QUARTIER : Waterfall Avenue, Bâtiment #1, dans un petit appartement (#2) pratiquement vide...
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Sujet: All too well (Griffin) Dim 31 Mar - 17:09
All too well
And I forget about you long enough to forget why I needed toIl ne voit d’abord la pancarte qu’en passant. Il fait nuit, il est presque une heure du matin et à ses côtés, un grand brun au sourire d’ange lui raconte une histoire pas vraiment passionnante au sujet de son dernier exploit sportif. C’est un basketteur. Jim, ou peut-être Finn. Aucune importance. Gabriel ne l’a pas choisi parce qu’ils ont des tas de choses en commun et certainement pas pour ses exploits sportifs. Il ne portait un maillot de basket sur aucune des photos de son profil Grindr. Aucun vêtement dont le chef cuisinier parvient à se souvenir six heures plus tard, mais il a un appartement dans le centre de Burlington et il était prêt à attendre Gabriel jusqu’à la fin de son service au milieu de la nuit. Et même à le retrouver près d’un parking public et à l'escorter à pied jusqu’à chez lui. Un vrai gentleman, comparé aux types que Gabe peut parfois trouver sur ce genre d’appli. Il va bien. Tout va bien. Il adore son job et son nouveau patron, il a des amis et chaque fois qu’il veut un peu plus qu’une épaule amicale, il trouve satisfaction sans avoir à faire trop d’efforts. C’est devenu une habitude, presque une addiction. Et ça fonctionne, c’est le plus important. Il ne se rend même pas compte que la route qu’ils prennent pour rejoindre l’appartement de Jim lui est vaguement familière. Il ne pense à rien, à rien du tout et ne regarde pas où il va, ses yeux fixés sur le sol sous ses pieds, tandis qu’il se fait violence pour essayer de suivre cette partie de basket que lui raconte son compagnon. Il sait qu’il doit rire à un moment en particulier, alors il relève les yeux sur Finn et il le fait. Ou plutôt, il essaye. Le son se coince dans sa gorge, au même moment que ses yeux se posent sur la devanture familière du bar. Et la pancarte qui n’a l’air de rien. Un rectangle blanc qui lui brûle la rétine. A vendre. Depuis quand est-elle là ?
Tout le reste de la nuit, Gabriel ne pense plus qu’à ça. La pancarte. Les deux petits mots imprimés dessus. Il s’échappe de l’appartement de Flint moins d’une dizaine de minutes après y avoir mis les pieds, sans même trouver de prétexte convenable à donner pour s’expliquer. Chez lui, il préfère essayer de dormir sur le canapé, plutôt que de s’allonger seul dans son lit, tout à coup hanté. Au lieu de dormir, il pense à la pancarte. Et à tout le reste. Le lever de soleil sur les montagnes, les confidences cachées dans des jeux d’enfants, les plats préparés à deux, les étreintes partagées partout, n’importe où. Des yeux bleus qui vous transpercent, des rires qui viennent couvrir les vérités qu’on ne veut pas dire. Les accords de la guitare et les paroles de Radiohead. Et le silence, soudain, brutal, interminable. Du mail d’excuse qu’il a reçu par la suite, et supprimé aussitôt après l’avoir lu, Gabriel ne se souvient de presque rien aujourd’hui. Il sait seulement cela : ça fera bientôt un an que Joey a quitté le pays, et la seule chose qui le rattachait encore à cette ville où Gabe fait semblant de ne plus l’attendre, ce bar qui lui tenait tellement à cœur, est à vendre. Cette fois, c’est terminé. Vraiment terminé. Et aussi simplement que ça, cette affreuse douleur dans sa poitrine revient au galop, en même temps qu’il réalise qu’elle n’avait jamais vraiment disparu.
