Sujet: Willkommen, bienvenue, welcome ! feat. Chase Mer 27 Mar - 9:36
Un de ces quatre, j’allais devoir envisager de métamorphoser la buanderie en chambre d’ami. Pour quelle raison ? Car elle s’apprêtait une fois de plus à accueillir un sans-abri. Si j’avais malheureusement perdu contact avec son « locataire » précédent, j’espérais qu’il n’en serait pas de même avec Chase que j’avais rencontré au Point et avec qui le feeling était passé instantanément. Ne méritait-il pas de la considération pour être parvenu à me remettre le dos en place après qu’une douleur désagréable s’y soit installée un matin ? Je me faisais vieux du haut de mes 28 ans mine de rien… Tout avait été préparé soigneusement pour l’accueillir. Le ménage était fait dans tout l’appartement, chaque objet, décoratif ou non, avait retrouvé sa place initiale, Moana avait le poil aussi brillant que doux et le matelas était déjà posé, prêt à accueillir son invité. Sans mentionner que le frigo ainsi que les placards étaient pleins. J’avais même prévenu l’unique voisin du-dessus de ne pas s’affoler s’il surprenait un étranger rentrer chez moi durant mon absence. Il était inutile de faire intervenir la police pour rien ! Oui, j’étais on ne peut plus précautionneux pour changer. Et dire que mon potentiel colocataire pouvait encore refuser mon offre… Au pire des cas, je pourrais toujours me consoler en me rappelant que cela m’avait motivé à réaliser cet énorme ménage de printemps !
Ce fut donc en ce jeudi matin (soit mon jour de repos) que je faisais les cent pas, guettant son arrivée. Le garçon n’était encore jamais entré chez moi et j’espérais lui laisser une bonne impression. Pourquoi étais-je nerveux comme ça ? À croire que j’étais celui en recherche d’habitation ! Je soufflai dans le but de faire redescendre la pression lorsque l’on frappa à ma porte d’entrée. J’eus à peine le temps de faire deux pas dans sa direction que le Golden retriever se tenait déjà derrière, curieux de qui se trouvait sur le seuil tout en battant l’air de sa queue. Pas sûr que je puisse compter sur lui en cas de braquage... J’ouvris avec le sourire aux lèvres, mon angoisse disparaissant instantanément comme si je ne l’avais jamais ressenti. Je le saluai d’une tape sur l’épaule et le fis entrer bien que son avancée fût sacrément ralentie par le chien en demande de caresses.
- Je crois que tu es adopté ! lui lançai-je, amusé. Je peux te servir quelque chose ?
Après lui avoir fait signe de se débarrasser de ses affaires s’il le souhait, je lui listai les quelques boissons non-alcoolisées que j’avais sous la main (sans oublier les bières, histoire de). La chaleur ne s’était pas encore installée à Redwood Hills mais l’on pouvait déjà sentir les prémices du printemps. Pendant que je préparais son verre, je le laissai découvrir le coin salon très cozy avec son canapé confortable et son fauteuil assorti, où étaient disposés un beau téléviseur à écran plein ainsi qu’un home-cinéma de qualité, petit caprice post-promotion. Une bibliothèque non-loin de là débordait des disques que je m’étais acheté au fil des ans tandis que le clavier sur lequel je jouais (à défaut d’avoir un piano actuellement) ne pouvait pas non plus passer inaperçu.
- Yep, j’ai des loisirs de geek, confiai-je en le voyant découvrir ce coin de la pièce. Au moins, si tu es du genre casanier tu ne devrais pas t’ennuyer !
Je revins enfin à ses côtés, lui tendant sa boisson. N’importe qui d’autre aurait craint de rentrer un soir et de découvrir son habitation vide en logeant un « inconnu ». Appelez ça de la naïveté ou de la bêtise mais je me sentais à l’abri de ce tracas en sa compagnie, sentiment purement instinctif.
- Sache juste que tu n’auras aucun mérite à me battre aux jeux vidéo car j’ai toujours été lamentable !
Je lâchai un soupir exagérément désemparé puis ris avant de le guider dans le reste de la maison, à commencer par le jardin, véritable terrain de jeu pour Moana mais également lieu idéal pour bronzer et dîner lors des beaux jours. Un petit espace était d’ailleurs réservé à mes plantations où fruits et légumes se fréquentaient. Suite à quoi je lui montrai la salle de bain (dépourvue d’une baignoire malheureusement), ma chambre d’un côté de cette dernière, puis la fameuse buanderie de l’autre.
- J’ai ressorti une table de chevet et une chaise pour y poser tes affaires. Et t’as cette penderie rien que pour toi !
La mienne étant intégrée dans le mur de ma chambre, je n’avais pas besoin de cette dernière achetée deux ans auparavant.
- Ce n’est pas l’idéal mais j’espère que tu te plairas ici. N’hésite pas si tu as besoin de quelque chose ou que tu as des questions, l’invitai-je chaleureusement alors que le Golden débarquait avec l’un de ses jouets dans sa gueule avant de frotter son museau contre la main de Chase. Oh et… Tu aimes toujours les chiens, hein ?
Dans la matinée, Chase avait rendez-vous avec l’un de ses collègues du Point. Pas franchement matinal, mais trop poli pour suggérer une autre heure de rendez-vous, le brun s’est laissé embarquer dans une soirée la veille et le réveil a été particulièrement difficile. Il ouvre les yeux sans forcément se rappeler d’où il se trouvait. De prime abord les lieux ne lui rappellent ni le salon de Ben, ni une chambre de l’auberge. Rien de bien familier en somme, et après une enquête qui durera le temps de scanner l’appartement en question, le jeune relève qu’il était chez une personne qu’il avait rencontrée la veille. Soit. La matinée est bien avancée, et quitte à être en retard, autant être présentable. Il file sous la douche, remet ses fringues et quitte finalement l’appartement en question. Il est content de réaliser qu’il est à Redwood Hills, lui qui a tendance à sortir à Burlington et d’y squatter tout autant. Il n’est pas le type le plus organisé de la terre, et en général ses possessions qui lui sont les plus chères se trouvent à l’auberge dans un endroit qui lui est dédié et là où il est certain de ne pas les perdre, il pense notamment à ses papiers importants et son ordinateur portable. Le brun n’est pas forcément très matérialiste mais il y a des choses qui lui sont importantes.
