Prénom(s) & noms ★ Kathleen Miller Date & lieu de naissance ★ Santa Monica, le 8 mai 1989 Quartier de résidence ★ Farming Area, dans une petite ferme bien entretenue Âge ★ 35 ans Statut social ★ Confortable, la DeWitt n'est pas réputée pour mal rémunérer ses employés et Kat occupe un poste à responsabilités Situation maritale ★ Célibataire et éprise de liberté Orientation sexuelle ★ Hétérosexuelle Métier ou études ★ Kat a toujours su qu'elle voulait parcourir le monde et l'envie d'être utile l'a poussée à choisir l'humanitaire pour réaliser cette aspiration. Elle a étudié la gestion de projets de solidarité internationale avant d'être embauchée par une ONG et d'intervenir dans plusieurs pays, majoritairement en d'Afrique de l'Est. Rentrée définitivement à Redwood Hills en 2023, elle travaille depuis quelques mois au sein de la fondation DeWitt pour la jeunesse. Avatar choisi ★ Nathale Emmanuel Groupe choisi ★ 'cause you're a liar

ANECDOTE 1 ★ Une voiture file à toute vitesse sur l’autoroute. A son bord, trois enfants et les restes d’une vie maladroitement empaquetés dans des sacs à dos. « Ma’, on peut s’arrêter ? J’vais vomir. » Theo a le ventre en vrac, vide depuis la veille et répugné par l’odeur émanant de la couche salle du bébé qui pleure à côté de lui. Ils lui scient le crâne, ces cris. Du haut de ses huit ans, il ne lit pas assez vite pour intercepter le message de la pancarte qui défile à sa droite. Où vont-ils ? De manière lointaine, il se souvient avoir déjà entendu Ma’ parler d’une tante habitant à Portland. Mais c’est où, Portland ? A la station service suivante, il attrape donc la première carte des États-Unis qui lui tombe sous la main et cherche laborieusement à situer l’endroit. Sous son bras, le nourrisson pleure toujours. « Tu as besoin d’aide avec ce bébé ? Où est ta maman ? » Regard paniqué de part et d’autre, et si elle était partie sans lui ? Sans Kat ? Sans Josh ? « Elle est là. » Timidement, l’index désigne la dame qui hurle sur la machine à café automatique parce qu’elle ne lui rend pas sa monnaie. En toute probabilité, elle n’a inséré aucune pièce pour obtenir son instantané. Les gens s’éloignent, repoussés par la peur que toute cette pauvreté ne leur reste collée à la peau. ANECDOTE 2 ★ L’écriture est enfantine, gribouillée sur une vieille enveloppe froissée. Si l’infirmière de service n’avait pas pensé à fouiller toutes ses affaires, sans doute n’aurait-on jamais rien su de ce bébé abandonné devant les portes de l’hôpital de Burlington ce soir-là. Elle s’appel Kathleen Gale, elle é née le 8 mai 1989 à Santa Monica et elle a pas le droi de manger du chocola parc’elle est encore trop petite. Je sais pa où est Ma’ et Josh a di qu’on ira en prison si on est retrouvez sans parents et on a pa réussi à voler le lai en poudre pour Kat par contre on a réussi à prendr les snikers mais Kat peu pas en avoir alors on sait pa quoi lui donné. Prenez soin d’elle SVP. Ps : désoler pour les fotes et les taches. A y regarder de plus près, il est vrai qu’on remarque le gondolement du papier et les bavures d’encre ; Larmes d’un enfant livré à lui-même et paniqué à l’idée que sa petite sœur ne meure dans ses bras. ANECDOTE 3 ★ « Joyeux anniiiiiiiversaire Kathleen, joyeux an-ni-ver-saire ! Souffle ma chérie ! » Chez les Miller, l’ambiance est à la fête. Un magnifique gâteau surmonté de trois petites bougies blanches et jaunes trône sur la table et toute la famille se presse autour de lui. Autour de Kat surtout, qui sans hésiter se précipite pour les éteindre. Harry la rattrape in extremis. « Oh là ! Tout doux, cheval fou ! Approche-toi, mais pas trop près. »  De ses premiers mois sur terre, Kathleen ne conserve évidemment aucun souvenir. Elle ne saura plus jamais ce que ça fait, d’avoir faim, soif ou froid. Elle ne saura plus jamais ce que ça fait, d’être un objet oublié sur une banquette de voiture. Elle ne saura jamais plus ce que ça