{ iron like a lion in zion }
@Chase Mason

Où est passé son chat ? L’animal vagabonde où bon lui semble, à l’auberge comme chez lui et Nova a des airs de mère Michelle. Ça la fait rire, mais elle rit moins quand elle doit toquer aux chambres de ses voisins, parfois, pour voir s’il n’aurait pas enfreint la seule règle à respecter : éviter les chambres des autres pensionnaires. Mais quand les pensionnaires en question gagatisent et que ça vire au catnapping ? Elle préfère vérifier le jardin d’abord, pour repousser le moment désagréable où il lui faudra socialiser et s’excuser, encore, et batailler peut-être pour récupérer le poilu qui est mais vous comprenez tellement bien ici, le pauvre. À bien y réfléchir, la petite bête est son meilleur atout, et aussi son meilleur ami. Sans lui, elle serait vraiment seule et probablement cloîtrée dans sa chambre, n’en serait peut-être pas sortie pendant des jours et n’aurait parlé à personne. Pas qu’elle soit gênée pour, c’est qu’elle traîne sa tristesse, cette culpabilité d’être partie ou d’être revenue ici, elle ne sait plus très bien et parfois ça se mélange. Reste la même impression, constante, pas très réjouissante : Nova se sent seule, à l’intérieur. Son chat lui apporte un réconfort plus grand qu’elle ne l’aurait cru, qu’elle n’assume pas totalement. Au fond, c’est le seul véritable ami que tu as. Et elle ne peut s’empêcher de trouver ça pathétique. Soupir. Longue inspiration et la voilà qui pénètre dans le jardin, tranquille. Dehors le printemps arrive et ça fait du bien. Elle le sent dans l’air. Elle peut le voir, le jardin, s’imaginer sur une des chaises longues en terrasse, le regard perdu sur tout ce vert, les fleurs et le ciel, et apprécier, se sentir presque sereine, moins triste que quand elle regardait la neige et le ciel gris. Peut-être qu’elle oubliera qu’elle ne sait pas où elle sera quand arrivera l’été. Est-ce qu’elle sera encore ici dans sa petite chambre ? Est-ce que Levi lui en voudra, encore ? Ou l’aura-t-elle abandonné, encore ? Nova est stable, en apparence, donne l’impression d’être exactement là où elle doit être. Locataire sérieuse, voyageuse longue durée. La vérité est qu’elle a nulle part où aller. Plus nulle part chez elle.

Une voix lui parvient, aiguë, inconnue. Elle remarque alors la silhouette masculine sur le transat et se fige. D’habitude, elle aurait couru vers Poe, mais quelque chose l’en empêche. Un truc chez ce gars, visiblement à son aise, le fait de ne pas être vue sans doute aussi. Bras croisés sur le corps, elle regarde l’animal se faire gratouiller, levant les yeux aux ciels. Poe sait y faire, ce petit ingrat, ça c’est sûr. Elle est comme une maman, Nova, on ne monte pas dans la voiture -well, le transat d’un inconnu. Mais rien à faire ici, c’est peine perdue. Son petit nez rose renifle. C’est là qu’elle sent, encore plus en prenant le risque de s’avancer. Le mec sur le transat fume. Elle pouffe. Elle sait ce que ça veut dire, quand l’animal se frotte comme ça, s’attend presque à le voir réclamer une taffe. Quel gros bébé. Elle s’étonne que le type ne l’entende pas pouffer du nez. Pas franchement discrète, Nova profite de la scène. Poe l’a complètement à sa botte. Jusqu’à… la spéciale miaou ? « Sérieusement ? » Oops. Le prendre sur le fait, le joint aux lèvres, ne l’aide pas à ne pas rire. « Désolée, je pensais pas interrompre quelque chose. » Un moment, elle dirait. « Ça devenait gênant. » Oui même pour elle. Elle exagère bien sûr, un sourire moqueur aux lèvres. Son regard dévie sur son chat, imperturbable. « Le frotteur est à moi. » Oui, qu’il ne la prenne pas pour une voyeuriste ou quoi que ce soit. Enfin, s’il est encore assez lucide pour comprendre ce qu’elle raconte. Puisqu’il est en état de prodiguer un passage, elle imagine que oui.

