feat amelia, freya & georgie

La poussière est tombée - une partie du moins -, mais Freya n’arrive plus à se concentrer. Assise sur sa chaise, elle peut voir les lèvres de Greg formuler des mots, mais ceux-ci ne se rendent pas à elle. Toutefois, elle tente de voilà un air distrait en hochant de la tête à chaque fois que le jeune homme semble avoir terminé une idée. Elle mimique son patron qui, heureusement pour elle, dirige l’entrevue sans trop devoir interpeller la jeune femme pour l’aider à approfondir un détail. La fin de la rencontre arrive enfin, Freya se lève de la chaise, sourit poliment, sert la main de Greg et quitte le bureau, suivant de près son patron. Elle n’a envie que d’une chose : retourner chez elle. La boule dans son ventre persiste l’empêchant d'écouter les commentaires positifs de son patron à l’égard du jeune homme qu’ils viennent de rencontrer. Freya passe devant le bureau de Tom, son regard s’y perd un instant. Elle aurait dû demander les coordonnées de son cousin pour lui donner le fond de sa pensée. Mais le Hargreaves est occupé… « Je me sens pas trop bien, Jo. » Son patron s'arrête et la regarde, légèrement confus. « C’est pas Greg, t’inquiète. C’est un bon candidat. Je me sens juste étourdi, ça te va si je rentre ? » Bien évidemment que ça ne le dérange pas. Il prend même le temps de la déposer, devant chez elle.

« C'est moi, je suis rentrée. » lance-t-elle, avisant sa coloc de sa présence. Dans une démarche blasée, elle se débarrasse de son manteau qu’elle accroche à un crochet, mais qui termine son chemin au sol. Tant pis. Elle le laisse là. « Georgie ! » Le chat. Elle a besoin de son chat. De se coucher dans son lit et caresser le doux pelage réconfortant de sa petite bête. Mais ce dernier ne vient pas. Étrange. Georgie vient toujours la trouver. Pour qu’elle lui donne de la bouffe avant son énième sieste, mais elle aime croire qu’il le fait parce qu’il est heureux de la retrouver. Elle l’interpelle de nouveau et se met à sa recherche. Celle-ci se termine à la chambre de sa coloc. Elle cogne deux petits coups avant d’ouvrir la porte. « Est-ce que t’aurais vu… Georgie ! » Un ton plus autoritaire, comme s’il avait commis une faute grave. Selon elle, c’est le cas. Déjà qu’il ne vient pas la trouver à son arrivée, mais en plus, c’est parce qu’il préfère chiller avec sa nouvelle amie. « Je t’appelle depuis tantôt, t’aurais pu venir me dire bonjour. » Le chat la regarde avec ses petits yeux en mode huh?. « Je te nourris et nettoie ta litière et toi tu m’ignores. » Le sérieux de la conversation rend la situation un peu absurde. Mais Freya n’échappe aucun rire. Non, non. Elle est sérieuse. Mais bon, il est trop chou alors elle finit par se calmer et venir s'écraser au bout du lit de sa coloc, serrant son chat dans ses bras. « Je monopolise ton lit pour le reste de la journée. » lâche-t-elle, levant les yeux vers Amelia. Georgie en profite pour s’éclipser. « Bon, même le chat veut plus de moi. » La grande déprime. Vous direz qu’elle exagère, mais en ce moment, c’est soit ça, soit elle va péter les dents de ce Sebastian.

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Dans sa propre petite bulle dramatique, la présence d’Amelia devient secondaire alors que la blonde focus son énergie sur sa source de réconfort premier : son chat. No offense Amy. Après tout, Georgie est là depuis plusieurs années pour pallier un certain manque. Une petite boule de poil pour remplacer une quelconque présence humaine dans son appartement de Burlington. Ce n’est que l’arrivée de son neveu qui lui a rappelé combien il est réconfortant d’avoir quelqu’un dans la chambre d’à côté - même quand celle-ci se montre plus insupportable qu’agréable. Bien qu’elle affirme souvent le contraire, elle n’aime pas la solitude. Ce n’est pas pour rien qu’elle a vite sauté sur l’opportunité lorsque sa coloc lui a fait part de son désir de déménager. Cette dernière ne sait pas qu’elle rend service à la Da Costa. Par contre, Georgie reste son confident numéro un. Il n’y a aucune chance qu’il ait raconté le tout à quelqu’un. Quoi qu'à voir comment il squatte souvent la chambre de la brunette, peut-être s’est-il permis de dévoiler les secrets de sa maîtresse. Dans tous les cas, aujourd’hui, le chat n’est pas d’humeur à faire des câlins. Il se sauve. La tête contre le lit de sa colocataire, elle relève les yeux vers cette dernière. Elle étouffe un rire léger à ses paroles. « Je vois ça. Il a vu la lumière quand j’ai ouvert la porte. » Question d’expliquer qu’elle n’est pas la raison pour laquelle il s’est sauvé ainsi. Amelia amène une autre hypothèse. « C’est vrai que lorsqu’il s’y met, il peut y rester longtemps. » Tout comme sa maîtresse, il peut rester longtemps dans un high d’émotion. Un miaulement se fait entendre et ça devient évident. Il veut sa bouffe. Elle le reconnaît bien.

