Augustus n'avait pas vraiment l'esprit à la Saint-Valentin. C'était tombé au mauvais moment, à vrai dire. Il s'était inscrit au speed-dating malgré tout, parce qu'il savait pertinemment qu'il n'y allait pas pour trouver l'élu de son cœur. Il y allait juste pour s'amuser, pour se changer les idées. En entrant dans la salle, il avait esquissé une grimace. La décoration était pour le moins vieillotte, désagréable pour un Gus qui aimait la modernité. Il se dirigea vers sa table, posant le regard sur sa partenaire. « Harper, tiens donc. » Il esquissa un sourire malicieux et s'assit en face d'elle. Ils avaient été dans la même école, le même lycée, la même fac. Avec juste un an de décalage. Elle était sûrement sortie avec Hugo aussi, à un moment donné. Cette pensée lui valu une deuxième grimace. Il attrapa ensuite son biscuit chinois et le décortiqua, curieux de voir ce qu'on lui prédisait.

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Harper ne savait pas ce qui lui avait pris, un speed dating sincèrement ? Surement une volonté de tourner la page plus facilement, un moyen de l'éloigner encore plus de ce passé avec Arthur qui la hantait depuis des semaines. Quoi qu'il en soit, elle était venue jusqu'à cette table soigneusement décorée, prête à accueillir deux éventuelles futures âmes sœurs. Elle n'y croyait pas trop mais qui sait, elle passerait peut-être un bon moment. Impatiente de rencontrer la personne qui s'installera en face d'elle, elle prend place sur l'un des deux sièges. Une voix masculine, légèrement familière la tire de ses pensées. « Augustus ? Toi ici, vraiment ? », s'étonne-t-elle en découvrant son partenaire pour le speed dating. Un camarade qu'elle avait plus ou moins fréquenté tout au long de sa scolarité. « Ça risque d'être plus amusant que ce que je pensais », glisse-t-elle avec un sourire en coin. Finalement, croiser une tête connue avait un côté rassurant. Augustus s'empresse de goûter à son biscuit chinois sans manquer de lire la fameuse prédiction sur son avenir et amusée, Harper décide d'en faire de même en cassant le sien pour y trouver le petit papier blanc.

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« Qu'est-ce que tu veux, faut bien s'occuper. » Il rigola, pas mécontent de tomber sur Harper. Au moins, elle savait qui il était. Elle n'allait pas croire qu'il était vraiment là pour trouver une copine, et elle ne le harcèlerait pas après pour se revoir. « À qui l'dis-tu ! » Il avait toujours bien aimé cette gamine. Ils n'avaient jamais été proches, mais il s'était toujours marré lorsqu'ils s'étaient parlés. Gus baissa le regard sur le biscuit qu'il venait de déchiqueter... et s'esclaffa de rire quand il eut fini de le lire. Il essaya de rapidement retrouver son sérieux, pour jouer le jeu. Il fronça les sourcils, tâchant du mieux qu'il pouvait d'avoir un regard paumé. « Je... Harp'... je suis perdu. » Il fit une courte pause, essayant d'être le plus crédible possible. Il se pencha un peu en avant, comme pour lui faire une confidence. « Tu peux m'indiquer le chemin qui mène à ton cœur ? » Il plongea son regard dans celui de la jeune femme, pinçant les lèvres de toutes ses forces pour ne pas exploser de rire.

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Pour l'occasion, Harper portait tout de même l'incontournable petite robe noire, une tenue élégante était exigée et cet indémodable restait une valeur sûre. Lui aussi était plutôt séduisant et pourtant, il ne risquait pas de vouloir conclure sérieusement avec elle pour ce soir. Néanmoins il n'a pas l'air mécontent de tomber sur elle, bien au contraire. C'était plutôt amusant de se retrouver à cette table romantique avec ces biscuits chinois. Augustus se lance en premier, il prend un air très sérieux et se rapproche de la jeune Anderson pour lui demander le chemin de son cœur. Si Augustus se retient de rire, Harper elle ne peut contenir sa surprise, elle fait l'effort de reprendre son calme. « Je crois bien que tu l'ai déjà trouvé... », qu'elle murmure en rentrant dans son jeu. Elle dépose à son tour le papier qu'elle venait de dire et se jette à l'eau, ne craignant plus le ridicule. « Et toi Gus, dis moi ton père ne serait-il pas voleur ?  », demande-t-elle tout bas. Un sourire se dessine sur ses lèvres avant même qu'elle ai annoncé la suite. « Il me semble qu'il a volé les plus belles étoiles pour les mettre dans tes yeux. ». Quelques battements de cils, elle fait mine de jouer celle qui rougit avant qu'ils ne se laissent aller tout deux à des éclats de rire. « Et ils pensent vraiment parvenir à former des couples avec ces biscuits ? », qu'elle demande amusée. Cela donnait plutôt lieu à des situations comiques, quoi que c'était bien connu, femme qui rit à moitié dans ton lit...

