— f tobby and f you alejandro —
@Elizabeth Brennan

Installé à son bureau, Alejandro a les sourcils froncés, le regard concentré sur l’écran de son ordinateur. Le stylo qu’il tient entre ses doigts est suspendu dans le vide. Dans la pièce, seul le bruit de la pluie et du vent contre la fenêtre se fait entendre. Il a beau avoir cessé de travailler à temps plein, l’homme ne peut s’empêcher de garder un œil sur ses affaires. Il profite que ses gosses soient occupés pour vérifier quelques données, envoyer quelques mails, émettre quelques avis. Rien de bien important, mais ça lui donne l’impression d’être encore un peu au travail. Pas que ça lui manque, mais bon, pas facile de passer de tout à rien ! D’être toujours au travail et, du jour au lendemain, d’être toujours à la maison.

Son nez décolle de l’écran, il commence à avoir mal à la tête. Il n’a plus l’habitude de rester des heures sur l’ordinateur. Comment faisait-il, avant ? Comment font ses gosses ? Son regard se perd vers la fenêtre. La pluie ruisselle contre celle-ci. Le temps est franchement dégueulasse ! Il souffle. Il va se faire allumer, c’est sûr ! Si Elizabeth ne lui dit rien, ne lui fait aucune remarque, c’est sûr, il va falloir qu’il mise sur un cheval ! Haha ! Il avoue, il a pas été cool sur ce coup-là, Al’. Est-ce qu’il s’en veut ? Peut-être un peu… Mais bon, il assume. Il a demandé à la rouquine d’accompagner Diego aux poneys, parce qu’il n’aime PAS les poneys. Il ne souhaite pas priver son neveu de cette activité, si c’est ce qu’il veut faire, parce qu’il a une trouille des canassons. Non ! Souvent, il trouve quelqu’un d’autre pour l’accompagner, une ou deux fois, il prend sur lui. Il ne s’approche pas trop et puis voilà. Aujourd’hui, c’est tombé sur Elizabeth qui a accepté un extra.

Dans la cuisine pour se préparer un café, Alejandro entend la porte d’entrée s’ouvrir et aperçoit le petit garçon, un sourire radieux sur les lèvres, lui montrer tout fier un autocollant. « C’était bien ? » Le môme est trempé jusqu’aux os, mais il a l’air de n’en avoir rien à faire tellement il a passé un bon moment. En revanche, quand il relève les yeux, le tableau n’est pas le même. Enfin, si. Elizabeth est trempée. Il a envie de rire, Al’. Il ne l’a jamais vu dans un état pareil. Mais, rien qu’en voyant sa tête, il retient le moindre sourire. Elle, elle a pas passé un bon moment… Diego disparut, la rousse laisse sa fureur déferler, dans un murmure encore plus inquiétant que si elle criait. Il s’approche pas, Al’, trop peur qu’elle ne lui saute dessus. Le plus sérieusement et le plus calmement du monde, il lui répond : « Tu ne m’as demandé de précision à ce sujet… » Alejandro avait été le plus vague possible sur cet extra. Il voulait qu’elle accepte, parce qu’il ne voulait pas y aller. S’il lui avait dit que ça durait plus de trois heures, elle n’aurait jamais accepté. « Et tu seras payé trois heures et demi. » Sur ce point, Alejandro est réglo. Il aurait même tendance à la payer un peu plus, juste pour qu’elle continue d’accepter à accompagner Diego au poney… Il est vrai que la jeune femme empeste. En plus de lui éviter une activité déplaisante pour lui, Alejandro a la satisfaction de voir Elizabeth dans un état pitoyable. La princesse qui descend de quelques étages.

