« Bonjour, je m'appelle Phoebe. Et je suis alcoolique. »

« Henry. » « Quoi ? » « Mon prénom ! Je m’appelle Henry. Henry Coleman » La blonde aux yeux bleu recula doucement la tête pour le regarder avant d’éclaté de rire. « C’est d’un pompeux ! T’es quoi, un duc ou quelque chose comme ça ? » Qu’elle lui dit a l’oreille, sans ça, impossible qu’ils s’entendent aux vue de la musique tonitruante que crachait les haut parleurs. «Quelque chose comme ça oui ! » Qu’il rit un peu. «Non, mes parents ont de l’argent, mais je n’aspire pas à cela moi. Je m’en fiche de l’argent. »Elle l’écoutait sans rien dire. Une bien étrange façon de commencer une conversation avec une femme qu’il ne connaissait pas. Elle ne savait pas vraiment pourquoi il l’avait abordé. Parce qu’elle était demoiselle d’honneur ? Sa sœur s’était moquée d’elle en disant que les demoiselles d’honneur se faisaient toujours draguer. Évidement Phoebe lui avait dit d’arrêter de dire des bêtises. Comme si elle, elle pouvait se faire draguer. « Comment tu as connu la mariée ? » Qu’il lui demanda ensuite en s’approchant encore un peu. Bientôt, elle pouvait sentir son souffle dans son cou, et lui, il se délectait de son parfum. « J’étais sa voisine quand j’étais petite… On est amie depuis l’enfance. »Dit-elle en regardant rapidement la mariée qui était en train de s’amuser sur la piste avec leurs autres amis. « Où ? » Elle le regarda un peu surprise. « Comment ça où ? Tu veux mon adresse ? » Dit-elle en souriant amusée autant que surprise. « Ton nom au moins ça me plairait bien. » Elle pencha un peu la tête face à son culot. « Phoebe. » Le reste du mariage, ils le passèrent à discuter, danser et rire. Lui était un camarade de promotion du marié, elle, amie d’enfance de la mariée. Une belle rencontre. Un coup de cœur. Début d’une histoire qui aurait pu être belle.

Et qui le fut…

« Pour ma part, je pense que je ne le suis pas. Mais... Est-ce que ce n'est pas ce que n’importe quel alcoolique dirait ? Vous avez dû en voir beaucoup des nouveaux comme moi qui arrive et disent qu’ils ne sont pas alcooliques. Pourtant ont fini tous ici pas vrais ? »


« C’est fini ! J’en ai ma claque de ces gens-là ! Je veux plus jamais les voir ! Bande de bourgeois pédant ! » Qu’il grinça en claquant la porte d’entrée du petit appartement de Phoebe. Phoebe qui sortit de la cuisine en le regardant un sourcil lever, l’interrogeant du regard. «Tu te rends compte ? Mon père décide de défendre cet escroc ! Et je ne supporte plus ce que ma mère ose dire sur toi. Je leur ai dit que je ne voulais plus de leurs argents ni d’eux dans ma vie ! » Qu’il continua en jetant ses affaires sur le canapé d’un geste très agacé. « Euh… Mais ce sont tes parents Henry. Et puis tu comptes payer tes études et ton loyer comment ? » Qu’elle avait dit en s’installant à côté de lui sur le canapé où il s’était laissé tomber. « J’travaillerais. Et puis on peut s’installer ensemble ? » Elle le regarda un peu surprise. « Pheeb’ ça fait deux ans qu’on est ensemble et ça fait un moment que j’en ai envie ! Aller, s’il te plaît ! » Un sourire se dessina sur les lèvres de la cascadeuse. « D’accord. »
C’était le moment où ils n’avaient pas grand-chose, elle, elle commençait sa carrière de cascadeuse et lui continuait ses études de droit dans le but de devenir avocat pour les plus démunies. Ils avaient encore des rêves ensemble, ils étaient encore heureux.

« Oui, je sais… J’essayais de noyer le poisson, vous avez certainement remarqué… Je vous l’avoue, je suis un peu mal a l’aise. Je sais que y en a qui savent pas trop comment ils en sont arrivés là… Mais moi, je le sais. Et j’ai l’impression que c’est encore plus triste… Parce que dans le fond, c’est ma faute. J’ai trop laissé faire. J’étais amoureuse. »

