where words fail, music speaks.
ANECDOTE 1 ★ (welcome on earth) Aurélia Dunn a accouché dans une maternité publique à Londres, seule. Elle a pris le strict minimum de congés pour s’occuper de son fils ; pas par envie désespérante de retrouver l’usine dans laquelle elle bosse depuis quinze ans mais parce qu’il n’existe aucune autre entrée d’argent qui peut subvenir correctement à leurs besoins. Le père d’Aaron est parti à l’annonce de sa grossesse. C’en était trop pour lui, il avait ‘pas signé pour ça’. Déjà qu’il trouvait qu’elle était incapable de gérer quoique ce soit cette ‘bonne à rien’, ‘c’est pas un gamin qui l’aurait rendue plus responsable’. Fucking jerk. La naissance d’Aaron aura au moins permis que sa mère soit débarrassée d’un homme violent et manipulateur, un vrai parasite.
ANECDOTE 2 ★ (teenage dirtbag baby) Aaron a donc été gardé par une panoplie de voisins/voisines du quartier plus ou moins fréquentables pendant que sa mère allait bosser. En vrai ça allait, rien de bien grave, c’est juste qu’il a passé beaucoup, beaucoup de temps dehors. Assez pour qu’il rencontre des personnes issues de la petite délinquance de Brixton.
East end forever bébé ! Vendre un peu de came coupée contre un peu de fric, ça lui permettait d’aider sa mère à faire les courses et c’est là qu’il a pu s’acheter ces premiers CD et surtout : sa première guitare. Une classique, premier prix.
ANECDOTE 3 ★ (i don’t wanna go to school) Tout ce que lui évoque l’école, c’est l’ennui. Ni bon, ni mauvais jusqu’au lycée, last chance, où il a mis les bouchées doubles pour obtenir la bourse qui lui permettrait d’aller en école de commerce. L’expérience globale de sa scolarité s’est avérée très loin d’être transcendante. Heureusement qu’il y avait les copains et qu’il a appris à faire de la guitare pour draguer les filles.
ANECDOTE 4 ★ (college drop out) L’école de commerce ça lui semblait être une évidence parce que son rêve c’était (et c’est toujours) d’ouvrir son shop de disques. Mais alors quelle arnaque ! Lui qui avait pu rentrer dans l’école grâce à une bourse et des quotas s’était retrouvé qu’avec des gosses de riches défoncés h24 à la coke. Pas du tout son délire. Il a tenu deux mois avant de mettre les voiles.
ANECDOTE 5 ★ (i’ll make it one day) En parallèle de son rêve de devenir disquaire, il se trouve qu’il aspire à devenir lui même un artiste reconnu, it’s a secret tho. Son truc c’est plutôt le folk rock un peu mélancolique à la Bon Iver, Elliott Smith, Nick Drake. Pour ça, il faudrait qu’il arrête d’être aussi perfectionniste sur le mix et qu’il daigne communiquer dessus. Faire des concerts autre part que dans des bars miteux où il est sûr de ne pas atteindre la bonne audience. C’est presque comme s’il se sabotait, tiens donc.
ANECDOTE 6 ★ (like a hobo) A défaut d’une carrière dans la musique, il a fait carrière dans la figuration ! Il postule qu’à des rôles de sdf, drogués ou saltimbanque de rue. N’importe quel psy dirait que c’est probablement un problème d’estime de soi mais vous pensez qu’il irait voir un psy ?
ANECDOTE 7 ★ (guitar player, piano hater) La guitare c’est facile, t’apprends les accords et à tenir correctement l’instrument, et hop, le tour est joué. En revanche, le piano… Jamais rien compris à la technique, les doigtés(?) et par dessus tout, il y trouve une absence de charme presque criminelle. Aucune aura. En plus, c’est vraiment galère de trimballer un piano alors qu’une guitare…
ANECDOTE 8 ★ (not a snob) Il a en horreur les gens snob en matière de musique. S’il adore les grands classiques, il adore écouter le dernier album d’Olivia Rodrigo chez lui à fond. Il a toujours été très éclectique en matière de goûts musicaux. En ce qui le concerne, il écoute de tout. De tout… Sauf le reggae, ça c’est sa limite. Il sait même pas pourquoi, c’est viscéral, il déteste le reggae.
ANECDOTE 9 ★ (all work and no play) Il a très tôt voulu aider sa mère à la maison. Dès qu’il a pu travailler légalement il l’a fait, dans la vente principalement mais aussi dans le service à la personne, au courrier, dans le mannequinat, dans le ménage, dans l’hôtellerie. Les agences d’intérim l’adorent, il ne refuse absolument rien. Mieux, il adore apprendre de nouveaux métiers, aussi pénibles soient-ils. Ce qu’il fait c’est qu’il ne compte pas ses heures pendant quelques mois pour pouvoir s’arrêter de travailler pendant un temps et se consacrer à sa musique ensuite.
Well balanced ? ANECDOTE 10 ★ (i have a dream) même si c’est beaucoup moins honorable que MLK : il voudrait ouvrir sa boutique de disque. Qui lui dit que c’est pas viable en 2024 à l’heure des plateformes streaming ? Pourtant, lui, il continue d’y croire. Il pense même qu’il est visionnaire. « Mais mec, t’as vu comme l’industrie du vinyle est montée en flèche ? Les CD c’est qu’une question de temps. » On verra !
