La vie de Luzia n'aurait dû être teintée que de répétitions endiablées et de joie intense à l'idée d'avoir été choisie, cette saison, pour passer les auditions de la célèbre émission « America's got talent. »  D'autant plus que la blonde n'avait pas été prise l'an dernier alors qu'elle avait également présenté un numéro de tissu aérien.  C'est dans les airs qu'elle se sent à sa place, n'hésitant jamais, pour se rapprocher un peu du ciel, à porter des chaussures aux talons démesurés.  Même pour aller acheter un pain.  Luzia en baskets ?  C'est non.  A pieds nus lorsqu'elle s'entraine ou sur ses échasses, rien entre les deux, à moins qu'un numéro du Valhalla ne l'exige.  C'est d'ailleurs là-bas que Luzia aurait dû se trouver ce soir, comme tous les jours sauf le lundi, jour de fermeture du cabaret.  Cependant, sa présentation ayant lieu ce samedi, elle avait pris sa semaine histoire de ne rien laisser au hasard et de ne rien regretter.  Parce qu'il ne faut pas croire, la jeune femme est lucide.  Elle sait qu'elle n'aura plus l'occasion de briller pendant des années encore.  Si elle souhaite une carrière, c'est maintenant que ça doit prendre.  Heureusement, elle sait plutôt gérer la pression.  Elle a confiance en ses capacités et elle le sent, c'est son moment.  Enfin ça, c'était sans compter sur Vince.  Il n'en pouvait rien évidemment, mais le dilemme dans lequel il la plaçait était tout bonnement horrible.  Elle n'avait pas les idées claires, d'autant qu'ils venaient de se disputer et qu'elle n'avait vraiment pas envie de partir demain pour un autre état en devant donner la prestation de sa vie en étant fâchée ou de rester mais pour qu'il ne lui adresse pas la parole.  Que devait-elle faire ?

Trouver une oreille attentive et de confiance était certainement la meilleure des solutions, si elle ne voulait pas se torturer pendant des heures.  Elle était rentrée à la coloc, mais n'avait pas vu Nelia et Luz ne pouvait se résoudre à appeler son frère.  Ca devrait être son rôle à lui, mais cela fait vingt ans qu'il ne le joue pas, alors pourquoi diable cela changerait-il aujourd'hui ?  Elle ne se faisait pourtant pas d'illusions.  Elle préféra également ne pas en parler à Ben, parce qu'ils étaient encore loin d'avoir retrouvé leur complicité et qu'elle connaissait son opinion sur Vince... elle ne pourrait qu'empirer après ce qu'elle aurait à lui raconter.  Elle pianota donc sur son clavier pour demander de l'aide à Morgane qui, comme toujours, répondit présente alors qu'elle avait certainement mieux à faire qu'écouter les problèmes d'enfants qui n'étaient pas les siens, un vendredi soir qui plus est!  En se garant devant la grande maison, Luz vérifia son reflet dans le miroir, on ne distinguait plus de traces du mascara qui avait coulé et roulé le long de ses joues.  Elle se dirigea donc vers la porte d'entrée et sonna, se demandant bien qui lui ouvrirait et si c'était une si bonne idée que ça  de venir se confier dans une maison avec tellement de paires d'oreilles... Il était pourtant trop tard à présent, d'autant qu'elle n'avait aucunes nouvelles de Vince depuis qu'il avait claqué la porte du studio où elle s’entraînait...  

