S'il y avait bien une chose, une habitude que Louise avait tout de suite adoré reprendre à son retour à Redwood Hills, c'était bien le fait de partager son anniversaire avec les jumeaux de la fratrie. Enfin presque. Quelques malheureux jours d'écart n'étaient pas une excuse suffisante pour ne pas le fêter ensemble, et le trio en profitait toujours pour se retrouver, rien qu'eux ou entourés de leur famille. Aujourd'hui, il n'y en avait que pour eux trois. De quoi se retrouver tranquillement avant la véritable fête qui aurait lieu avec le reste des Howell.

Juliet et Judson venaient de franchir le cap de la quarantaine, et Louise essuyait quant à elle trente-et-une années. Rien qui ne puisse l'effrayer, bien au contraire. Maintenant qu'elle menait une vie qu'elle aimait, qui lui appartenait, vieillir ne lui faisait pas peur. Elle avait d'excellents modèles en ses frères et sœur et espérait leur arriver à la cheville un jour. Elle était bien entourée, et était impatiente de voir ce que les années à venir lui réserveraient. Elle aimait se fantasmer une vie remplie d'amour et de rêveries, Danny à ses côtés, des enfants, un jour, si la chance lui souriait. La rêveuse entendait dire partout que le dépassement de la trentaine emmenait avec lui les meilleures chances de concevoir, mais il n'était absolument pas question d'aborder ce sujet dans une relation où elle avait encore l'impression de tâtonner parfois.

Mettant soigneusement de côté ce qui promettrait bientôt de devenir un sujet épineux, Louise sourit jusqu'aux oreilles lorsqu'elle s'arrêta en compagnie des jumeaux devant un un restaurant italien de Burlington, endroit de choix pour ce repas d'anniversaire rien qu'à eux. Rapidement installés avec une vue sur l'extérieur, la fleuriste déchiffra la carte en écoutant Judd et Juliet débattre sur leur nouvelle dizaine. Apostrophée, la trentenaire sourit par-dessus le document plastifié. Elle s'attendait à des adjectifs tels que croulant ou encore un peu sénile, mais il n'en fut rien. Elle pointa un doigt en direction de son aînée pour signifier qu'elle était d'accord sur le « Enfin surtout moi ! » ponctué d'un geste parfaitement maîtrisé comme elle seule savait le faire. Solidarité féminine, obligatoire quand on a trois frères. Puis Louise releva un regard souligné d'un sourire espiègle sur Judson. « Je ne peux qu'espérer gérer l'arrivée des cheveux blancs aussi gracieusement que toi grand frère. »

Juliet évoqua l'idée d'un Spritz, et Louise opina du chef. « C'est parfait, je t'accompagne. Le véritable dilemme réside dans ce qu'on va manger, il y a tellement de choix! Tous ces plats à la truffe... » salivait-elle en replongeant dans sa carte, ne la reposant qu'une fois son choix resserré autour de deux plats, poursuivant son débat intérieur tout en croisant les mains sous son menton. « Comment vont mes neveu et nièce préférés? »