Des cookies bleus et rouges. De quoi laisser Jamie perplexe, mais il ne dit rien. Pas comme son père. « Dieu bénisse l'Amérique. » Il le regarde, puis son fils, sur le point d’en attraper un. « Commence pas. » Dans un geste visant à l’encourager à se rendre utile, il lui passe les serviettes de plage et nappe de pique-nique. Jamie est stressé. Et ce n’est pas à cause des colorants qui n’ont pas l’air très naturels dans les cookies. Ce n’est pas non plus dû à la foule, pour une fois. Il a l’impression que le stresse monte dans sa poitrine plutôt que dans celle de Grace. Ou peut-être en même temps, comment vraiment savoir ? Elle a toujours l’air sûre d’elle. Il l’a toujours connu prête à déplacer des montagnes. Il se trouve en pleines négociations de qui reste pour garder leur emplacement pendant qu’il va trouver Grace, quand Marlon s’agite, délaissant les cookies patriotiques. « ÉÉÉ c’est pas Joséphine là-bas ? » Jamie n’est pas étonné qu’elle soit là. Qu’elle soit seule, en revanche… Il lui fait signe de la main. « Ah ! Jamie ! T’as pas vu Elijah ? » Elle lui montre un papier griffonné par le petit garçon. Au même moment, ça pétarade dans tous les coins. Léger vent de panique. Le visage de la jeune au-paire blêmit. « Grace va me tuer. » Le ricanement du grand-père Whelan raisonne en sourdine. Jamie ne peut pas lui en vouloir, ça l’a fait sourire, le choc auditif passé. « Mais non, viens. » Il se retourne vers son père et son fils : « Je vous retrouve après le discours. » Et part faire le tour du lac avec la jeune femme. Il s’inquiétait déjà de ne pas avoir le temps de rejoindre Grace avant son discours, maintenant il s’inquiète en plus qu’Elijah ait trainé trop près des feux d’artifices artisanaux. Pas sûr que l’intervention de la femme au micro n'ait rassuré la mère poule qu’est Grace. « Eliiiiiiiii ! » Joséphine s’élance auprès de lui tandis que Jamie reste en retrait, ne pouvant pas entendre ce qu’ils se disent. « Ça va ? » Il demande simplement quand ils reviennent à son niveau. « On va écouter ta mère, ça lui fera plaisir. » Ouais, on. Ça ne va pas le réjouir, se dit Jamie, mais sait-on jamais, qu’il fasse le coup de se débarrasser de la nounou une deuxième fois. Il marche devant en direction de l’estrade, décidé à être au premier rang.

@Elijah Fordham @Grace Fordham @Melody Fordham

Dans mon petit tour d'escapade, je regarde un peu les gens autour de moi, et j'écoute. Je reconnais @Tristan Earnshaw qui parle d'animaux, j'entends au loin quelqu'un (@David Munroe) qui a eu plein de cookies en disant qu'il revenait du "Mali"... P'tet que c'est un grand magasin , je sais pas trop. Puis il y a aussi les jeunes qui ont l'air en couple, qui couinent en se regardant et que moi je zieute en ayant maintenant du sucre coloré rouge autour de la bouche. Ca me donne envie d'être un adulte, parfois, de voir à quel point je suis invisible à leurs yeux.

Comme je me sens un peu seul, je décide d'aller voir un peu le lac, et je tombe sur une bande d'ados. Je me demande si c'est pas les copains de @Melody Fordham d'ailleurs ? Je la vois pas - mais il fait sombre - mais je veux essayer d'approcher quand j'entends un énoooooorme bruit. Ca me fait trébucher, tomber un peu, je réussis à me rattraper sur une branche mais j'ai le réflexe bizarre de regarder partout autour de moi et me mettre à courir dans la direction opposée du bruit, peu importe ce que c'était pour de vrai. Je cours, je cours, pis dans dans ma poche je sens le téléphone de Joséphine - que je lui avais pris - qui vibre. A tous les coup, c'est Maman qui s'inquiète...

Je trouve un petit endroit, derrière un très gros arbre, où je peu enfin faire une pause pour essayer de lire le message. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, très fort, et quand j'arrive enfin à déchiffrer le sms après avoir balayé les grosses larmes qui coulaient pas encore de mes yeux et étaient là parce que j'avais eu quand même super peur. D'un coup, je suis paralysé. Je comprends pas trop qui a pu envoyer ce message, je regarde partout autour de moi, paniqué, et puis je me mets à courir. « M'man... Maman... MAMAN ?! ».

