S’il y avait bien une chose qu’elle ne s’était pas imaginée les concernant, c’était bien qu’elle l’intimidait. Elle eut un léger sourire en coin, avec cette impression qu’ils s’avouaient leurs sentiments, tels les deux adolescents qu’ils étaient à l’époque et qui n’avaient pas su lire les signes. Elle avait toujours été persuadée que seul Oliver éprouvait quelque chose pour elle, et la façon dont Alex l’avait toujours poussée vers lui ne lui avait jamais laissé entendre qu’il pouvait ressentir la même chose pour elle. Avec le temps, elle était tombée amoureuse d’Oliver, et comment n'aurait-elle pas pu ? Il était différent d’Alex, sûr de lui, extraverti, amusant. Mais Oliver savait aussi manipuler ses amis, et la lettre en était une preuve supplémentaire. Ce qui avait été dur à accepter était également que l’image qu’elle s’était faite de son petit-ami de l’époque ne correspondait pas à la réalité. Elle s’effritait au fil des années, au fil des révélations. Et Ella grandissait, apprenait que celui qu’elle aimait à l’époque était loin d’être le garçon innocent qu’elle s’était toujours représenté. L’amour rend aveugle, lui aurait rappelé sa grand-mère, et Ella comprenait désormais le sens de cette phrase. Elle avait cristallisé une image qui n’était pas la réalité. Elle avait sublimé les souvenirs de son ex-petit-ami, écartant le moindre signe qui aurait pu l’alerter, et pourtant, désormais, quand elle y repensait, elle aurait dû se rendre compte de certaines choses.


Ella eut donc un léger rire. « Moi ? Je t’indimidais ? » Elle ne pouvait pas s’imaginer intimider quique ce soit, ou alors peut-être au réveil le matin, si elle s’était levée du mauvais pied. Néanmoins, durant ce laps de temps seule, elle s’était longuement demandé si elle n’avait pas commis une erreur en lui posant cet ultimatum. Leur relation était finalement bien plus simple avant. Sans même qu’elle ne lui pose réellement la question, il leva le suspens sur ce qui l’avait occupé ces dernières semaines. Il n’était pas au Garnet car il boxait. Au moins, il n’était pas retombé dans tous ses travers. Elle l’observa et il lui sembla sincère dans sa réponse. Elle l’écoutait donner un peu de sens à une relation dans laquelle ils s’étaient perdus. Il avait raison : ils avaient toujours été plus ou moins ensemble, même s’ils ne se l’étaient jamais dit. Ils venaient juste d’officialiser les choses, mais ils étaient déjà comme un couple. Ils traînaient la plupart du temps l’un chez l’autre, s’appelaient un nombre incalculable de fois par jour, se taquinaient et étaient le confident de l’autre. Pourquoi leur relation devait-elle changer alors qu’elle était juste devenue plus officielle ? Ella se rendait compte que depuis le temps qu’elle avait espéré vivre quelque chose de concret avec lui, elle s’était perdue, s’était mis une pression inutile. C’était Alex, son meilleur ami de toujours. Rien ne devait changer, si ce n’était qu’ils n’allaient plus voir ailleurs. « Tu as raison… J’ai l’impression de m’être mis une pression supplémentaire. » Elle fit une légère moue. Pourrait-elle dépasser cela ? Elle l’espérait. Elle espérait fortement que leur relation puisse reprendre là où elle en était, simplement, sans pression. Son meilleur ami lui fit remarquer qu’elle était pâle et qu’elle n’avait pas l’air bien. « C’est vrai que je n’étais pas très bien ce matin en me levant, mais je pense que c’est la fatigue et le stress, rien de plus. » dit-elle en haussant les épaules. Après une bonne nuit de sommeil, un jour de repos, cela devrait aller mieux. Elle ferma les yeux sous sa caresse déliccate. Voilà un geste qui lui avait manqué. Lui tout entier lui avait manqué, et elle s’en voulait presque de se sentir dépendante de lui sentimentalement parlant. « Tu m’as manqué aussi, Alex, et je suis désolée de ne pas t’avoir donné de nouvelles. » Elle le pensait sincèrement, et ne put s’empêcher de le regarder, surprise, quand il avoua ses sentiments. S’il y avait bien trois mots qu’elle n’aurait jamais espéré entendre de sa bouche, c’était bien ceux-là. « Je t’aime aussi, Alex. » le rassura-t-elle, attrapant sa main qu’elle porta à sa bouche pour déposer un baiser dessus. « Est-ce que ça te va si on rentre ensemble, ce soir ? » lui demanda-t-elle. Elle qui détestait toujours autant être seule dans son appartement, elle était bien contente de retrouver celui qui comblait l’espace, qui lui donnait envie de rentrer.