feat edith & freya

Parfois, elle aimerait mieux être comme son frère : ne pas se poser mille questions, ne pas s'encombrer l'esprit avec des soucis incessants. Il doit se sauver bien des migraines, c’est certain. Mais bon, elle se dit que la réflexion est un signe de sagesse, d’intelligence et de compassion, non ? Se torturer l’esprit, c’est la preuve qu’on est capable de voir au-delà de l’immédiat, de comprendre les nuances et les complexité des choses. C’est donc une bonne chose, au final. Ça prouve qu’elle a la tête et le cœur bien à leur place. Qui sait, peut-être que ce serait elle qui aurait fait un tour derrière les barreaux pour on ne sait quelle raison. M’enfin ce qui la fait vraiment hésiter à dénoncer son frère, c’est son neveu, Nico. Il a eu beaucoup de mal, quand il fut séparé de son père, la première fois. Avec le temps, et malgré les circonstances difficiles, elle a réussi à développer une certaine complicité avec lui. Une partie d’elle y tenait plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre. Dénoncer son frère, c’était risquer de perdre tout cela. Elle savait que les répercussions seraient immenses, non seulement pour son frère mais surtout pour Nico. Sa tante a raison. Parfois, il faut choisir de fermer les yeux, de garder le silence, malgré le tumulte intérieur que cela engendre. Sauf que bon, être complice, cela ne l’enchante pas plus. Si l’enquête amène à son frère, et qu’on apprend par la bande qu’elle le savait, elle sera dans la merde… Et pas qu’un peu. « Non », admet-elle dans un murmure, en secouant la tête. Il est impossible pour elle de ne rien faire. Tout comme elle pense que si cela arrive aux oreilles de la secte, ils n’en seraient pas indifférents. « Selene l’a dit sur son blog : les responsables de ce chaos seront épinglés par tous moyens. » Freya avait lu et relu ce bout de phrase, encore et encore, chaque mot s'imprime dans son esprit avec une intensité terrifiante. Elle s'imagine le pire qui attendait son frère dans cet avertissement que Selene avait fait à leur égard. « Ils ont tué pour moins que ça, » Ce n’était pas une simple rumeur, mais un fait bien documenté. Chose que Freya a compris au fil des années : personne ne change réellement.

« Je peux toujours essayer de lui en parler. » Ça ne la dérange pas. Après toutes ces années, elle a l’habitude de devoir les confronter et essayer de les raisonner, mais bon. Le résultat n’est jamais glorieux, ça finit toujours en engueulade. Ils sont bien trop orgueilleux, chacun campant dans leur coin, pour accepter les reproches. Elle connaît par cœur les dynamiques de ces discussions tendues, où chaque mot devient une arme tranchante et sait exactement comment les choses vont se dérouler : des arguments montent en épingle, des voix qui s'élèvent de plus en plus, et finalement, une explosion de colère et de frustration. Chacun parle, mais personne n’écoute. C’est frustrant, décourageant, mais c’est leur réalité quotidienne. « Je doute que ça serve à quelque chose, mais au moins je ne serai pas restée les bras croisés, » pensa-t-elle en soupirant. Il y avait cette résignation amère dans ses mots, un mélange de réalisme et de déception. « J'avoue que j'espérais que tu me dises de tout brulé. » finit-elle, en étouffant un rire. Mais Edith est plus sage, plus réfléchit, moins impulsive que Freya.