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@Chase Mason

Sérieusement ? C’est ce qu’elle se dit Nova, le rire au bord des lèvres qui menace d’éclater à tout instant en voyant la scène se jouer devant elle ; cette décontraction totale. Poe est devenu la coqueluche de l’établissement, si elle ne le savait pas déjà elle en prendrait conscience maintenant. « Sorry dude » Qu’elle lâche du tac au tac. Dude, seriously? L’animal demeure imperturbable, lui jette à peine un œil de travers, pour lui signifier qu’elle dérange. Ce regard qui dit ah, tiens, c'est toi. Elle le connaît par cœur. Il attend peut-être son massage, la spéciale miaou et Nova doit bien avouer qu'elle regrette de ne pas voir ça. Poe la diva finira-t-il par s’impatienter ? Elle garde un œil sur lui. Shithead. Le grand type n’a pas l’air traumatisé non plus, malgré la peur qu’elle lui a fait, ses mots. Peut-être parce qu’il a fumé, Nova n’est pas dupe, mais se dégage de lui une décontraction naturelle. Une vibe tranquille. Le genre de mec pour qui elle imagine que tout est simple dans la vie, jamais vraiment un problème. Un peu comme son frère. Elle se fait la réflexion qu’ils doivent avoir le même âge, d’ailleurs, et comme pour son frère elle préfère rester sur cette image, ne pas chercher plus loin, se dire que peut-être ce n’est qu’une attitude et que rien n’est jamais si facile que ça en a l’air, pour personne. Non, Nova sourit, lèvres pincées, pas désolée du tout. Oops.

« Méfie toi, c’est toujours intéressé. » Comme tout chat qui se respecte. Les paroles de Nova font dresser les oreilles du poilu. Ouais, c’est de toi que je parle. A sa question, elle fait non de la tête. Aucun doute que Poe est venu tout seul vers lui, ni que son nouvel ami lui veut du bien. « Il a l’air bien, je voudrais pas briser la magie. » Entre vous, oui, même si on ne lui voit pas encore les dents, le sourire qu'elle étire ne laisse aucun doute. « Ouais, chambre deux. » Elle ne sait pas pourquoi elle précise ça, sûrement parce qu’elle ne l’a jamais vu. Il a pourtant dit aussi. Ça la rend curieuse. Perplexe ? Après tout, elle a découvert l’existence de sa voisine de chambre, arrivée bien avant elle, il y a quelques semaines seulement, alors… « L’attention seeker c'est Poe, moi c'est Nova. » Elle hausse les épaules. Pas sûre qu’il se rappelle du sien, ce n'est pas elle qui l'intéresse. Son propre regard cible Poe. « Et toi ? » Pas ça qui va l’empêcher de s’intéresser. Elle, elle s'en rappellera. « Ça fait longtemps que tu crèches ici ? » Parce qu’elle ne l’avait encore jamais vu, donc, elle y revient, toujours curieuse. Tout en lui retournant ses questions, elle fait preuve de moins d’assurance que Poe pour se rapprocher de la chaise longue libre la plus proche, prenant le risque de déranger. Le chat s’agite, observe, se frotte contre la main au-dessus de sa tête, indifférent à la brune. « On les ramasse au bord de la route, on les soigne on les nourrit, tout ça pour qu'ils vous trompe avec le premier venu. » Le regard qu’elle lance à l’attention du premier venu veut dire « no offense » quand l'amusement sur ses lèvres dévoile quelques dents. 

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@Chase Mason

Tout va bien alors, tant mieux. Nova n'avait pas pour vocation de réellement lui faire peur, ni à lui ni à Poe. Pas de l’agacer non plus, d'ailleurs. Poe a l’air bien, là, à se faire... elle ne sait pas trop, en fait, masser ? Vraiment ? Quant à savoir si l’animal apprécie vraiment l'homme au bout des mains, ça... Sourire crispé, visage qui se contracte, le cou caché entre les épaules, sort un hésitant : « Désolée ? » Elle dit ce que son visage verbalisait déjà. « Mieux vaut que tu apprennes la vérité maintenant, tu risquerais de t’attacher. » Comme elle, donc. C’est pour son bien, assurément. Est-ce qu’il la prendra au sérieux ? Elle guette l’animal, étrangement patient, s'en voulant presque de lui coller cette image de petit ingrat. Presque. N’empêche qu’elle l’aime, la sale bête. Elle ne rirait pas si quelqu’un tentait réellement de l’embarquer, s’il disparaissait, non, Nova en pleurerait.