fait, d’être trimballée sur un vélo volé par deux petits garçons affolés en pleine nuit. Sa mère, c’est Edith. Son père, Harry. Ses sœurs, Grace et Moira. Et chez elle, c’est plus ou moins toujours la fête parce qu’on s’aime énormément, peu importe qu’on partage le même sang ou non. ANECDOTE 4 ★ Il y a beaucoup de livres à la maison, et toujours quelqu’un qui accepte de les lire à voix haute. Kat développe très tôt des goûts aussi affirmés qu’éclectiques : fascination certaine pour les baleines et l’Égypte antique, désintérêt total pour les princesses, amour des dinos. Tout ce qui semble exotique ou lointain attrape aussitôt son attention et l’émerveille. Quelques années plus tard, Edith affirmera qu’elle avait toujours su que Kat vivrait mille voyages fantastiques. ANECDOTE 5 ★ L’enfant plisse le nez et fait la moue, expression typique de ceux qui n’ont pas encore parfaitement appris à cacher qu’ils n’aiment pas. C’est bruyant, l’odeur est bizarre, il y a beaucoup de gens. Est-ce que Grace les connait tous ? Relevant un peu la tête, le regard cherche des réponses parmi ceux des adultes trop occupés à discuter de… De quoi, d’ailleurs ? « Tu as vu, Kat ? La belle chambre de Grace ! C’est ici qu’elle va dormir, maintenant. » Le concept est un peu étrange et la petite fille de huit ans demeure incertaine. C’est-à-dire que Grace a une chambre à la maison, et qu’ici ce n’est pas la maison. Elle s’en est bien rendue compte puisqu’elle a eu le temps de réécouter trois fois sa cassette sur les momies pendant le trajet en voiture pour venir. En plus, le lit désigné est beaucoup plus petit que celui de Grace et on ne peut visiblement pas s’y blottir à deux. « Et quand je ferai des cauchemars ? » De temps à autre, on entend en effet pendant la nuit des bruits étouffés de pas légers à l’étage ; Kat qui quitte son lit pour rejoindre celui de sa grande sœur. Rien de particulièrement préoccupant, ce n’est pas récurrent, mais ça arrive. Et la prochaine fois que ça arrivera, alors ? Qui soulèvera en grognant un bout de sa couverture pour que Kat se glisse en dessous ? « On sera toujours là, nous. Moira aussi. Grace va devenir une grande avocate, elle doit dormir dans son école pour ça. » Après plusieurs secondes de réflexion, deux questions sont finalement formulées : c’est quoi un avocat et pourquoi ces gens bizarres dorment dans leur école ?  ANECDOTE 6 ★ « Mais est-ce que c’est normal que ce soit aussi mouillé ? » Les yeux rivés sur la pâte à pizza qu’on pétrit à la main, la jeune fille n’ose affronter le regard de sa grande sœur. Les premières amours de Kathleen ne naissent pas sans une certaine dose de gêne et de bave, inattendues l’une comme l’autre. Et à qui pourrait-elle poser ses questions, si ce n’est à Moira ? Il fut une époque où obtenir des informations nécessitait un peu plus de courage et de soupirs contrariés que ne pourront jamais en produire quelques clics sur internet. Heureusement pour l’adolescente en découverte, avoir des sœurs présente l’avantage indéniable de pouvoir profiter de leurs propres connaissances, passées de générations en générations et de murmures en murmures. Moira sourit et explique, sans cesser son pétrissage appliqué pour le repas du soir. Une scène de vie banale, qui se répètera pour plusieurs autres premières fois au gré des envies culinaires de Moira. ANECDOTE 7 ★ Ne te plante pas, Kat. Le cœur bat à tout rompre contre les côtes, poussé par l’effort tant que par l’appréhension. Elève investie, jeune fille dynamique ; Une petite carrière dans l’équipe de hockey de l’école accompagne ses jeunes années. Elle est vive, Kat. Rapide. Elle aime cet esprit d’équipe et la compétition qui donne sans cesse envie de se dépasser. Alors qu’elle se trouve face au gardien de l’équipe adverse, elle ressent certes une pointe de peur mais surtout énormément d’excitation : elle va y arriver. Edith et Harry ne lui ont-ils pas répété