Sa mère avait eu une nouvelle fois raison. Parce que cela devait faire bien cinq minutes qu'il se tenait là devant la petite pancarte affichée dans le coin inférieur gauche de la vitrine avec l'inscription noire sur fond blanc, et parfaitement lisible, Qui casse paie. Sans oser poser sa main sur la poignée de porte pour entrer. Question : Combien avait-il sur son compte en banque ? Parce que de ce qu'il pouvait en voir à travers la vitrine, c'était un capharnaüm sans nom là-dedans. Il y avait des bibelots partout ! Et surtout des bibelots avec de jolies petites étiquettes visiblement écrites à la main, de ce qu'il pouvait en voir dans la vitrine... Son père était toujours le premier a affirmer que sa femme était de bon jugement...

Et comme certains passants commençaient à le regarder bizarrement, il se décida à poser sa main sur la poignée de porte, tout en se félicitant d'avoir laissé Pete dormir à la maison. Se gérer lui-même allait déjà être toute une gageure en soi sans avoir besoin d'avoir en plus à gérer son chien. Ouvrant la porte, il fit tinter une petite clochette accrochée au-dessus de celle-ci. Ca commençait bien, il ne l'avait même pas vue mais on ne pouvait pas faire moins discret. Et cela voulait aussi dire qu'il ne pourrait pas prétexter un courant d'air si quelque chose venait par mégarde à tomber... S'avançant -précautionneusement- dans l'allée centrale, il alla jusqu'au comptoir où ce n'était définitivement pas Hailee qui s'y trouvait. Et ce n'était pas tout à fait ainsi qu'il avait prévu les choses et il en resserra que davantage ses mains sur le petit carton qu'il tenait en main. "Bonjour... Je suis Peter Black et c'est Hailee qui m'a dit que vous pourriez peut-être m'en dire un peu plus sur notre service à café de tante Agrippine... Ou plutôt que sa patronne le pourrait !" Totalement faux, mais il devait justement se mettre d'accord sur cette excuse -absolument parfaite- avec Hailee avant que celle-ci n'aille en informer sa patronne. Du moins dans les jolis plans dans sa tête... La réalité étant une nouvelle fois toute autre.

Posant le carton sur le comptoir, il en sortit avec une infinie précaution une tasse et sa soucoupe extrêmement bien emballées dans des couches superposées de chiffons. "On a tout un service à café comme ça, avec pot à lait et tout le tintouin, en porcelaine fine et apparemment ancienne décorée avec des fleurs et des dorures. On ne sait pas de quand il date, ni même qui était tante Agrippine, mais on pense que ça doit avoir un peu de valeur... Je me disais que vous pourriez peut-être nous en dire plus ?" Et pour le coup, il était sincèrement curieux. Tout en priant pour que rien n'arrive à cet ensemble parce que sa mère n'aurait jamais accepté qu'il touche à son service sans qu'elle ne soit là pour le surveiller... Il allait donc se faire tuer lorsqu'elle apprendrait ça, et même carrément atomiser s'il devait arriver quoi que ce soit à cette tasse ou cette soucoupe.

Satisfait de voir que l'ensemble -décidément bien vieillot alors qu'il l'observait sans les autres pièces du service autour- était à l'exact identique qu'au moment où il l'avait retiré du vaisselier maternel, il sourit à Edith, reine du tricot de ce qu'il s'en rappelait. Renseignement qui n'allait pas davantage lui servir que cette tasse pour faire dévier la conversation vers le Corbeau ou mieux, la Rose lunaire... Il allait donc devoir faire preuve d'inventivité ! Même si pour le moment, il s'agissait surtout de faire connaissance avec un autre des "impliqués" dans cette chasse aux secrets, alors qu'il posait un regard intrigué sur elle. Pourquoi elle -et d'ailleurs, pourquoi les Black ?- et quel lien avait-elle avec eux ou même Castiel... Ou plus sûrement quel lien avait-elle avec la Rose lunaire...


@Edith Hardings