when you're in too deep
you wake up when it's too late

feat aelys & sebastian

Les voitures n'ont jamais suscité une passion dévorante chez Sebastian. Même qu’avant de décrocher un poste de vendeur dans une concession automobile, son savoir dans ce domaine était plutôt limité. Son intérêt apparent pour les voitures semblait davantage superficiel, s'inspirant des influenceurs aux portefeuilles bien garnis qui mettaient en avant le dernier modèle de l'année. Pour lui, une voiture n'était rien de plus qu'un objet destiné à attirer l'attention. Au-delà du capital social que pouvait conférer la possession d'une telle voiture, Sebastian ne voyait guère d'autres avantages. Même dans son enfance, les petites voitures Hot Wheels offertes par ses parents ne suscitaient chez lui qu'un intérêt minimal. C'était un monde qui lui échappait, et il n'avait jamais ressenti le besoin d'approfondir ses connaissances dans le domaine automobile. Toutefois, depuis qu'il fait partie de l'équipe de Handy Toyota, il a été amené - voire contraint - à plonger dans cet univers. La plupart de ses collègues sont des passionnés dévoués de l'automobile, capables de connaître toutes les marques, modèles, caractéristiques, etc. Heureusement pour le Hargreaves, cela n'est pas une nécessité absolue dans son travail quotidien, et il n'a pas eu besoin d'acquérir une connaissance approfondie du domaine. Juste ce qu'il faut pour vendre des rêves et réaliser de bonnes commissions sur ses ventes. Donc, non, Sebastian n’a pas envie d’aller à ce car show improvisé au milieu de nul part. Ses collègues ont beau insister, il ne changera pas d’idée. À moins… « Devenir directeur t'as rendu emmerdant. » Autant que Seb sait très bien quoi dire pour embêter le peuple, faut croire que c’est réciproque. Il suffit d'un commentaire de ce genre, même s'il le prend sur le moment de manière personnelle, pour le voir acquiescer de la tête avec ce sourire feint qui se dessine sur ses lèvres. Sebastian Hargreaves est tout sauf emmerdant.

Voilà ce qui l’amène, à ce fameux événement, dans un champ perdu de la farming area. Événement qui est tout sauf ce à quoi il s’attendait. « Y a pas de voiture à ton car show ? » demande-t-il, une fois que la voiture se gare sur le bord d’une rue, face à une énorme grange. Faut dire que Seb n’est pas familier avec ce genre de happening, mais il s’était imaginé une centaine de voitures dans les champs. Bon, il est vrai qu’en hiver, ce n’est pas top, mais bon. Ça aurait pu. Apparemment, tout est dans la grange. Seb soupira en se disant que pour ce soir, il aurait pu être le gars emmerdant et rester chez lui. Mais bon, son honneur est en jeu. Et donc, trois de ses collègues et lui font leur entrée. Une musique rock, assez forte, en fond. une trentaine de personnes et une dizaine de voitures remplissent la fameuse grange. C'est avec une série de poignées de main chaleureuses qu'ils sont accueillis, et c'est à ce moment précis que Seb l'aperçoit. Aelys se tient au fond, une bière à la main, entourée de ses amis garagistes que Seb a eu l'honneur (ou le désagrément) de rencontrer une seule fois il y a quelques mois. Une vague d'émotions le traverse. L'envie de la rejoindre s'entremêle étrangement avec le désir de l'éviter. La présence d'Aelys a toujours eu un effet palpable sur lui, mais compte tenu de la manière dont il a pratiqué le ghosting envers elle ces derniers temps, il doute que ses sentiments soient réciproques. Reste que Seb, fidèle à lui-même, est doué pour jouer l'innocent et agir comme si de rien n'était. C'est pourquoi, sans trop réfléchir, il décide de s'avancer vers elle, interrompant sa conversation en cours. « T'en as une pour moi ? » demande-t-il en pointant la bière, son sourire toujours aussi charmant accroché à ses lèvres. « Vous parlez de quoi ? » Il prend place sur le banc à ses côtés, son regard toujours fixé sur elle, anticipant une réaction qu'il sait ne pas être aussi facile qu'il l'espérait. Connaissant bien la nature complexe d'Aelys, il se prépare mentalement à une interaction qui pourrait prendre des tournures imprévisibles.

