Vingt minutes.  Vingt minutes que Camilla faisait tout ce qui était en son pouvoir pour essayer de trouver pourquoi Ralph criait à la mort de la sorte.  Il faut dire que les deux premiers mois ont été un doux rêve, le nourrisson ne faisant des siennes que lorsqu'il avait une raison valable de se manifester.  La faim, la douleur, besoin qu'on le change.  Mais à l'instant T, Cami avait beau avoir tout fait pour essayer de combler le bambin, elle ne savait plus quoi faire.  Peut-être devrait-elle se rendre aux urgences pédiatriques?  C'est la question qu'elle était en train de se poser, alors qu'elle chantait une berceuse au bébé qu'elle tentait de calmer à l'aide de sa voix ainsi que de ses mouvements doux.  Elle n'avait pas osé sortir de la chambre qu'elle partageait avec Ralph de peur de croiser Tristan.  Il faudrait d'ailleurs qu'elle s'excuse pour le boucan de cette fin de matinée, elle croit savoir qu'il est à l'appartement, mais est sans doute bien trop gentil que pour venir se plaindre.  A moins qu'il ne soit parti prendre l'air?  C'était tout à fait envisageable, car il y avait de quoi attraper un bon mal de crâne.  Elle, elle avait désiré mener sa grossesse à terme, mais son pauvre colocataire devait se chiquer tous les désavantages de vivre avec un bébé, sans pour autant bénéficier du bonheur qu'avoir un enfant procure.  Oui, elle était vraiment tombée sur une perle.  Au départ d'Alizé, la résidente s'était posé la question de savoir si elle souhaitait à nouveau tenter une colocation.  Après tout, qui serait assez fou pour vivre avec une mère célibataire, son nouveau-né et son gros chien boiteux?  Même Olaf, qui d'habitude ne supporte pas la présence d'hommes qu'il ne connait pas (ou n'apprécie pas, désolée Ryan) autour de sa maîtresse, avait tout de suite adopté le nouveau colocataire.  Peut-être parce que ce dernier n'était pas venu seul et qu'il avait un nouveau compagnon de jeu?

La sonnette retentit et Cami s'interrompit.  N'étant pas sure d'être seule ou non, elle sortit enfin de la chambre avec Ralph dans ses bras, qui continuait son concerto sans céder le moindre décibel, tout en le regardant avec tendresse et lui demandant gentiment ce qui se passait.  Elle fut surprise de voir une autre porte s'ouvrir.  "Oh, tu attends quelqu'un peut-être?"  Demanda-t-elle dans un sourire, ne souhaitant pas imposer sa présence et celle de Ralph qui, au son de la voix du jeune homme, s'interrompit dans ses vocalises.  "Je.."  Elle hésita un instant.  "Je suis un peu gênée de te demander ça, mais cela fait un bon petit moment qu'il pleure, désolée pour ça d'ailleurs et..."  C'était carrément embarrassant et sans doute l'idée la plus idiote qu'elle ait jamais eue, mais il fallait qu'elle tente le tout pour le tout.  "Tu ne voudrais pas le..."  Elle fut interrompue par un second coup de sonnette bien plus appuyé cette fois et cala Ralph, qui se remit à pleurer, contre elle pour dégager une main et répondre à l'interphone.  "Oui?"  Demanda-t-elle, essayant de se concentrer sur le bruit de l'autre côté du parlophone pour comprendre quelque chose.  "Je vous ouvre."  Un air surpris habitait à présent ses traits alors qu'elle se tourna vers Tristan.  "C'est la voisine de la maison d'à côté.  C'est surprenant qu'elle vienne nous rendre visite, ce n'est pas son genre."  En tout cas, elle n'apportait pas des gâteaux aux nouveaux arrivants, contrairement à ce que Camilla pouvait faire.  La dame d'un certain âge avait, au contraire, une réputation bien loin d'être jolie, mais la blonde préférait ne pas s'y fier et attendre de voir de quoi il en retournait.  "Tu veux bien lui ouvrir?"  Elle n'avait finalement pas osé lui demander s'il serait d'accord de prendre Ralph dans ses bras parce qu'elle avait l'impression que sa présence le calmait et c'était pour le mieux.  Elle ne voudrait pas qu'il la prenne pour une folle ou une mère indigne qui ne sait pas s'occuper de son enfant.  Elle avait trouvé cela bien plus aisé de lui demander s'il voulait bien ouvrir la porte.