ANECDOTE 11 ★ (ballad of big nothing) C’est le plus beau moment de sa vie : Los Angeles, 2003. Aaron a 17 ans et s’offre son premier voyage aux States pour voir une de ses idoles en concert, Elliott Smith. Plus précisément, au Henry Fonda Theatre. La salle est comble, il est devant, et il a sa pancarte :
Can I play with you tonight ??? Il se rappellera toujours le moment où Elliott lui a tendu la main pour qu’il le rejoigne sur la scène. Ca avait marché ! Il a pu jouer sa chanson préférée de son artiste préféré devant près de deux mille personnes. Ce qu’il a ressenti ce soir là reste indescriptible, jamais égalé.
ANECDOTE 12 ★ (outfit of the day) Il porte la même veste en jean noir délavée qu’il s’est acheté à 21 ans d’occas’ dans une friperie à Camden. Un jour, un t-shirt blanc. Parfois gris, souvent c’est un des blancs qui a été lavé avec les jeans noirs qu’il a en trois exemplaires. La seule excentricité qu’il s’autorise c’est la chemise en flanelle quand il fait frisquet. Look simple, efficace. Il n’a jamais trop accordé d’attention à son apparence. Pourtant il a ce look effortless qui passe super bien.
ANECDOTE 13 ★ (politics are way too complicated) Aaron n’a jamais voté de sa vie, tous pourris qu’il dit toujours… L’idée qu’on soit tous en train de vivre dans une simulation le séduit autant qu’il est réceptif à l’astrologie : il imagine que c’est très peu probable, mais quand bien même, y a des trucs qui peuvent poser question. Un peu nihiliste sur les bords, même, il a ce côté un peu je m’en foutiste qui tape sur les nerfs. Rien n’a de sens, vivre au jour le jour pourvu que ça dure. Un peu comme tous les sagittaires, avouez c’est bizarre..
ANECDOTE 14 ★ (all clean sir) Aaron buvait beaucoup, surtout au lycée et pendant son cours séjour en école de commerce jusqu’à ce que sa mère lui dise que son père était alcoolique et depuis, il touche plus à une seule goutte d’alcool. Radical.
ANECDOTE 15 ★ (well, not that clean) Par contre il fume un joint de temps en temps, il dit que ça l’aide à faire venir l’inspiration ; on suspecte que ça lui permet de fermer les yeux plus de trois heures par nuit à l’occasion parce qu’il dort pas beaucoup sinon. Troubled much ?
ANECDOTE 16 ★ (nocturnal animal) Malgré la fatigue qui découle de ses petits problèmes de sommeil, il s’est rendu compte qu’il savait fonctionner relativement correctement avec quatre heures de sommeil dans le nez. Brave soldat ! Du coup, il s’est acheté un petit sérum contour de l’œil pour cacher ses grosses cernes. C’est le seul truc un peu esthétique qu’il s’autorise.
ANECDOTE 17 ★ (bad lover, amazing friend) Il est persuadé qu’il est maudit en amour, indigne de confiance et pas capable de rendre heureuse une femme… Par contre, il se révèle être un ami en or, là pour qui le demande, disponible pour qui le réclame, à condition de le verbaliser bien sûr. Il croit que c’est la pression de la relation amoureuse qui fait tout capoter à chaque fois. Il a tout testé, selon lui.
No strings attached, relation sans étiquette, toujours la même issue fatale : drama lié au manque de clarté, désir unilatéral de stabilité (laquelle il ne peut offrir) ou routine inévitable… En amitié, tout est clair, il est aussi solide que du béton armé. C’est pour ça qu’il finit toujours par proposer aux femmes qu’il aime vraiment d’en rester à ce stade, ou de rétrograder même, ce qui vaut son lot de rancœur et d’incompréhension.
ANECDOTE 18 ★ (momma’s boy) Il est un gros bosseur, oui, mais c’est surtout parce qu’il a toujours eu peur qu’ils manquent de quelque chose sa mère et lui. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il s’est mis à dealer vers ses 14 ans. Pour la guitare mais aussi et surtout pour alléger sa mère. Faire quelques courses pour qu’elle puisse économiser et sortir avec ses copines, être rapidement indépendant pour qu’elle puisse vivre son autre vie de femme plutôt qu’être cantonnée à son rôle de mère.
ANECDOTE 19 ★ (still a kidult) Il a du mal à croire qu’il va bientôt avoir 40 ans. Déjà à l’approche de la trentaine il peinait à s’y faire, se sentant toujours adolescent dans l’âme. Là, sans emploi fixe, pas de carrière, pas de famille à proprement parler, c’est tout un imaginaire qui ne correspond pas à l’âge qu’il atteindra dans trois ans. Alors ouais, il a ce petit côté nonchalant et immature qui est aussi agaçant que ça fait son charme, enfin, c’est ce qu’il se dit pour se rassurer.
ANECDOTE 20 ★ (is it really greener on the other side?) Il était presque sûr cette fois-ci que c’était différent. Elle était spécialement patiente, fun et avenante. Libre. Mais une fois de plus, c’était sans compter la
malédiction. Du jour au lendemain, elle est partie. Il aurait dû se méfier, c’est vrai qu’ils étaient particulièrement proches avec son meilleur ami. Eh oui, si proches qu’il a reçu
l’invitation à leur mariage quelques mois après la rupture. En plus de cela, la boutique de disque ne verra pas le jour dans son quartier de cœur à Brixton, la faute de cette foutue banque qui ne lui a pas accordé son prêt. Coup de grâce, il faut qu’il change d’air. Ça tombe bien que Griffin lui ait envoyé un message pour prendre des news, il lui en a pas fallu plus pour faire les démarches pour un visa de travail et hop : good morning America !