It's drama situation.

Leah & Eliot

Même si Leah et Eliot avaient passé une partie de leur enfance, voir adolescence à se chercher des noises, aujourd’hui, ils pouvaient vraiment compter l’un sur l’autre, même lorsque Leah était à l’autre bout du globe. C’est donc assez naturellement qu’elle avait proposé à Eliot de faire des clichés de sa future maison de disques, afin de lui donner un coup de pouce pour l’ouverture. Son frère avait bien évidemment accepté, car pour lui, personne d’autre que Leah ne savait faire des photos.

En arrivant sur place, face à cette grande porte en métal qu’il adorait, il fut pris d’un choc en découvrant qu’elle avait été taguer dans la nuit. Pourtant, c’était le commencement de tout, la porte rouge donnant des allures de vieux garage au lieu. C’est comme ça qu’Eliot avait trouvé le nom de son label « Red Garage Records ». Ne décrochant pas ses yeux de la porte, l’air toujours choqué sur son visage, il attrapa le téléphone dans sa poche afin d’appeler Leah. Lorsqu’elle décrocha, il se mit à parler :

- Il vient d’arriver quelque chose au label. C’est horrible, il faut que tu viennes tout de suite, je ne sais pas quoi faire.

Oui, Eliot avait toujours été un brin dramatique, mais peut-être que Leah percevrait que ce n’était peut-être pas si pire qu’il le disait, mais avec lui, le doute restait tout de même présent.

- Je ne bouge pas, je t’attends.

Puis il raccrocha son téléphone commençant à se poser tout un tas de questions. Allait-il devoir changer de nom ? Pour « la vieille porte moche records », par exemple ? Était-ce encore la vengeance qu’une ex en furie ? Mmmhh… Eliot avait un doute, rien ne le visait dans ce tag. Il resta donc là, à attendre sa sœur sur le trottoir.

CODES c LITTLE WOLF.

HRP:

it's a drama situation
crédit/ the Odyssey ✶   @Eliot Hargreaves  

Le réveil fut difficile. Comme si une pile d'oreillers pesait sur la tête de Leah et l'endolorissait après cette nuit émaillée de cauchemars. Elle ouvrit les yeux, regardant le plafond où des ombres chatoyantes dansaient bercées par les premiers rayons de soleil qui inondaient la chambre. Les souvenirs remontant vaguement, elle se rappela notamment d'une scène où son doigt était pourvu d'un bijou brûlant qui lui encerclait le doigt, un anneau d'or qui avait symbolisé un amour désormais perdu, un anneau qui avait ensuite disparu dans son rêve. Leah se mit soudain à penser à son frère. Au milieu de cette confusion matinale, elle avait presque zappé leur rendez-vous.

Sortant de son lit, elle partit se préparer et elle rassembla ensuite le matériel nécessaire pour réaliser les photos de la maison de disques. Autant Eliot et elle se chamaillaient comme des chiffonniers durant leur enfance, autant cette dissension s'était transformée en une belle complicité dans leur présent. Ceux qui étaient souvent pris pour des jumeaux, et qui s'empressaient de le nier à l'époque, partageaient aujourd'hui un lien fort et profond. D'une certaine manière, ils s'étaient retrouvés au retour de Leah à Redwood et il était rassurant de penser qu'aucune dispute enfantine n'avait entaché leur fraternité.

Alors que Leah terminait de se préparer, elle reçut un appel de son frère qui se mit à débiter un flot de paroles. « Attends, quoi ? » Eliot la priait de venir urgemment au label où il s'était visiblement passé quelque chose « d'horrible ». « Ne bouge pas, j'arrive. » La jeune femme s'inquiéta et se dépêcha d'arriver sur place. Lorsque Leah le rejoignit, sa première question fut dirigée vers Eliot. « Ça va, tu n'as rien ? » Il faut dire que son ton alarmiste avait été de nature à la préoccuper. « Que se passe-t-il de si... ? » La phrase de la brune resta en suspens. D'un regard, elle découvrit l'oeuvre taguée sur la porte. « Oh, je vois ! »

HJ:

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crédit/ the Odyssey ✶   @Eliot Hargreaves  