toute sa vie qu’elle est géniale et peut tout faire ? Parents aimants, belle confiance en soi. D’ailleurs, on les entend hurler « allez Kitty Kat ! » depuis les gradins, sans se préoccuper de la pénalité de points que son surnom ridicule aura sur sa cote popularité. Elle s’élance, gonflée par l’énergie du stade à moitié vide pour ce match sans aucun enjeu et par le soutien qu’elle sent de son équipe. Coup de patin à gauche, coup de patin à droite, elle lève la crosse et vise. Hurlements hystériques d’Edith et d’Harry, sursaut de joie de l’équipe qui se presse autour d’elle ; Un point pour Gryffondor. ANECDOTE 8 ★  La moquette de ce bureau est affreuse, d’une couleur moutarde qui n’inspire rien de bon en matière de contrôle qualité et hygiène. Devrait-elle penser à cela maintenant ? Est-ce que c’est vraiment le moment ? Tout en se mordillant nerveusement l’intérieur de la joue, Kat décide de relever les yeux vers l’assistante sociale qui la fixe. « J’imagine que ce n’est pas ce que tu avais envie d’entendre, Kathleen. Je suis désolée. » Un léger haussement d’épaules, sourire aussi forcé que crispé. Devrait-elle également l’être, désolée ? Difficile d’éprouver grand chose à l’égard d’une personne qu’elle n’a jamais connue. « J’ai l’adresse du cimetière, si jamais tu veux… Je ne sais pas. Peut-être y faire un tour ? » Dans son dos, Kat sent la main affectueuse de son père qui la frictionne légèrement. Dans sa propre main, celle de sa mère. L’ambiance n’aurait pas été plus lourde s’il avait s’agit d’un rendez-vous pour apprendre à Kat qu’elle a une maladie incurable. « Je… Ok ? Et… Les deux autres ? » Le mot « frères » ne vient pas spontanément, après toutes ces années passées dans un cocon uniquement constitué de sœurs. Même avec toute la bonne volonté du monde et toutes ses connaissances en biologie, la jeune fille n’est pas très sûre de considérer un jour ces gens comme appartenant à sa famille. « Eh bien… Josh est en prison en Californie, il a été condamné pour vol à main armée. Mais Theo a l’air d’aller bien ! Le gouvernement canadien n’a pas accepté de m’envoyer grand-chose mais je sais qu’il a fondé une famille et qu’il travaille à Ottawa. J’ai un numéro de téléphone, si tu veux. »  Pourquoi faire ? Troublée, Kat le note quand même ; Au cas où. Elle ne sait plus exactement pourquoi elle a demandé à Edith et à Harry d’entreprendre ces recherches : simple envie de savoir ? Toujours est-il que la couleur de la moquette lui donne mal à la tête et qu’elle voudrait vraiment s’en aller, maintenant qu’elle sait. ANECDOTE 9 ★ Ok, c’est dingue. Surprenant, merveilleux, et dingue. La brune peine à suivre le groupe tant ses yeux sont avides de s’accrocher au moindre détail, à la moindre pierre de cette ville qu’elle découvre pour la première fois. Ça ne ressemble à rien qu’elle connaisse, évidemment. « REGARDE, COMME DANS L’EXPOSÉ QUE TU M’AS AIDÉE À FAIRE ! J’ÉTAIS JUSTE DEVANT ! » Quelques mots au stylo à paillettes au dos de la carte postale représentant la Sagrada Família qu’elle dédie à Moira. Les années ont passé, les plus jeunes sœurs sont restées très proches. Cela n’empêche pas Kat d’en écrire une autre qui partira à New-York, cette fois. « Coucou Grace, un petit mot depuis Barcelone où je suis en voyage scolaire avec ma prof d’espagnol. C’est tellement génial !!!  Il fait super chaud et on mange super tard mais les visites sont juste extraordinaires » Une pause pour former correctement le cœur sur le « i » d’extraordinaire. « Vous me manquez trop mais j’ai hâte de faire développer toutes mes photos et de vous les montrer ! J’espère qu’elles ne seront pas toutes floues aha. XOXOXOXOXOXOXOXO. »  ANECDOTE 10 ★ C’est enfin le grand jour, le sien : le départ de la maison. Elle n’a pas eu l’impression de mourir d’ennui à Redwood Hills : avec tous ses amis, sa famille, ses dizaines d’activités, le temps n’est jamais passé particulièrement lentement. En