Une part de lui voudrait l’éviter à tout prix, mais ses yeux se posent à nouveau sur la pancarte dès le lendemain. Pour la première fois depuis qu’il a été officiellement engagé au Valhalla, Gabriel a demandé un jour de congé. Tout ça pour ça. Le HQ. La porte est difficile à pousser et de l’autre côté, la salle se découvre, presque vide. Un client par ici, un autre là. Derrière le bar, un visage que Gabe a vu un millier de fois sur l’écran de son téléphone portable. L’observer pour la première fois dans le monde réel le fige un instant sur place, juste assez long pour le faire certainement passer pour un ahuri. “Salut.” dit-il aussitôt qu’il retrouve l’usage de la parole. “Griffin, c’est ça ?” Le mystérieux Griffin, resté en arrière lui aussi. De nouveau, le chef se trouve plongé dans le silence alors qu’il regarde cet homme dont il ne sait finalement pas grand-chose. Il a pourtant demandé. “Désolé.” dit-il, secouant la tête, quand il réalise qu’il n’a rien dit depuis encore un peu trop longtemps. “Je suis Gabe. Gabriel.” Il comprend qu’il perd son temps en même temps qu’il prononce ces quelques mots. Griffin ne sait pas. Au fond, ça ne le surprend pas tellement. Ça fait quand même un mal de chien. “Joey et moi, on…” Il ne sait même pas ce qu’il peut bien dire de ce que Joey et lui étaient, faisaient, alors il ne dit rien du tout, hausse les épaules, passe une main dans ses cheveux désordonnés. Et essaye autre chose. “Le bar est à vendre.” Est-ce une question, une constatation ? Même lui ne le sait pas trop. Il ne sait pas non plus ce que ça peut bien lui faire. Ce n’est pas comme s’il espérait réellement que Joey finirait par revenir. “Est-ce que je peux avoir une bière ?” Comme si tout le poids du monde reposait soudainement sur ses épaules, il se laisse tomber sur l’un des tabourets près du bar. Ses yeux verts continuent de suivre le moindre mouvement de Griffin. Il sait bien que tout ça a l’air étrange, mais n’a aucune idée de comment dire tout ce qui lui pèse sur le cœur, ni même en quoi cet homme pourrait avoir envie de l’écouter.
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Sujet: Re: All too well (Griffin) Mar 14 Mai - 18:12
« Red hot Chili Peppers ? Ah merde, ils ne sont que quatre… » « Attends, y’a plus que deux essais… » En m’approchant du bar, je levais les yeux sur les deux employés, follement concentrés à résoudre le challenge Spotle du jour. « Bon Jovi ? » « Ok,... j’essaie. » La grimace des deux hommes en disaient long sur le succès de leur tentative. « Nope… Ils sont 216e. » « Qu’est-ce vous vous avez jusque-là ? » Me décidais-je à leur demander. Le jeu avait pris d’assaut l’équipe du HQ, ces dernières semaines, si bien que nous n’entendions pas parler d’autre chose avant d’avoir identifié l’artiste du jour. « Premier album dans les années 80. Rock. Américains. 5 membres dans le groupe. Top 150 environ… » « Genesis ? » Je secouais la tête à la négative. « Ils sont anglais. » « Aerosmith ? » « Non, Aerosmith est sorti en 1973. Essaie Gun N’ Roses. » Un cri de victoire. Mon sourire se transformait en roulement de yeux – amusé, néanmoins – face à l’euphorie de mes collègues. « T’es encore le mvp du jour, Griff… » « Quand c’est pas la pop actuelle, je me débrouille. » « Encore que… C’est qui, qui a trouvé Ariana Grande l’autre jour ? » « Je ne suis pas complètement déconnecté non plus… » Quelques railleries plus tard, je les laissais s’en retourner à leurs occupations. À cette heure de l’après-midi, le bar était généralement peu fréquenté, si ce n’était de quelques habitués que j’avais déjà salués par habitude. Il n’y avait bien que moi pour m’échouer à mon autre boulot lorsque j’étais en congé du premier. Moi et cette étrange sensation de nostalgie qui me poussait ironiquement à passer de plus en plus de temps entre ces mûrs ces derniers temps. À la recherche, peut-être bien, d’un signe pour me conforter dans mes récents choix de vie. Choisir, c’est renoncer – je ne m’étais jamais senti aussi vieux et usé qu’en réalisant véritablement le sens profond de ce dicton.