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@Elizabeth Brennan

Trop bien ! Un sourire attendri se dessine sur les lèvres d’Alejandro. Le gosse semble ravi de son activité poney, même si c’était sous la pluie et dans le vent. Il est trempé et sent le canasson à des kilomètres, tout comme Elizabeth, mais Diego s’en fiche. Royalement ! « Cool ! » Al’ frotte la tête de son neveu tandis qu’il se rend dans la cuisine pour un goûter (avant une bonne douche !). Il se retrouve donc nez à nez avec Brennan. Enfin, ce qu’il reste de Mademoiselle. Trempée jusqu’aux os, puant comme si elle s’était roulée dans le purin mais surtout, le regard qui lance des éclairs. Pointé sur Alejandro. Le sourire offert à Diego disparaît rapidement. Il a pas très envie de se faire foudroyer sur place, même s’il mérite peut-être un peu. En effet, il a fait un peu exprès de ne pas lui donner de précisions. Mais comme il a dit, elle a pas demandé non plus. Il pince les lèvres. Que lui répondre ? Il n’allait tout de même pas accepter la faute ? Il se contente de la regarder, haussant les épaules. Ruinées. Il a envie de lui répliquer de ne pas exagérer non plus. Un passage dans la machine à laver, et c’était bon, non ? Mais il garde sa réflexion pour lui. Pas la peine de jeter de l’huile sur le feu.

Il tente de la rassurer. Il va la payer. Il se note même de se montrer un peu plus généreux. Grand prince comme elle dit. Pour la calmer, déjà, mais peut-être aussi pour essayer de lui refourguer de nouveau l’activité poney. Pas tout de suite. Il attendra le moment idéal. Quand elle aura oublié un peu les détails de cette journée, et quand elle aura besoin d’argent. Pas très fair-play, mais tant pis. Il la regarde passer à côté de lui. On peut la suivre à la trace. Du ménage sera à faire… pense-t-il. Il est un peu planté là, n’osant pratiquement pas bouger mais quand elle lui demande de lui faire couler un bain, alors là, non. Il la suit jusque dans la cuisine, où Diego attend gentiment son goûter. « Eh ! J’suis pas ta bonne, hein !  » Hors de question qu’il obéisse à ses ordres. C’est qui l’patron, ici ? « Tu schlingues » Du coin de l'œil, il voit le petit garçon rire et répéter les paroles de son oncle. Il aime bien ce mot - schlingue. « TU vas te faire couler un bain et… faire ce que t’as à faire, et JE m’occupe de Diego. » Si elle reste là, elle va empester toute la baraque. En tout cas, hors de question qu’il aille faire ce qu’elle demande. Bon, il aurait sûrement dû la congédier, lui dire de rentrer chez elle pour aller se décrotter, mais il a pas réfléchi avant de parler. Et puis, elle veut des vêtements secs ? « Attends, tu veux que je te prête mes fringues en plus ? »

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Un instant, Alejandro se demande si Elizabeth se rend bien compte à qui elle parle. Pas qu’il se sente supérieur à elle, ou quoique ce soit dans ce genre-là, mais il reste tout de même son patron. Il se rend compte de l’aisance qu’elle a pris dans cette maison. Il a presque l’impression qu’elle est chez elle. « Ne pousse pas trop loin, Elizabeth. » Il la prévient. Il veut bien être gentil, mais il y a des limites. Même s’il a sa - petite - part de responsabilité dans cette histoire, il n’est pas responsable de la météo. Et si c’était trop pour elle, elle n’avait qu’à refuser. En attendant, Mademoiselle est toujours dans la cuisine, à empester. Diego, lui aussi, schlingue, mais ça n’a pas l’air de le déranger plus que ça. Il préfère rire et se moquer de sa baby-sitter en attendant son goûter. Brennan a beau être insupportable avec Alejandro, elle sait y faire avec Diego, tout comme avec Margaret. C’est bien pour ça qu’elle est encore là…