revanche, il est vrai qu’elle aspire à autre chose. L’envie de voir le monde, de quitter sa chambre d’enfant et de faire de nouvelles expériences. Classique, pour une jeune femme qui s’apprête à débuter ses études supérieures. Et ça en jette, en plus : gestion de projet de solidarité internationale. Rêveusement, elle s’imagine déjà sur le terrain, recouverte de sable ou de sueur – probablement les deux. Elle rêve de faire quelque chose de bien. Et ce le sera la plupart du temps. ANECDOTE 11 ★ « Ohhhhhhh, comme tu es joli ! » Comme par réflexe, les bras se tendent automatiquement vers le nouveau-né. Baiser délicat dans les cheveux déjà bruns, Kat découvre qu’on ne se lasse pas d’être tata plusieurs fois. « Ça va ? Comment tu te sens ? » Elle est venue jusqu’à New-York aussi vite qu’elle a pu, quittant son job étudiant d’été sans hésitation. Grace a l’air d’avoir bonne mine, contre toute attente. De quoi donner envie à la plus jeune de se lancer à son tour ? Pas vraiment, ni ce jour-là ni les suivants. La pensée d’avoir des enfants n’effleurera jamais vraiment Kat ; Trop instable, trop indépendante. A 20 comme à 30 ans, elle a soif d’aventures. L’idée de s’installer quelque part avec un homme pour ne plus en bouger lui donnera très longtemps des sueurs froides.  ANECDOTE 12 ★ « Bien arrivée. Tout va bien. ILY » Send text to Mom. Pas sa première participation à une mission, la première en revanche en tant que responsable. Elle connait bien le coin pour avoir déjà effectué plusieurs stages dans cette partie du Kenya et son ONG ne lui aura pas confié une mission trop périlleuse pour commencer : opération de suivi annuel pour vérifier que le village qu’on aura aidé à construire plusieurs années auparavant se porte bien, que rien ne manque, que les infrastructures installées sont toujours en bon état. Easy peasy, avant tout l’occasion de prendre des nouvelles de la population. Ça lui plait, à Kat. Ça lui plait sincèrement de faire la connaissance des locaux, d’échanger avec eux, d’avoir l’impression de pouvoir leur être utile. Ça lui plait aussi de coordonner l’ensemble des opérations, de retrouver cet esprit d’équipe, d'être en charge de quelque chose. Enfin couverte de sable et de sueur, elle se sent dans son élément.  ANECDOTE 13 ★ « Merci de m’avoir invitée, c’est vraiment, euh… très chouette, Ottawa. » Mal à l’aise, les doigts se resserrent un peu autour de la tasse de café. L’homme qui lui fait face ne lui est pas davantage connu que le reste des personnes fréquentant actuellement le même coffee shop qu’eux, et pourtant quelque chose dans ses traits lui inspire indéniablement un sentiment de déjà vu. « Merci à toi d’être venue, je sais que tu es vraiment très occupée. J’ai adoré l’article sur ta mission au Rwanda. C’était… Wow. Félicitations. » Les années passant, le début d’une petite notoriété dans son domaine et aux yeux du grand public après cette mission catastrophe au Rwanda. Sauvée de justesse, sous la direction de Kat. De quoi intéresser quelques journalistes poussés par les grandes fortunes qui soutiennent l’ONG pour laquelle Kat bosse et qui espèrent toujours en tirer quelques contreparties en termes d’image. Tout ça, c’est politique. Sans perdre de vue ses idéaux, la jeune chargée de mission un peu naïve qu’elle était à 23 ans a vite appris à reconnaître les ficelles et à les tirer, lorsque nécessaire. « Merci. Et… Toi ? Tu… » En dehors de son prénom et des quelques nouvelles échangées par mail, Theo demeure un mystère. Un lointain souvenir dont elle ne se souvient pas, qu’elle a cependant imaginé des centaines, voire milliers de fois. « Moi ça va. Je bosse dans l’informatique, c’est tranquille. J’ai deux filles. Mon épouse s’appelle Myriam. » Kat acquiesce en souriant, sans savoir quoi dire. Un genre de premier date, sauf que le type est déjà marié et qu’il est ton frère. En théorie. « Tu sais, je… Je suis désolé qu’on ait pas réussi, avec Josh. On a vraiment essayé de s’occuper de toi en attendant qu’elle revienne mais… Je suis désolé. » De quoi pourrait-elle se plaindre ? Elle n’a pas connu l’enfance qui leur a été réservée, promenés de foyer en foyer, continuellement rejetés ou déracinés. Les nouveaux nés sont plus facile à placer, paraît-il. Et elle a eu toute la chance du monde dans cette épreuve.  