feat sarah & henrik

Henrik se tient au milieu du centre culturel de St-Albans, le nouveau bijou architectural dont il a fait et supervisé la conception pendant ces quatre dernières années. Les échos des félicitations et des éloges résonnent dans l'atmosphère somptueuse de la soirée d'inauguration, mais malgré l'effervescence qui anime l'espace, Henrik demeure une présence à la fois discrète et observatrice parmi la foule animée. Les conversations autour de lui se tissent de compliments sincères et de sourires polis, mais Henrik préfère l'art de l'écoute à celui de la parole. Par moments, il s'anime, répondant avec passion aux questions portant sur la construction et ses projets architecturaux ambitieux. Cependant, ces moments d'échange enflammé sont éphémères. Les interlocuteurs, peut-être submergés par l'ampleur de son expertise, dévient rapidement vers des sujets plus conventionnels tels que le travail ou la famille. Dans ces discussions plus ordinaires, Henrik s'efface et se contente d'occuper le rôle d'un auditeur attentif. Il n'a jamais été adepte du small talk, cette danse superficielle autour de sujets banals qui, à ses yeux, ne font que tourner en rond. Henrik trouve rapidement refuge au bar. Là, il se laisse envelopper par les mélodies envoûtantes du jazz qui imprègnent l'atmosphère, un échappatoire bienvenu au tumulte des conversations superficielles. Entre chaque note, Henrik explore les recoins de son esprit, laissant place à ses réflexions, tout en savourant l'harmonie qui émane de la douce voix de la chanteuse.

Au bout d’un moment, la musique prend fin et le groupe descend de scène pour, à leur tour, venir se loger au bar. De son tabouret, à moins de trois mètres d’eux, l’architecte les observe se féliciter entre eux et échanger quelques remarques moqueuses au sujet des organisateurs de la soirée. Un rire silencieux quitte ses lèvres. Dans l'éclat de la lumière tamisée, il devine les regards échangés entre les membres du groupe et réalise que son observation n'est pas passée inaperçue. Les rires s'estompent doucement, cédant la place à une gêne. Soucieux de dissiper toute malentendu, Henrik rompt le silence. « Je ne suis pas des leurs », articule-t-il doucement, un léger sourire amusé étirant ses lèvres. Bien que ce soit faux. Malgré le fait qu'il ne s'y identifie pas, Henrik Stanhope fait tout de même partie de cette classe privilégiée qui trouve toute raison bonne pour célébrer avec vin et fromage. Henrik retourne à son verre. Tous les membres du groupe se retirent un peu, créant une bulle d'intimité, à l'exception de la chanteuse qui attend patiemment que le barman revienne de sa tournée pour commander à son tour. « C’était une belle performance. » L’architecte n’est pas un grand connaisseur de Jazz et même si ce n’était pas un genre musical sur lequel il tend naturellement, ça reste toujours une douceur pour les oreilles. Parfait pour l’accompagner dans ce genre de soirée. C’est simplement dommage que les autres personnes présentes étaient plus occupées à discuter qu’à écouter. Un mince sourire complice se dessine sur ses lèvres alors qu’il se penche légèrement vers elle pour ajouter à voix basse : « La meilleure partie de cette soirée. » Sa façon subtile de dire que la soirée commence à se faire longue. « Vous jouez ensemble depuis longtemps ? »

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L'intérêt fervent et les connaissances approfondies de Henrik pour la musique ont été ensemencés par Edwin. À l'époque où Henrik tentait de forger des liens avec ses frères, il s'était aventuré dans une exploration musicale inhabituelle, essayant de créer une harmonie qui ne s'accordait pas parfaitement à son être. Les cours de musique au lycée ont été révélateurs, mettant en lumière le caractère plus théorique que pratique de ses aptitudes musicales. Sollicitez-le pour une explication détaillée sur le fonctionnement d'un saxophone, et vous serez transporté dans un monde où chaque composant de cet instrument sera décortiqué avec une précision remarquable. Sa connaissance théorique du sujet est aussi vaste que la gamme d'un saxophone bien joué. Demandez-lui d'appliquer ses compétences, et il pourrait bien vous offrir un concert mémorable – même si cela signifie que vos oreilles ne seront pas tout à fait épargnées. Il a rapidement trouvé sa place en tant qu’auditeur, trouvant confort dans la douce mélodie des instruments. C'est ainsi qu'il se retrouve à quelques mètres de la scène lors de soirées où la musique devrait être reléguée au second plan, servant simplement d'arrière-plan pour des conversations redondantes et peu captivantes générées par ces événements. « Il ne faut pas le prendre personnellement », déclare-t-il d'un ton calme, dirigé vers les invités qui se sont regroupés en petits cercles à quelques pas d'eux. Inclinant légèrement la tête vers son interlocutrice, un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres lorsqu'il ajoute avec une pointe de sarcasme : « Ils ne perçoivent que la mélodie de leur propre voix. » Sa voix adopte un registre légèrement plus bas, prenant une teinte confessionnelle teintée d'amusement. Cependant, il admet tacitement qu'il peut les comprendre. Puis, c'est grâce à ces mêmes individus qu'Henrik a réussi à conclure des contrats. Sa vie aisée est, en partie, le résultat des opportunités qu'ils lui ont créées. C'est pourquoi, bien qu'il puisse penser différemment, Henrik se garde généralement de critiquer ces personnes. Il reconnaît que chacun a sa propre méthode de survie, et il a tiré avantage de la sienne pour atteindre le niveau de confort qu'il savoure aujourd'hui.