« Pardon, tu as quoi ? » Alors là, elle n’en revenait pas. Elle était abasourdie par ce qu’Henry venait de lui annoncer. «J’ai accepté la proposition de mon oncle. Phee’ ne fait pas cette tête ! Ce n'est pas si mal. Et ça nous permettra de pouvoir prendre un appartement plus grand. Et être plus heureux. » Il s’était rapproché un peu de sa femme pour aller lui prendre la main. « Ah oui, pardon, j’ai tendance à oublier que l’argent fait le bonheur ! » Qu’elle dit en reculant un peu, faisant un mouvement un peu brusque pour lui retirer sa main. « Arrête s’il te plaît… Tu sais très bien que je suis déjà pas super bien vue depuis qu’ils ont appris qu’ils n’ont pas été invités au mariage. » Elle soupira et leva les yeux au ciel. « Y’avais quasiment personne à ce mariage ! Et puis j’te signal que c’est toi qui m’a demandé et ton idée d’inviter peu de monde. » « Y’avais ta sœur ! » « Et tous tes meilleurs amis. Et donc ? Tu vas me reprocher ta propre idée maintenant ? » Il grimaça « Non… Moi pas, mais… » Elle soupira « Évidement, ta mère. Tu sais quoi, Henry ? Tu me gonfles, acceptes le taff que tu veux, vend ton âme au diable pour retourner dans les jupes de ta mère si ça te chante. Moi, j’en ai ma claque de me battre avec toi. » Elle tourna les talons et s’en alla de l’appartement pour marcher un peu sous la neige. Elle était souvent en déplacement pour son travail, ce qui était régulièrement source de tension dans ce mariage un peu précipité et pas très réfléchi, mais si la mère d’Henry redevenait un sujet de dispute, comme elle l’avait toujours était depuis le début, Phoebe n’allait jamais tenir. Après avoir marché une heure, elle était rentrée. Ils s’étaient expliqués et rabibocher. Le lendemain, elle repartait sur un tournage.
C’était encore l’époque où ils se réconciliaient vite.

« Dans le fond, je sais que c’est en grande partie ma faute. J’aurais dû le savoir, j’aurais dû le remarquer plus tôt. Je le savais que je n'étais pas vraiment la bienvenue, mais je n'avais pas remarqué à quel point cette vieille peau était manipulatrice. »


« Sérieux Henry ? On en a déjà parlé, tu sais que je ne veux pas d’enfant. » « Phee, aller fait un effort, tu verras, ce sera chouette ! » Elle soupira « Non n’insiste pas. Je n'en veux pas. Et tu le sais et tu m’as déjà dit que ca te convenait. » Cette conversation, ils l’avaient déjà eu il y a longtemps et il l’avait de plus en plus ces derniers temps. Ce qui avait le don d’agacer Phoebe. « Tu sais, Maman dit que ça fera de toi une vraie femme. » Elle se figea sur place et le fixa froidement. Non-sérieux, elle ose dire ça la vieille ? « Quoi parce que là, je n'en suis pas une ? C’est toi ou Peggy qui le veut ce gosse en fait ? » Elle était furieuse. Contre son mari, et aussi contre sa belle-mère. « Ce serait si dramatique si je disais les deux ? » Elle eut un petit rire amer « Si, elle veut tant un gosse, elle a cas allé en adopter un. » Qu'elle grinça. « Oh arrête un peu ! C’est bon, j’pensais que tu étais heureuse avec moi et que tu m’aimais. Mais visiblement, ce n'est pas le cas. » Elle le fixa un instant interdite. Elle n’en revenait pas de ce qu’était en train de devenir l’homme qu’elle aimait.
Il finit par l’avoir à l’usure. Et quelques mois plus tard, Lydia pousser son premier crie. Et lui commençait à la tromper.

« Pourtant, c’était sous mes yeux. Je l’ai vue faire, s’insinuer dans toutes les failles, trouver les prétextes pour se mêler de tout. Pour toujours prendre la décision a la place de mon ex, toujours en lui faisant croire que c’était son idée. »

Lydia avait un an, Phoebe avait reprit le travail et lors d’une cascade, elle s’était blessé. Rien de très grave, elle avait le bras en écharpe pour quelques semaines et ensuite pourrait retourner faire ce qui lui plaisait : à savoir des cascades. Mais ça, c’était sans compter la vipère qui lui servait de belle-mère. « Olala quand même, Phoebe, tu te rends compte de ma fille ? Ça aurait pu être tellement plus grave, tu as eu beaucoup de chance. J’en suis contente, tu imagines ? Ça aurait pu priver Lydia de sa maman. Ça aurait été tellement terrible. » Qu’elle avait dit en faisant mine de rien. Et c’était rentrer dans la tête de Phoebe, qui un peu assommée par les médicaments qu’elle s’était permise de prendre pour la douleur, le temps que sa fille faisait sa sieste. Et ça avait tourné et retourner longtemps dans sa tête. Finalement, elle ne reprit jamais sa carrière. Elle abandonnait une carrière de cascadeuse, pour entamer celle de maman à plein temps.