Au détour d’une conversation avec Jax qu’il fréquentait depuis un petit moment, Chase lui avait expliqué sa situation en termes de domicile. Il n’a pas vraiment honte, sans doute était-ce lié à sa jeunesse ? Mais forcément, il fallait être réaliste : son salaire ne lui permettait pas de se payer un loyer à lui tout seul, et n’étant pas des plus organisés, il n’a jamais cherché dans les annonces de colocation pour se poser quelque part. Il a cependant de la chance d’avoir un bon entourage de personnes bienveillantes qui veillent justement sur l’insouciant. Finalement, c’était comme s’il se complique la vie tout seul. Jax lui avait proposé sa buanderie dans laquelle il pouvait dormir en cas de besoin. Chase avait trouvé sa proposition touchante, d’autant plus qu’ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps. Il avait donc hésité mais avait répondu positivement. Après tout, il ne signait pas un pacte de sang et la proposition était généreuse en soi. Accueilli par Jax, puis son adorable chien, il esquisse un sourire, un peu perplexe en rapport avec sa tape sur l’épaule mais se concentre finalement sur le golden retriever qui semblait réclamer des caresses. Je vois ça, écoute c’est un accueil chaleureux, on se sent aimé, que demande le peuple ? Relève le positif avant de l’écouter lui proposer quelque chose à boire. Vu l’heure, autant dire que la bière ne lui disait pas grand chose. Un peu trop tôt pour commencer mais je veux bien un soda. Lui répond Chase, qui s’élance, accompagné du chien dans un salon. Il jette un regard curieux autour de lui, s’arrêtant sur son ordinateur. Bien qu’il ne soit pas vraiment casanier, il acquiesce. Pas mal l’équipement ! J’aime bien gamer aussi dès que j’en ai l’occasion. Il le remercie avant de prendre le verre dans ses mains. Tu joues à quoi ? J’ai un pote qui est pro, ça m’a rendu humble à force de me faire éclater. Lui confie le barman dans un rire, avec Ben, il avait lâché l’affaire à force de se faire complètement détruire.
La visite continuait, et une fois à l’extérieur, le brun en profite pour l’interroger : j’ai le droit de fumer dehors ? Question importante, car si ce n’était pas le cas, il irait dans la rue, ce qui n’était pas fou mais il préfère demander plutôt que s’imaginer. Ils enchaînent ensuite sur la salle de bain, la chambre de Jax puis la fameuse buanderie où il y avait tout ce qu’il avait besoin. Ah ouais t’as rien zappé! J’espère que t’as rien dû acheter, franchement je me serais débrouillé. Remarque Chase un brin embêté, avant de secouer la tête. C’est parfait, y a tout ce qui faut, merci encore, c’est vraiment hyper sympa. Là, à chaud, il n’avait pas forcément des questions, mais l’arrivée du chien et de l’interrogation de Jax lui arrache un rire. Ouais, y a pas de soucis j’aime les animaux. Le rassure aussitôt le jeune homme en s’adressant à l’animal : on va jouer dehors sinon on va tout casser ici. Ah, finalement le zéro mémoire demande : Il s’appelle comment déjà ? Il apporte son verre à ses lèvres pour en extraire une gorgée.
J’étais fin prêt pour la colocation 2.0. La précédente c’était très bien déroulée jusqu’à ce que Timothée quitte Redwood pour de nouveaux horizons et je ne me faisais aucun souci au sujet de son « remplaçant ». D’ailleurs, je n’étais même pas certain qu’il resterait ici très longtemps ni même de façon permanente puisque, à l’entendre, il se plaisait à alterner les habitations par crainte d’être un fardeau pour ses hôtes. Pourquoi le serait-il pour moi ? Si souci il y avait, je ne tarderais pas à le savoir. Mais, plutôt que de partir accompagné d’un sentiment de méfiance, je conservais mon optimisme en me persuadant que tout se déroulerait comme sur des roulettes. À quoi bon imaginer le pire ? Même Moana approuvait d’ores et déjà sa compagnie (bien que ce ne soit pas une épreuve des plus complexes…) ! Bref, je lui servis un soda en guide de bienvenue puis le laissai prendre ses marques dans la pièce principale en découvrant notamment les différents équipements disposés dans celle-ci. Quoi de mieux qu’une discussion autour des jeux vidéo pour commencer ? Parfait passe-partout pour initier une dynamique dans la conversation. Je ris, me retrouvant parfaitement dans ses propos tandis que mes pensées se dirigèrent vers Heathcliff et Oliver, le duo imbattable pour me mettre une raclée virtuelle. Pourquoi la moitié de mes amis se barraient-ils de cette ville ? À croire qu’elle était maudite ou allez savoir.
- Excellent ! On saura qui est le plus médiocre de nous deux à défaut du meilleur, blaguai-je en trinquant avec lui. J’ai de tout. De Horizon à Zelda en passant par Disney Speedstorm. J’ai même Just Dance si tu es du genre à aimer te trémousser devant un écran !
Ce dernier jeu s’était montré très formateur (ou pas) lorsqu’Aspen et moi nous entrainions pour le concours de danse télévisé. En tous les cas, les opportunités de s’affronter ne manqueraient pas ! Je l’entraînai ensuite dans le reste de l’appartement afin de compléter la visite et qu’il sache s’il pourrait se sentir à son aise entre ces quatre murs. Quel était son degré d’exigence exactement ? Je n’en avais pas la moindre idée. En revanche, j’appréciais son interrogation qui l’affichait comme un individu respectueux et soucieux du confort d’autrui. N’était-ce pas capital de s’assurer du bien-être de nos proches lorsque l’on vivait ensemble ?
- Aucun problème. Mais sache que tu seras de corvée de vaisselle pendant deux semaines si tu fais cramer mon jardin ! le menaçais-je sans la moindre crédibilité avec le doigt levé.