Parce qu’il s’est précisément éloigné d’eux afin d’éviter de leur donner trop d’attention, il ramène le sujet sur la chanteuse et le band qui l’accompagnait ce soir. Un rire doux quitte ses lèvres lorsqu’elle entre dans quelques détails de sa relation avec le trompettiste avant de laisser place à un air plus sérieux, toujours attentif, lorsqu’elle fait mention de sa pause et de ses problèmes personnels - sans toutefois entrer dans les détails. Et puisqu’elle ne semble pas vouloir trop s’y attarder, lui s’accroche à un autre détail. « Mon frère aussi a fait le conservatoire. Il est pianiste. » Et lui aussi a pris une pause en raison de problèmes personnels. Comme quoi c’est commun, les sabbatiques, dans le monde de la musique. En même temps, c’est un domaine exigeant à ne pas sous-estimer. « Tu joues d’un instrument, toi aussi ? » demande-t-il par curiosité. « Autre que la trompette. » Le coin de ses lèvres qui s’étirent doucement pour former un rictus vient trahir son air sérieux. Son regard intrigué par la belle posé sur elle alors qu’une complicité subtile émergeait de la simplicité de leurs échanges. Un sourire teinté d'amusement se dessine délicatement sur les lèvres du protagoniste lorsqu'elle lui adresse la question inquisitrice sur sa présence isolée, à l'écart du groupe. Il répond d'un haussement d'épaules tout en portant son attention momentanément sur le contenu de son verre pour finalement ramener ses yeux sur elle, captant son regard. « Ne le dites pas, mais… » commence-t-il, empruntant avec un certain charme la formule qu'elle avait utilisée quelques minutes auparavant. « Je ne suis pas un grand fan de ce genre de soirée. » Ses coudes reposant sur le comptoir, il croise légèrement les bras tout en observant les autres convives d'un regard pensif. « À une époque, ça me plaisait. » Les premières rencontres, premiers événements dans lesquelles Henrik était déterminé à vendre ses projets. « Avec le temps, ça perd un peu de son attrait. » Ce n’est pas comme si c’était nécessaire de se présenter. L’architecte avait forgé sa réputation et n’avait plus à compter sur ces soirées pour garantir de nouveaux contrats. « Mais je ne peux me résoudre à rester chez moi. » Ce besoin constant de travailler, de saturer son esprit d'informations pour s'offrir une distraction personnelle persiste. Un besoin qui semble plus présent que jamais ces derniers temps. Un doux sourire réapparaît sur ses lèvres, cette fois destiné à la chanteuse. « Sarah. » répète-t-il après elle, comme pour enregistrer le prénom et le visage. « Henrik, enchanté. » Il avait l'habitude de rencontrer des gens Henrik. Trop, même. Mais rares sont les rencontres comme celle-ci, hasardeuse. Normalement, les rencontres sont engendrés par les discussions professionnelles ou les contacts communs. Et comme ces soirées, elles n'ont plus le sens qu'elles avaient à l'époque. Mais là, c'est différent. « Quel est donc votre plan de match pour la soirée ? Vous rentrez tous ou vous continuez la fête ailleurs ? » Bien qu'il avait envie de prolonger cette conversation, il ne voulait pas non plus la déranger si elle avait des plans avec le band.