Il avait bien fait de venir là, Gus. Ça lui faisait rire, et ça lui changeait carrément les idées. Il avait bien besoin de ça. D'ordinaire, quand il avait un coup de blues, il lui suffisait d'aller chez son meilleur ami pour se taper des barres et retrouver instantanément le sourire. Mais quand c'était son meilleur ami en question qui était la source de son moral bas, il faisait comment ? Eh bien, au moins pour aujourd'hui, il avait trouvé la solution : participer à un speed-dating. Il n'aurait pas pensé qu'il s'amuserait autant, et pourtant. Augustus pinçait toujours les lèvres, essayant au maximum de rester sérieux. Harper entra dans son jeu et Gus porta la main à son cœur, mimant niaisement un amoureux transi. Un sourire s'étala sur ses lèvres alors qu'Harper entamait son défi, celui qu'elle avait trouvé dans son biscuit chinois. Il s'attendait à tout. Son père, un voleur ? Pourquoi donc ? Il avait oublié cette blague digne d'un loveur en mal d'amour du début du siècle et, quand Harper lança la chute, il ne put se retenir plus longtemps. Il éclata d'un rire bruyant et sincère, des larmes perlant à ses yeux. Après s'être calmé, il secoua la tête de droite à gauche. « Putain j'te jure, j'sais pas c'qu'ils ont fumé. » Il rigola encore un peu, puis haussa les épaules à la question de la jeune femme. « Faut croire. Ça a le mérite d'être drôle au moins, et dieu sait que l'humour c'est important ! » Lui, en tout cas, ne se voyait pas être en couple avec un mec qui ne le faisait pas rire. « Bon et alors, qu'est-ce qu'elle devient la p'tite ? » La petite, c'était Harper évidemment. L'année de plus qu'Augustus avait lui donnait, selon lui, le droit de l'appeler comme ça.

Augustus faisant semblant d'être conquis par le petit jeu d'Harper, ça valait vraiment tous les speed datings du monde ! Ils rient ensemble, au moins ils passaient un agréable moment autour de cette table, décomplexés et sans aucun malaise pour venir gâcher cette soirée. C'était juste deux connaissances qui se retrouvaient, deux personnes qui aurait certainement pu se lier d'une belle amitié s'ils s'étaient davantage fréquentés mais il n'est pas encore trop tard. « Tu n'as pas tord. », approuve-t-elle en hochant légèrement la tête Il finit par la questionner sur sa vie, histoire de savoir comment les choses s'étaient passées pour elle. « La p'tite, vraiment ? », fit-elle en faisant mine d'être vexée. Ils restaient proche en terme d'âge, ce n'est pas comme si des années les éloignaient. « Fraîchement célibataire et toujours étudiante en droit. ». Harper n'allait pas s'étaler sur sa récente rupture ni sur le fait que les études ne lui convenaient plus au risque de casser l'ambiance de la soirée. « Et pour toi, comment ça se passe ? », demande-t-elle avec un sourire avant de prendre boire quelques gorgées. Ils ne savaient pas grand chose l'un de l'autre alors c'était l'occasion d'en apprendre un peu plus.

« T'es pas plus grande que moi à ce que je sache, si ? » Augustus taquina Harper, comme il savait si bien le faire - avec elle, avec les autres. C'était son astuce pour paraître assuré, à défaut de l'être vraiment. Il se sentait bien en société, et avait d'ailleurs un paquet de connaissances - beaucoup de potes, quelques bons amis. Il n'était pas timide, et il allait facilement parler aux autres. Mais, malgré tout, Gus manquait d'assurance. Se trouvait toujours moins drôle qu'il ne l'était, moins beau qu'il ne l'était, moins aimé qu'il ne l'était. Le rire était une des parades au manque de confiance en lui. « D'où le speed-dating, du coup, » lâcha-t-il quand elle lui annonça qu'elle était célibataire depuis peu. « T'as bien du courage pour tes études, j'admire. » Le droit, ce n'était pas la branche la plus facile, ni la plus courte. Augustus était bien content d'avoir, quant à lui, opté pour des études plus courtes, pas moins passionnantes pour autant. Agent immobilier était un métier qui l'attirait depuis de nombreuses années, et il avait été content d'apprendre que cela ne nécessitait pas sept ans d'études. « Pas mal du tout, écoute. » C'était à son tour de parler de lui. « Célibataire depuis quelques mois, et directeur d'une agence immobilière ! » Il était tout fier, le Gus - d'être directeur, s'entend, sûrement pas d'être célibataire.