Le coup est bas, mais surtout il est raté. Insinuer qu’Alejandro ne met jamais les pieds dans la cuisine, c’est mal connaître l’homme, lui qui adore cuisiner ! C’est bien la seule pièce commune où il a pu donner son avis sur l’aménagement et la décoration ! Il n’a pas l’intention de répondre à la rousse, la laissant plutôt continuer ce qu’elle fait. Elle ne semble pas disposée à débarrasser le plancher tout de suite alors qu’elle prépare le goûter de l’enfant. Elle liste les vêtements dont elle va avoir besoin, jetant un coup d’œil à son patron, et plus précisément à son ventre. Il suit son regard, tâtant son petit bidon. Gros, il ne l’est pas, Alejandro, mais disons qu’il commence à prendre de l’âge et que, forcément, il est de moins en moins facile de garder la ligne. Son regard se tourne vers Diego qui observe, lui aussi son oncle. Pas sûr qu’il comprenne la teneur exacte des propos de la jeune femme, mais il continue d’arborer un petit sourire, comme si tout cela l’amusait. Al’ ne peut s’empêcher de taquiner son neveu, venant le chatouiller une seconde. L’enfant émet un petit cri avant de rire, masquant la remarque acerbe de la rousse. Il reprend son sérieux pour s’adresser de nouveau à Elizabeth. « Ce sera tout ? » Il espère qu’elle ne pousse pas le bouchon plus loin. Il est déjà prêt à la renvoyer chez elle. Embêtant une dernière fois le petit garçon, Alejandro quitte la cuisine pour se diriger vers sa chambre. Il se demande si des vêtements de Margaret ne serait pas mieux, ou si sa fille n’avait pas laissé traîner quelques fringues dans la maison, mais au fond, le plus simple, c’est de donner à Beth ce qu’elle demande, au risque de la contrarier encore plus. Il n’aime pas trop l’idée qu’il ne veut pas la fâcher encore plus. Il a l’impression de faire en sorte de lui faire plaisir. Et cette fois, il a surtout l’impression d’être à ses ordres. Mais en même temps, il n’allait pas la laisser dans cet état… Devant son placard, il lui trouve un t-shirt, un jogging (qui se serre à la taille, comme demandé) et une veste. Il se demande même s’il les a déjà mis un jour… Il pousse un peu plus en lui sortant une paire de chaussettes. Il n’a plus qu’à déposer ça dans la salle de bains. En revanche, elle se débrouille pour faire couler son bain. Elle doit savoir le faire, la petite princesse cracra.

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À croire qu’elle cherche toujours à avoir le dernier mot, Brennan. Elle ajoute à sa liste d'exigences, un chocolat chaud. Elle a le bon ton de flatter Alejandro, mais il n’est pas dupe. Il la toise, un instant, sans un mot. Il hésite un instant à la rembarrer, encore une fois. Mais à la voir dans l’état dans lequel elle se trouve, il a un peu pitié d’elle, Al’. Il est vrai qu’après une après-midi pluvieuse, un chocolat chaud fait le plus grand bien. Et on ne parle pas de poudre cacaotée qu’on trouve dans les supermarchés. Non, Álvarez fait fondre du bon chocolat noir avec de la crème et il y rajoute des épices, comme de la cannelle, du poivre ou encore du piment. De quoi rebooster le moral ! Bien sûr, Diego en réclame aussi un, de quoi pousser l’homme à en préparer, après qu’il ait trouvé des fringues propres pour Mademoiselle. Il laisse alors le môme avec sa baby-sitter, avec qui il engage une conversation autour de la couleur préférée de Tobby, le poney. Pourquoi a-t-il fallu que son neveu se prenne de passion pour les canassons ? Il préfère fuir cette conversation et laisser le bon soin à Elizabeth de jouer aux devinettes.

