Outfit. Dès le départ, Castiel a prévu que la rencontre aurait lieu au DeWitt. Pas question que cette vipère mette les pieds chez ses parents. Il a prévenu sa mère qu’il a réservé une suite et que l’illusion d’un appartement serait parfaite. Ils auraient de grandes baies vitrées donnant sur une belle terrasse aménagée et en fond, la vue sur Central Park. Le bar était plein. Dès que Larsen serait annoncée, des boissons seraient servies. Irene a simplement hoché la tête, sachant que discuter avec son fils, surtout lorsqu’il a déjà pris sa décision, ne servirait à rien.
Afin que celle-ci ne se retrouve pas prise dans une bataille rangée, comme cela avait été le cas de Søren, l’homme d’affaires a tout déballé à sa mère. Son animosité envers Larsen. La façon dont elle a tenté de l’approcher et son obsession pour sa personne. Avec un rire sarcastique, il a précisé qu’elle le soupçonne de faire partie de la Rose Lunaire et qu’elle s’est mis en tête de le démasquer. Il a aussi mentionné que Larsen mentait comme elle respirait, sauf pour cette histoire. Irene a simplement haussé un sourcil avant de sourire.
Sur la table basse du salon, deux dossiers. Un de la fondation Foster-Miller /DeWitt et l’autre d’un cabinet d’architectes qui a pignon sur rue. S’ils veulent en faire un accueil pour les personnes en difficultés, il leur faut une structure digne de ce nom et du personnel aussi. Des personnes formées qui sauront aiguiller les victimes. Une telle organisation a besoin d’une logistique bien huilée.
En attendant l’heure du rendez-vous, Castiel arpente le salon en silence, son expression sombre trahissant son agacement croissant. Irene, assise calmement, l’observe avec un léger sourire, sa voix douce essayant de l’apaiser : «
Castiel, mon chéri, tu vas me donner le tournis à force de piétiner comme ça. Ce n’est qu’une rencontre. » Mais ses mots ne suffisent pas à apaiser l’agitation de son fils, qui se demande ce que Larsen mijote.
C’est un majordome de l’hôtel qui annonce et fait entrer Larsen dans la suite. Castiel interrompt sa déambulation et pose un regard glacial sur elle, une expression contrôlée, mais rigide. Il la fixe avec une méfiance à peine voilée. Il sait qu’il doit garder son calme pour Irene, mais aussi pour toutes ces victimes qui ont besoin d’aide. Savoir que le cabaret a pu être impliqué dans quelque chose d’aussi sordide le dégoûte.
Irene, en revanche, prend les devants et tend la main à la jeune femme, accueillant Eli avec chaleur : «
Bonjour, Eli. Je suis heureuse de faire votre connaissance, » dit-elle avec un sourire bienveillant. Elle veut paraître réceptive et polie, espérant que cette approche calme saura détendre l’atmosphère. Pourtant, elle ne perd pas de vue la tension palpable de Castiel, qu’elle connaît si bien, et jette un regard rassurant dans sa direction pour lui signifier qu’elle garde la situation sous contrôle.
Castiel, de son côté, reste stoïque, les bras croisés, attendant qu’Eli commence à parler. Lorsqu'elle se tourne vers lui avec cette politesse qu’il devine feinte, il la salue brièvement, tout en lui serrant la main. Pas question de mettre sa mère dans l’embarras. Un «
Madame Amdahl » donne le ton. Jamais il ne l'appellera 'Eli'.
Irene prend tout de suite les devants et indique à Eli, une place à ses côtés, en tapotant délicatement l’assise du canapé.
«
Désirez-vous boire quelque chose ? Café, thé, boisson fraîche ? »
Castiel rajouterait bien ‘
cyanure’, mais il n’ose pas. Malgré son animosité, il se doit de rester professionnel. Ce projet a des intérêts bien plus importants que leurs petites querelles. Ce qui ne va pas l’empêcher de rester vigilant. Pas question que la conversation dévie sur des questions d’ordre privées.
Heureusement, Irene est la parfaite hôtesse. Elle a surtout une grande expérience de ce genre de situation.
«
N’hésitez pas à consulter les dossiers. Je vous donnerai une copie afin que vous puissiez relire tout ça calmement. Celui-ci concerne l’organisation même de la structure et celui-là » de la main, elle désigne l’autre dossier «
concerne les travaux qu’il faudra envisager dans la maison de votre grand-mère. Regardez et dites-moi si cela vous convient. Rien n’est encore acté. Nous pouvons apporter des modifications. Rien ne sera fait sans votre accord.» Elle adresse un sourire bienveillant à la jeune femme tout en servant les boissons, tandis que Castiel manque de s'étrangler.
Irene se penche légèrement en avant, invitant Eli d’un signe de tête à partager les informations qui l’ont poussée à demander cette rencontre. D’un air calme mais résolu, elle dit doucement : «
Vous savez qu’aider, c’est bien, mais qu’il va falloir tenter d’arrêter ces malfrats. Si nous ne faisons rien dans ce sens, tout ce que nous ferons ne servira pas à grand-chose. Êtes-vous prête à vous lancer dans ce genre d’action ? Cela prend du temps, mais il arrive que le résultat soit à la hauteur de nos espérances. »