when you're in too deep you wake up when it's too late

La vie de la jeune femme se résume globalement à son travail. Elle fait partie de ces personnes qui décident de mettre de côté leurs relations sociales pour se concentrer uniquement sur leur carrière. Bon, on ne peut pas vraiment dire qu’elle soit une carriériste dans l’âme ni même que son travail lui permette d’envisager une grande évolution professionnelle mais cela lui permet l’espace de quelques heures d’oublier que, dans le fond, elle se sent bien seule dernièrement. Il faut dire qu’elle n’est pas la meilleure pour se lier d’amitié avec les autres. Si avant ce n’était pas un problème pour elle, il faut croire que d’avoir eu un véritable ami comme Caleb l’avait comme contaminé. Quelle folie sociale que de s’attacher de la sorte à une personne. Il est plus simple de revenir à celle qu’elle était avant. Se fichant bien des autres, se fichant bien que son seul véritable ami soit partie à l’autre bout du pays… se fichant bien qu’on ne la contacte plus du jour au lendemain parce qu’on rencontre quelqu’un. Les voitures sont bien plus fiables alors il lui semblait plus simple de se concentrer sur elles. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle accepta d’accompagner ses connaissances mécano à un car show. Elle se fiche assez bien d’eux en réalité. Elle se dit que cela peut être une sortie sympa même si ce ne doit pas être un énorme évènement puisqu’il se situe à Redwood Hills. Elle se retrouve très souvent déçue par ce qu’organise cette ville donc elle ne met pas beaucoup d’espoir là dedans.

A l’évidence, elle n’avait pas tort vu l’aspect assez miteux de la grange et le peu de voitures qui se trouvent à l’intérieur. Pas même une de collection. C’est donc assez naturellement qu’elle se dirige vers le coin bar. Enfin, "bar" est un bien grand mot. Cela se résume à des sortes de conteneurs avec de la glace dans lesquelles trônent plusieurs bières. Elle s’installe sur un banc et écoute, toujours silencieuse ses camarades raconter tout et n’importe quoi. Elle s’en fout allègrement mais le simple fait de regarder dans leur direction leur suffit pour croire qu’elle s’intéresse à ce qu’ils disent. Encore un peu et elle pourrait s’endormir en réalité. En tout cas, jusqu’à ce qu’elle entende qu’elle ne connaissait que trop bien même si elle ne l’avait pas entendue depuis bien longtemps. Elle le regarda quelques instant alors qu’il lui demandait si elle en avait une pour lui mais elle regarda de nouveaux ses collègues quand il s’assit à côté d’elle sur le banc, se faisant une place entre elle et l’autre gars qui était assis là. Bien qu’elle aurait aimé le cacher, elle lève les yeux au ciel. « Oh Hargreaves, ça fait un bail dis donc. Rien, juste du boulot, on a reçu du nouveau matériel au garage. » répond son collègue comme si de rien n’était. A l’évidence, tout le monde se fout de ce qu’il se passe entre eux et c’est tant mieux. Elle se lève pour récupérer une bière et lui plaque contre le torse. « Tiens. » qu’il se démerde pour la rattraper convenablement. Elle ne s’attarde pas et s’éloigne de la zone. S’éloigne de lui. Elle sort de la grange et se met sur le côté pour se sortir une cigarette. Cela fera une excuse pour être partie ainsi. Enfin, si elle en avait besoin d’une bien sûr. Elle profite de ce moment. Le fait durer. Peut être un peu trop d’ailleurs puisqu’elle a le temps d’en allumer une deuxième avant de voir, l’air de rien, le Hargreaves passer par la porte à son tour comme s’il se retrouvait ici par hasard. Il ne faudrait pas qu’elle pense qu’il l’a suivie pour la rattraper hein. « Qu’est-ce tu veux Sebastian ? » demande-t-elle assez froidement sans même le regarder. Il faut admettre que c’est assez rare que la température soit aussi basse entre ces deux là mais elle s’est sentie vexée pendant tous ces mois de silence. Surtout que ce n’est même pas lui qui lui en a expliqué les raisons, elle a du comprendre par elle-même. En fait, elle le mot "vexée" n’est pas le bon, elle s’est sentie blessée tout simplement.

