Madeleine était terrifiée, tellement qu’elle ne vit même pas Goupil entrer dans la grange pour jouer aux superhéros et sauver la vie de leur amie Maximiliane. Elle ne savait même pas que son propre frère s’était pris une balle dans l’épaule, non elle avait peur de se faire tirer dessus, elle avait peur que Robin, sa pote d’enfance qu’elle venait à peine de retrouver, ne succombe à sa blessure. En réalité elle ne fit même pas attention à la gentille réprimande de la Myers et vit à peine une jolie blonde arriver prêt d’elle… Cette inconnue était de toute évidence infirmière et elle commença à désinfecter la plaie de l’ancienne militaire. « Ouais… il y a des blessés… des morts mêmes… des morts. » Dit-elle d’une façon machinale, pendant l’espace d’un instant on aurait même pu croire entendre un véritable zombie. Cela dit la Châteaubriant se raisonna, elle regarda son corps assez brièvement, vit qu’elle n’était pas blessé et décidé de relativiser du mieux possible, afin de ne pas être un boulet, de ne pas déranger les gens qui l’entouraient et au contraire de les aider à aller de l’avant ! Voilà ce qu’elle devait faire. Toujours très pieuse elle ferma les yeux pendant quelques secondes et commença à réciter – dans sa tête – une quelconque prière à Marie et ce n’est qu’après ça qu’elle posa une main sur le front de sa sauveuse. La pauvre était brulante, sans doute à cause de sa blessure justement…

« Hey Robin tu… tu sais… quand tu iras mieux, parce que ouais t’iras mieux, bah je te promets que tu ne paieras plus un seul verre au Garnet et ce jusqu’à la fin de tes jours ! Ouais je te promets que si tu ressors en forme de l’hosto bah… euh… je… enfin je te paierais tous les verres que tu veux… »

Sans attendre elle passa une main dans la chevelure ébène de Robin et l’embrassa sur le front avant de se relever lentement en entendant les sirènes des ambulances… Ca y est… le cauchemar était terminé ! Là elle fit signe à un des sauveteurs qui semblait presque aussi perturbé qu’elle. Pauvre gars il ne devait pas avoir l’habitude de voir ce genre de carnages. « Vite ! Là ! Venez-vous occuper d’elle ! Vite ! » Hurla-t-elle en bougeant légèrement son bras. Elle ne savait même pas ce qui était arrivé au tireur, mais en voyant les secours, elle avait perdu son sang-froid, elle avait oublié ses peurs et perdu la tête pendant quelques secondes, elle voulait absolument que quelqu’un vienne s’occuper de sa comparse.

J'avais réussis. J'étais parvenus à conduire ma soeur à l'extérieur de cette grange où la peur, l'angoisse, la panique avait gagné tout le monde. Harper était enfin en sécurité. Avec moi. Mais où était Salva ? Bon dieu, c'est fatiguant d'être le grand frère parfois. Harper me suppliait de le retrouver mais je ne savais pas où chercher. Il était capable d'être n'importe où en fait. Je me saisissais de mon cellulaire et tentais de l'appeler. "Bordel mais il est où encore ?!" Gromelais-je en tentant désespéremment de l'appeler dans l'espoir qu'il me réponde. Répondeur encore. Je détestais laisser un message mais là, ça s'imposait. "Bordel Salva t"es où encore ? Rappelles-moi s'il te plait. Harper est blessée.." L'inquiétude et l'angoisse m'avaient gagnées. Non seulement pour Harper mais aussi pour mon frère en ne sachant pas où il se trouvait.

Je me baissais à la hauteur de ma soeur et déchirais un morceau de ma veste pour faire un garrot afin que la blessure puisse cesser de saigner. "ça va aller Harp. Jte le promets." Encore une fois, je parlais pour Salva. Je suis certain qu'il a pu se mettre à l'abris. En tout cas, je ne ferais pas stressé ma soeur plus qu'elle ne l'était déjà. Les secours venaient d'arriver. Je soupirais de soulagement. Des médecins, des infirmiers. Tout le monde se dispersait pour aider les blessés. Je fis signe à l'un des médecins que nous avions besoin. "S'il vous plait, aidez ma soeur.. elle a reçue une balle dans l'épaule.." Je me poussais un peu pour laisser le médecin prendre place et examiner la blessure de ma soeur. En grand stressé que j'étais, je commençais à me ronger les ongles. À défaut de fumer une clope. Quoi que j'avoue que pour le coup, ça m'aurait bien aidé.

