La gamine s’arrêta sur le pas de la porte qui menait à la petite pièce qui servait de salon au mobil-home de la famille Scars. Elle observa un instant sa mère assise dans son fauteuil en train de regarder la minuscule télévision très vintage, elle riait devant son feuilleton préféré et n’avait même pas entendu sa fille arriver. Non, plutôt elle n’avait pas fait attention à elle. Comme pour sa naissance, chez les parents Scars, on ne faisait pas vraiment attention à Vanessa. Parce que comme le disait souvent Bob Scars, quand on ne désire pas quelque chose, on n’y fait pas attention, c’est normal. L’adolescente hésita un instant en regardant sa mère. Elle gratta un instant sa tignasse décolorée et dansa un instant d’un pied à l’autre. Elle hésitait vraiment. C’était son frère qui avait tabassé le petit Billy Swing, il n’était pas tombé dans les escaliers. Ils n’y avaient même pas d’escalier chez les Swing d’abord, elle le savait, elle y était déjà allée. Billy l’avait déjà invité à venir dans sa chambre, plein de fois même. Et de toute façon elle avait vue Axel le faire, parce qu’il lui avait dit de regarder. Elle n’avait pas vraiment pourquoi il avait hurlé, elle n’avait pas compris pourquoi il lui parlait d’un petit ami. Van’ n’avait absolument pas de petit ami. Elle savait qu’Axel le faisait souvent, tabasser d’autre garçons. Au lycée, il avait redoublé déjà trop de fois sinon comment expliquer qu’il était dans la même classe que Van alors qu’il avait deux ans de plus quelle ? Et il était celui que personne embêter, il était presque le chef là-bas, il faisait sa loi. Van n’arrivait plus a supporter cela, elle en avait marre de devoir soigner les mains abîmées d’Axel pour que les parents ne le voit pas. Pourtant, elle hésitait encore à en parler à sa mère. Et si elle ne la croyait pas ? Et si Axel s’énerver ? Non, il ne lui ferait rien, il lui disait tout le temps « Je t’aime p’tite sœur » alors il ne pourrait de toute façon pas lui faire de mal. Elle prit une grande inspiration, prit son courage à deux mains et entra dans la pièce miteuse. « Maman ? Je peux te parler ? » Paula Scars ne tourna même pas la tête pour regarder sa fille. « Oui, mais fait vite. La pub est bientôt finie ! » Que lui répondit la femme sans quitter l’écran de son regard globuleux et vitreux. On aurait dit qu’elle était hypnotisée par cet écran et visée à ce siège. Elle y passait ses journées. Quand Van et Axel partait au lycée elle y était déjà depuis une bonne heure, et quand ils en revenaient, elle n’avait pas bougé d’un pouce. Van s’approcha timidement. Elle ne savait pas trop comment le dire. Elle se mit à tripoter le bout de la chemise à carreau rouge et noir délavée et râper par le temps, qui était nouée autour de sa taille, donnant l’illusion qu’elle avait une jupe par-dessus son short en jean. Du moins, quand on la regardait de dos. « Euh… Je sais ce qui est arrivé à Billy. » Qu’elle lança rapidement. « Oui comme tout le monde, il est tombé dans les escaliers. On le sais tous, ne me dérange pas pour me dire des trucs pareils, je suis très occupée  Vanessa, j’ai pas le temps de m’occuper de toi. » Paula n’avait jamais beaucoup de temps pour s’occuper de Vanessa. Même bébé elle la laissait régulièrement s’époumoner à en devenir toute rouge avant de la nourrir ou de changer sa couche. Vanessa était une enfant délaissée depuis le début par ses parents, dans le fond, ils avaient sûrement espéré qu’elle attrape une maladie infantile mortelle et n’y survive pas. Quand elle eu passer sa première année son Bob avait dit à sa femme « La vermine ca survie a tout. On aurait dû la noyer a la naissance, maintenant, c’est trop tard. » Vanessa