when you're in too deep
you wake up when it's too late

feat aelys & sebastian

Seb est du genre à vivre dans sa bulle, à se convaincre que tout ira toujours pour le mieux. Pour lui, les pires scénarios ne sont que des chimères, des inventions de l'esprit pessimiste. Après tout, pourquoi se soucier du pire quand on peut se concentrer sur le meilleur ? Il est convaincu que si on croit en quelque chose avec suffisamment de force, cela finira par se réaliser. Et dans la plupart des cas, il a raison. Avec son charisme et son allure impeccable, il a cette capacité à attirer la chance à lui, comme un aimant.En même temps, il est difficile de lui en vouloir trop longtemps avec une tronche comme la sienne. Et honnêtement, il pensait qu’Aelys serait dans la même école de pensée. Du moins, c’est ce qu’il espère, lorsqu’il la voit, au loin. Il ose s’approcher, prêt à faire comme si rien n'était. Il se voit accueilit d’un sourire par les amis de la jeune femme, mais ne peut s’empêcher le roulement de yeux de cette dernière. Le vendeur fronce légèrement les sourcils, en essayant de ne pas s’y attarder, tournant la tête vers l’un des gars qui répond à sa question. « Cool, » lâche-t-il en hochant de la tête, faussement intéressé, tandis qu’il regarde Aelys du coin de l'œil. Lorsqu’elle plaque la bouteille contre lui, il est pris au dépourvu et son cœur rate un battement. Ses mains réagissent instinctivement pour attraper la bouteille, évitant de justesse un incident embarrassant. Aelys s'éloigne sous le regard de Seb et ses camarades. Dans son dos, il peut entendre les rires étouffés des autres et sentir les regards moqueurs qui se posent sur lui. Un sentiment de gêne l'envahit. « Oh, ho. T’es dans la merde mon gars, » entend-il derrière lui. Le sourire confiant qu'il arborait auparavant disparaît instantanément, remplacé par une expression de confusion et de vulnérabilité. Et comme pour voiler, ce léger malaise qui s’installe, il reste avec les gars, poursuivant la conversation avec eux, le regard déviant de temps à autre, vers l’entrée où est sorti Aelys.

Après quelques minutes passées à écouter les gars parler de voitures et de moteurs, Aelys ne revient toujours pas. Seb décide alors de se lever, sans dire un mot, et de sortir à son tour. Il la trouve quelques mètres plus loin, adossée à la grange, une cigarette à la main. Un sourire désolé se dessine sur son visage alors qu'il s'approche d'elle. Qu’est-ce tu veux Sebastian ? Bonne question. Il ne sait pas trop. Qu'est-ce qu'il est censé dire dans une situation pareille ? Disons qu’il n’est pas du genre à courir après les filles comme ça. Il est censé dire quoi, à l’instant ? « Te parler, » finit-il par répondre, en appuyant son épaule contre la grange et en la fixant du regard, même si elle tente de l'ignorer complètement. Devant cette rare froideur qui s'installe entre eux, Seb humecte ses lèvres, cherchant ses mots. Il tente de faire un pas vers elle, un semblant d'excuse. « J’aurais dû t’appeler. » avoue-t-il finalement. Il sait pertinemment que c'est là le problème. Il a joué au fantôme et a préféré volontairement ignorer la jeune femme. « Mais… j’sais pas… Je me suis dit que c’était peut-être pas une bonne idée… » poursuit-il, la voix hésitante. Il sait que s'ils continuaient à se voir et à se parler alors qu'il était avec Sarah, cela ne ferait qu'ajouter de la confusion à une relation déjà complexe. Bien qu'ils aient établi des règles non-écrites, leur relation n'a jamais été aussi simple qu'ils le prétendent. Il savait que s'il gardait contact avec Aelys, il finirait par succomber. Parce que, même s'il refuse de se l'avouer, c'est elle qu’il aurait choisit à la fin de la journée. Mais malheureusement, ce n'est pas là-dessus qu'ils se sont entendus. Alors, plutôt que d'admettre ses sentiments, il préfère se retrancher derrière son orgueil, espérant que ses actions parleront pour lui. « Tu sais comment on est, » ajoute-t-il finalement, un rire léger échappant à ses lèvres dans une tentative d'alléger l'atmosphère, cherchant le regard de la jeune femme. Il sent le poids de leurs sentiments non-dits peser sur ses épaules, mais il refuse de laisser la tension les écraser complètement. « On sait pas se tenir. » poursuit-il, avec un sourire en coin, tentant de faire passer leur malaise par une touche d'humour.