Leah arriva au pas de course près de son frère et lui demanda ce qui se passait avant de le constater d'elle-même. « Tu as une idée de qui aurait pu faire ça ? » Quelqu'un qui aurait pu vouloir racheter l'endroit et qui n'avait pas remporté l'offre ? Quelqu'un qui en voulait à Eliot et s'attaquait à son projet ? Un client mécontent de l'agence immobilière ? Ou peut-être s'agissait-il simplement d'une personne qui s'amusait à taguer les murs et les portes comme forme d'art sans se soucier des conséquences pour autrui. Le futur directeur de label ne manqua pas de déplorer le coût du logo et le travail ruiné sur la porte. « Tu n'as pas fait installer de caméra vers l'extérieur? » Demanda Leah. Auquel cas, l'option serait à envisager à l'avenir. « Oui ça va, pourquoi ? » La question d'Eliot la prit par surprise. Le frère et la soeur étaient proches mais elle n'aurait pas cru qu'il devinerait aussi facilement qu'elle n'était pas dans son assiette, encore moins en étant lui-même préoccupé par ce qui s'était passé sur la porte du label. A croire que cette connexion existait vraiment entre eux. « Juste quelques cauchemars cette nuit. Ça m'arrive parfois. » Ce qu'elle avait traversé n'était pas enviable et des mauvais souvenirs pouvaient se manifester en perturbant son sommeil. Cependant, ce n'était pas le sujet  qui devait les préoccuper maintenant. D'ailleurs, Eliot en revint au graffiti. « Oh ça a son charme... » Répondit-elle, pour détendre un peu l'atmosphère. C'était contrariant mais à priori rien d'irréparable comme dégât. « Tu ne veux pas que j'immortalise cette oeuvre ? » Nouveau sourire avant de retrouver son sérieux. « Je ne m'y connais pas très bien mais je pense que ce sera rattrapable. Il doit y avoir des entreprises spécialisées. La ville a déjà fait enlever des tags. Peut-être avec l'aérogommage ? Ce n'est sûrement pas donné, mais ce sera radical. » Leah avait entendu parler de cette méthode naturelle qui évitait les produits chimiques et se rapprochait du sablage, une technique utilisée pour nettoyer des statues et des monuments tout en les préservant. La brune consulta ensuite son téléphone pour trouver des infos utiles, parce qu'elle n'était pas connaisseuse en la matière et puis Google était leur ami. « Regarde. Il existe des peintures anti-graffitis. S'il reprenait l'envie à quelqu'un de décorer ta porte, ça la protégerait et tu te débarrasserais des symboles indésirables d'un simple jet d'eau par la suite. » Ça valait peut-être le coup de creuser cette idée et d'investir pour éviter de passer par la case portefeuille vingt fois au cas où le ou les tagueurs revenaient s'amuser dès que la porte serait refaite. Eliot s'inquiéta alors de l'état intérieur du label. « Il n'y a pas de raison... Tu avais bien tout fermé ? » La porte ne semblait pas avoir été forcée, mais Leah encouragea son frère à tout vérifier. « Allons, voir. Et restons prudents. » Le tag sur la porte paraissait sec – ce qui signifiait que les auteurs ou autrices étaient probablement loin depuis longtemps mais il valait mieux prévenir que guérir.

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crédit/ the Odyssey ✶   @Eliot Hargreaves  

Les tags n'étaient pas l'oeuvre de grands criminels. N'importe qui muni du matériel adéquat aurait pu s'en donner à coeur joie. L'hypothèse des adolescents formulée par son frère était plausible tout comme celles d'emmerdeurs qui voyaient d'un mauvais oeil l'arrivée du label ou cherchaient juste un mur à abîmer. Parfois, des tagueurs étaient des personnes inspirées, qui s'attaquaient à des murs vierges pour peindre des oeuvres mais l'intention était différente dans le cas présent, puisque le logo de l'entrée avait été recouvert en partie. Même si Leah entendit la contrariété d'Eliot dans sa voix, elle ne pouvait que lui donner tort sur la prétendue plénitude de Redwood. « Malheureusement, même un bled comme celui-ci nous a prouvé qu'on n'était à l'abri de rien. La Rose Lunaire ou ceux qui veulent nous y faire croire, n'en est qu'un exemple parmi d'autres. » Cependant, c'était humain de ne pas penser à tout, et même plutôt optimiste de croire encore à la bonté du monde. Dans l'effervescence du lancement du label, Eliot avait eu mille choses en tête. A présent, il pourrait envisager d'installer un système de surveillance devant la porte pour démasquer les mauvais plaisantins. Le but du jour n'était pas de réécrire l'histoire. Alors, plutôt que de s'attarder sur l'absence de caméras, Leah répondit – évasivement certes – à la question posée par Eliot, visiblement inquiet de la fatigue visible dans les traits de sa soeur. L'interrogation partiellement éludée, elle tenta de détendre un peu l'atmosphère par une remarque plus légère. Celle-ci provoqua l'effet escompté. Sur ces mots, la brune parla d'une technique qui pourrait l'aider à retirer les tags. Le mieux restait de contacter une entreprise spécialisée qui pourrait le renseigner plus précisément. A moins qu'il puisse les effacer lui-même ou repeindre directement dessus. Elle vérifia ensuite sur son téléphone s'il y avait des solutions pour éviter de subir de nouveaux désagréments. Comme il existait des peintures anti-graffitis, elle lui glissa l'idée. A lui de voir ce qui serait le mieux. « C'est contrariant mais pas irrattrapable. Il y a eu beaucoup de choses à gérer et on ne peut pas tout connaître. Je ne savais pas que ça existait non plus. » Heureusement, la porte d'entrée était toujours fermée. L'essentiel se trouvait à l'intérieur, c'est-à-dire tout le matériel et l'équipement nécessaire au bon fonctionnement des lieux. Les deux Hargreaves entrèrent et Eliot poussa un soupir de soulagement. Tout était à sa place. « Bonne nouvelle, c'est le plus important.... Et pfiou, ça a de la gueule. » Déposant son sac, elle s'extasia en regardant autour d'elle. Si Leah était passée au cours des travaux, elle n'avait pas encore admiré le travail complètement achevé. « Quelle est la date d'ouverture officielle ? » Eliot jura une nouvelle fois sur l'installation d'alarmes et d'un système de surveillance dans les plus brefs délais. « As-tu eu des contacts avec des professionnels sérieux par l'intermédiaire de l'agence immobilière ? » Des gens qui s'installaient dans leur nouvelle maison avaient peut-être fait la publicité d'entreprises de sécurité. Désormais, Leah souhaitait mettre la main à la pâte. « On refait le tour du propriétaire, maintenant que tout est fini ? Comme ça, je verrai un peu ce que je pourrai faire en termes de photos. N'hésite pas à me dire ce que tu aimerais aussi. Je vais y travailler aujourd'hui et je reviendrai une autre fois pour prendre le logo à l'entrée quand ce sera rétabli. »