Difficile de dire si cela en était un – un signe. Toujours était-il qu’un inconnu m’interpelait et que je relevais d’abord les yeux sur lui avec une expression hésitante. J’avais bonne mémoire des visages, à défaut de toujours l’avoir des noms. « C’est ça, oui. » Le premier réflexe était de lui prêter des intentions intéressées, ne serait-ce qu’en conséquence de la pancarte qui donnait à savoir à tous ceux qui décidaient de pousser la porte qu’il y avait potentiellement quelque chose à gagner ici. « Enchanté, Gabe, Gabriel. » Un sourire, mais la sensation était désagréable; l’impression de me braquer un peu à l’idée de tous les projets possiblement en effervescence dans l’esprit de cet homme à l’endroit de mon bar. Oh. Un ami de Joey, ou quelque chose d’autre à en croire l’embarras qui était tout d’un coup en évidence sur le visage de mon interlocuteur. Le raccourci qu’il opérait était étrange, lui aussi, étrange et surtout déstabilisant. Je n’avais eu de cesse de répéter à qui voulait bien l’entendre qu’il s’agissait d’abord et avant tout d’un choix professionnel. Ma carrière à la direction générale de la radio m’offrait tout ce dont je pouvais rêver: salaire enviable, stabilité, liberté. « Oui, il l’est. » Renoncer à mon rêve de toujours pour me concentrer sur une autre carrière était-il vraiment, uniquement, un choix de tête ? Tant que je ne formulais pas le contraire tout haut, je pouvais prétendre y croire. « C’est… compliqué. » Voilà bien ce que mon agent immobilier me déconseillerait vivement de répondre à tout potentiel acheteur…! Quelque chose me disait que c’était compliqué pour lui aussi. Le jeune homme demandait une bière, que je lui servais l’instant suivant. Deux verres, à vrai dire. Sans lui demander la permission, je m’attardais à ses côtés, de l’autre côté du comptoir. « Vous vous êtes rencontrés comment ? » J’ignorais si cela m’agaçait. Ne pas savoir. Joey avait toujours eu une part de sa vie qu’il gardait pour lui, ses voyages, ses errances. Si bien qu’il m’était à peu près certain que je n’avais pas déjà vu ces yeux verts, ici. Lesquels brûlaient d’une curiosité attisant la mienne. « J’ai racheté ses parts dans le bar il y a quelque temps, ce n’est pas sa décision. » De vendre. Quoi que ce cela n’avait pas vraiment d’importance, puisqu’il était parti. Joey s’était assuré, en partant, de me laisser tout ce dont j’avais besoin pour faire tout ce qu’il pourrait me plaire de faire de notre rêve. Mon rêve. Et je m’apprêtais à y renoncer.
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Gabriel Montero
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Sujet: Re: All too well (Griffin) Mer 29 Mai - 10:30
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And I forget about you long enough to forget why I needed toGabriel n’a jamais su manier les mots. Il n’a jamais su y faire avec les gens, en général. Il pensait s’en sortir un peu mieux, dernièrement, mais il sait que ce ne sera pas le cas aujourd’hui dès que son regard se pose sur Griffin. Le meilleur ami. Deux mots qui semblent bien faibles, à la lumière de tout ce qu’il devine, mais dont Joey ne lui a jamais vraiment parlé. Un instant, Gabe a l’arrogance - l’espoir - de croire que la réciproque n’est pas vraie. Que Joey a parlé de lui à Griffin. Parce que c’est son meilleur ami. Parce qu’une part de lui, pas très louable, a eu envie de tout dire à Miles quand il est enfin revenu l’an dernier. Lui dire qu’il était tombé amoureux de quelqu’un d’autre, qu’il était heureux, qu’il n’avait plus besoin de lui. Il espère que Joey ait eu envie de faire la même chose, pas tellement pour blesser Griffin, mais simplement pour prouver que tout ça n’était pas rien. Qu’il a compté un peu, juste un peu, dans la vie du