Heureusement que Camilla n'est pas dépourvue de patience.  Elle tente tout ce à quoi elle pense pour calmer les pleurs de son petit garçon.  Elle voudrait pouvoir subir à sa place ce qui le rend si triste.  Avait-il mal quelque part ?  Etait-il juste contrarié ?  Qu'est-ce qui pouvait bien se passer pour que ce petit être parfait soit dans tous ses états ?  A partir de quand devait-elle se décider à aller à l'hôpital ?  Etant elle-même dans le milieu, elle sait qu'encombrer les urgences avec des bêtises fait perdre son temps à tout le monde.  Elle repassa avec douceur sa main sur le front de son fils, s'assurant à nouveau qu'il n'avait pas de fièvre.  Il était également bien trop jeune pour faire ses dents.  Tout en continuant de chanter et de se promener dans sa chambre, elle se dit qu'elle tenterait peut-être bien de lui donner à manger, même si ça n'est pas du tout l'heure ?  Elle aurait bien envie d'appeler Ryan, de lui demander ce qu'il pensait, mais il risquait de stresser ou, pire encore, de regretter d'avoir fait un enfant à une incompétente pareille.  Cami tentait de ne pas se laisser envahir par le découragement, pesant le pour et le contre des options qui s'offraient à elle, avant d'être interrompue par la sonnette.  Son colocataire était prêt à aller ouvrir également, ce qui lui fit penser que peut-être il attendait quelqu'un, auquel cas elle s'éclipserait.  Elle sortirait même faire un tour, pour ne pas imposer à son visiteur les vocalises de son fiston qui ne lui donne que quelques secondes de répit, lorsqu'il entend la voix de Tristan.  Surprise et hésitante, Cami a presque envie de tenter quelque chose.  Elle voudrait lui demander s'il ne veut pas tenir Ralph quelques instants, une idée complètement idiote venant de germer dans sa tête.  Elle est à deux doigts de formuler sa requête, c'est dire si elle est prête à tout pour faire diminuer les décibels de la pièce.  Elle n'a pas le temps de finir que l'invité.e manifeste à nouveau sa présence, ne laissant pas le choix à Cami que d'ouvrir, les cris de Ralph ayant recommencé à inonder la pièce.

Elle est tellement embarrassée d'imposer cette situation à Tristan, mais n'a pas le temps de s'autoflageller mentalement trop longtemps, manifestant sa surprise, à haute voix, face à la personne qui venait leur rendre visite.  Cette voisine n'était certainement pas la plus tendre du quartier, mais comme toujours, la résidente préférait croire en la bonté de chacun plutôt que de tirer des plans sur la comète.  « Peut-être... mais elle avait l'air de vouloir nous voir nous. »  Dit-elle en haussant légèrement les épaules, avant de demander à son colocataire s'il ne voulait pas ouvrir la porte, ses mains à elle étant bien encombrées, alors qu'elle berçait toujours son bébé avec tendresse, espérant une nouvelle accalmie.  Le visage un peu inquiet de Camilla se fend d'un sourire devant l'air un peu embarrassé de son colocataire.  Elle ne connait personne plus douce, mais son sourire se fane devant l'air peu avenant de la dame âgée se dirigeant vers Camilla et Ralph.  Il n'en faut pas plus à Olaf pour se lever de son panier et venir stratégiquement se poser, en boitillant, entre sa maitresse et l'invitée.  Il ne grogne pas, il n'aboit pas, il est juste là.  « Oui, je... Je suis vraiment désolée, Ralph passe une matinée compliquée. »  Tente Camilla, dans un nouveau sourire, espérant éveiller une fibre maternelle chez son interlocutrice.  Avait-elle elle-même eu des enfants ?  Elle n'en avait aucune idée.  « Je vais vraiment essayer de le... »  Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'elle fut interrompue par une nouvelle salve de la voisine qui laisse Camilla sans voix.  « Rien, je ne lui fais rien bien sur... »  Tente-t-elle calmement alors qu'elle est presque en train de menacer Camilla.  « Les services sociaux ?  Je.. »  Sans trop savoir pourquoi, de manière totalement déraisonnée et ne pouvant plus rien maitriser de cette situation qui semblait lui échapper totalement, des larmes commencèrent à se former dans les yeux de la blonde.  « Je vous assure que je ne lui ferai jamais aucun  mal, je ne sais juste pas ce qu'il a. »  Une première larme roula sur le visage de Cami, qui était bien trop paniquée que pour être gênée.  Rassurez-vous, ça sera pour plus tard.  