secoua doucement la tête. « Non.. Non c’est… » Elle hésita un instant encore. C’était sûr que sa mère ne la croirait pas. Elle était sans doute en train de faire une énorme bêtise. Mais elle devait le faire. « C’est Axel. Il a frappé Billy. J’étais là, je l’ai vue faire ! » Et je ne l'ai pas aidé… Je n'avais pas envie de me prendre un coup et Axel m’avait dit de surtout pas intervenir sinon, ce serait pire. Paula tourna la tête vers sa fille et Van put voir la colère dans les yeux de sa mère et sur les traits de son visage. « Pourquoi tu mens Vanessa ? Tu sais que je déteste les petites menteuses ! Dégage de là et arrête de mentir si tu ne veux pas que je le dise à ton père ! Tu verras qui va battre qui ! » Vanessa avala sa salive et recula un peu. Elle était sûre que sa mère n’allait pas la croire. Elle aurait dû se taire, comme d’habitude. Et elle ne voulait pas que son père lui mette encore une dérouillée. Il lui avait cassé deux dents déjà la dernière fois ça lui avait bien suffit à Vanessa. Elle se mordit la lèvre inférieure, baissa les yeux et fit demi-tour. Son frère la stoppa net avant qu’elle n’ait passé la porte et posa son regard noir sur elle. Elle releva le regard et rougi de honte. Il semblait en colère, es ce qu’il l’avait entendue ? Il la fixa un instant et se décala pour la laisser passer. Elle courut dans la minuscule pièce qui lui servait de chambre et alla un instant pleurer sur son lit. Elle avait la trouille maintenant. Elle avait fait une grosse bêtise, elle espérait que sa mère ne dirait rien à son père.

Elle avait parlé à sa mère il y avait de cela deux jours, et depuis Paula regardait méchamment sa fille. Elle ne semblait cependant pas avoir parlé à son époux, car il n’était pas venu la rosser. Bob remonta la hanse de son fusil sur son épaule et regarda ses enfants, qui se tenaient l’un a coté de l’autre bien droit comme des I. Avec Bob il fallait que ça marche droit. Marche ou crève, combien de fois elle avait entendue cela Vanessa quand elle n’arrivait pas à quelque chose. « Aller les morbacs, on décolle faut ramener la bouffe de la semaine. » Dit il en grattant un peu sa tignasse brune hirsute après avoir craché par terre. Tous les dimanches, Bob amené ses enfants a la chasse pour faire le plein du garde-manger. Gibier, champignons, baies. Si Paula pouvait faire le moins possible, les courses a la supérette, ça arrangeait Bob. Il avait de toute façon toujours dit à ses enfants qu’un jour la société s’effondrerait et qu’il faudrait qu’ils sache se débrouiller dans la nature. La veille, Van avait fêtée ses dix-sept ans et personne ne lui avait souhaité. Personnes, à part Axel, ne souhaiter jamais l’anniversaire de Vanessa. Elle se disait souvent que ses parents n’en connaissaient pas la date de toute façon. Mais cette fois, il ne lui avait rien dit. Deux jours qu’il ne lui adressait pas la parole. Alors Van avait compris qu’il lui en voulait, car il avait entendu ce qu’elle avait dit à sa mère. Elle marchait dans la forêt et aurait aimé être ailleurs. Elle n’aimait pas vraiment la chasse, prendre la vie des animaux pour ensuite les dépecer et les manger ça ne lui plaisait vraiment pas. Mais personne ne lui avait demandé d’aimer ou non, personne ne s’occupait de son avis. Alors elle le faisait et prenait sur elle. Son frère, qui marchait vers elle, s’arrêta après trois longues heures de marche pour s’éloigner le plus possible de la ville et de chez eux.  « Bob ! J’ai trouvé des traces, j’pense que c’est un sanglier. » Qu’il lâcha en regardant son père plus loin devant eux, qui s’était arrêter quand son fils lui avait parlé. Il se tourna en souriant. Il lui manquait déjà des dents alors qu’il avait à peine quarante-cinq ans, ça lui donnait un air étrange. « C’est bien mon garçon ! Va nous trouver ce gros cochon ! » Qu’il gloussa tout fier de son fils le super traqueur. « J’prends Van’ avec moi ! On ne sera pas trop de deux pour le porter après ! » Qu’il dit en posant une main sur l’épaule de sa sœur, comme pour l’empêcher de bouger ou de dire quoi que ce soit. « Ouais, vas-y j’ai pas b soin d’elle de toute façon ! » Qu’il lâcha en faisant un signe de la main pour montrer qu’il s’en fichait, il tournait déjà les talons pour s’éloigner chercher quelque chose a ramener lui aussi. Il ne passait jamais d’instant avec sa fille, il ne la connaissait pas vraiment, il ne savait rien de ce qu’elle aimait ou pas, et il s’en fichait pas mal. Axel tira sa sœur par l’épaule pour l’entraîner avec lui. « Tu as trouvé des traces, c’est vrai ? Tu pense qu’il est loin ? » Demanda t'elle un peu timidement. Elle voulait parler à son frère, elle voulait qu’il lui parle. Même si elle savait qu’il n’était pas quelqu’un de bien, c’était son frère, peut être son seul ami sur cette terre, et elle l’aimait. « Ta gueule et marche. » Qu’il lui répondit sèchement. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, elle s’en voulait, elle voulait se jeter aux pieds de son frère pour implorer son pardon. Mais elle ne voulait pas qu’il la trouve pathétique, pas lui aussi. Alors elle prit sur elle, baissa les yeux et avança.  
Il finit par s’arrêter quand il jugea qu’ils étaient assez éloignés de leur paternel. «Tu l’as trouvé ? » Chuchota t'elle en s’approchant de son frère. Elle ne voulait pas faire fuir le gibier. Son frère lui faisait dos et ne répondait pas, il ne bougeait pas, alors elle s’approcha un peu de lui, tendit la main pour le toucher. Elle effleura son épaule et lui se retourna d’un coup et lui mit un violent coup de poing en plein visage. Elle tomba sur le côté poussé par le choc. Elle toussa un peu et regarda un instant le sol surpris. Elle se redressa un peu et toucha sa lèvre, fendue. Elle saignait. Elle fronça les sourcils, surprise. Elle voulut se relever, mais déjà, Axel se mettait sur elle pour la frapper à nouveau. « Qu’es ce que t’es allé cafter ?! Pourquoi tu m’as trahi hein ? POURQUOI ?! »Elle essayait de protéger son visage par pur réflexe, mais elle le laissait un peu faire, elle le méritait après tout. Jusqu’à ce qu’il sorte son couteau. Et là elle se sentit réellement en danger. Et elle avait vite compris une chose dans la vie : quand elle se sentait en danger, c’était qu’elle était en danger. Elle devait s’échapper, il n’avait pas qu’envie de la frapper un peu, si ça n’avait été que cela, elle aurait géré, mais là, c’était plus que ca.. Elle devait s’enfuir, son instinct le lui hurlait. Elle attrapa une pomme de pin et lui lança en plein visage, il fut déstabilisé et elle en profita pour le repousser. L’adrénaline semblait lui donner une force qu’elle n’aurait jamais cru avoir. Elle se releva rapidement, mais fit l’erreur de ne pas partir tout de suite, elle resta pencher pour attraper son fusil qui était tombé. Elle sentit la lame traverser son pantalon et surtout sa peau et sa chair pour s’enfoncer profondément dans sa cuisse. Elle poussa un petit cri et au lieu de lui remettre un coup, elle se fit un mouvement de cuisse pour s’avancer, se dégager. Elle ne fit qu’aggraver la blessure, le couteau lui déchira la peau et la chair elle poussa un petit crie encore, ça lui déchira la cuisse sur la longueur, presque jusqu’au genou. Elle lui mit un coup de pied dans le bras par réflexe après quoi elle lui lança de la terre dans les yeux. Il la lâcha et elle partit en courant, boitillant comme elle pouvait, la