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crédit/ the Odyssey ✶   @Eliot Hargreaves  

Un bref rire traversa Leah lorsque son frère lui donna raison du bout des lèvres, un sourire en coin. Le plus gros de la crise d'Eliot était passé, il redescendait progressivement de son pic de colère. Bien sûr, cet incident était contrariant car le label ouvrait bientôt ses portes et il avait autre chose à penser qu'à récupérer des graffitis sur l'entrée, mais il existait des solutions pour y remédier et il ne pourrait rien faire dans les cinq minutes pour y remédier. A l'intérieur, Leah observa la réaction de son frère au cas où elle devait prévenir une autre crise. Heureusement, rien n'avait bougé et Eliot ne s'énerva pas de plus belle. L'ouverture approchait à grands pas, dans trois semaines comme il le lui rappela, inquiet de ne pas voir le temps de tout terminer. « T'inquiètes, j'aurai fait le nécessaire au niveau photos. Et on a des bras en suffisance dans la famille pour venir t'aider ici. » Certes, Leah était plus expérimentée sur le terrain et dans la nature, mais elle avait commencé l'aspect photographie de son travail en immortalisant des événements dans l'entourage familial, dans son cercle d'amis et dans les différents quartiers de Burlington. Alors, après avoir photographié des gorilles, lions, oiseaux migrateurs et autres beautés de la faune, la mise en valeur du label de son frère représentait un défi qu'elle serait à priori en mesure de relever. En dépit de son manque de sommeil, Leah parviendrait à s'impliquer dans sa tâche sans difficulté.

« Arrête de te déprécier, regarde tout ce que tu as accompli jusqu'ici, et aide-moi à comprendre ce que tu veux comme ambiance pour les photos. » Son frère était adorable, mais il avait un art tout trouvé de s'apitoyer sur son sort. Parfois, c'était bon de lui donner un petit coup de pied aux fesses pour le ressaisir. C'est ainsi qu'il la guida ensuite dans la pièce principale du label, autrement dit le studio. Chaleureux, l'endroit abritait tout le standing nécessaire pour accueillir des artistes dans de bonnes conditions. Matériel dernier cri, table de mixage et autres instruments. L'étage du bas était réservé aux enregistrements alors que la partie supérieure des bureaux se partageait entre un coin affaires et un coin détente. « Ça claque quand même. » Eliot lui proposa ensuite une idée comme base de travail. Leah aussi avait songé à commencer par le studio. Comme son frère offrait de jouer les modèles sans qu'on puisse l'identifier, elle acquiesça. « Oui, ça rejoint un peu ce que j'avais en tête. Je vais installer le matériel en bas et ensuite, on s'y met. » La brune repartit dans le studio où elle sortit son appareil photo et le reste du matériel. Elle joua ensuite avec les lumières dans la pièce pour obtenir le meilleur rendu. Après quelques tests et ajustements, Leah prit d'abord différentes photos du studio et montra le résultat à son frère. L'ordinateur chargeait les photos prises progressivement, de sorte qu'Eliot pouvait voir le rendu presque simultanément, même si bien sûr elle travaillerait encore dessus après la séance. Une fois d'accord sur l'ambiance, elle l'invita à jouer les modèles. « On commence par ton idée avec la guitare ? Et puis, on pourra te prendre derrière la table de mixage. » Façon ingé son ou dans cet ordre d'idée.