Oui, c’était difficilement une menace à prendre au sérieux. Bien au contraire même. On aurait presque dit un père essayant sans succès de se faire respecter par son môme. Foutu d’avance ! Je ne fumais pas mais n’étais pas dérangé à l’idée qu’il le fasse à l’extérieur. Très décent de sa part ! Je pouffai puis nous continuâmes l’exploration de l’intérieur jusqu’à marquer un temps d’arrêt dans la buanderie qui serait sa chambre aussi longtemps qu’il le désirerait. Peut-être pouvait-il croire que j’avais investi des milles et des cents pour l’accueillir mais ce n’était pas exactement le reflet de la vérité. Rien de qui se trouvait là était neuf. Cela me vaudrait-il de descendre dans son estime en tant qu’hôte ? J’émettais de forts doutes là-dessus. Afin de gommer toutes traces de culpabilité chez lui, je précisai :
- T’en fais pas, j’ai acheté ça il y a longtemps quand je vivais avec un autre gars. Quand je l’ai rencontré il était mal en point et il avait besoin qu’on l’aide à reprendre des forces. Je venais juste d’emménager ici. Il a quitté Redwood depuis mais c’était un type adorable !
C’était une manière comme une autre de résumer cette histoire, libre à Chase de demander un approfondissement si le cœur lui en disait un jour. L’opportunité ne manquerait pas ! Un autre point à éclaircir, et non des moindres, était la présence du Golden retriever. Était-il sûr de supporter un gaillard comme lui qui demandait tant de temps et d’affection ? Il ne fallait pas que ce séjour tourne au cauchemar pour l’un comme pour l’autre dans le cas échéant. Ses mots me rassurèrent.
- Surtout qu’il peut être très… « maladroit » quand il est excité ! précisai-je en grattant le crâne du concerné. Il s’appelle Moana. J’ai choisi ce prénom avec l’un de mes meilleurs amis qui était présent lors de l’adoption. Ce n’est pas en référence au personnage Disney mais bien à sa signification originale : « Océan ». Mais tu peux aussi l’appeler Casper Waffle !
Quand tu ne sais pas quoi choisir car tu as trop d’idées, autant faire un nom à rallonge ! Très pratique dans les moments requérant de hausser le ton.
Contrairement à celui qui lui avait proposé de l’héberger, Chase ne se posait pas réellement de questions ou cherchait à anticiper un éventuel futur. Il n’a jamais été très doué pour se projeter et ne sait pas de quoi demain sera fait, souvent habitué à devoir s’adapter très vite en fonction du manque de revenus notamment. C’en est devenu une part de son quotidien qu'il ne cherche pas à cacher : faut dire qu’il est un très mauvais menteur de toute manière. Il ne cherche pas à attiser la pitié - ou du moins cela dépendait des cas, dans celui-ci, il débarque un peu comme une fleur, un brin en retard - parce que le matin ne lui a jamais parlé tandis que son collègue se lance rapidement dans une visite de sa jolie petite maison à laquelle rien ne semblait manquer. Tout était pensé, et si ça avait été Chase, la moitié des meubles seraient aux abonnés absents. Une chance qu’il n’ait jamais eu à décorer un logement. Le brun arbore un sourire amusé à son challenge, à savoir de savoir qui sera le plus médiocre. Il ajoute qu’il a de nombreux jeux, tels que Horizon, Zelda et Speedtorm, en mentionnant également Just Dance ce qui le fait légèrement glousser. Je suis un peu plus habitué à Guitar Hero mais je suis sûr que je vais finir par réussir à twerker en m’entrainant à Just Dance ! Hâte de faire une battle avec toi ! Il plaisante (à moitié), puisque le ridicule jusqu’à présent ne l’a jamais tué.
Lorsqu’ils quittent le salon pour poursuivre la visite, Chase est forcément impressionné. Cet endroit est vraiment cool, - l’instant d’une seconde, il se demandait si un jour il arriverait à obtenir un tel bien. Il apprécie particulièrement l’extérieur qui est cosy, et puis lui-même est un amateur de nature et aime faire du jardinage. Pour autant, il l’interroge sur la fumée et principalement la possibilité de fumer à l’extérieur. ça devrait aller, t’inquiètes, y a peu de chances mais je ferai attention... au pire, t'auras une vaisselle nickelle !! Lâche le masseur dans un sourire amusé après qu’il l'ait “menacé” d’être de corvée vaisselles s’il faisait cramer son jardin, ce qui semblait peu probable. En tous cas, aussi maladroit qu’il pouvait l’être par moment, ça ne lui était jamais arrivé de causer un incendie. Dans ce qui semblerait être sa chambre, chez Jax, il est impressionné (il lui en faut peu) par la logistique et le mobilier qui était bien pensé. C’est même un peu trop pour celui qui se contente d’un rien. Il précise qu’il avait déjà acheté ce meuble avant. Se lance aussi dans une explication selon laquelle il a aidé quelqu’un qui était mal en point. Une part de Chase, probablement l’ego, espère qu’il ne le prend pas pour un autre “type mal en point mais adorable” qui servirait d’anecdote plus tard. Cependant, il sourit tout de même et le remercie : Bon bah c’est cool. Dit-il un peu plus détendu tandis qu’il relève tout de même : Du coup t’es habitué à vivre en coloc ?
Et puis Jax semble s’inquiéter du fait que Chase ne puisse pas aimer les chiens. Il secoue la tête, le rassure. Faut dire que c’est lui qui débarquait, alors même si ça avait été le cas, il se serait bien adapté. Une chance supplémentaire qu’il apprécie particulièrement les animaux. Jax lui indique qu’il peut être très maladroit, Chase acquiesce en souriant. ça lui faisait presque penser à lui, mais apprend justement par la suite l’origine du nom de son chien. Et du coup Casper Waffle, c’est pour quoi ? Demande Chase avec curiosité. Lui-même laisse sa main caresser la croupe de l’animal. Jax lui demande s’il souhaite le laisser s’installer. Comme il n’a pas vraiment pris d’affaires spécifiques, - et qu’une partie est encore à l’auberge, il secoue la tête. ça devrait aller, je suis assez minimaliste, et puis y a le temps ! Faut dire qu’il a un peu la flemme (un spécialiste de repousser à plus tard). Il apporte son verre à ses lèvres, puis dépose son sac avant de sortir finalement de la chambre. Du coup t’as congé aujourd’hui ? Petit chanceux, j’ai un double shift. Commente le barman et masseur des deux établissements gérés par la même personne.