photographe. Il voit bien dans les yeux de Griffin qu’il ne le reconnaît pas. Ni en voyant son visage, ni en entendant son nom. Il sourit poliment, il tente d’être sympa, mais il n’a aucune idée de qui est Gabriel. Ça ne devrait pas lui faire mal à ce point, pas vrai ? Il sait que Joey ne l’a jamais aimé comme lui l’aimait. Il le sait rien qu’à la façon dont ce dernier a quitté le pays sans prendre la peine de le prévenir avant, sans prendre la peine de rompre avec lui. Seulement, il y avait toujours un espoir que Joey revienne. Un meilleur ami resté sur place, un bar, un oncle aussi lui semble-t-il ? Une possibilité, qu’un jour…
Plus maintenant. C’est… “Compliqué… Oui.” Il pose ses deux coudes sur le comptoir, n’ayant plus tellement la force de supporter le poids de son propre corps. Et quand la bière apparaît sous ses yeux, il s’en empare et avale une longue gorgée. Ça ne l’aide pas vraiment. Il ne se sent pas mieux et il ne sait toujours pas tout à fait ce qu’il fait là, ce qu’il espère tirer de cette confrontation. Il ne dit même rien, ses yeux posés sur le bois devant lui évitant soigneusement l’homme qu’il voudrait rendre responsable de tous ses malheurs. Jusqu’à ce qu’une question ne tombe, l’obligeant à regarder le visage de son interlocuteur. Il ne trouve pas les mots tout de suite, alors Griffin a tout le temps de s’expliquer un peu plus sur la vente de leur bar. Encore une chose que Gabe ignorait. “Je vois.” dit-il en hochant la tête doucement. Il suppose que Griffin, lui, a été mis au courant de ce départ précipité. Difficile de disparaître sans un mot quand on est propriétaire d’un business ensemble, pas vrai ? “Une soirée sur la plage.” Les mots lui échappent après un bref silence et paraissent venus de nulle part. “A Miami. Il y a peut-être cinq ou six ans. C’est comme ça qu’on s’est rencontrés.” Cette fois, il se force à ne pas détourner le regard. Son visage tendu dit certainement tout ce qu’il n’ose pas préciser à voix haute. Cette nuit à laquelle il n’avait même plus pensé avant de retrouver Joey par hasard. Ce moment d’abandon qui n’aurait jamais dû se reproduire. Il baisse encore les yeux, avale une nouvelle gorgée d’alcool.
“Il t’a prévenu, avant de partir ?” Encore une question dont il connaît déjà la réponse. Encore un moyen de se faire du mal pour rien. C’est plus fort que lui, il ne peut pas l’éviter. Il sait que ça ne rime à rien, tout ça, qu’il doit se remettre et passer à autre chose, mais il n’a de cesse de chasser ces petites blessures. Au moins quand il a mal, il ressent quelque chose. “J’ai reçu un mail, quelques jours après son installation là-bas. C’est tout, juste un mail.” Encore un peu de bière, encore un silence. “Désolé. Je suis pas là pour qu’on compte les points, c’est juste…” Quoi ? Oh, comme il aimerait le savoir. Ce qu’il cherche, ce qu’il espère. Il regarde Griffin et tout à coup, il sait. Il voulait une vraie fin. Il veut terminer ce chapitre et en commencer un nouveau. Sauf que Joey ne lui a pas donné cette chance. Il n’y a plus que Griffin. “Je sais qu’il va bien, mais c’est un peu comme s’il était mort, tu comprends ?” Parce qu’il a disparu sans dire un mot, disparu du jour au lendemain, sans qu’on ne s’y attende. Sans que Gabriel ne s’y attende, en tout cas. “Il s’est passé quelque chose, entre vous ?” Joey n’est plus là, alors cette conversation dont le chef a tellement besoin, il ne peut l’avoir qu’avec Griffin. Et peut-être que l’autre homme en a besoin, aussi ? Mais qu’est-ce qu’il en sait ? Il n’a jamais rien su de tout ça et ça ne le regarde même pas. “Désolé, désolé… T’as sûrement pas besoin de ça, je devrais y aller.” Il arrive à se lever, mais pas à bouger davantage. Parti, c’est… ça ne change rien à son problème. C’est trop dur.