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Un sourire naît sur le visage de l'architecte à la remarque de la chanteuse. Un léger haussement d'épaules accompagne son expression, témoignant d'une innocence calculée. Il sait pertinemment que jamais il ne prononcerait à voix haute le qualificatif « égocentrique » pour désigner les organisateurs de la soirée. Après tout, ce sont eux qui, par leur vanité, contribuent à la prospérité de son métier. Leurs caprices et leurs exigences alimentent son quotidien, lui permettant d'accumuler les contrats sans le moindre obstacle. Il a appris depuis longtemps que c'est en flattant leur ego, en nourrissant leur besoin de reconnaissance, qu'il a pu hisser sa carrière vers de nouveaux sommets. Et au final, il le sait, même eux reconnaissent tacitement leur propension à mettre en avant leur propre importance. « On n’a pas toujours le luxe de choisir sa clientèle. » Tout comme on ne choisit pas toujours ses clients. Un boulot reste un boulot. Il y a des journées plus chiantes, des clients moins sympathiques et un public moins investi que d’autres. C’est la vie. Sauf que Henrik est privilégié. Il a très souvent le choix. C’était tout autre chose pour les musiciens. « Edwin Stanhope. » Plutôt connu sur la scène classique, son frère a su se faire un nom parmi les autres. Une partie de lui doute que la jeune femme le connaisse, mais qui sait, le monde est toujours plus petit qu’on le croit. Le rire de la chanteuse résonne dans l'atmosphère. Bien que réservé, comme à son habitude, il sent peu à peu les coins de sa bouche se relever, formant un sourire complice qui prend de l'ampleur à chaque éclat de rire de la jeune femme. Pianiste, saxophoniste et chanteuse. Henrik ne peut réprimer son air impressionné. Il faut dire qu'il éprouve une profonde admiration pour ceux qui ont la capacité d'apprendre à jouer d'un instrument de musique. Pour lui, c'est loin d'être un talent inné. Chez lui, c’est loin d’être un talent inné. « J’ai essayé d’apprendre », avoue-t-il avec un sourire teinté d'autodérision. Le piano était son choix, une tentative sincère de trouver un point d'ancrage, un langage commun avec son frère, un moyen de transcender les barrières qui semblaient les séparer. Mais, hélas, ses doigts peinaient à trouver la justesse des notes. « Ce n’était pas vraiment fameux. Je n’ai pas un bon sens du rythme. » La musique, la danse, ça n’a jamais été son fort. Toujours en train de réfléchir à la pratique, au lieu de se laisser guider par la mélodie.

Le Stanhope partage avec lui son manque d'enthousiasme pour ces soirées mondaines. C'est pourquoi il se retrouve à errer dans les recoins sombres, loin de se mêler à la foule comme les autres. Lorsque la jeune femme lui demande pourquoi il est là, une légère gêne se dessine sur son visage. Il trouve toujours un peu présomptueux de dire la vérité, mais il ne voit pas non plus la nécessité de la cacher. Après tout, il est fier de son travail, même s'il n'aime pas s'en vanter. « J'ai conçu les plans du centre », déclare-t-il humblement, une manière modeste de souligner qu'il est à l'origine de l'espace dans lequel elle vient de se produire. « Pour faire bonne figure, je dois faire une petite apparition et vendre ma salade. » Travailler à son compte nécessite une grande partie de réseautage et d’entretien de relation. Ce pourquoi il s’entête à se pointer le bout du nez, ne serait-ce qu’une soixantaine de minutes pour laisser sa trace. « Je suppose que tu peux comprendre. » N’est-ce pas pareil dans le monde de la musique ? Le réseautage étant la clé de nos succès. Et donc, l’envie de s’éclipser n’est pas très loin. Surtout qu’il prend réellement plaisir à discuter avec elle. Ce serait dommage de devoir y mettre fin simplement parce qu’elle suit son groupe. L’invitation se fait bien entendre. Personne ne l’attend chez lui - sauf le chien, mais c’est un grand garçon. « Faire une sortie avec un groupe de jazz dans le centre-ville de Saint-Albans ? Ça me semble être une expérience que je dois vivre au moins une fois dans ma vie, non ? » Henrik est loin d’être un fêtard, plutôt du genre sage et raisonnable. L’ami qui semble toujours trop sobre, malgré les quelques verres enchaînés. Alors que ses yeux se perdent dans le regard profond de la chanteuse, une sensation irrésistible s'empare de lui, le poussant à envisager de plonger dans l'inconnu. Dans cet instant suspendu, il se demande si ce désir impétueux n'est pas ce qu'il recherche au fond de lui : une évasion, un moment de libération. « Il y a un pub à deux coins de rue. Bonne ambiance, bonne bouffe et quelques tables de billard. On pourrait poursuivre cette conversation là-bas. » propose-t-il sous-entendant son envie de lui tenir compagnie, un peu plus longtemps.