« Chase. » Répète-t-elle machinalement, léger acquiescement de la tête. Copy that. Chase, chambre elle ne sait pas combien. Peut-être qu’il travaille ici. Peut-être qu’elle ne sort pas assez. Elle envisage d’autres possibilités quand le jeune homme se livre un peu plus. Il est de la classe des girouettes. Automatiquement elle sourit, elle ne saurait dire pourquoi, une affection naturelle pour ce genre de profil, ceux de partout et de nulle part -les gentils. Peut-être parce qu’à le voir de plus près il a l’air encore jeune, plus jeune qu’elle. « Bizarre que je t’ai jamais vu. T’es pas planqué sous l’escalier quand même ? » Enfin pas sur qu’il y rentre, dans le placard sous l’escalier, l’autoproclamée girouette est un peu trop grande pour jouer les Harry Potter, ça se voit parce que ses jambes dépassent de la chaise longue sur laquelle il est installé. Il vante les mérites de l’établissement et de la literie et ça la fait sourire. « Ouais, la proprio surtout. » Les gens sympa. Menton vers l’avant, elle désigne Poe de la tête. Il en est la preuve. Après tout, rares sont les établissements à tolérer les animaux. Nova non plus n’aurait pas pensé. C’est vrai qu’on est bien, ici. On se sent moins seul.e. Cette petite discussion, l’air de rien, en est la preuve. Peut-être qu’elle ne verra plus jamais les placards avec le même regard, quand elle arpentera les couloirs de l’auberge. Et qu’elle ira toquer à la porte de Darcy ou d’Alana pour leur demander hey, tu l’avais déjà vu, toi, Chase la girouette ? comme elle parlerait d’une légende urbaine.

L’origine story de Poe. La première chose qui lui vient, maintenant qu’elle a pris ses aises et s’est installée. Le prétexte parfait alors qu’il est là, pile en face, qu’il réclame l’attention qu’il lui est due. Celle du dude, pas la sienne. « Ouais, je l’ai vraiment ramassé au bord de la route. » Pas pour se targuer d’une remarque sarcastique (ok, aigrie) cette fois-ci, encore moins pour faire pitié. C’est la vérité pure et non, elle n’est pas très belle. Á la seconde où elle allait le rassurer, mais quand même il va bien hein, ça a bien tourné pour lui je t’assure, la répartie de Chase la surprend et c’est elle qui pouffe. « C'est toi la figure paternelle ? » Let me guess. « Hun Hun, et j’aurais toujours une place particulière dans son cœur, c’est ça ? » Elle entre facilement dans le délire, Nova, les figures paternelles, si il connaissait la sienne… Y'aurait vraiment de quoi rire. Facile, ça l’est beaucoup moins quand il lui pose des questions, à elle. Merde, il ne s’intéresse pas qu’au chat, en fin de compte. Ça l’aurait bien arrangée, Nova, parce qu’elle n’a pas tant à dire qui soit léger et drôle à son propre sujet, ou alors que des mensonges. « De chicago. » De Chicago et de nulle part ailleurs. C'est un semi mensonge ; Nova est d’ici, enfin presque, de pas loin, mais c'est déjà trop proche. Et surtout, c'est maigre. C'est quoi l’histoire ? Q'est-ce que tu faisais à Chicago ? « Je bossais comme assistante sociale. » Qu’elle dit alors. Normalement, sur ce ton-là, et sans plus d'infos derrière, ça laisse entendre qu’elle a vu des sales trucs, des trucs que les gens ne veulent pas savoir -Ah. Ça les dissuade de poser plus de questions. Alors pourquoi ça la fait à moitié sourire quand même ? C'est Poe et la figure paternelle, comme une mise en relief. Ironic. « Et toi ? Ça te plaît la vie de girouette ? Je suis encore une novice. » Pas qu’elle aspire à faire carrière dans le domaine, mais ça l’intéresse. Nova, jamais elle n’aurait pensé vivre un jour dans une auberge, au jour le jour, ne pas avoir de travail. Et force est d’admettre qu’elle est incapable d’expliquer ce qu’elle fiche ici.