C'est en voyant Joséphine au loin, qui crie aussi mon nom, et Jamie derrière, que je sens que je commence à être soulagé. Je cours dans les bras de Joséphine. « Jo, elle est où Maman ? Elle va bien ?! ». Mais Joséphine ne comprend pas pourquoi je lui demande ça, elle dit que c'est pour moi que tout le monde s'inquiète, que @Grace Fordham doit être en train de se préparer pour son discours... J'ose pas lui montrer le message qui dit que je devrais avoir peur pour ma mère, j'ose pas lui montrer que je lui ai pris son téléphone et j'ose pas m'avouer à moi-même que je suis terrifié que la Rose lui fasse quelque chose.

Mais s'il y en a bien un qui peut protéger maman... C'est @Jamie Whelan. Moi, je sais bien que j'ai pas assez de muscles dans les bras, et que je suis pas assez grand pour qu'on m'écoute. Donc c'est à lui que, pour cette fois seulement, je décide de montrer le téléphone. Je m'approche de lui, prends sa main et lui murmure « Jamie, y'a un sms sur le télé-téléphone de Joséphine. », je lui tends l'appareil, « Tu lui en parles pas, hein... Mais, je veux bien qu'on aille vite écouter Maman, oui ». On.

Parce qu’une gourmandise, cela ne se refuse pas, encore moins quand ce sont elles qui ont permis notre rapprochement d’il y a quelques mois. Pour autant, aucune d’entre nous n’avions osé avoir LA conversation qui permettrait de définir notre relation. Déjà que je n’ai ni osé lui avouer en premier mes sentiments et encore moins osé l’embrasser en première, je me vois mal aborder le sujet à mon tour en premier. A la place, oui, je lui propose un cupcake. Mais avant même que je ne puisse nous commander ça, voilà qu’Alexis se fait encercler par des bras masculins. Pas le temps de songer à quoi que ce soit que je me retrouve piégée à mon tour. Ne comprenant rien à la situation, je comprend rapidement que c’est Oscar et un sourire s’étend sur mon visage à la vue de mon ami. Mais je déchante rapidement en voyant qu’il connaît Alexis et que cette dernière ne semble guère l’apprécier. Pas besoin d’être devin pour le voir. J’écoute leurs propos, n’arrivant pas à réfléchir correctement, jusqu’à ce que Oscar me demande de lui offrir à lui aussi un gâteau. Je répond alors tout gentiment, un peu perdue tout de même Oui oui bien sûr ! Mais quelque chose ne va pas, je le sens, et je sais que demander directement à Oscar ne sert à rien vu qu’il n’est jamais très sérieux. Ou alors, il a tendance à le cacher derrière son comportement pittoresque Qu’est-ce qu’il se passe Alexis ? Pourquoi Monsieur le Menteur ? Je me sens inquiète et cette inquiétude ne fait qu’empirer quand des bruits assourdissants arrivent jusqu’à nos oreilles. Je sursaute, la trouille au ventre, fermant les yeux par réflexe, m’agrippant au bras de la blonde pour me sentir en sécurité. Les pétards finissent par s’arrêter, mais c’était comme si cela avait durer de longues minutes.

L’humour contribuait beaucoup à adoucir l’arrogance que j’avais cru déceler chez lui aux premiers abords. Disons plutôt qu’il s’agissait d’audace et que j’appréciais davantage celle-ci que la première. J’avais donc fini par accepter de m’installer en sa compagnie pour le moment, songeant qu’il ne pouvait pas y avoir grand mal à faire une nouvelle rencontre et à ne pas passer les prochaines minutes à errer entre les différents petits groupes déjà installés pour le feu d’artifice qui n’aurait pas lieu avant un moment encore. C’était sans parler du discours qui devait normalement le précéder. « Maintenant que vous le dites, on dira que rien n’arrive pour rien. » Même une rencontre qui avait tout d’abord parue inopportune. Aussi bien, surtout, ne pas demeurer deux parfaits inconnus, alors je me présentais rapidement. Mon prénom en échange du sien, qui me tirait un sourire. J’oubliais rapidement les mots qui m’étaient venus en tête parce qu’un bruit sourd me faisait sursauter. Avant que je n’aie le temps de comprendre ce qui se passait, Colin avait le réflexe de jouer le preux chevalier. À quelques mètres de nous, une gamine pas bien plus âgée que Wednesday s’était mise à pleurer et sa mère tentait de la réconforter. Je constatais alors que Colin avait renversé sa limonade et j’ouvrais mon sac, duquel apparaissaient les longues oreilles de la peluche qui s’y logeait. « Attends, j’ai… » Un sac à main pêle-mêle, mais il s’y trouvait certainement de quoi nettoyer… Ah, voilà. « Tu permets ? » Je croisais son regard une seconde avant d’éponger délicatement son tee-shirt, m’assurant surtout de ne pas tâcher la couverture qu’il avait pris le temps d’installer pour nous accueillir. « C’est une chance que ça n’ait pas été du café… » Dans un tel cas, la douleur se serait mêlée à la contrariété d’avoir gâché un breuvage et ses vêtements. Pendant que je l’aidais avec le dégât, une personne prenait la parole pour expliquer ce qui venait de se passer. Rien de grave, heureusement. Je n’avais pas vécu les derniers évènements à la mairie, mais il s’en était fallu de peu. Je savais que les gens étaient prompts à s’imaginer le pire. « Je te laisse le verre intact. Après tout, s’il y avait vraiment eu du danger, tu étais bien parti pour me sauver la vie. » Cette fois, la plaisanterie était dite avec beaucoup plus de douceur. Ce que j’avais souligné comme étant un côté gentleman n’était peut-être pas aussi éloigné de la vérité que je l’avais d’abord cru tout compte fait.

