Je fus satisfait lorsqu’elle entra. Elle était jolie certes, mais un peu trop jeune pour être le genre de femme qui m’aurait normalement fait me retourner. Désinvolte en un certain sens. Une bonne vivante fort probablement. D’expérience, je savais que le grand amour serait un peu plus difficile pour moi à trouver et je fus satisfait qu’elle ne cherchait pas non plus l’amour. Dans mes périodes d’équilibre, je n’étais pas homme des coups de foudre. Jouer franc jeu était intéressant en soi : mais j’avais encore ce petit papier associé avec ce biscuit déjà dévoré pendant l’attente – petit gourmand que j’étais. Avec un sourire charmeur, je répliquais : « Oh! Zut! Moi qui avait pourtant espoir de vous convaincre d’être ma deux-centième conquête! Me voilà bien embêté. » Ce n’était pas si difficile à faire pour un acteur qui avait déjà un certain temps de roulage derrière la cravate – enfin… cravate ici fictive puisque je n’aurais jamais été homme à porter ce type de laisse. Néanmoins, elle n’était peut-être pas au courant de ma réputation ni de ma carrière. « Ne vous inquiètez pas… c’était sur le papier. Je ne cherche pas nécessairement le grand amour mais certes quelques bonnes connaissances. » dis-je avec un petit sourire en lui tendant le papier et en reprenant place à demi-assis sur ma chaise. Même calme, je n’arrivais pas vraiment à apprécier le fait d’être "sagement" assis. Il ne fallut que très peu de temps pour que je me mette à nerveusement taper du pied sur la table. « Vous faites quoi dans la vie? »

J’eus un éclat de rire sincère. Mrs Cavendish s’était probablement fait joué un tour ou peut-être avait-elle organiser une telle chose. « Je n’aurais pas été le genre d’homme à me plaindre d’être qualifié de McNifique sandwich… Quoi que de quoi ce sandwich serait-il composé? » déclarais-je avec un sourire moqueur.

Mon interlocutrice était visiblement bien apte à poser les questions. « Et bien vous aviez raison, je suis probablement bon acteur parce que c’est ma carrière. » J’eus un petit instant de doute. Un acteur est-il vraiment acteur s’il ne foule aucune scène? « Même si pour l’instant, je me concentre sur l’enseignement de mon art à l’université. » Surtout sur ne pas retomber en dépression majeur.

J’eus un autre sourire gentil à l’égard de la brunette. Parler de cette ville me faisais bizarre même si c’était mes racines : « J’en suis originaire en toute honnêteté. Même si je l’ai quitté à mes quinze ans. » Après le suicide de mes parents… mais je n’allais pas lui mentionner cela. « J’ai fait mon petit bout de chemin dans la grande pomme… Mais la vie m’a ramené ici. J’avais besoin de terre et de forêt! » dis-je. « Depuis combien de temps y êtes-vous? Et d’où venez-vous? » rajoutais-je curieux.

J’avais généralement la réputation d’être facile d’approche et quand on me partait sur le théâtre, mon amour de l’art prenait le dessus sur les tics est l’extase à demi-silencieuse qui occupait généralement mon esprit embrouillé et si facilement motivé à réduire en poussière la réalité des jours. Je l’enviais en quelque sorte de ne pas avoir su perdre la tête à New York. « Burlington est active d’un point de vue artistique mais elle est bien pâle face à New York! » Si pâle face à la grossière indécence de New York. Mais il me suffisait de parler de théâtre pour que j’aille l’allure d’un enfant avec les yeux qui s’éloignait de ceci. « Et puis, le théâtre classique a bien la réputation d’être noble mais semble avoir moins la cote dans la région. C’est ma spécialité. J’ai un grand amour de ces vieux auteurs. Vous aimez le théâtre? » dis-je avec un autre grand sourire en me replacant nerveusement sur ma chaise.