Autant dire que nous imaginer tous les deux en train de twerker face au téléviseur avait de quoi mourir de rire. Ainsi, je ne me retins pas. Nous aurions une sacrée allure mais j’étais persuadé que nous finirions par être suffisamment à l’aise en présence de l’autre pour jouer cette scène. Là tout de suite ? Je n’aurais pu le certifier. Donnez-nous quoi ? Une semaine ? Bref, la visite de l’appartement se poursuivit puis nous marquâmes l’arrêt le plus important à l’entrée de sa « chambre » potentielle. Oui, peut-être que j’avais le sentiment de passer une audition ou quelque chose de ce genre. Je me mettais la pression pour rien mais telle est la réalité chez les anxieux : se prendre la tête non-stop. Je souhaitais l’accueillir dignement et ne pas donner l’impression de devoir réaliser une corvée ou d’être indifférent. Je tenais à ce que mon interlocuteur se sente bien, que ce soit ici ou ailleurs s’il préférait une autre option que ce toit. Je lui contai alors l’anecdote de mon ancienne colocation, provoquant évidemment sa curiosité.
- On peut dire ça car il est resté pas mal de mois, révélai-je en hochant la tête. Mais chacun est différent. Forcément que ce ne serait pas identique avec toi mais je ne me fais pas de souci. On a un bon feeling.
Je lui souris puis nos attentions se déportèrent sur le Golden retriever dont je partageai le prénom. Autant c’était simple de « justifier » le choix de « Moana » mais les autres… Je pris une respiration profonde afin de mimer une lancée dans un exposé qui pourrait être capital pour la science. J’adorais être loufoque.
- Aucune raison particulière pour Casper. J’aime juste la consonance et ça a un côté espiègle tu ne trouves pas ? Waffle… La similitude entre sa prononciation et l’aboiement, sans parler que cela renvoie à une pâtisserie –mon péché mignon- qui a la même couleur que lui, finis-je d’expliquer avant de lui jeter un regard plissé. Je suis taré ? Tu peux encore prendre la fuite !
Il faut dire que j’avais passé des années à m’imaginer adopter un chien de cette race et, par conséquent, j’avais eu le temps d’étudier la question du nom dans tous les sens. Je ris tout en caressant le chien qui semblait comprendre parfaitement qu’il était le sujet de la conversation. Nous retournâmes ensuite dans le salon où Chase s’enquit au sujet de mon emploi du temps.
- C’est ça ! Je n’ai rien de prévu donc je vais sûrement traîner dehors si le temps le permet, commentai-je avec un regard en direction de l’extérieur. Un footing ne ferait pas de mal. Tu en fais toi aussi ?
Au plus grand plaisir de Moana dont les sorties en plein air constituaient ses moments de la journée préférés ! Pour cause : il pouvait se dépenser autant qu’il le souhaitait et recevait bien souvent des caresses à chaque arrêt marqué de la part d’étrangers. La belle vie pour lui.
- Mais je ne t’envie pas du tout. Bravo à toi de réussir à jongler entre tes deux jobs et des plages horaires quand même assez… balèzes.
C’était le cas de le dire. Pouvait-on le comparer à un super-héros avec sa double identité ? Il fallait vraiment que je fasse une pause dans mon marathon DC/Marvel. Je perdais la tête…
- D’ailleurs, en parlant du taf, si tu viens habiter ici, ne sois pas surpris de voir Castiel DeWitt débarquer. C’est l’un de mes meilleurs amis. Je sais, ce n’est pas très déontologique mais on s’est connus avant que je décroche le poste au Point. Tu verras, il fait peur avec son côté guindé mais au fond c’est une crème. Tout le monde est amoureux de lui.
Je haussai les épaules, me retenant de m’esclaffer. Toutefois ce n’était pas une blague ! Martha, Peter, Gabriel, ma propre mère… ! À croire que ses yeux bleu vif étaient magiques pour de bon. Oh et je n’allais pas épiloguer sur mon propre cas, hein ?
Pas qu’il ait réellement besoin de beaucoup d’encouragements mais comme Jayden, peut-être qu’en fonction du mood, il ne serait pas tout à fait bouillant à l’instant T pour se mettre à twerker, mais qui sait, un peu plus tard ? De toute manière, pour le moment le but était de lui faire visiter sa très jolie maison. Il est impressionné, c’était sans doute un des meilleurs endroits où il pouvait dormir gratuitement, alors autant ne pas cracher sur la soupe. S’il était question, dans un futur d’augmenter ses heures, et de générer plus de revenus, il n’est pas certain de pouvoir vivre seul au fond, mais il n’en était clairement pas là, et ne souhaite pas s’imposer dans la vie de son collègue qu’il ne connaissait pas tant que ça, pour le moment. Forcément, le fait de cohabiter ne pouvait que les rapprocher - ou les faire se détester. Après tout, ce n’était pas fait pour tout le monde. Le fait qu’il ait déjà vécu en colocation rassurait le plus jeune dans un sens. Il n’est pas toujours évident de partager son espace avec quelqu’un d’autre quand on est habitué à vivre seul, en tout cas c’est ce qu’il veut bien s’imaginer car cela ne lui est jamais arrivé. Il a toujours été chez quelqu’un, que ce soit ses parents, ses potes, ou même dans une auberge qui ne lui appartient absolument pas. Jax lui explique que son ami était resté “pas mal de mois”. Il hoche la tête. Il lui dit ne pas se faire de soucis pour la colocation, qu’ils ont un bon feeling. A cette pensée, le barman hoche la tête. Oui, y a pas de raison que ça se passe mal, je suis d’accord, qu’il admet dans un petit sourire. Chase est assez facile à vivre, peut-être un peu insouciant, si lui n’avait jamais aucun problème, cela pouvait peut-être en poser pour ceux qui l’entouraient. Restait à voir si Jax allait le supporter ou non ! L’avenir le dira. Au pire, il fera comme il a toujours fait : partir, pour éviter la complication, car s’il y a bien quelque chose qui déteste, c’est bien ça. D’ailleurs, t’as des règles, des choses que tu supportes pas, ou j’sais pas ? Quand il dit règles, façon de parler, mais puisque c’était chez lui, il s’imaginait qu’il avait tout de même ses petites habitudes. Il préfère demander avant de mettre les deux pieds dans le plat et faire une boulette.