when you're in too deep you wake up when it's too late

Elle a perdu son sang froid. Elle n'aime pas vraiment ça, Aëlys. Cela montre qu'elle est humaine, qu'elle est capable de ressentir des émotions et ça... Elle a toujours un peu de mal à ce que les autres s'en rendent compte. Fort heureusement, alors qu'elle s'éloigne de l'attroupement de testostérone, elle se dit qu'elle pourra sûrement faire passer cela pour une fierté mal placée dont elle est tant friande. Il faut dire que le livret de montage de la jeune femme avait dû avoir un défaut de conception et elle se trouvait aujourd'hui pleine de cet égo démesuré qui la fait sortir de la grange. Plusieurs semaines. Plusieurs mois. Et il se permet de revenir la bouche en coeur comme s'ils s'étaient quittés la veille ? Elle a besoin de prendre l'air, de fumer sa clope pour oublier qu'il est à quelques mètres comme une présence fantomatique venue la hanter. Elle sent qu'elle est en colère. Et pourtant, elle n'a pas à l'être dans le fond. Il fait bien ce qu'il veut. Avec qui il veut. Il n'a aucun compte à lui rendre. Qu'est ce qu'elle avait espéré ? Difficile à dire. De toutes façons, même si elle réussissait à trouver la moindre réponse à ses questions, elle n'accepterait pas d'y croire. Comment pouvait-elle croire au fait qu'elle avait peut être, l'espace d'un infime instant, de la manière la plus inconsciente du monde - bien sûr - pu imaginer qu'elle était un peu plus importante qu'une autre ? À défaut d'accepter qu'elle aurait cru que ce serait plutôt avec une fille comme elle - elle ? - qu'il serait capable de se mettre en couple, elle pourrait au moins se dire qu'elle avait cru qu'ils  étaient amis. Une amitié bizarre et avec des limites plus floues qu'ils ne voulaient bien l'admettre mais une amitié quand même. Après tout, il était le seul à qui elle avait bien voulu parler de ses parents. Après, c'était sous couvert d'un jeu... Mais en réalité cela compte pour elle.

C'est en partie pour cela qu'elle reste froide, de marbre même, lorsqu'il sort la rejoindre. Elle lève les yeux au ciel lorsqu'il lui dit qu'il veut lui parler. « Tu sais faire ça toi... » marmonne-t-elle toujours aussi froidement avant qu'il ne reprenne. Pas sûre qu'il l'ait vraiment entendue mais elle n'a pas cherché à cacher sa remarque non plus. Le regard toujours dans le vague, sans se tourner vers lui, elle l'écoute. Elle ne compte pas faire le moindre effort. Elle tord sa bouche dans une expression de fausse surprise satisfaisante comme pour dire "Tu t'es rendu compte de ça tout seul ?" alors qu'il lui dit qu'il aurait dû l'appeler. Pourtant, elle ne l'interrompt pas. Dans le fond, elle est curieuse de savoir ce qu'il va bien pouvoir inventer et la raison pour laquelle il revenait vers elle. Apparemment, la raison de sa disparition c'est qu'ils étaient de véritables animaux incapables de se croiser sans se sauter dessus. Belle image de leur duo. Elle termine sa cigarette et laisse tomber la fraise au sol et de l'écraser avec son pied. « Et donc quoi... » commence-t-elle en se tournant vers la poubelle et y jeter le mégot. « ... Tu t'es fait larguer et tu t'es dit, tiens retournons voir Murphy comme si de rien n'était. Très classe. » dit-elle en lui faisant enfin face pour la première fois depuis le début. Elle raté un battement en le regardant dans les yeux. Putain... Il lui a manqué. Elle vire cette pensée de son esprit, aussi vite qu'elle est arrivée. « Ne t'en fais pas. J'ai pas changé de numéro et si j'ai rien de mieux à me faire, je te répondrai. » dit-elle comme si c'était la seule chose qui intéressait Sebastian, savoir s'il pourrait de nouveau coucher avec elle dans le futur. Plus facile d'imaginer ça que d'envisager qu'il ait pu penser que leur relation était plus profonde que leurs simples coucheries irrégulières.