En l’absence de son chat, Amelia semble se porter volontaire pour le remplacer. Du chocolat ? Freya n’a même pas le temps de réagir qu’elle reçoit le morceau emballé sur le front. Vous pouvez en déduire que ses réflexes n’ont rien de celui d’un ninja. Toujours un peu en retard dans ses réflexes physiques. Concentre-toi sur la balle, que lui criait son prof de sport au lycée. À la prochaine question, la jeune femme se redresse pour s’asseoir sur le lit dans un gros soupir de découragement. L’évocation de son neveu lui rappelle que non, elle n’a pas eu de nouvelle de celui-ci. Sauf qu’elle avait encore un peu de mal à avouer qu’il lui manquait un tout petit peu. « Non, toujours pas de nouvelle. » Un autre qui l’ignore après qu’elle l’ait nourri et ramasser sa merde « Mais ce n’est pas ça qui me met dans cet état. » finit-elle par dire en déballant le chocolat du bout de ses doigts. A-t-elle envie de raconter à son amie qu’elle a été conne de croire à ce faux profil et à ces tendres paroles échangées ? Honnêtement, elle avait honte de s’être laissée embarquer dans ce qui n'était qu’un délire… Trop beau pour être vrai. C’est toujours le cas. « Personne n'a osé. » Ne pas vouloir d'elle. Savoir dire qu’on exagère, c’est bon pour soi. Elle dépose le petit bout de chocolat dans sa bouche. Une petite bouchée de courage avant de se lancer dans sa grande aventure. « Il y a quelques mois, j’ai rencontré un gars sur Tinder. » Ça aussi, elle avait honte de le dire. La romantique en elle n’aime pas cette méthode de rencontre. Elle préfère le hasard d’une soirée dans un bar, au magasin du coin ou peu importe. Ces rencontres que l'on ne retrouve que dans les livres. Pourtant, des rencontres comme celle-là, elle en a fait. Elle a simplement peur d’y croire, ne serait-ce qu’un petit peu. « On s’est parlé longtemps par messagerie et le courant passait bien, mais il s’est jamais pointé au rendez-vous. Ça m’a frustrée, t’sais… » Une réaction plus que justifiable vu les circonstances. « Je l’ai vu pour la première fois aujourd’hui. Après des mois de silence. » Si c’était un film, ce moment aurait été un grand événement. Les retrouvailles, des cris, des pleurs, des excuses qui finissent par un baiser passionné. Turns out la réalité avait un plan machiavélique : « Apparemment, il est gay… et marié. Oh et ce n’est pas avec lui que je causais, mais son cousin. Ce qui veut dire que pendant que j’étais sincère et tout, on me racontait n’importe quoi. » Et dans quel but ? Ce n’est pas comme si elle connaissait ce Sebastian. « Les mecs sont tous des cons. » Une autre fausseté, mais selon les statistiques (tirées de sa propre expérience) la majorité l’emporte alors elle peut généraliser si elle le veut. « Des fois, je me demande pourquoi je m’acharne ainsi. » Sur sa situation maritale. Pourquoi cocher « célibataire » à chaque formulaire gouvernemental la dérange autant ? « Je veux dire, ce n’est pas comme si ça en valait la peine. » Du moins, jusqu’à présent, les mésaventures amoureuses de la jeune femme lui avaient récolté plusieurs maux de tête, rien de plus. « Je t’ai toi, Georgie, mes collègues, ma… ma famille. » Un peu plus d’hésitation à énoncer cette dernière, mais reste qu’ils sont là, même si parfois, elle a le sentiment que non. C’est plus son choix que celui de ses parents et de ses frères. « Excuse-moi, je suis lourde avec ma crise existentielle. Tu peux comprendre le chat de s'être sauvé. He knows. » lance-t-elle, tentant de s’alléger elle-même avec un semblant de rire. Le concerné s'en mêle en miaulant de nouveau. Ah oui, la bouffe ! « Parlant du loup. » Elle se lève et s'aventure dans le couloir pour aller remplir le bol du chat. « Toi, ta journée ? » lance-t-elle, en projetant un peu plus la voix dans le couloir, question de se faire entendre alors qu'elle rempli la gamelle.