ANECDOTE 14 ★ Kat et James, James et Kat. Un super duo, comme disent les membres de leur équipe. L’entente professionnelle s’est rapidement transformée en quelque chose de bien plus intime, de bien plus précieux aussi. Sans doute pas son premier amour mais définitivement celui qui aura le plus compté. Inséparables, dans les meilleurs comme dans les pires moments. « Tu sais qu’à ce stade ça ne changerait rien qu’on se marie ? » De quoi faire doucement sourire la jeune femme par-dessus les plans d’un projet qu’elle étudie encore une fois la nuit largement tombée. « J’habite déjà presque chez toi et quand tu pars, je pars avec toi ! Allez, Kat… Pourquoi pas ? » James n’a pas totalement tort, pourtant Kathleen ne s’y résout pas. A quoi bon ? Et qui sait de quoi le lendemain sera fait ? La crainte de se rendre dépendante sans accepter de voir qu’elle l’est déjà. ANECDOTE 15 ★ « Des nouvelles de notre sanctuaire pour jeunes filles : tout va bien ! Les filles sont bien installées dans les locaux construits par nos équipe et en sécurité. Pour rappel, 70 millions de jeunes filles sont victimes de violence dans le monde chaque année et ce chiffre atteint 40% de la population féminine au Cameroun. Agissons pour protéger les filles et les femmes du monde entier ! Rejoignez-nous sur international.global.help.com et faites des dons pour nous soutenir ! » Le post instagram du compte officiel IGH récolte une audience tout à fait satisfaisante. Sur la photo, Kat entourée d’une dizaine de gamines âgées de 8 à 17 ans. Les sourires sont larges, la joie visiblement partagée. Se sentir utile. Bien sûr qu’elle rayonne, Kat : pourquoi en serait-il autrement ? ANECDOTE 16 ★ « T’as vraiment merdé sur ce coup, Kat. » Le chef fait les cent pas dans son bureau, visiblement préoccupé. Une mission échouée, ça arrive, pourtant. « Tu comprends pas que je vais avoir tout New-York sur le dos, moi ! Qui nous paie, tu crois ? Et pourquoi ils nous paient, à ton avis ? » Fatiguée, Kat serait tentée de se lever et de quitter ce building. Claquer la porte, aller bosser ailleurs. Espérer y trouver mieux ? Même pas sûr. « Pour améliorer les choses ? Aider les gens qui en ont besoin ? Je sais pas, je croyais que c’était ça, notre job. » Pas une pointe d’insolence dans le ton de sa voix, seulement une usure extrême. Peut-être qu’elle fait ça depuis trop d’années, désormais. Se passant une main sur le front, elle soupire : « écoute, je comprends. C’était une grosse opé de comm de la part de nos partenaires ; Les caméras, la diffusion live sur les réseaux et le reste… Je comprends. Et je sais que c’est beaucoup de pression pour toi aussi. Mais je ne pouvais pas donner mon feu vert et signer un document ordonnant une construction en dur sur des terrains friables… Je veux dire, c’est stupide. Tout se serait effondré dans les 20 ans. Heureusement qu’on s’en est rendu compte à temps, non ? » Au tour du chef de soupirer. 20 ans, c’est loin et aucun des gros bonnets new-yorkais qui lui signent des chèques n’en aurait eu quelque chose à faire de savoir ce qu’il se serait passé d’ici là.  ANECDOTE 17 ★ Elle avait presque oublié à quel point tout est vert et calme, à Redwood Hills. Pourtant, elle n’a jamais manqué de revenir régulièrement en visite pour Noël, un anniversaire ou quelques jours de repos. Toujours en coup de vent, toujours entre d’autres choses. Toujours avec un retour vers l’ailleurs prévu et programmé. Tout a une saveur bien différente alors qu’elle signe l’achat de sa ferme, esquissant un sourire maladroit avant de rendre son stylo à l’agent immobilier. Il n’y a plus de projet, la porte désormais claquée ne se rouvrira pas. Entre ses aspirations et son intégrité, un choix.  