La conversation dérive ensuite sur Moana, en s’en suivant une explication sur l’origine de son nom qui semblait être très réfléchie. C’est mignon de le voir aussi attentiste sur ce genre de détails, et puis dans les surnoms plus loufoques, il l’interroge pour savoir d’où ça venait. Cette histoire de nom est plus profonde que ce qu'il avait imaginé, mais il ne réprime pas un sourire en l’entendant parler de son péché mignon pour les gaufres. Ouais j’avoue ça passe bien, qu’il commente, pour lui faire savoir que lui aussi, en grand gourmand, appréciait ces dernières. Il secoue la tête, amusé par sa dernière réflexion : ça va, on est tous un peu perchés des fois, c’est pas assez pour me faire peur. Qu’il relativise en arborant un sourire amusé. Il lui en faut plus pour le juger.
Quittant finalement la buanderie pour s’installer dans le salon, histoire de poursuivre la conversation - à défaut de prendre le temps de s’installer, il l’interroge sur son planning du jour, à savoir s’il travaillait ou non. En congé, le cuisinier lui disait ne rien avoir de prévu, et semblait vouloir passer du temps dehors. Quand il mentionne le footing, Chase secoue la tête. J’aime bien le sport, mais courir tout seul c’est pas mon truc. Il sourit, bien qu’il adore se balader, faire des randonnées, et tout ce qui avait un rapport avec l’extérieur, mais courir pour lui était un brin trop ennuyant à son goût. J’aime faire du basket, je joue souvent au club, à Redwood Hills. Précise le plus jeune, qui semble ne pas tenir en place, entre ses deux emplois et ses activités en dehors. Il n’aime pas s’ennuyer, c’est clair. En vrai ça va, j’ai demandé à faire plus d’heures, c’est assez soft dernièrement. Explique justement Chase au sujet de ses deux emplois qui ne constituent pas un 100% à eux deux. Suite à une conversation avec Monsieur DeWitt, il semblerait que les choses allaient changer.
D’ailleurs, à ce sujet, Jayden lui fait une confidence qui le surprend : il serait très proche de Castiel DeWitt, leur employeur. Autant dire que c’est un duo qui lui semble un peu improbable, mais encore une fois, loin d’être dans le jugement, c’est plus de la curiosité qui l’anime. Il ne sait pas trop quoi penser à l’idée de voir celui qui mettait de l’argent sur son compte bancaire débarquer alors qu’il serait en boxer dans le salon, mais essayait de ne pas vraiment se formaliser. Après tout, il invitait bien qui il voulait et faisait ce qu’il souhaitait chez lui. Chase n’était qu’un invité et si cela le dérangeait, il pouvait très bien aller ailleurs. Il ne lui fait bien évidemment aucunement part de ses pensées. En revanche, à défaut de tomber amoureux de lui, il est vrai qu’il l’avait trouvé très sexy. Il sourit à cette pensée et rebondit justement : Sérieux ? Mais du coup vous vous êtes connus comment ? Demande curieusement Chase, au sujet de leur amitié. Merci pour le head-up, après tu fais comme tu veux, c’est chez toi ! Qu’il ajoute, ne voulant absolument pas être une inconvénients. Je lui ai parlé une fois, pendant mon service au cabaret, j’ai pas été traumatisé. Souffle simplement le barman dans un sourire amusé.
Des règles… Je réfléchis un instant, tentant de me remémorer la manière dont ma colocation avec Timothée s’était déroulée quelques années plus tôt. Avions-nous des habitudes précises afin de ne pas ennuyer l’autre ? Pas que je me souvienne en tous les cas. Nous n’avions jamais rencontré de problèmes majeurs et le pire « couac » survenu avait été son entrée involontaire et mal réveillée dans la salle de bain alors que je me tenais sous la douche. On en avait plus rigolé qu’autre chose. Au moins, il n’avait pas sorti un couteau de cuisine façon Psycho. Plutôt pas mal, non ?
- Rien d’établi, lâchai-je en haussant les épaules. Je veux dire… Il y a forcément les « règles » de base comme éviter d’être trop bruyant si tu rentres en pleine nuit mais ça vaut aussi pour moi. Mais pareil, tu es chez toi ici. Donc s’il y a des choses auxquelles tu veux que je fasse attention, tu peux me le dire.
Il ne me semblait pas que j’avais de sales habitudes de mec célibataire. Toutefois, il n’était pas toujours évident de s’en rendre compte lorsque l’on vivait seul. Si ça se trouve, j’étais plus insupportable que soupçonné ! Puis, jetant un regard autour de nous, l’une de mes « manies » me percuta. Je grimaçai, croisant les bras contre ma poitrine.
- Bon, ok. J’aime quand l’appartement est rangé. Tant que la cuisine ne ressemble pas à un champ de bataille et la salle de bain à une piscine, y aura aucun souci.
Quoi de pire que de rentrer d’un service éprouvant pour découvrir que l’on vit dans une véritable porcherie ? Bien sûr, tout ne pouvait être nickel en permanence, en particulier à cause de Moana et de ses touffes de poils qui s’accumulaient rapidement. J’étais à des lieux d’être une Monica Geller version masculin. En revanche, je préférais ne pas être embarrassé si quelqu’un débarquait sans prévenir. Une fois de plus, tout ce que je demandais était d’avoir du bon sens et du savoir-vivre. Rien d’exceptionnel ni d’extravagant. J’espérais que mon caractère facile compenserait ces quelques demandes.