Si Camilla pensait passer une matinée mouvementée, ça n'était encore rien comparé à ce qui était en train de se dérouler.  Une voisine venait d'arriver chez eux pour lui signaler à quel point elle dérangeait tous les habitants du coin.  Il n'en fallait pas plus à la blonde pour culpabiliser et se sentir une mauvaise mère.  Elle n'était pas sure que ces sentiments négatifs aident son fils à se sentir mieux, mais n'osa pas émettre sa pensée à voix haute.  Elle se contenta plutôt de baisser les yeux, gênée.  Elle était d'autant plus gênée que Tristan était présent et témoin du fait qu'elle était incompétente et qu'elle ne savait pas trouver comment aider son fils à se calmer.  « Je suis vraiment désolée. »  Souffle-t-elle, osant à peine relever les yeux vers la voisine, tentant toujours de bercer son fiston.  « Non, personne n'est venu, mais vous devez avoir raison... »  

Les choses auraient pu encore s'arranger si ça en était resté là, mais il fallut ensuite que l'acariâtre soupçonne Camilla de mauvais traitements.  Toute personne connaissant un minimum la blonde pourrait se porter garant de l'impeccabilité de ses traitements envers Ralph ou n'importe qui d'ailleurs.  Elle ne ferait pas de mal à une mouche.  Choquée, elle sent soudainement la peur l'envahir.  Et si cette dame mettait ses menaces à exécutions ?   Lorsque la résidente se défend, elle trouve à redire et un frisson parcourt son échine alors qu'elle s'imagine interviewée par les services sociaux.  Paniquée, les yeux de la blonde se remplissent de larmes et la première roule, sous un commentaire à nouveau fort peu avenant de la mégère.  Alors que Cami tente de se reprendre, Tristan propose à boire à leur voisine.  Si d'autres auraient pu trouver cette attitude courtoise étrange  puisque la dame âgée ne méritait pas tant d'égards, Camilla était soulagée de la diversion qui lui permit de prendre quelques profondes inspirations et de sécher ses yeux.  Après Camilla, voici que l'intruse juge mal Olaf.  Tristan réagit avant que sa colocataire n'ait l'occasion de le faire et la dame veut ensuite imposer à Camilla de prendre Ralph.  « Non. »  Il est bien rare de voir la blonde prendre si fermement position et surtout risquer de se mettre quelqu'un à dos, mais cette femme veut lui envoyer les services sociaux.  Elle ne va certainement pas lui confier la prunelle de ses yeux.  Elle est elle-même surprise et légèrement déstabilisée d'avoir osé s'affirmer de la sorte parce que ce non est pour elle un refus difficile à formuler.  Cami est plutôt du genre à tout faire pour éviter les situations conflictuelles, mais là, elle doit protéger son fils.  « Tristan est ce que.. »  Elle tourna un regard implorant vers lui, osant cette fois formuler la requête qu'elle n'avait pas osé quelques instants plus tôt.  « Est-ce que tu serais d'accord de prendre Ralph quelques instants, le temps que tout le monde se calme ? »  Implorante donc, mais également embarrassée.  Ses yeux exprimaient un je-suis-désolée qu'il ne saurait peut-être pas lire.  Elle le lui formulerait par la suite.  « S'il te plait. »  