« Il faut lui accorder qu’elle est forte cette garce. Comme vous l’aurez vite compris, je la déteste. Elle a même réussi à me manipuler un peu… »

Avachi, sur le comptoir du bar qui allait bientôt, ferme ses portes. Elle comatait. Le barman qui commençait à avoir l’habitude de la voir encore et encore revenir toujours s’asseoir sur le même tabouret et commander la même chose, avait fini par appeler Katty. La blonde s’approcha de sa sœur et soupira doucement. Elle passa doucement une main dans le dos de sa jumelle en chuchotant son prénom a son oreille pour la ramener sur terre. « Pheeb’ aller vient, on rentre. Tu t’es encore mis une caisse. » Qu’elle souffla avec patience en aidant Phoebe a se redresser et à répondre quand la blonde lui demanda où elles étaient et ce qu’il se passait. « Aller vient, on rentre… Faut que tu dormes, sinon demain, tu vas jamais pouvoir rester avec Lydia tu sera trop morte. » Katty avait la patience de régulièrement ramasser sa sœur dans les bars, où l’aider a monté jusqu’à l’appartement qu’elles partageaient toutes les deux. Elle regrettait parfois d’avoir proposé à sa sœur de l’héberger, mais elle n’aurait pas pu la laisser sans rien après son divorce. Divorce qui s’était si mal passer que ça avait pousser Phoebe a d’abord ne plus sortir de sa chambre que très rarement et ensuite se saouler souvent. Très souvent. Trop souvent.

« Et elle a fini par me détruire.»

« Monsieur Coleman obtient la garde exclusive de la petite Lydia Coleman. » Le coup de marteau claqua et le cœur de Phoebe s’éclata. Une larme roula sur sa joue sans qu’elle ne le sente, elle ne sentait plus rien, elle ne voyait plus rien, elle n’entendait plus rien. Elle était figée sur place, immobile alors que la séance avait été levée et que tout le monde s’activait pour évacuer les lieux. Elle revint sur terre quand elle sentit quelque chose la bousculer. Ou plutôt quelqu’un. Elle baissa les yeux en entendant « Maman ! » Et eu encore plus envie de pleurer en voyant que sa fille était accrocher à elle. Elle s’accroupit doucement après avoir essuyé ses larmes « Ma puce, je… » « LYDIA ! Vient ici ma puce, on rentre à la maison. » Peggy Colman avait interrompu la blonde pour tirer Lydia et la détacher de Phoebe. La blonde regarda sa fille lui être maintenant aussi physiquement arraché. Et elle eu envie d’un verre plus que jamais. Non, d’une bouteille. Un tonneau. Apporter lui le caveau complet, elle avait absolument besoin d’oublier. Elle vit sa fille disparaître avec son père et sa grand-mère. Elle eut besoin de bien une minute pour poser son attention sur sa sœur qui essayait de la faire revenir sur terre. Katty avait les larmes aux yeux elle aussi et savait qu’elle devrait être plus que jamais attentive et patiente avec sa sœur. « Vient… On rentre » Qu’elle souffla à sa jumelle en lui prenant sa main. « Non… Vas-y toi. Moi, j’ai besoin de prendre l’air » Que Phoebe dit en reculant pour lui lâcher la main avant de commencer a aller vers la porte. « T’inquiètes, je ne vais pas picoler. » Elle lui montra le casque de moto qu’elle avait a la main et s’en alla.
Elle fit un long tour à moto. Elle avait croisé son avocat qui lui avait dit qu’ils se battraient pour récupérer la garde. Mais Phoebe l’avait viré sur un coup de tête avant de partir. Elle stoppa sa moto devant une salle de réunion. Elle savait que dans cette salle se tenait des réunions des AA. Elle observa un moment la porte avant de la pousser pour rentrer.

« Ils m’ont pris ma fille. Et je ne leurs pardonneraient jamais. »

Depuis Phoebe vis toujours chez Katty même si elles se marchent un peu dessus et parfois se disputes. Elle n’en reste pas moins sœur, jumelle qui plus est alors elles reste proche. Elle a trouvé un petit travail depuis quelques mois dans un salon de thé. Rien qui ne la fasse vraiment palpiter, mais ça paye les factures et permet de faire des économies. Elle fait un peu plus de sport qu’avant pour combler le manque d’adrénaline de son travail et aussi pour noyer l’envie d’alcool qui la prend parfois. Elle ne boit plus, elle s’est fixé des buts, des objectifs bien précis et elle compte les atteindre. Elle veut récupérer sa fille, acheter une belle maison pour l’élever et qu’elle ne manque jamais de rien. Elle veut aussi détruire la famille Colman. Et elle est prête à énormément de choses pour cela.

« Bonjour, je m’appelle Phoebe, ça fait un an que je suis sobre. »