Comme souvent les vendredi soir, quand toute la famille était réuni, c’était soirée jeux de société avec des pizzas. Parfois les jeux finissait par lasser tout le monde et ils finissaient devant un film. Même si en général le plus gros de la soirée était passer a choisir un film car personne n’était jamais d’accord.  Mais ce soir, c’était soirée Monopoly. Un classique et qui allait les occuper la soirée. Et comme d’habitude Jordan jouait avec sa mère. Le jeu avait commencer, que le téléphone de Morgane bipa pour annoncer qu’elle avait un message. Les enfants espérait que ce soit Michael qui prévenait qu’il était sur la route du retours. Mais non, ce n’était pas lui, c’était Luzia qui semblait avoir besoin d’aide.  Et comme d’habitude, Morgane lui répondit de passer pour parler de ce qu’elle avait sur le cœur. Parce que la brune avait toujours prit très a cœur d’être présente dans la vie de Luzia, de prendre soin d’elle, de jouer un peu a la grande sœur. Elle le faisait un peu a la place d’Eugen, comme pour compenser son absence aussi bien pour Luzia que pour elle-même.  Elle n’avait jamais dit a  Luzia les liens étroit qui l’unissait a sa famille,  et elle savait qu’un jour elle devrait le faire et redoutait un peu ce moment. Mais ce n’était pas pour tout de suite. Alors elle anonca aux enfants que ce n’était pas leurs père et que bientôt elle devrait sans doute quitter un moment le jeu pour parler un peu avec Luzia.  Evidement, Jordan demanda s’il pouvait parler avec Luzia aussi, et Morgane lui dit en souriant qu’il devait rester a jouer avec ses frère et sa sœur car c’était une conversation de grande personne. Mais elle lui promis ensuite d’invité la jolie blonde a manger de la pizza avec eux et peut être, si elle le souhaiter, faire une partie avec eux. Mais elle savait que ce n’était  pas pour l’instant ce que la blonde avait en tête. Elle se doutait que quelque chose peser vraiment a la danseuse et elle devrait faire au mieux pour la consoler, l’écouter, la conseiller même peut être. Elle serait là de toute façon.

Quand la sonnette se fit entendre dans la maison, Morgane n’eu même pas le temps de se lever que Jordan avait déjà bondit sur ses pieds et foncer ouvrir. « Luzia !!! » Qu’il dit tout enjouer en sautant presque dans les bras de la jolie blonde.  Morgane qui suivait de prés sourit en voyant cela. « Jo’ chérie, tu peux retourner avec tes frères et ta sœur s’il te plait ? Ils t’attendent pour jouer. »  Jordan embrassa la blonde sur la joue et regarda sa mère. « T’oublie pas hein ? » Elle lui sourit « Oui, t’inquiète pas. Aller file. » Elle laissa le garçon retourner dans le grand salon et sourit a la jeune femme a la porte. « Bonsoir ma belle. » Elle fronca les sourcils en la voyant. « Oula, toi ca va pas. » Qu’elle dit simplement. « Installe toi dehors sur la balancelle, je te rejoint avec des bières. » Dit elle en lui souriant. Elle entra chercher rapidement deux bière et ressortie rejoindre la blonde. Elle s’installa a coté d’elle et lui tendit une bière, décapsulée évidement. « Alors, dit moi tout. Ah, mais avant, j’ai promis a Jordan de te demande si après tu voulais rester avec nous, manger de la pizza et éventuellement faire une partie de monopoly. Tu es naturellement libre de refusé. Mais ils seraient tous ravis que t’accepte. » Dit elle en faisant un signe vers la maison, désignant ainsi sa marmaille. « Bon alors, dis moi, qu’es ce qui ne va pas ? » Dit elle en faisant un sourire tendre et chaleureux a la blonde.  Elle était prête a l’écouter et a passer le temps qu’il fallait dehors avec elle a parler. Ou même juste a rester là en silence, si c’était ce que voulait Luzia. Elle, elle voulait juste que celle qu’elle voyait comme une petite sœur, aille bien.