Les secours étaient finalement sur le coup, la situation allait vite être désamorcée mais Ulysse ne réagissait qu'à peine au soulagement général. Tout ce qu'il voulait c'était sortir de là le plus vite possible et ne plus jamais se rappeler de ce qu'il avait vu aujourd'hui... Autant dire que ce ne serait pas demain la veille qu'il oublierait tout. Pour l'heure, il emmenait Nathan et Ingrid vers la sortie, regardant presque machinalement les gens qui tentaient de gérer les blessés, Ulysse ne pouvait pas se permettre de s'arrêter sinon il craquerait. Il s'arrêta tout net pourtant lorsque Nathan mentionna Robin alors qu'ils s'approchaient de la sortie. L'aîné Myers fit un tour d'horizon des lieux, elle devait être ici à moins qu'elle ne s'était sauvée à temps... Mais non, il finit par la repérer à terre alors que les secours commençaient leur travail. Il entraîna son petit monde derrière lui et accourut jusqu'à sa soeur entourée d'une bonne petite foule désormais. Du sang, Uysse vit le sang et tenta de remonter le regard vers la plaie, l'épaule, cela aurait pu être pire certainement. "Robin, putain, Robin... Nate et moi, on est là, eh." Il était un peu paniqué mais lorsqu'il détacha ses yeux de sa soeur, il tomba sur ceux de Maïa et quelque part, il recommença à respirer en se dirigeant vers elle et la prenant dans ses bras sans lui demander son avis. C'était l'enfer autour de lui, à l'intérieur de lui mais Ulysse était vivant, certains miracles avaient lieu au bout du compte.

Brody n'était pas souvent sérieux, même si la situation était catastrophique en règle générale. Pourtant, sur ce coup là, il se tut rapidement en entendant l'impatience de son associée. Il n'avait pas voulu tout cela, il était venu sans trop savoir ce qu'il attendait et voilà qu'il se retrouvait au milieu de la fournaise ou de tout un tas de gens fous furieux suicidaires qu'il associait dans son crâne aux ornithorynques les plus venimeux de ce monde. Le danger était partout et Brody hocha simplement la tête lorsque Edme l'invita à s'appuyer sur elle même s'il savait que d'ici peu, il souffrirait le martyr aussi bien de sa nouvelle blessure que de celle fournie par sa prothèse. Ils se dirigeaient vers la sortie quand soudainement, Brody tourna son regard vers la scène et ce fut à cet instant là qu'il capta Azariah écroulée au sol, hurlant son désespoir. Brody arrêta la marche en attrapant la main de sa soeur. "Les filles... Az'..." Et c'était peut être idiot mais instinctivement, Brody invita les filles à se diriger vers son beau frère. Brody s'écroula à terre devant Azariah et sans même réfléchir et malgré la douleur, il trouva le moyen de le prendre dans ses bras. Azariah n'était pas seul, c'était ce qu'il avait besoin de savoir d'une manière ou d'une autre après l'atrocité à laquelle il venait d'assister. Pour la première fois de sa vie Brody ne tenta même pas de parler, il se contenta d'être là ignorant la douleur alors que les secours s'approchaient d'eux. C'était peut être la fin de leur calvaire à tous, Manning l'espérait en tout cas.

Spoiler:

A NOS FANTÔMES

TOPIC COMMUN

Il allait attraper ce connard et lui faire cracher le morceau.

Parmi les victimes, les morts, les terrorisés, Desmond déambulait à la recherche du tueur. Il s'était enfuit par la porte de la grange improvisée, et le chef de police doutait qu'il revienne ici finir sa tuerie. C'est assez instinctivement qu'il s'était dirigé vers la sortie, à l'affut du moindre signe de présence de ce type. Tellement obnubilé, il ne s'arrêtait même pas pour rassurer les civils, leur assurer que tout allait bien se passer. Ce serait leur mentir, et tout de suite, Desmond n'avait pas la tête à ça. Si ce type continuait de courir, il ferait encore d'autres victimes, ou pousseraient encore d'autres âmes perturbées à se suicider. Malgré tout le mépris que le chef de famille avait voué à ces personnes qui prenaient part à ce massacre, se laissaient manipuler sans réfléchir, il refusait que cela arrive à nouveau. Au fond, cette fois-ci, cela lui faisait peur. C'était la première fois que au nom de la Rose Lunaire, des assassinats avaient lieu. Entre le meurtre et le suicide, personne ne serait à l'abri. La prochaine victime pourrait être aussi bien votre voisin que votre frère, votre sœur, votre enfant. Desmond vivait à Redwood Hills depuis trop longtemps, tenait à bien trop de personnes pour accepter la mort de l'un d'eux.