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Sujet: Re: All too well (Griffin) Lun 9 Sep - 19:06
Les sentiments le plus contradictoires pouvaient cohabiter – il suffisait d’avoir un jour aimé, et d’avoir un jour eu le cœur brisé, pour le savoir. Et d’ailleurs, toutes les peines de cœur ne naissaient pas sur la prémisse d’une relation amoureuse. Perdre un ami comme l’avait été Joey toutes ces années, ç’avait été perdre une partie de moi-même. Du jour au lendemain, me voir contraint de chercher de nouveaux repères et de réapprendre tous les gestes les plus ordinaires. Celui qui avait un jour dit qu’il ne fallait pas mélanger plaisir et travail, avait oublié de prévenir que l’on pouvait tomber d’aussi haut en se lançant en affaires avec un ami. Un ami… De ceux dont l’évocation d’un “c’est compliqué” tombait sous le sens, malgré tout. Lorsque mon interlocuteur acquiesçait, j’éprouvais à son égard une sorte de compassion, doublée d’un léger picotement d’agacement. Si compliquée ait pu être cette histoire, j’en devinais d’avance les contours. Mon esprit avait déjà fait le chemin d’imaginer cette zone d’ombre de la vie de mon meilleur ami, et bien sûr, je n’avais jamais été assez stupide pour croire qu’il ne vivait qu’entre les mûrs de notre ancien appartement ou ceux du HQ. Des soirées sur la plage, il y en avait probablement eu des dizaines… Sauf que ce Gabriel était le seul, jusqu’à aujourd’hui, à s’être déplacé jusqu’à moi. Et pour quelle raison, exactement ? « Je vois ce que tu veux dire. » Soufflais-je alors, derrière un sourire qui ne parvenait pas complètement à l’effacer, cet agacement. Rencontrés, comme dans un peu plus que seulement rencontrés. Ce n’était en rien de sa faute à lui, ça avait tout à voir avec ces émotions avec lesquelles je n’avais jamais vraiment su composer et qui, malgré cela, ne se laissaient pas si aisément chasser.
La véritable raison de la présence de l’autre homme se matérialisait tout à coup sous la forme d’une question, qui me faisait relever les yeux vers lui. À l’opposé, Gabriel, Gabe, avait le regard fuyant jusqu’au fond de son verre, qui à ce rythme, se retrouverait vide un peu trop rapidement. « On peut dire ça, oui. » Même si Joey avait toujours été imprévisible, certaines obligations l’y avaient tenu. Ce bar, en tout premier lieu. La « rupture » avait été bien loin de me laisser une sensation de page proprement tournée. L’amertume que je percevais derrière ce « mail » ressemblait étrangement à celle que j’éprouvais encore, à l’occasion, à l’égard de ceux qui continuaient d’avoir des nouvelles régulièrement. Aspen, Ian,... La familiarité m’adoucissait par effet de ricochet. « Je suppose… Que ce n’était pas facile de te le dire. » Me surprenais-je à prendre la défense de mon (ex) meilleur ami ? « C’est lâche. Et certainement blessant. Je comprends. » Les mots étaient plus durs que ce que j’aurais dû me permettre. Il était toujours plus facile d’occulter la perspective de l’autre et de se concentrer sur celle qui légitimait notre propre déception. « Je l’ai su avant son départ, et c’était pas un mail… Mais c’était probablement un des pires moments de ma vie. » À quelques pas de l’endroit où nous nous tenions, dans ce bureau constamment en désordre qui avait été le nôtre, notre tour de contrôle d’un rêve partagé. Avec la sensation de faire du business de ce qui restait de notre amitié. Dissolution of partnership. Répartition des actifs. Signez ici. Bien sûr, que je comprenais. L’autre homme utilisait les mots qui avaient souvent été les miens – comme s’il était mort. « Qu’est-ce que tu souhaites savoir ? » Je réalisais au moment de lui poser cette question que je ne comptais pas offrir de résistance. Les occasions d’en parler, d’en parler vraiment, se faisaient trop rares. Tant pis s’il fallait se faire du mal, et accessoirement lui en faire aussi, en m’avançant dans cette voie. « Non, ça va… T’en fais pas. » L’embarras était toujours là, mais plus pressante désormais, l’envie de lui faire comprendre qu’il pouvait poser n’importe quelle question. « Non, il ne s’est rien passé entre nous… Et j’imagine que c’était ça, le problème… Enfin, je ne prétends pas que c’est seulement pour ça qu’il est parti. » Encore à ce jour, je n’étais pas certain de détenir cette réponse, le pourquoi. Des choses à régler, il semblait que Joey en avait toujours eues. Mais elles ne l’avaient pas empêché de s’épanouir de ce côté de l’océan avant longtemps. « Ce n’est pas parce que je ne… Ce n’est pas parce que je ne l’aimais pas. » Personne, pas même moi, n’avait jamais su défaire les noeuds de ce que ces sentiments trop compliqués avaient vraiment représentés.
