Mon amour,
quand tu liras cette lettre je serais déjà dans l’avion qui vole vers le continent. Je sais que ce départ est une surprise, qu’il est brutal et radical, mais je ne pouvais plus rester. Je ne peux continuer comme si tout allait bien, continuer à vivre normalement alors qu’elle n’est plus là. Notre maison me rappelle son rire qui résonnait le matin, fouler les trottoirs de notre rue me rappelle quand elle a appris à faire du vélo, la plage quand elle a mis pour la première fois ses petits pieds dans l’océan. Mais le pire, c’est quand je te regarde et que je vois ses yeux, que je revois son visage à travers le tien. Elle qui te ressemblait tellement. Aussi belle que sa mère. Je ne peux plus vivre dans notre maison, je ne peux plus aller au boulot, je ne peux même plus te regarder car tout me rappelle notre merveilleuse fille. Comment continuer à vivre alors ? Mais mourir ne pourrait être la solution non plus. Ce serait injuste pour elle, elle qui s’est tant battue pour essayer de vivre. Retirer sa vie alors qu’elle a perdue la sienne sans le vouloir. Non. Je me dois de vivre pour elle. Alors j’ai décidé de partir, de quitter tout ce qui me la rappelle pour essayer de panser mes blessures. M’éloigner pour essayer de guérir. Tu seras sûrement furieuse, triste, dans l’incompréhension et vexée de ma décision. Je le sais et je le comprends. Je ne te demanderais jamais de me pardonner, ma décision me déchire le coeur et j’ai brisé le tien. Je pars avec la conviction que c’est pour notre bien à tout les deux. Tu es la femme la plus forte que je connaisse et je sais que tu arriveras à surmonter tout ça, mieux que moi en tout cas.

Au revoir mon amour.