 Morgane était étonnament toujours là pour Luzia, lorsque cette dernière n'était pas au mieux de sa forme.  La blonde ne s'en plaignait pas, ni ne cherchait à comprendre le pourquoi du comment.  Elle était ravie d'avoir cette présence qui n'était pas celle d'un parent, mais qui avait le même réconfort, elle supposait, qu'une fratrie.  Enfin, une normale, pas une dysfonctionnelle comme Eugen et elle.  Elle avait longtemps été jalouse, lorsqu'elle voyait des familles bien s'entendre et l'était parfois encore un peu.  Elle se demandait pourquoi elle n'avait pas droit à ça et ce qu'elle avait bien pu faire à son frère pour qu'il la rejette de la sorte.  En tout cas, une fois son deuil fait (ou du moins elle prétendait qu'il était fait), elle n'avait plus fait aucun effort à l'égard de son aîné.  La porte s'ouvrit sur une personne extrêmement enthousiaste à l'idée de la voir, ce qui arracha  un sourire à Luz qui fut presque déséquilibrée par ce câlin inattendu.  « Salut Jordan. »  Gloussa-t-elle, avant de se pencher, recevant un baiser sur la joue.  Jo quitta les lieux en demandant à sa mère de ne pas oublier quelque chose, mais la blonde ignorait de quoi il en retournait.  Ca n'avait pas trop d'importance pour l'instant.  Le jeune hors de vue, Luz put faire tomber le masque et retint un gros soupir lorsqu'elle croisa le regard de Morgane.  « Salut. »  Elle ne put dissimuler son désarroi plus longtemps à la quarantenaire.  « Merci. »  Luz n'eut même pas le courage de lui dire qu'elle ne buvait pas d'alcool, après tout, sa vie partait tellement à la dérive qu'elle n'était plus à ça près.  Peut-être qu'être ivre lui permettrait de penser à autre chose ou de trouver la solution à ses problèmes ?  Tellement de gens se mettaient dans des sales états à cause de la boisson, il devait bien y avoir une raison, non?  

Luzia prit place sur la balancelle, laissant ses problèmes reprendre le dessus dans sa tête et saisissant machinalement la boisson qui lui était tendue, sans pour autant y toucher.  Elle s'apprêtait à ouvrir la bouche pour vider son sac mais Mo reprit la parole pour lui expliquer ce qu'elle avait promis à ses enfants.  Elle baissa la tête un instant et sourit.  « La pizza pourquoi pas, mais le Monopoly dépendra un peu de l'avis que tu me donnes. »  Si elle partait à son audition, elle devait impérativement aller se coucher le plus tôt possible, déjà qu'elle risquait fort d'avoir les yeux gonflés à cause des larmes qui s'en était échappées quelques dizaines de minutes plus tôt.  Elle soupira avant de se lancer.  « Tu sais que j'ai été présélectionnée pour les auditions d'America's Got Talent. »  Remit-elle rapidement le contexte.  « C'est demain que je dois me rendre à New York pour passer en vrai devant le premier jury.  Si eux me sélectionnent je passerai à la télé. »  En soi, elle s'en fichait de ça, ce qui lui importait c'était de se faire repérer, de se faire une place dans le milieu assez fermé du tissu aérien.  « Le problème c'est que la grand-mère de Vince est en soins intensifs à l'hôpital depuis ce matin et qu'elle vit peut-être ses dernières heures... »  Elle se mordit la lèvre, faisant doucement tourner la bouteille dans ses mains sans pour autant y toucher plus que précédemment.  Elle posa les yeux sur Mo' en cherchant un peu d'aide pour y voir plus clair.  « Je ne peux pas le laisser, si ?  D'autant qu'il m'a demandé de rester.  Il est très proche de sa grand-mère et j'ai peur qu'il m'en veuille toute sa vie si je ne suis pas là dans un moment aussi important... »  Parce qu'elle imaginait, bien sur, qu'elle ferait toute sa vie aux côtés de son artiste peintre, bien loin de réaliser qu'elle était une marionnette dans les mains un peu trop expertes de Vince.  Encore plus loin d'imaginer que sa grand-mère allait très bien et qu'elle n'était absolument pas à l'hôpital.  Comment pourrait-elle le savoir, elle n'avait jamais rencontré personne de l'entourage familial de Vince malgré leurs deux ans de relation...