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Sujet: Re: All too well (Griffin) Lun 7 Oct - 12:28
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And I forget about you long enough to forget why I needed toIl voudrait rire, mais aucun son n’échappe à la barrière fermement close de ses lèvres. Plus que de la lâcheté, il sait depuis un moment qu’il est surtout question de désintérêt. Ou bien est-ce seulement ce que Gabriel se raconte pour tenir le coup ? Joey devenu l’épouvantail planté au milieu de son cœur meurtris, pour tenir à l’écart tout espoir d’une nouvelle histoire. D’un nouvel échec, plutôt, d’une nouvelle preuve qu’il ne suffit jamais. L’aveu hésitant de Griffin met un terme abrupt à ce petit moment d’apitoiement. Bien malgré lui, Gabe relève les yeux sur l’autre homme. L’un des pires moments de sa vie… “Je suis désolé.” souffle-t-il, une pointe de honte dans le cœur. Il comprend déjà mieux pourquoi Joey a aimé cet homme et pas lui. C’est un peu plus que le joli sourire et les yeux clairs. C’est la gentillesse dont Griffin fait preuve, même maintenant, quand le pauvre type que son meilleur ami a ghosté vient gratter à sa porte en demandant à être réconforté. L’ouverture qu’il démontre en offrant à Gabriel la possibilité d’obtenir enfin des réponses, quand bien même ce qu’il y a eu entre les deux amis ne le regarde absolument pas. Il fait ça si bien qu’on serait en droit de se demander combien d’amants bafoués il a eu à gérer après le passage de la tornade Joey. Combien de fois a-t-il eu à mettre ses propres sentiments de côté pour gérer ceux d’inconnus ? Gabriel s’en veut de lui faire subir ça aujourd’hui, que ce soit la première fois ou non. Il s’en veut suffisamment pour essayer de l’éviter, faire mine de partir. Mais pas assez pour y renoncer réellement.
La première chose qu’il veut savoir : que s’est-il passé entre eux ? Rien. Cette fois, un rire lui échappe, à peine audible et certainement pas amusé. Pas par manque d’amour, prétend Griffin. “On avait ça en commun, lui et moi.” rétorque Gabriel. “Je me suis retrouvé à vivre ici parce que j’étais amoureux de mon meilleur ami et… tu vois.” Pas besoin de lui raconter cette histoire, bien sûr qu’il la connaît. “Ça aurait pu nous rapprocher, mais c’était tout l’inverse. Il n'a jamais accepté de croire que je pouvais être passé à autre chose. Je me rends compte aujourd’hui que c’est lui qui n’a jamais tourné la page, en réalité.” Un transfert. Classique. En voilà une autre chose dont Gabriel avait désespérément besoin et dont il ne prend conscience que maintenant : la preuve que ça n’a jamais été lui, le problème. Que cette histoire était vouée à l’échec dès le départ, même s’il avait été parfait. La conversation lui paraît toujours un peu déplacée, sa présence ici à demander des comptes à Griffin encore plus, mais ça ne compte plus tellement. Il reprend place sur le tabouret qu’il a fait mine de quitter et il regarde Griffin. Il le regarde vraiment, quitte à plisser les yeux pour s'entraîner à voir au-delà du visage de l’homme qui lui a pris sa chance d’être heureux. “Tu n’es pas vraiment comme je t’imaginais.” Ça n’en a probablement pas l’air, vu le ton éteint sur lequel il dit ça, mais c’est une bonne chose. Le sourire triste qui accompagne cet aveu tente de le montrer un peu. “Pourquoi ?” demande-t-il, un peu plus bas, un peu plus hésitant. “Si tu l’aimais, alors pourquoi ? Vous auriez pu… Tu aurais pu tout avoir.” Au lieu de ça, ils sont trois à souffrir. Alors pourquoi ?