provocation; elle aurait pu dire autre chose, mais en même temps, pouvait-on lui en vouloir ? Elle venait de se faire insulter gratuitement. Leo il ne comprend toujours pas, un petit épisode qui manque dans le catalogue drama. Il fera sans doute le lien plus tard, à chaud comme ça, c’est complètement flou. L’homme qui se met à grommeler, à défaut d’arriver à en placer une sans se faire couper. Pas qu’il lui doive spécialement l’info exclusive à la journaliste; pas comme si ça faisait trois plombes qu’ils étaient ensemble, pas comme si ça faisait trop plombes qu’ils se connaissaient non plus. L’ego agacé qui n’aime pas devoir quoi que ce soit à qui que ce soit - mais encore une fois…  Un ajustement de l’homme qui pense souvent que pour lui-même. Le regard noir d’Eli, celui de Betty qui l’observe comme si elle ne le connaissait pas. L’avocat qui avait bien compris le message, et qui n’avait absolument pas l’intention de la trahir de la sorte déteste qu’elle le regarde ainsi. Il balance son explication toute simple, le cœur stressé par l’instant de plus en plus tendu. Le climax qui est visiblement trop gros pour être cru. Il le voit bien à sa manière de le répéter, à son haussement de sourcil. Pas assez convaincant ? Possiblement. Il se décompose lentement mais sûrement quand il a la certitude qu’elle ne le croit pas. Super. Amer.

Elle ne le croit pas, et se retourne donc vers Eli pour lui demander confirmation. Leo hausse un sourcil. Comme si tout reposait sur Eli pour rétablir la vérité et sauver son couple. C’est triste.  Aucune parole, l’avocat qui se vexe, en attendant une confirmation, à savoir si c’est un gros mytho ou non. Même lui à ce stade, un peu comme un mec qui n’a rien à se reprocher mais qui psychote en passant la sécurité de l’aéroport. L’amoureux qui n’a pourtant pas grand chose à se reprocher, et vraiment rien qui concernait sa fidélité. La blonde qui vit sans doute le moment de la même manière que Leo; qui se demande pourquoi elle est sollicitée. Il n’y a pas de “oui c’est vrai c’est mon cousin qui a des problèmes de communications” mais une autre provocation qui n’aidera sans doute pas. Leo soupire. He’s fucked. Le contrôle qui se barre, et l’anxiété qui continue d’augmenter. A ce stade, tout le monde est debout. Vexé comme un pou, l’ego qui se prend une autre tarte pleine de vérité : ça pue la confiance votre couple. Un constat, mais puisque ça vient d’Eli, ça lui fout directement les boules, parce qu’il n’aime pas ce moment, il n’aime pas qu’il y ait des témoins d’une confiance si vite effritée. Embêté d’avoir mis Eli au milieu d’une scène de ménage qui aurait pu être évitée s’il avait ouvert la bouche, mais sur le moment, Leo réagit avec le peu de recul qu’il a, c’est à dire : aucun. Sérieusement, qui parle ? Tu peux te les garder tes commentaires de merde. Qu’il lâche sèchement. Va chier. Pardonnez le, la forme qui s’est barrée, noyée dans son café pas terminé.  Pas la première fois qu’il balance trois billets sur la table. Pas de retour en arrière de toute manière. Pas envie de parler à Betty devant Eli. Pas envie de continuer ce moment absolument chaotique. Trop dans ses émotions pour ne pas regretter ses propos. Je me casse. Réaction d’humeur, pas dans le calcul, probablement qu’il ne se dit pas qu’il y a une finalité avec Betty, et contrairement à ce que pense Eli, leur donne plus de crédit qu’un seul fil. Juste besoin de redescendre.