Les minutes défilèrent puis, après que nous eûmes déterminé que j’étais un peu perché -impossible à nier-, nous nous posâmes dans le salon où la conversion se poursuivit en dérivant sur le sport. Mon sourire s’élargit quand il mentionna le basket, l’une de mes activités physiques favorites. Ce fut avec un enthousiasme marqué que je repris alors la parole.
- Génial ! Je pensais justement installer un panier dans la cour ! Je me suis ramolli depuis Paris donc si ça te tente… Mais je t’interdis de m’écraser comme une merde, j’ai ma fierté !
Je ris de bon cœur, lui signifiant que ce n’était pas un avertissement réel. Moi qui pensais que ça ne pouvait être mieux… Notre tandem réservait finalement encore bien des surprises !
- Tu en fais depuis longtemps ? Je te vois bien aussi être le fameux quarterback adulé par tout le lycée !
Il avait le physique pour en tous les cas. Je finis ensuite par l’avertir des possibles passages de notre boss. Autant qu’il soit averti d’entrée de jeu plutôt que de le découvrir sur le tas et penser que Castiel venait lui annoncer son renvoi en personne (ce qu’il ne ferait Ô grand jamais tant il était occupé). La réaction de Chase m’amusa, en particulier la dernière phrase d’où je crus deviner un certain sous-entendu. Pas surprenant si je ne me plantais pas puisque DeWitt faisait flancher même les hétéros ! Tout du moins était-ce ma théorie.
- Disons qu’il sait parfaitement jongler entre intimidation et charme. Tu ne sais jamais quel sentiment va l’emporter, rigolai-je en étant sûr que, s’il m’entendait, il en serait flatté. Alors… L’histoire est très what the fuck mais on s’est rencontrés aux sélections pour le Point. Il était là en incognito pour jauger les candidats durant les ateliers et il s’avère que nous partagions la même table. Je n’avais jamais vu un cancre pareil derrière un fourneau !
Vraiment, s’il y avait bien un domaine dans lequel cet homme était loin d’exceller, c’était celui de la cuisine. Limite si je n’avais pas dû lui apprendre qu’un œuf se mangeait sans la coque.
- On ne sait pas trop comment mais on a carrément accroché. Et depuis on est restés proches malgré la différence d’âge, révélai-je avant de marquer une pause. Mais, je te rassure, c’est purement amical donc tu as toutes tes chances !
J’ignorai quelle était son orientation sexuelle mais si j’avais vu juste dans ses propos, je pouvais me permettre cette blague.
S’il s’entendait bien avec Jayden, il cherche tout de même à savoir s’il avait des règles de vie particulière. Après tout, on pouvait très bien avoir un bon feeling avec quelqu’un et être incompatible, ce n’était pas impossible. Sur le moment, sans doute qu’il le prenait un peu de court, il lui répond qu’il y a les règles de base, à savoir faire preuve de bon sens et de savoir vivre - du moins c’est comme ça qu’il l’interprète, et donc de ne pas faire du bruit en rentrant en pleine nuit, par exemple. C’est une règle qui lui semble plus que raisonnable, il tâchera de ne pas faire un bruit dingue en rentrant le soir. C’est noté, je ferai attention, ou du moins il essayera en tous cas en faisant de son mieux. De son côté, il n’y a rien de plus qui lui vienne à l’esprit, même le bruit ne le gênait pas tant que ça, habitué à s’endormir dans toutes sortes de circonstances, il n’est pas très exigeant. Lui vient finalement une “règle”, à savoir le ménage. Il lui confiait aimer que l’appartement soit rangé, souhaite que la cuisine ne ressemble pas à un champ de bataille et qu’il n’inonde pas la salle de bain. Il sourit. Il hoche bien évidemment la tête, bien qu’il ne soit pas le type le plus ordonné de la terre. ça marche, j’en prends aussi note, Allait-il réussir à faire la vaisselle dans la seconde même ? Se faisait-il réellement à manger pour commencer ? C’était sans doute ce qui serait salvateur pour tous les deux en fin de compte. Voilà qui réglerait sans doute plusieurs problèmes de rangement.
Après avoir établi les bases, les deux collègues discutent finalement du programme de la journée, puis dérivent sur le sport. Lui, il a toujours aimé en faire, c’était la seule chose qui le maintenait à l’école. Il n’a jamais su tenir en place et c’était des activités qui lui permettaient de se canaliser un minimum. En revanche, il n’est pas très branché course à pied et préfère des sports d’équipe, être dans le partage, ce genre de choses-là. Il relève l’enthousiasme communicatif de son interlocuteur lorsqu’il mentionne le basket. Tout sourire, il hoche la tête, et laisse même un léger rire s’échapper de sa bouche. Oh ouais ? Ce serait trop cool ! Au sujet d’installer un panier dans sa cour. Y a pas de terrain de basket à Paris ? Demande le jeune homme dans un sourire malicieux, trouvant son excuse un peu éclatée au sol, Je managerai ton ego, t’inquiètes, rassure le conciliant avec amusement, qui se poursuit d’ailleurs en entendant sa remarque sur l'image qu’il avait de lui, au lycée. Depuis tout p’tit, j’ai toujours aimé le sport, les activités manuelles, fin les trucs un peu concrets quoi, j’ai jamais été très doué à l’école, un peu con, I guess. Il sourit en haussant les épaules, facts. Presque, j’étais running back. Il esquisse un sourire, n’étant pas le plus fort dans ce sport en particulier, préférant justement le basket. Et toi, ça donnait quoi à l’école ? Qu’il lui demande, curieux.