Mauvais timing. Trop de choses se précipitent en même temps : d’abord les pétarades que l’on n’attendait pas avant un bon moment - la nuit devait tomber, s’obscurcir, ils devaient avoir le temps de discuter tranquillement avant ça - et avant qu’elle ait pu se demander ce qu’il se passe, Noam la tire derrière lui. Sauf que c’était le pire timing possible, parce qu’escomptant que l’heure était à la discussion calme et strictement entre eux, Teddy avait saisi innocemment un des cookies offerts par David, l’avait cassé en deux parts presque égales et l’une des moitiés était déjà en débris dans sa bouche. Ça se coince dans sa gorge et elle se met à tousser, à tousser et à tousser encore avant de reprendre un à un les éléments, trop de choses à la fois.
D’abord son frère. Elle rencontre son regard en se relevant à demi et finissant de tousser, et ce regard suffit à faire oublier le reste, d’autant plus que la question de l’origine des explosion et ce regard suffit à faire oublier le reste, d’autant plus que la question de l’origine des explosions est rapidement réglée par une annonce au micro, à l’arrière-plan de leur microcosme. « No... ça va ? » Non ça ne va pas, même pas besoin d’être dotée d’un naturel particulièrement attentionné et vigilant pour s’en rendre compte. « Eh, c’était rien, assieds-toi... juste des gamins. » Allez vers lui pour l’inciter à le faire ? Le toucher, s’en garder ? Teddy reste indécise, n’osant pas tellement prendre les choses en main et sentant bien qu’elle n’a pas les clefs pour comprendre et réagir à la panique de son frère, elle se tourne vers David. « Tu as de l’eau ? » Assieds-toi, bois un coup, c’est débile comme conseil mais il y a plus débile encore, être venue littéralement avec les mains dans les poches. « Ça y est, les jeunes dominent le monde » ajoute-t-elle comme à sa seule intention parce qu’elle n’ose pas encore se retourner vers Noam, et tentant malgré tout de boucler le dossier et mettre l’incident derrière eux.

@Noam O'Hara @David Munroe

Il y avait un monde pas possible pour le feu d’artifice mais il avait fallu qu’on tombe sur Oscar. J’aurais préféré rester en tête à tête avec Riley et avoir la fameuse conversation tant attendue pour officialiser ou non notre relation. Au lieu de ça, on devait supporter Oscar et ses âneries. « Quel dommage… » Dis je d’une manière ironique à l’égard d’Oscar sur le fait qu’on ne tombait pas assez l’un sur l’autre malgré la petite taille de la ville. Personnellement, ça m’allait très bien. Par contre, Riley semblait contente de le voir. Je ne savais pas qu’ils s’entendaient si bien. Oscar m’avoua alors qu’ils étaient de bons amis et que Riley avait dû me parler de lui. Le toisant du regard, avec un sourire malicieux au coin des lèvres et toujours les bras croisés devant la poitrine, j’en profitais pour le faire redescendre. « Hum, non, pas vraiment. » Je ne pouvais pas faire semblant quand je n’aimais pas quelqu’un, c’était plus fort que moi. D’ailleurs, je précisais qu’il était un menteur et Riley se demanda pourquoi je le qualifiais comme ceci. Quant à Oscar, il avait oublié sur quoi il avait menti. Je levais les yeux au ciel lorsqu’il me demanda ce qu’il avait fait ENCORE. Il me parla alors de Sierra et d’un « nous ». Un « nous » ?! C’était quoi cette histoire encore ? Qu’est ce que Sierra avait oublié de me dire avant de partir ? Je n’eus pas le temps de répondre qu’une explosion de feux d’artifices clandestins explosa au milieu des arbres. Riley s’était réfugiée dans mes bras. Je passais un bras autour d’elle en signe de protection tandis qu’une personne prit la parole pour expliquer ce qui s’était passé et rappeler les règles. « Ouf, plus de peur que de mal ! » Oscar, lui, aurait aimé que ça vienne de lui. Ce mec m’exaspérait et il n’allait pas s’en tirer comme ça. Ce n’était pas parce qu’il y avait eu une explosion qu’on allait changer de sujet. « Pour en revenir à nos moutons, Riley, sache que c’est Oscar qui m’a fait croire que vous aviez eu un enfant ensemble. » Toujours un bras autour de sa taille, je m’étais adressée à la jolie brune pour qu’elle sache le fin mot de l’histoire. Ensuite, je me tournais vers Oscar. « Et toi, qu’est ce qui s’est passé avec ma cousine ?! » Etaient ils sortis ensemble et je n’en savais rien ? C’était fort probable…