Ce soir, il allait en découdre. Il allait fracasser cet homme jusqu'à lui faire avouer tout ce qu'il savait. Il y passerait la nuit, la semaine, plus s'il le fallait. Il aurait tout son temps tant qu'il s'agirait d'enfin mettre fin à cette folie. Il fouillerait chaque habitation, chaque bâtiment de cette ville, ratisserait le moindre centimètre si cela pouvait permettre de garantir aux habitants une vie paisible. Son fils ne naîtrait pas dans une ville menacée. Le bruit d'une nouvelle détonation alerta le chef de police. De nouveaux cris. Le même scénario que quelques minutes plus tôt, à la différence que cette fois-ci, Desmond était prêt, arme à la main, et les habitants qui n'avaient pas encore fuis n'étaient plus au milieu de son chemin. Il avait le champ libre.

Cette fois-ci, ses tirs ne partirent pas dans le vide. Une balle, deux balles, trois balles. Épaule, ventre, ventre. Le meurtrier tombe à terre. Desmond n'attendit pas pour se ruer vers lui, mais ce qu'il vit ne lui plut pas. Un sourire sanglant ornait son visage, son regard fou fixa le chef de police. « La... Rose Lunaire... me vengera. Elle... vit. » Un rire à la limite du dément le fit cracher du sang avant que ses yeux se révulsent. Putain, non. Non. « NON ! » Mais pour avoir fait l'armée, le père de famille n'eut pas à vérifier. Ses coups de feu avaient été fatals. Il venait de tuer le seul homme depuis trente ans qui aurait pu leur permettre d'enterrer cette secte pour de bon. Ce fils de pute était mort. Enragé au possible, Desmond se releva, fit quelques pas avant de se tourner et de décocher un énorme coup de pied dans la tête de ce type, avait une telle force qu'il lui aurait probablement causé quelques blessures s'il avait été vivant. Sauf qu'il venait de le tuer. « PUTAIN. » Il respira lentement, se frotta le visage et releva la tête sur cette boucherie.

Le meurtrier mort ne signifiait pas le retour de la paix et Desmond n'avait aucun doute là-dessus. La Rose Lunaire se vengerait.

electric bird.

Spoiler:

Cela faisait plusieurs minutes qu’Azariah pleurait son désespoir devant ce spectacle macabre. Il n’en pouvait plus, il n’y pouvait rien, il ne pleurait jamais, pourtant ce soir, il pleurait toutes les larmes de son corps. Az était barbouillé de sang, mélangé au liquide salé qui venait de s’écouler de ses yeux trop rouges. Son cœur allait lâcher, il était certain qu’il allait mourir. Un instant, il remarqua un mouvement près de lui et il ne pu que lever les yeux. Il vit Brody, qui semblait blessé, s’approcher de lui, accompagné d’Edme et Lizzie. Lizzie. Elle ne devait pas être là. Il se laissa tomber et s’agrippa à Brody comme à une bouée de sauvetage, tâchant sa chemise au passage. Sans aucune notion du temps, il attendit jusqu'à ce que ses yeux embués reconnaissent Salva qu’il avait quitté plus tôt. Il entendit des bribes de phrases qu’il ne comprit pas et resta stoïque jusqu’à ce qu’il se sente soulevé par Salva. « Non, non, laisse-moi, ici ! LAISSE-MOI ICI, Y A PLUS RIEN POUR MOI DEHORS ! », lui hurla-t-il tandis qu’il se débattait faiblement en se faisant trainer à l’extérieur. On aurait dit un démon, la rage et la tristesse déchirant son visage. Une fois dehors, Azariah resta par terre et constata les dégâts. Il tremblait de tout son long et reconnu quelques uns de ses amis, beaucoup de personnes blessés, appeurées, en pleurs. Son cœur se déchirait chaque seconde de plus en plus et il était certains de ne pas passer la nuit. « Qu’est-ce qu’il nous on fait Jace… », balbutia-t-il tandis qu’il fixait le ciel et sa nuit noire.