cuisse douloureuse et qui saignait énormément. Elle se fit violence pour courir aussi vite qu’elle le pouvait en se tenant la cuisse, comme si appuyer un peu dessus allait arrêter le saignement. Elle voulait profiter qu’il soit un peu aveugler pour fuir le plus loin possible de lui. Elle finit par s’arrêter derrière un épais tronc d’arbre couvert de mousse. Elle avait trop mal, elle saignait trop, elle n’arrivait plus a avancer. « VANESSA !!! » Hurlait déjà Axel qui la cherchait. Elle entendait à sa voix qu’il était furieux, elle le connaissait par cœur. Doucement, elle se laissa glisser le long du tronc et une fois assise au sol elle étendit sa jambe qui lui faisait affreusement, mal. Elle saignait sans s’arrêter, doucement, elle passa une main sur son visage et ses cheveux, se tachant de sang sans y faire attention. Elle ne savait pas quoi faire. Il allait la tuer. « Pourquoi tu m’as fait ça Vanessa ? Hein POURQUOI ? »Il semblait maintenant triste aussi, elle crut l’entendre sangloter. « Tu m’a brisé le cœur petite sœur. Moi, je t’aimais, et toi, tu m’as trahi. »Elle entendait qu’il se rapprochait dangereusement. Elle ferma doucement les yeux pour réfléchir, elle tremblait, les larmes coulaient sur ses joues et elle n’arrivait pas à réfléchir. Bientôt, il la retrouverait, elle le savait, il était très bon pour traquer les animaux et elle avait dû laisser du sang partout. Il n’avait qu’à suivre les traces. Elle ne l’écoutait plus parler, elle essayait de réfléchir. Et puis elle entendit une branche craquer, il était là. Elle ouvrit les yeux et le vit, face à elle. Il n’avait pas réellement sangloté, il avait joué la comédie, elle pouvait le voir dans son regard, il était plus furieux qu’autre chose. Il avait ce même regard que quand il frappait les autres. Elle secoua la tête, incapable de parler, elle voulait lui dire de la laisser, qu’elle était désolée. Il avança un peu. Elle secouait toujours la tête. Il leva son couteau. Elle enleva la sécurité de son fusil. Si elle tirait dans sa jambe, elle pourrait à nouveau s’enfuir et trouver de l’aide. Pas auprès de son père, il ne l’aiderait pas elle le savait. Mais peut-être qu’elle pourrait trouver un promeneur ou quelqu’un qui pourrait l’aider. Il s’avança encore, maintenant, il était trop prêt, elle avait levé son arme en même temps qu’il avait armé son mouvement pour lui mettre un coup de couteau. BANG. Elle fut plus rapide que lui. Mais elle visa aussi trop haut. Elle le vit se figer quand la balle traversa sa gorge. Il la fixa, essaya de parler alors que du sang venait déborder de sa bouche. Et il tomba, la tête sur ses jambes. Elle le regarda, les larmes coulaient plus que jamais, elle jeta le fusil loin d’elle en se mettant à hurler. Elle perdit vite connaissance.  

Elle n’a pas de souvenir très concret de ce qu’il se passa après. Elle était à moitié consciente par période, elle eut l’impression qu’on la portait. Puis qu’on parler autour d’elle. Elle crut reconnaître le mobil-home miteux de ses parents. Et entendait au loin des voix, mais elle ne comprenait pas vraiment. Quand elle se réveilla sa cuisse la brûlait furieusement et elle découvrir rapidement qu’elle était chez elle, dans son lit et que ses parents -sans doute – avait refermer sa plaie avec des agrafes. C’est vilain à voir, très mal fait et ça lui faisait horriblement mal, mais elle devait leurs être reconnaissant, ils l’avaient soignée. Ce qu’elle se demandera plus tard, c’était pourquoi ils avaient utilisé des agrafe même pas prévue à cet effet, alors que son père avait des kits de sutures dignes d’hôpitaux ? Elle avait bien sa petite idée, mais le déni, c’était tellement plus confortable.