Douloureux. Kat a adoré son parcours professionnel, l’excitation du terrain, le bonheur de partager des moments extraordinaires avec des inconnus en faveur d’une cause qui lui tenait à cœur. « C’est pas une mise au placard, Kat. C’est juste qu’il y a de nouveaux profils qui apparaissent et auxquels il faut donner une chance aussi. Tu as fait le job, et tu l’as bien fait. » Cette dernière conversation avec son chef, celle où il lui propose d’intégrer les services logistiques basés au siège d'IGH à New-York. Un poste clé mais sans décision sur place, tout bénef’ pour assurer le service tout en plaçant sur le terrain des volontaires plus malléables aux exigences qui viennent d’en haut.  Ce sera sans elle. ANECDOTE 18 ★ Quelques secondes de vide intérieur avant de reposer son téléphone sur le canapé. Si la photo de James posant devant le logo d’une entreprise réputée pour dépouiller de ses ressources naturelles le pays dans lequel elle a commandé une action humanitaire ne l’avait pas déjà écœurée, la jeune blonde tout sourire passant un bras autour de sa taille y sera parvenue. ANECDOTE 19 ★ « Non, non, non, non ! » Trop tard, Elijah a déjà effectué une bombe dévastatrice depuis le peloton du lac, arrosant tout le monde au passage. En détournant le visage pour se protéger les yeux, Kat éclate de rire. A son tour de lui projeter de l’eau dessus sitôt que l’adolescent reparaît à la surface ; Une journée d’été banale comme elle en avait trop rarement vécues avec son filleul.  Il y a de bons côtés au fait de se poser, Kat. Rattraper les moments qu’on n’avait pas le temps de vivre auparavant, remplir le vide par des dizaines d’éclats de rire. Prendre soin de ses parents, aussi. Ce n’est pas difficile pour elle de se laisser absorber par le tourbillon de ce retour à la vie de famille, en revanche il lui est beaucoup moins aisé de leur avouer qu’en dépit de tout le bonheur qu’elle éprouve à leurs côtés, elle se sent malgré tout un peu paumée après ce nouveau départ non désiré. ANECDOTE 20 ★ « C’est juste que j’ai besoin de retrouver du sens, tu sais ? Le mot est galvaudé, désolée… Je ne sais pas comment mieux l’expliquer. J’ai besoin de faire quelque chose qui serve, qui soit utile à la communauté. Là, j’ai l’impression de stagner et ça m’étouffe. » Face à Castiel et un verre de vin trop cher pour son portefeuille, quelques confidences s’égrènent dans l’ambiance intimiste du Point. Pas exactement un ami mais l’homme d’affaire a probablement fait partie des rares dont elle ait apprécié le contact lors des nombreuses soirées de charité où elle accompagnait son chef, tout sourire pour convaincre d’investir dans leur organisation. Drôle de hasard, de le retrouver ici. « Je crois que tout ça, ça m’a plus abîmée que ce que je voudrais bien l’admettre. Ce n’est pas… Comment dire ? Ce n’est pas de la corruption à proprement parlé, on sait bien qu’une ONG doit aller chercher ses fonds quelque part. Mais dès lors qu’il faut servir les intérêts privés de nos financeurs avant l’intérêt des gens qu’on est supposé aider, c’est qu’il y a un problème, non ? Peut-être que tout est lié à l’échelle… A vrai dire, je songe à lancer quelque chose d’associatif qui soit plus modeste, plus local. J’ai déjà plein d’idées et qui sait ? Peut-être que je reviendrai t’ennuyer avec mes projections de missions et mes demandes de subventions une fois que je me serai lancée. » Rieuse, elle lui offre un sourire sincère en plus de ses ébauches de projets. La position de la DeWitt à ce sujet lui a toujours semblé honnête, une rareté méritant d’être soulignée. Quant au reste, nul hasard en revanche : un véritable homme d’affaires sait reconnaître une opportunité lorsqu’elle se présente, ne la laisse donc pas passer.