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La Portugaise a beau avoir honte – deux fois plus honte pour le coup – d’être tombé dans le panneau qu’on lui a tendu, elle est incapable de garder ce sentiment pour elle. Avoir une colocataire vient avec ses bénéfices. Plus besoin de rester seul dans son coin à se frustrer. Maintenant, elle peut partager sa colère et ses envies de meurtre à son amie – dans l’espoir que celle-ci prenne son partie. Après tout, Freya cherche rarement à être raisonnable et rationnelle dans ces moments, alors n'essayez pas de lui dire de se calmer. Cette méthode ne fonctionne que rarement – pour ne pas dire jamais. C’est donc dans une petite tirade qu’elle explique la situation à Amelia afin de justifier son état plus morose qu’à l’habitude. « Je te jure ! » renchérit-elle en réponse à la réaction de cette dernière. Si seulement cette histoire ne pouvait être qu’une blague. Enfin, c'est techniquement une blague, mais pas le genre qui la fait rigoler. Le gars a embêté la mauvaise fille. Freya n’oublie pas. « Non, je le connais pas du tout le mec ! Et c’est tant mieux pour lui. » Car si cela avait été quelqu’un qu’elle connaissait, elle ne serait pas ici à en parler à sa coloc. Il y a quelques mois, la jeune femme avait tourné la page de cette histoire, mais là, elle y replonge avec autant plus d’enthousiasme que la dernière fois. C’est à se demander pourquoi ça la frustre autant. Elle en a marre, c’est tout. De se faire prendre au jeu, de toutes ces infructueuses tentatives à trouver l’introuvable, mais surtout, elle en a marre de continuer d’y croire. Une grande romantique, comme le dit si bien la Reed. Ces mots lui décrochent une grimace qu’elle peine à cacher. « Une grande masochiste, tu veux dire. » Elle peut remercier son père de lui avoir transmis le gène Da Costa. Cette addiction pour les sensations fortes, ce besoin de constamment se sentir vivante. Un besoin qu’elle ne sait pas calmer, qui lui donne sans cesse l’impression d’être au bout d’une falaise.

Amelia lui prouve son point. Mais c'est vrai que tu les collectionnes... Freya n’est pas du tout vexée par ce commentaire. Au contraire, elle le valide d’un regard d’un hochement de tête bien marqué. Qu’est-ce qu’elle disait ? La Reed enchaîne avec une proposition de plan et elle ne peut qu’être intéressée. La vengeance est un langage qu’elle connaît - même si elle ne le parle pas aussi souvent. Elle se contente de fantasmer à toutes ces possibilités sans pour autant prendre action. « Oh, c’est pas l’envie qui manque. » Mais bon, la Da Costa a beau japper, elle ne mord que rarement. Il faut choisir ses batailles, chose qu’elle apprend doucement – et sûrement. « Avec un marqueur ? » qu’elle répète avec un air amusé. Voilà qui est moins satisfaisant comme méthode de revanche. « J’te pensais pas si soft. » Un rire léger échappe enfin ses lèvres avant de se faire interrompre par Georgie qui exige qu’on lui remplît son bol. Freya quitte la chambre de sa coloc pour s’atteler à la tâche et nourrir le prince touffu, sans pour autant mettre fin à la conversation. Elle pourrait continuer de râler des heures, mais elle sait que ce n’est pas tout le monde qui apprécie l’entendre et qu’elle doit s’intéresser à l’autre. Sauf qu’Amelia n’a pas de grandes anecdotes pour lui faire oublier son petit drame. Freya accroche tout de même à un détail. « Tu l’as eu ? » demande-t-elle avant de se lancer dans des félicitations et qu’au final, elle ait mal compris. « Bienvenue dans la cour des grands. Quelle est ta préférence : frigo ou mur du salon ? » plaisante-t-elle gentiment. « Mais sérieux, bravo ! » Une colocataire fière ! « Avoir su, j’aurai pris une bouteille de vin sur le chemin pour célébrer. » Parce que glander n’est pas une réelle façon de fêter ça. « Si tu veux, je peux t'arranger un blind date avec un certain catfish. » Elle allait y revenir d’une manière ou d’une autre, à son foutu catfish. « Attends, faut que je te le montre. » Comment parler de quelqu’un sans stalker son profil Instagram ? Sur ces mots, elle sort son téléphone et retrouve sa recherche la plus récente. Le profil de the.sebster entre les mains, elle le tend à son amie.