La police fut rapidement à leur porte. Personne ne sut qui les avait prévenues, mais ils furent efficaces. Elle n’a que des vagues souvenir des interrogatoires, elle était groggy par la douleur, par le choc et pas les médicaments que sa mère lui avait presque fait avaler de force. Elle se souvenait que l’homme qui l’avait interrogé s’appelait inspecteur Whel-quelque-chose. Qu’il avait d’incroyables yeux bleus qui avaient semblé la sonder et lire à travers elle. Et surtout elle se souvint qu’il avait assez de charisme et prestance pour tenir tête à son père et en plus le faire céder. Voilà pourquoi elle fut interrogée seule et non en présence de ses parents… De son père plutôt, sa mère n’avait pas quitter son fauteuil et pleurer son fils perdu. Elle eut besoin de quelques jours pour s’en remettre, mais on l’envoya tout de même au lycée. Elle avait traversé les deux jours suivant en étant mentalement absente, comme si son corps était en pilote automatique. La douleur par contre ne la quitter pas. Elle ne savait pas si elle était physique ou émotionnelle, mais elle souffrait, c’était indéniable. Les cauchemars avaient très vite commencé, elle était tourmentée, mais ses parents s’en fichait royalement, il la regardait de travers, elle les entendait souvent chuchoter sur son passage. Comme tout le monde au lycée finalement. L’affaire avait été classée sans suite. Un accident de chasse des plus tragique. Et ils purent enterrer Axel. À l’enterrement, Van fut plutôt surpris de voir que beaucoup de ses professeurs et camarades de promo était venue, même sans vraiment la connaître ou avoir connue Axel. Elle se souvent que beaucoup de filles avait fondu en larmes et l’avait prise dans leurs bras, agissant presque comme si elles étaient plus tristes que Van. Et Van, elle, elle avait juste envie de hurler, elle était rester sans bouger toute la cérémonie, recevant des étreintes, des tapes gentilles sur l’épaule, sans doute qu’on lui avait dit un nombre incalculable de fois « toutes mes condoléances » Mais elle n’avait pas écouter. Elle se concentrait pour ne pas hurler, elle se sentait étouffée. Dépérir.  
Et ce fut le retour à la vie normale. Ou presque. La vie sans Axel et avec la douleur pour combler le vide qu’il laissait. Un jour alors qu’elle rentrée du lycée, épuisée, car elle dormait peu à cause de la douleur et des cauchemars, elle se retrouva face à une porte fermer. Elle actionna plusieurs fois la poignée, mais la porte rester immobile. Pourtant, jamais personne ne fermait cette porte à clé. Van n’était même pas sûr qu’il y avait une clé pour cette fichue porte. Elle se mit à taper en appelant sa mère. Paula finis par ouvrir, un sac à dos a la main. Elle posa un regard triste sur sa fille et soupira doucement. « Va-t’en Vanessa. » Elle cligna des yeux surpris, elle ne comprenait pas ce que voulait dire sa mère. « Va-t’en, dégage. File loin ! Et reviens jamais. Sinon il finira par te tuer. Et je refuse d’assister encore a l’enterrement d’un de mes enfants. Alors part. » Dit elle en lui tendant le sac à dos. « C’est quelques affaires, va-t’en maintenant. » Elle attrapa le sac un peu surpris « Mais maman … » « DEGAGE VANESSA ! » Que lui hurla sa mère. La blonde décolorée rentra un peu la tête sur ses épaules, comme elle le faisait depuis l’accident quand on lui parlait un peu trop fort ou qu’un bruit était trop fort vers elle. Réflexe de défense qui ne lui passera pas totalement face aux bruits de coup de feu ou bruit similaire a un coup de feu. Paula secoua doucement la tête les larmes aux yeux, la voix tremblante « Vite… Avant qu’il ne revienne… Dégage. » Puis elle recula et claqua la porte avant de la fermer a clé. Ce fut la dernière fois qu’elle parla à sa mère.

Vanessa avait dix-sept ans et en quelques jours, elle avait perdu son frère, ses parents et sa maison.