La journée était déjà bien compliquée avec les plaintes de Ralph que Cami n'arrivait pas à calmer, mais le moins que l'on puisse dire est que l'arrivée de la voisine n'avait fait qu'empirer les choses, minute par minute.  Cette dame n'en démordait pas, elle était venue leur causer des ennuis.  Est-ce que les réactions plutôt douces et passives des deux colocataires l’encourageaient à se montrer odieuse au point de mentionner les services sociaux ?  Ils n'en sauraient sans doute rien, mais lorsque l'intruse souhaite prendre son fils dans ses bras, Camilla comprend qu'elle va devoir se séparer de Ralph, et bien que ça l'embarrasse, il n'y a qu'un autre adulte dans cette pièce à qui elle fait confiance, à savoir Tristan, qui est à présent à ses côtés.  Elle lui demande, gênée, s'il serait d'accord de prendre le bambin quelques instants.  Cela suffirait peut-être à calmer l’acariâtre?  En tout cas, cela eut cet effet sur Ralph qui posa ses grands yeux sur le jeune homme qu'il côtoyait le plus en dehors de la famille Grayson.  Camilla encourage Tristan du regard et lui adresse même un petit sourire pour lui signaler qu'il fait tout comme il faut, comme si le tarissement des cris aigus de son fils ne suffisait pas à le prouver.  Comptez sur Ralph pour recommencer à s'époumoner s'il n'est pas mis comme il faut ou si quelque chose ne lui convient pas.  Pas qu'il soit un enfant plus difficile qu'un autre, juste que c'est son unique moyen de communiquer tant qu'il n'aura pas acquis l'usage de la parole, ce qui est encore un peu tôt !  A présent, ce sont plutôt des petits sons qui sortent à intervalles irréguliers alors que les petites mains s'agitent maladroitement et rencontrent un lacet bienvenu pour distraire le petit bout.  Mais Cami n'est pas certaine que l'objet soit le seul élément qui calme son fils.  Elle sait elle même à quel point la présence de son ami peut être apaisante et elle ne douterait pas que son fils le ressente également.

Non contente de cette accalmie, voilà qu'un nouveau sous-entendu fort peu agréable se fait entendre.  Camilla reporte son attention vers leur 'invitée' et se demande, l'espace d'un instant, comment on peut se montrer aussi désagréable et surtout porter des accusations aussi graves sans avoir la moindre preuve de ce qu'on avance !  Contre toute attente, Tristan annonce à présent qu'il est sans doute temps pour la voisine de partir.  Cami est surprise mais extrêmement soulagée.  Elle espère un abandon de la part de cette bonne femme et bien que Tristan insiste un peu, la mégère semble plutôt apprécier leur compagnie puisqu'elle souhaite continuer de s'imposer.  « Je peux peut-être vous donner mon numéro de téléphone ?  Pour éviter de vous faire vous déplacer à nouveau si jamais les pleurs vous dérangent une nouvelle fois ? »  Proposa la blonde, commettant sans doute une erreur, mais ayant envie plus que tout de fermer la porte derrière cette femme et de prendre quelques instants pour digérer ce qui venait de se passer.  Elle voudrait remercier Tristan aussi, mais ne pouvait rien faire de tout cela tant que l'ennemie était dans la pièce.  « Je... Je pense vraiment que la meilleure chose à faire est que tout le monde puisse se calmer et reprendre sa journée où elle était.  Les enfants sont des éponges, ils ressentent le stress et je suis persuadée qu'en me calmant, Ralph sera plus calme également.  Je vous promets de faire des efforts. »  Oui, voilà qu'elle s'incriminait et s'excusait, mais pouvait-elle faire autre chose ?  Elle se rendait bien compte que les pleurs incessants de son enfant devaient être embêtants d'autant qu'elle n'habitait pas dans une grande maison qui permettait d'épargner les voisins.  S'excuser, il faudrait qu'elle s'excuse aussi auprès de son colocataire qui devait subir ça et devait sans doute regretter d'avoir pris cette colocation avec elle malgré les quelques risettes que lui lançait Ralph à présent.