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Oh que non, elle ne manque pas grand chose - à part un con à gérer. En trente-deux ans de vie, elle en a assez eu et heureusement que celui-ci n’est qu’un simple catfish. Qu’est-ce qui est pire : un catfish ou un connard qui se prétend gentil ? La deuxième option. Mais reste que la première fait très mal à l’ego. Freya est bien heureuse qu’Amelia soit de son bord - après, bon, ça ne serait pas stratégique de sa part de se ranger de celui de ce fameux Sebastian. En sa coloc, elle trouve une partenaire dans ses fausses préparations de vengeances. Soit la partie préférée de la Da Costa : fantasmer sur tous les moyens possibles pour faire regretter au catfish de s’en être pris à elle. Dans ses pensées, seule avec elle-même, à l'affût du regard et des jugements des autres, elle peut être violente. Tandis que la Reed propose une vengeance qui s'apparente presque à un procédé comique. Le barbouillage de visage. C’est tentant, elle l’avoue. Le marqué d’un gros poisson à moustache dans le front ou tomber dans l’immaturité en optant pour le phallus classique, digne d’un lendemain de veille un peu trop arrosé. Elle appuie sa remarque d’un signe de main, laissant un petit espace entre son pouce et son index, arborant un air amusé. Juste un peu. Le sujet bifurque vers Amelia, la nouvelle diplômée. « Arrête, y a de quoi être fière. » Dans son premier appartement, Freya ne s’est pas gênée d’afficher ses diplômes sur les murs. Après, faut dire que plus jeune, elle rêvait que son père ait envie d’afficher les accomplissements de sa fille sur son frigo, mais bon. Pour lui, réussir à changer l’huile à moteur de ta voiture par toi-même était un accomplissement. Pas ce petit bout de papier futile. Parce que t'en as plus en stock ? « Non, mais… tu me prends pour qui ? » lance-t-elle, faussement choquée par cette insinuation avant d’avouer : « J’ai pas trop eu de raison de faire le plein. »

M’enfin, le catfish. On revient au catfish. Faut qu’elle lui montre. En quelques secondes seulement, son portable sortie, elle présente le profil Instagram du gars. Il n’est pas aussi moche qu’elle le dit. Honnêtement, s’il s’était présenté sous Tom avec sa tête, elle aurait tout autant craqué, mais par principe, elle préfère le traiter de moche. Par principe, oui, oui. « Non, il est pas si con le cousin. » Il a beau avoir eu l’air compréhensible face à la situation, et même choquée lui-même, il n’avait pas l’air de vouloir la mort au coupable. « Vu ma réaction, il croit peut-être que je vais trucider son cousin si je le vois. » Ce qui n’est pas faux. Freya a toujours du mal à se contenir et elle n’y manquera pas. Sauf que bon, voilà, elle n’a pas d’adresse et elle doute qu’elle tombe dessus par hasard un de ces quatre. À moins que… on dirait qu'il bosse là, à Saint-Albans. Pardon ? Freya ne perd pas une seconde, elle arrache son téléphone des mains de sa coloc et regarde attentivement. « T’as raison, c’est le concessionnaire ! Le… le... Honda. Non, Toyota ! C’est le Toyota ! » Sa famille serait fière d’elle à l’entendre parler voiture. La Da Costa est maintenant titillée à l’idée de le voir et Amelia n’aide pas du tout la cause en proposant un plan plus qu’intéressant. Il y songe, sérieusement. Ce serait magique comme moment. Lorsque son amie propose tout de même un truc plus simple, elle balaye aussitôt cette réflexion pour revenir à sa première idée - sa deuxième si on compte le marqueur. « L’idée de jouer la cliente est parfaite ! Tu sais ce qui serait encore plus drôle ? Que t’essaies une voiture et au moment de l’essayer, tu demandes si ton amie peut se joindre à toi et bam, j’entre avec vous dans la voiture. Comme ça, il est coincé. » Un sourire au coin légèrement sadique prend forme sur ses lèvres. Là, elles tiennent de quoi de bon. « On y va !? » lance-t-elle, pleine d’enthousiasme. Sans même attendre une réponse positive, elle caresse la tête du Georgie, attrape son sac à main et se met près de la porte, prête à sortir.