Un soir, alors qu’il pleuvait des cordes et qu’elle traîner vers les fermes aux abords de Redwood Hills, elle remarqua une échelle qui menait jusqu’à un grenier. Sans réfléchir elle courut vert l’échelle et y grimpa sans perdre de temps. Une fois dans le grenier au-dessus de la grange, elle poussa un soupir de soulagement, elle ne dormirait pas sous la pluie ce soir. Elle posa son sac à dos et sortie des vêtements moins mouillé que ceux qu’elle avait sur elle. Elle commença à se déshabiller et quand ses yeux se posèrent sur sa cicatrice elle grimaça. Ça lui faisait un mal de chien et elle se dit qu’il était grand temps d’enlever les agrafes. Elle attrapa le couteau qu’elle avait volé au mobil-home le soir même où sa mère l’avait mise à la rue, quand ses parents s’étaient endormie, et s’installèrent au sol et prirent une grande inspiration avant de s’y mettre. Elle enlevait les agrafes avec la pointe de son couteau et avait mis un vêtement dans sa bouche pour s’empêcher de hurler. Elle perdit plusieurs fois connaissance et mit longtemps à toutes les enlever, mais fini tout de même par y arriver. Parfois en regardant sa cicatrice, même aujourd’hui elle se dit qu’elle aurait peut-être dû les laisser encore un peu même si elle avait commencé à n'être pas très jolie. De toute façon, sa cicatrice était laide et le serait toujours. C’était même sans doute un foutu miracle que ça ne se soit pas infecté. Elle passa la nuit dans le grenier. Le lendemain, elle fut réveillée par l’agriculteur qui venait chercher une botte de foin dans son grenier. Il voulait la chasser, mais heureusement, sa femme intervint et proposa à Van un repas et de prendre une douche. Évidement Van accepta , mais rien de plus, après cela elle déguerpie.


Son sac à dos sur le dos, elle traînait ses rangers et sa douleur. Elle se sentait plus seule que jamais, sauf quand elle sentait la présence d’Axel, il n’avait pas tardé à venir la hanter. Ça l'a terrifier autant que ça l'a rassurée, elle l’aurait pour toujours avec elle. Est-ce qu’il allait lui pardonner ? Elle n’avait pas voulu tirer dans sa gorge, elle avait paniqué et mal viser, tout simplement. Elle vivait comme elle pouvait. Elle avait dormi déjà dans la forêt après avoir retrouvé une cabane dans laquelle elle était déjà aller un soir d’Halloween avec Axel et la petite bande d’ « amis » qu’ils avaient. Elle y avait passé une nuit et commençait sérieusement à envisager de s’installer là-bas, ne serait ce qu’un temps -sans savoir que bientôt, ce serait SA cabane. Et c’est en errant sans but qu’il attira son regard. Lui, grand avec une épaisse tignasse bouclé, le style vestimentaire qui allait avec et qui aurait sans doute été celui de Van si elle avait été un homme. Lui et son aura réconfortant, son sourire sympathique. Tout chez lui, lui plut tout de suite. Un coup de foudre amical. Une petite flamme lumineuse dans l’obscurité qu’elle traverser non sans peine. Osborn, qu’elle se mit très vite à appeler Oz ou Ozzy. Ça a tout de suite collé entre eux, pourtant elle savait qu’il était plus vieux qu’elle, mais il semblait n’en avoir rien à faire qu’elle n’était qu’une gamine. Ils passèrent beaucoup de temps à refaire le monde. Ils se fichaient du passé l’un de l’autre, ils se fichaient du physique, du sexe, ils parlaient comme si ça avait toujours été là. Comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Et elle se rendit vite compte qu’avec lui, elle avait moins mal. Elle retrouvait le sourire. Elle n’était plus seule. Jusqu’au jour où il disparut. Elle ne put que constater qu’il était parti, sans un mot, sans prévenir. Il avait disparu, comme ça, du jour au lendemain et elle ne compris pas vraiment pourquoi. Elle en versa des larmes suite à cela. Sans lui, retour dans l’obscurité. Jusqu’à ce qu’un bruit se fasse entendre sur le perron de sa cabane, un matin. En sortant, elle découvrir un pauvre écureuil blesse sans doute en fuite d’un prédateur plus gros, plus impressionnant et féroce que lui. Elle eut un instant d’absence en le voyant. Et puis sans réfléchir vraiment, elle le prit pour essayer de le sauver. Elle se dit qu’elle aussi, elle aurait aimé qu’on la sauve ce jour-là. Alors avec un des kit de soin qu’elle avait volé au mobil-home des Scars, qu’elle ne considéré plus comme sa maison et les Scars comme n’étant plus sa famille, elle fit ce qu’elle put pour suturer le pauvre petit animal et le maintenir en vie. Et l’animal survécut. Elle remarqua que la cicatrice n’était pas très belle et que les poils du côté de cela semblaient peiner à pousser, mais ça ne lui faisait rien. Elle lui chuchota même un jour « C'est pas grave si tu as une vilaine cicatrice. Moi aussi, j’en ai une, mais c’est parce qu’on est des survivants ! »Après avoir beaucoup réfléchi à un petit nom pour l’animal qui ne semblait pas vouloir la lâcher, elle trouva. Harvey. Comme Harvey Dent dit Double Face dans les dessins animés Batman qu’elle regardait enfant avec Axel. Parfois, Harvey partait, mais il finissait toujours par revenir vers elle.