Dans sa chambre, Alejandro observe son dressing, en quête de vêtements propres pour la princesse cracra. S’il ne la porte pas dans son cœur, il n’allait pas la laisser déambuler trempée dans sa maison. Il n’est pas méchant, Al’, et puis, Elizabeth est encore là pour s’occuper de Diego. Elle aurait très bien pu déposer le gamin et rentrer chez elle fissa. De plus, il ne veut pas trop la contrarier, la rouquine. Il pourrait avoir encore besoin d’elle. D’ailleurs, il se dit qu’il pourrait gonfler un peu le salaire pour cette sortie poney… Alors qu’il se dirige vers la salle de bains, les deux complices arrivent à l’étage. Elizabeth a-t-elle trouvé la réponse ? Pas le temps de demander que la jeune femme le remercie. A-t-il mal entendu ? Il l’observe du coin de l’œil, bouche bée. Elle semble sérieuse. Il hoche simplement la tête, leur laissant la place. « Je vais préparer les chocolats chauds. » Il glisse ça d’un ton encore un peu amer, avant de refermer la porte de la salle de bains. Il a l’impression d’être quand même un peu au service de Brennan… en même temps, il ne dit pas non, non plus, à un chocolat chaud !

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Alejandro est concentré. Il prépare consciencieusement sur le plan de travail chaque ingrédient dont il aura besoin pour sa recette. Du chocolat, de la crème, du lait, des épices. Il a bien l’intention d’adoucir encore plus Brennan avec son breuvage. Il est encore un peu sous le choc de ses remerciements, de son petit sourire en coin. Il a pas l’habitude, Álvarez ! La plupart du temps, il prend sur lui quand la rousse est dans les parages. Mais sa mère l’apprécie. Il constate qu’elle est plus souriante, plus joviale, comme si elle retrouvait une seconde jeunesse. Il n’ose pourtant pas imaginer ce que les deux femmes se racontent. Non, il ne veut pas savoir ! Et puis, il y a Diego. Le petit garçon partage de bons moments avec sa baby-sitter. Et même si parfois, elle va un peu trop loin - il n’a pas oublié cette bagarre dans le parc - elle semble tout de même avoir un impact positif sur le petit garçon. Impossible donc pour lui de se débarrasser de Brennan… Alors, autant profiter qu’elle soit là !

Il mélange le chocolat qui fond petit à petit, tandis qu’à l’étage, Diego semble s’amuser comme un petit fou. Mais personne dans la maisonnée ne lui dira rien. Enfant choyé, que ce soit son oncle, sa grand-mère ou ses cousins, tous sont aux petits soins pour le gamin de cinq ans. Et ce dernier n’est pas ingrat. Pour preuve, il se rue dans les jambes de son oncle, si heureux d’avoir bientôt un bon chocolat chaud à boire. Il se tourne légèrement, pose une main tendre sur la tête de l’enfant et jette un oeil à la jeune femme. Est-ce que c’est sa tenue, bien loin de son standing habituel, ou bien ce sourire encore plus large que tout à l’heure sur ses lèvres, ou cette voix douce, mais Alejandro est carrément déstabilisé. « Euh… » Il se reprend rapidement. « Tu peux sortir trois mugs ? S’il te plaît ? » Il tente de prendre une voix douce, lui aussi. Pour une fois qu’elle propose aussi gentiment son service… Il s’attend d’une seconde à l’autre à l’entendre souffler, râler ou l’envoyer bouler. Mais peut-être qu’elle se montre aussi gentille pour une bonne raison. Ne plus emmener Diego à ses entraînements de poney. « Euh… » Comment lui demander ? « Tu veux plus venir avec moi voir Tobby ? » Vas-y Diego, appuie sur la corde sensible. Si tant est qu’elle en est une… Al’ observe un instant Brennan. Il se demandait si lui dire la vérité ne serait pas la meilleure option, pour qu’elle accepte de continuer cette mission, mais il ne veut pas non plus lui avouer sa peur des chevaux. Elle serait bien capable de se foutre de sa gueule… « Les jours où il fait beau ? » demande-t-il, presque suppliant, tout en versant le chocolat dans les mugs.