Par la suite Jayden lui parlait de Castiel, et s’il est d’abord étonné, c’est finalement la curiosité qui prend le dessus. Il lui informe que lorsqu’il l’avait rencontré, il n’avait pas été traumatisé. En vérité c’était un euphémisme, il avait été déboussolé par la masse de travail qu’il lui avait soudainement donné, à savoir de faire des dossiers de prévision - mais il ne préférait pas rentrer dans ces détails là qui n’étaient pas bien pertinents. Pas fan de parler boulot de toute. C’est ce que j’ai cru comprendre, quoi qu’il fasse aussi des blagues. Qu’il relève dans un sourire amusé tandis qu’il cherche à connaître comment ils s’étaient rencontrés. Il ne peut que s’amuser de cette anecdote de rencontre, et faire le parallèle avec leur propre échange. Décidement, c’est son truc de faire l’incognito, il a commencé à me parler, au cabaret et je savais pas du tout qu’il était - faut dire que j’ai pas une très bonne mémoire. Relève le plus jeune dans un rire, de ceux qui lui ont valu des drôles de surprises. L’âge, des fois ça veut rien dire, au taf, c’est rigolo des fois t’as un coup de cœur pour quelqu’un qui dans un autre contexte, t’aurais jamais rencontré ! Avoir comme pire ennemie une Mireille, 58 ans et un bff de 56, c’est le mélange qui peut être intéressant justement. Le brun s’est toujours plus ou moins entendu avec tout le monde. S’agissant de sa dernière remarque, Chase se met franchement à rire. Il lui avait précisé que leurs liens étaient purement amicaux et qu’il avait donc toutes ses chances. Même si c’était le cas… à savoir, d’avoir une chance avec Casiel DeWitt, le brun secoue la tête. c’est pas ma vibe les trucs compliqués. C’est bien quelque chose qui le faisait fuir ça, et bien qu’il ne connaissait pas Castiel, il est évident que de se retrouver dans une pareille situation était, à son sens, compliqué. Il préférait largement les relations plus chill, et autant dire qu’il n’imaginait pas Castiel dans ce genre de configurations-là.
Sujet: Re: Willkommen, bienvenue, welcome ! feat. Chase Dim 5 Mai - 16:01
Quoi de plus cliché pour deux mecs que de parler sport ? Il ne nous manquait plus que les shorts et les bières à la main histoire de pousser le vice jusqu’au bout. Mais j’aimais ça. Pourquoi prétendre le contraire ? En outre, qu’il en soit de même pour mon interlocuteur constituait une excellente surprise et m’assurait une fois de plus que nous étions faits pour nous entendre. Je craignais d’ailleurs de me prendre une sacrée torgnole au basket si je l’affrontai et m’empressai donc de lui demander d’y aller mollo. En vérité, c’était surtout pour la blague car où serait la fierté de remporter un jeu truqué ? À la remarque concernant Paris, j’ajoutai avec un sourire alors que j’avais parfaitement compris qu’il me charriait :
- Non, ce que je veux dire c’est que je n’ai pas pu y consacrer beaucoup de temps depuis que je suis revenu de là-bas. Ça a été la folie ces derniers mois.
Entre les formations, la mise en place de nouveaux desserts, les tâches du quotidien… Même le piano était passé à l’as ! Parfois, je me demandais s’il ne serait pas temps pour moi de trouver le remède miracle qui me permettrait de me dédoubler. Le côté positif était que je me sentais épanoui et que je ne craignais plus les fins de mois difficiles – ce qui n’était pas négligeable.
- Mais puisque l’idée d’installer le panier te branche, je pense que le moment est venu de me bouger les fesses ! énonçai-je avec enthousiasme. Avec l’été qui arrive ça promet des après-midis vraiment sympas.
Bon, je ne possédais pas de piscine ou de quoi que ce soit de similaire pour nous rafraîchir lorsque le soleil taperait fiévreusement mais quoi de mieux que de quoi se dépenser, jardiner et bronzer, pépères, sur des transats ? La saison promettait également des barbecues succulents. Je pouvais déjà en sentir l’odeur m’envahir les narines. J’avais hâte ! Mais, plutôt que de me perdre dans mes projections vaines actuellement, je me concentrai sur les propos de Chase. Running back, donc ? Comme quoi mes hypothèses n’étaient pas vraiment à côté de la plaque !
- Pas mal du tout. Après, ce n’est pas ce qu’on apprend au lycée qui fait de nous quelqu’un d’intelligent ou non. Je ne te trouve pas con du tout, lui assurai-je avec honnêteté afin de rétablir la vérité même si je ne pensais pas lancer un débat sur l’intellect. De mon côté… Ce n’était pas forcément la meilleure partie de ma vie. La terminale était chouette mais je n’étais pas investi dans une équipe. Si je jouais c’était avec un pote. J’étais pas mal sur le piano à cette période en fait.
Oui, le départ de Heathcliff à l’université à cause de ses quelques années supplémentaires m’avait bien atteint durant l’adolescence. Il m’avait fallu attendre la dernière année d’études pour me redonner envie de me sociabiliser (ce qui avait été bref, malheureusement). Lorsque la discussion dériva sur notre patron commun, je ne fus guère surpris d’apprendre que Castiel s’amusait toujours à se mélanger à la foule. C’était son truc de passer du temps avec ses (futurs) employés sans qu’il puisse poser un nom sur son visage. Sûrement car cela lui permettait de les découvrir pour qui ils étaient vraiment, s’assurant qu’ils ne jouaient pas un rôle pour se le mettre dans la poche. Ce ne serait pas la première fois que l’homme se trouverait face à des hypocrites à la recherche de piston.
- Tu peux prendre ça comme un compliment. Si tu es toujours là malgré son tour de passe-passe, c’est qu’il t’apprécie. C’est tout en ton honneur !
Qu’est-ce que ça donnerait de passer une soirée en leur compagnie ? Je craignais que le millionnaire soit davantage sur la réserve tant que les deux-là ne se connaissaient pas davantage. De toute façon, je n’étais pas en mesure d’assurer que cette réunion se déroulerait un jour alors de là à ce qu’une romance s’installe entre eux… Mon colocataire potentiel marquait un point : une telle relation avec lui pourrait vite tourner au cauchemar.
- Disons que tu dirais au revoir à ton anonymat. Trop de rumeurs et de paparazzis à supporter. Perso, je sais que je ne suis pas fait pour ça. Je suis trop… terre-à-terre ?
J’aimais les choses simples. Alors oui, je courrais après la réussite dans ma carrière professionnelle mais je passais cette dernière derrière les fourneaux. Pas devant les objectifs ni la scène !