Sa vie ne fut pas vraiment palpitante, elle survivait tranquillement et n’était finalement pas si malheureuse qu’elle ne l’avait pensé. Elle avait traversé la tempête et en était sortie. Elle avait toujours la douleur, mais elle était devenue une compagne de vie, elle s’y était habituée et vivait avec. Elle était toujours hanté par Axel, mais elle réussissait à lui échapper souvent ou à le calmer en visitant régulièrement sa tombe à la tombée du jour quand le cimetière était fermé, elle se contentait de passer au-dessus des grilles. Elle passait souvent du temps à dessiner quand elle le visitait. Quelque part dans sa cabane, elle avait affiché un portrait d’Axel qu’elle avait dessiné. Il lui arrivait de parfois croiser sa mère en ville, mais quand c’était le cas, Van mettait sa capuche pour cacher son visage, changeait de trottoir ou tourner pour changer de direction. Une chance que son père ne vienne que très rarement en ville. Elle avait souvent peur de le croiser dans les bois, mais elle prenait bien soin de rester éloignée des zones où il allait le plus souvent.

Et puis Oz fini par revenir. Elle lui fit la tête évidemment. Deux jours. Ce fut dur, mais elle avait réussi a tenir deux jours -un record qu’elle a noté dans un coin d’un carnet -sans lui parler. Et puis elle fini par revenir vers lui, lui pardonner, bien qu’elle ne manquait jamais -et encore aujourd'hui- de lui rappeler l’abandon par des petites vannes ou boutade, jamais méchante. Si elle peut être méchante parfois, elle est bien incapable de l’être avec Oz. Elle se lança même a fond dans son enquête sur la Rose Lunaire.
Il y a un an, en rentrant chez elle, elle laissa sa porte ouverte le temps d’aller chercher un peu de bois pour son feu afin de cuisiner. En rentrant, elle fut surprise de voir un couple de racoon en train de faire la fête dans sa cabane. Elle ne les chassa pas, elle les laissa même tranquilles. Elle se prépara de quoi sortir son ventre de la misère, et leur laissa des biscuits. C’est comme ça qu’elle finit par les apprivoiser petit à petit. Et très vite, Harvey ne fut plus son seul animal domestique atypique. Hubert, dit Bebert et Jackelin dit Jackie avait rejoint la famille.
Aujourd’hui Van vit sa vie tranquillement. Elle n’est pas aussi malheureuse qu’on ne pourrait le croire. Elle s’y est fait a la longue et ne dit plus quelle survie, mais quelle vie. Elle traîne régulièrement en forêt avec Jamie, et elle sait qu’elle égaye sa journée. Elle se rend plus souvent en ville comme Oz y est. Depuis quelque temps, elle a commencé à se dire qu’il lui faudrait se trouver un travail. Elle a beau se dire que personne ne pourrait l’embaucher alors qu’elle n’avait pas fini le lycée et aucune compétence dans aucun métier, elle se dit qu’un jour, Jamie en aurait sûrement marre de lui faire des courses et être remboursé en noisettes, gland ou champignon.