@Riley Clarke & @Oscar Kidd

Avouons donc que j’y avais pensé, au moins une fois, sur le trajet menant au Lac Champlain : oui, il y avait quelque chose de surprenant à imaginer Noam affronter ce bain de foule. Les patriotes, et même ceux qui ne l’étaient pas vraiment, n’avaient pas pour habitude de festoyer calmement. Il fallait bien que le jeune homme ait envie de faire plaisir à sa sœur et de passer du temps avec elle pour accepter sciemment cette possibilité de sortie. L’arrivée dans une atmosphère festive, l’enthousiasme de retrouver Teddy, et pourquoi pas de prendre des nouvelles de son frère après ce temps passé, les cookies aux couleurs du drapeau, la présence des deux bêtes à poil pour nouer le contact sur un terrain commun… Toutes ces choses m’avaient distrait de mes appréhensions pour nous laisser joyeusement vaquer à ces retrouvailles et à une conversation légère. Oui, mais. Des feux d’artifice beaucoup trop précoce pour être les officiels et dont les explosions s’entendaient de beaucoup trop près venaient de semer l’émoi. Non seulement parmi tous les participants, mais dans notre petit groupe de trois. Noam avait les réflexes aiguisés, je distinguais mal un aboiement – celui d’un de ses chiens ? Ou d’une autre bête à proximité ? Que déjà, il avait placé la brune sous sa protection et celle-ci en venait à s’étouffer. Je faisais un pas dans leur direction, attentif à la progression de cette respiration à retrouver, même si, je n’étais pas certain d’être l’expert tout désigné pour pratiquer la méthode de Heimlich. Sitôt remise, la jeune femme projetait l’inquiétude que j’avais eue pour mes deux compagnons sur son frère, vers qui je jetais un œil. « Attends, j’ai ça… » Je fouillais un instant dans le sac à dos que j’avais emporté, qui ne contenait pas grand-chose sinon que cette bouteille et quelques autres effets personnels comme mon portefeuille et mes clefs. « Tu devrais peut-être en boire une gorgée aussi… » Même si elle ne toussait plus, la bouteille que je tendais dans sa direction pouvait être bien utile. J’adressais un sourire pâle à la jeune femme avant de regarder de nouveau dans la direction de Noam. « Vous voulez qu’on bouge ? On pourrait aller marcher un peu au bord de l’eau. » Il ne suffisait que de suivre la direction de mon regard pour constater, tout comme moi, qu’il y avait beaucoup moins de monde à cette heure sur les rives. Tant pis pour l’espace, Noam donnait l’impression qu’il risquait d’imploser et ce n’était pas souhaitable. Ce silence, maudit silence, qui avait suivi la plaisanterie de Teddy sur les enfants pesait un peu lourdement. Même sans dire quoi que ce soit, Noam était devenu le centre de l'attention et je savais combien il détestait cela, spécialement sur des sujets aussi sensibles et dans un pareil état. « Je… Le jour avant qu’on arrive à Bamako, il y a eu une attaque dans la ville. J’avoue que le moindre bruit suspect me mettait, eh bien, un peu en alerte pendant le séjour. » Je ne savais pas trop pourquoi je racontais ça, surtout, je n’avais pas spécialement eu l’intention de raconter cette portion de ce récent passage en Afrique à la jeune femme. Quant à Noam… Cela se voulait sans doute une tentative de lui tendre la main, de lui dire on peut comprendre, tu n’es pas anormal. Certains s’en faisaient pour bien moins.