- Tu as déjà rêvé de devenir une célébrité ou ça ne t’a jamais attiré ? l’interrogeai-je puisque nous étions partis pour apprendre à nous connaître. N’était-ce pas le moment idéal pour ça ?
Chase se permet de taquiner Jayden, au sujet de du basket, s’il se permet de le faire, c’est parce qu’il est à l’aise en sa compagnie, et qu’il se réjouissait surtout de cette idée qu’il avait, de faire installer un panier chez lui ! Il s’imagine déjà jouer en sa compagnie après le travail, et imagine qu’ils passeront de chouettes moments. S’il était un peu gêné, quelques instants plus tôt, Chase se sent beaucoup plus à l’aise à présent, et acquiesce vivement en l’entendant étayer sa réponse, à savoir qu’il a pas eu vraiment le temps de se remettre au basket, depuis qu’il était revenu de Paris. Oh, my bad. Il arbore un sourire entendu. Oops, j’avais mal compris… well, c’est l’occasion de te dérider, c’est comme le vélo de toute façon ! Qu’il lâche, tout optimiste et enthousiaste à l’idée en elle-même. Il acquiesce donc, et à la mention de l’été qui arrivait, il songeait à ce jardin qui était quand même plutôt pas mal ! A défaut d’avoir une piscine, pourrait y avoir une piscine à… bières ! Qu’il commente en se marrant, pour en avoir déjà vues lors de soirées. Il aimait bien le concept, il trouvait ça plutôt mignon, kitsch mais risque de ne pas faire long feu avec les griffes de ce grand chien fougueux, bad idea.
Continuant sur le sujet des activités sportives, il ne peut que s’amuser de l’image du Quaterback que son collègue avait eue de lui, il n’avait pas vraiment tort, à un poste près, mais il fallait avouer que Chase préférait largement le basket comme activité, un peu moins brutale (dépendant de si on se prenait le ballon dans la tronche). La remarque de son collègue lui arrache un petit sourire. C’est gentil de le dire, relève Chase au sujet du fait qu’il ne le trouvait pas con. Il hausse les épaules. Mon père a tendance à dire, que quand on a pas d’cerveau on a des jambes ou des bras. Une phrase qu’il a très souvent entendue le concernant. Il est curieux de lui retourner la question, et apprend que le lycée n’était pas la meilleure période de sa vie. Il pouvait que comprendre, lui même ayant vécu l’enfer entre trois lycées, il ne le précise pas. Ouais je comprends, c’est pas toujours une sublime expérience. Trop bien pour le piano ! J’sais que jouer une vieille comptine d’école mais je trouve ça chouette. Commente le plus jeune en prenant une gorgée dans son verre. Plutôt curieux, il s’était essayé à pas mal de hobbies plus jeune pour savoir ce qui lui convenait ou pas. Il s’était essayé à la musique, aux sports, aux jeux-vidéos. La lecture, en revanche, ça n’a jamais vraiment été son truc, mise à part les bandes dessinées. Pas suffisamment concentré pour pouvoir se poser et lire sans décrocher.
Il est ensuite question de Castiel, et Chase ne pouvait que relever le fait qu’il ait apparemment vécu une situation similaire, à savoir que l’homme d’affaires s’était fait passé pour quelqu’un d’autre pour échanger quelques mots avec lui; si sur le moment, il avait été un brin embarrassé, il avait trouvé ça amusant, bien qu’avec le recul, il se dise que c’était quand même curieux que ce soit son genre de move, à croire qu’il avait peur d’être lui-même ? Pas très chill comme pensée, il l’écarte de son esprit et arbore un sourire à sa remarque. C’est normal, je suis adorable, qui ne l’aime pas, Chase au fond ? En tous cas, de savoir qu’il n’y avait rien entre Jayden et Castiel ne lui laissait pas espérer quoi que ce soit, ce n’est pas du tout son délire, et ce, même si on partait dans l’hypothèse qu’il lui plaisait également.
Je disais plus dans le sens où on ne vient pas du même milieu mais.... Il esquisse un sourire un peu gêné. Je t’avoue que j’savais même pas qu’il était si connu que ça, je lis pas les magazines de business. Lui avoue Chase dans un rire, non parce que s’il était si connu que ça, il l’aurait forcément reconnu non ? A sa question suivante, il se marre à nouveau. J’avoue. Pendant dix secondes, quand j’étais plus jeune j’ai fait le pseudo influenceur là, en postant des vidéos mais clairement, pas de quoi percer ! On teste tous au fond, de voir si on a le potentiel, non ? Clairement, ça n’avait pas été son cas, bien que ça ne l’empêche pas d’être toujours très actif sur les réseaux, ça allait avec sa génération après tout. On te verra pas dans une émission sur les chefs alors j’imagine ?
Accueil
Dans la matinée, Chase avait rendez-vous avec l’un de ses collègues du Point. Pas franchement matinal, mais trop poli pour suggérer une autre heure de rendez-vous, le brun s’est laissé embarquer dans une soirée la veille et le réveil a été particulièrement difficile. Il ouvre les yeux sans forcément se rappeler d’où il se trouvait. De prime abord les lieux ne lui rappellent ni le salon de Ben, ni une chambre de l’auberge. Rien de bien familier en somme, et après une enquête qui durera le temps de scanner l’appartement en question, le jeune relève qu’il était chez une personne qu’il avait rencontrée la veille. Soit. La matinée est bien avancée, et quitte à être en retard, autant être présentable. Il file sous la douche, remet ses fringues et quitte finalement l’appartement en question. Il est content de réaliser qu’il est à Redwood Hills, lui qui a tendance à sortir à Burlington et d’y squatter tout autant. Il n’est pas le type le plus organisé de la terre, et en général ses possessions qui lui sont les plus chères se trouvent à l’auberge dans un endroit qui lui est dédié et là où il est certain de ne pas les perdre, il pense notamment à ses papiers importants et son ordinateur portable. Le brun n’est pas forcément très matérialiste mais il y a des choses qui lui sont importantes. 