 

Tristan est définitivement une personne sur laquelle on peut compter.  Toujours présent pour soutenir Camilla alors qu'au final il aurait pu se moquer de son sort, après tout, il devait être lui aussi bien embêté par les pleurs de Ralph, on ne peut pas dire que ça soit quelque chose de particulièrement agréable.  L'entendre gazouiller est nettement plus amusant !  Lorsque la blonde propose à la voisine de lui laisser son numéro de téléphone, afin qu'elle ne doive plus se déplacer, puis qu'ils reprennent tous leur journée afin de se calmer, Tristan est une nouvelle fois de son côté et elle est persuadée qu'à eux deux, ils arriveront à terrasser le dragon... Même si la tâche est particulièrement ardue au vu de leurs caractères.  Lorsque l'intruse semble abdiquer, ce n'est en réalité par le cas et voilà que de nouvelles menaces apparaissent.  « Bien sur que non, je ne me permettrais pas d'ignorer vos appels. »  Promis Camilla.  En tout cas, elle ne le ferait jamais délibérément.  Elle n'est pas du genre à être collée à son téléphone portable – encore moins depuis la naissance de Ralph – alors peut-être qu'elle s'avançait un rien, mais son objectif numéro un à présent était de retrouver la sécurité de leur appartement, Tristan, Ralph, les chiens et elle point.  Elle avait littéralement besoin de souffler un instant ou bien devait-elle plutôt reprendre son souffle ?  Etait-ce possible de ressentir ces deux besoins en même temps ?  Elle en avait bien l'impression.  Cami prit donc un post-it afin d'y inscrire les chiffres composant son numéro et le tendit à la dame.  Alors que le coeur de la résidente bat plus rapidement sous le stress de savoir si cette voisine va enfin les laisser tranquille, elle se retient de sourire au dernier commentaire de Tristan.  Il n'y a que lui pour être aussi gentil et remercier quelqu'un d'être venue bien qu'elle ait été désagréable.  En sa compagnie elle se sentait moins étrange, moins en marge des personnes de son âge.  Elle était moins inquiète d'être simplement qui elle était, aussi décevant que ça pouvait être parfois, preuve en est encore aujourd'hui alors qu'elle a témoigné aux yeux de son colocataire et du voisinage qu'elle n'était pas une maman de rêve, puisqu'elle n'arrivait même pas à trouver le moyen de calmer son enfant.

C'est avec un soulagement incroyable que Camilla voit la porte se fermer et son colocataire lui faire face.  Elle s'apprête à s'excuser, le remercier, s'excuser encore et sans doute le remercier de nouveau, mais c'est sans compter sur Ralph qui ne comprenait sans doute rien à tout ce qui était en train de se passer et se mit à rouspéter d'être ainsi 'brusquement' bougé.  Un cri perçant sortit de ses minuscules lèvres, suivi par quelques pleurs.  « Je suis désolée. »  Aaaaah les voilà les premières excuses, enfin !  Elle s'avança en tendant les bras pour lui proposer de reprendre Ralph.  « J'ai paniqué et je savais qu'il serait bien mieux sur toi que sur... »  Quelques coups furent frappés à la porte, alors que le visage de Cami blêmit.  « On s'en occupe Madame, vous pouvez rentrer chez vous. »  Tenta-t-elle, de l'autre côté de la porte, avant de s'adresser à Tristan.  « S'il te plait, ne lui ouvre pas. »  Souffla-t-elle, implorante.  Camilla si polie, si bien élevée, cela ne lui ressemblait clairement pas.  « Elle me fait vraiment peur. »  Rien que l'idée qu'elle puisse la dénoncer aux services sociaux... Que ferait-elle si on lui retirait la garde de Ralph ?  Que penseraient les gens ?  Et... Ryan ?  Non, elle ne pouvait pas décevoir tout le monde et bientôt ses yeux furent autant humides que ceux de son fiston.  « Je suis désolée, désolée que tu te retrouves au milieu de tout ça, tu aurais certainement mieux fait de choisir d'autres colocataires. »  Elle s'en rendait bien compte, alors qu'elle tentait de bercer Ralph et baissant la tête un instant jusqu'à son front pour y poser un baiser.  « Ca va aller mon amour, ça va aller je te le promets. »  Mais pour une fois, ses propos manquaient de sincérité, parce que le doute venait de s'abattre sur elle.