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Henrik, pragmatique par nature, aime comprendre ce qui l'entoure, décomposer chaque détail avec précision. Pourtant, face à la chanteuse de jazz, il se trouve dérouté. Il sent son regard glisser vers son visage à plusieurs reprises, captivé par la douceur de ses traits, un contraste saisissant avec la profondeur de ses yeux sombres, presque insondables. Ils brillent avec cette intensité subtile, comme si derrière chaque battement de cils se cachaient des histoires non racontées. Leurs mots s’entremêlent avec une aisance surprenante, presque comme si une harmonie invisible guidait leur échange. La musique devient un point commun qu’il partage indirectement. « Oui, du classique. Ça lui arrive parfois de faire du piano jazz. » Il y a une sorte de fascination dans sa voix quand il évoque Edwin, celui qui a hérité de cette fibre musicale que lui, Henrik, n’a jamais vraiment possédée. Il se souvient avoir essayé, enfant, de jouer quelques morceaux, mais la discipline, la technique, tout cela l’avait rapidement découragé. « Le piano aussi. » Ce n’était pas son monde, pas son langage. Il avait rapidement trouvé plus de plaisir à simplement écouter, à s’immerger dans la musique comme un observateur, sans chercher à la maîtriser. « Et la flûte à bec, en première année, mais je ne crois pas que ça compte, » ajoute-t-il avec un sourire amusé, se moquant légèrement de lui-même. « Je pense surtout que j’ai essayé pour me rapprocher de lui, et non par réelle envie de jouer. » Henrik laisse ces mots glisser doucement, presque comme une réflexion à voix haute. En étant le plus jeune de la fratrie, il avait toujours ressenti ce besoin, parfois inconscient, de se connecter à ses frères, de trouver un terrain commun où il pourrait partager quelque chose avec eux. Donc, non, ce n’était pas une question d’instrument, mais plutôt le fait que la motivation profonde, celle qui pousse à vouloir vraiment apprendre, n’était tout simplement pas là.

À son tour, il lui parle de son métier, en lui expliquant la réelle raison de sa présence à cette soirée. Il acquiesce de la tête. Pour lui, c’est plus que passionnant comme boulot. Un rire léger échappe ses lèvres alors qu’elle lui confie qu’elle a choisi la musique à l’architecture, ne suivant pas le conseil de son père. « Est-ce qu’il en est tombé de sa chaise ? » s’amuse-t-il, se basant sur le cliché des parents qui ne veulent pas que leur enfant se lance dans le monde instable des arts. « J'ai toujours été fasciné par la conception des choses, » confie-t-il. « La façon dont chaque élément trouve sa place, comment tout s'assemble pour créer quelque chose de plus grand. » Plus jeune, ses jouets finissaient souvent à moitié détruits, non pas par désintérêt ou manque de soin, mais parce qu'il ressentait ce besoin irrésistible de découvrir ce qui se cachait à l'intérieur. Il voulait comprendre d’où venait le bruit, comment les mécanismes fonctionnaient. « C’était donc, architecte ou ingénieur. » La génie mécanique avait aussi été dans ses choix. Peut-être que s’il n’avait pas été accepté à la polytechnique, il aurait tenté sa chance à Oxford, mais il a eu ce qu’il voulait et le voilà, aujourd’hui, à faire acte de présence. « Cela dit, la soirée a pris une tournure beaucoup plus agréable depuis quelques minutes. » Son sourire est doux, suffisant pour que Sarah comprenne qu'il fait subtilement référence à leur conversation, sans pour autant le dire de manière trop directe.

Henrik décide de se laisser entraîner par le groupe et accepte de les suivre dans un pub à quelques coins de rue. Ceux-ci se montrent accueillant, et l'architecte se sent rapidement à l'aise parmi eux, bien que légèrement en retrait. Tel que demandé, il accompagne la chanteuse jusqu'au bar pour prendre en charge les commandes. En s’appuyant contre le comptoir, il laisse son regard errer sur les détails du lieu. Il observe les clients animés dans leurs conversations, les murs décorés de vieilles affiches et les lumières tamisées qui créent une ambiance chaleureuse. Mais son attention revient à la brunette à ses côtés, sur son sourire charmeur qui colle à ses lèvres depuis le début de la soirée. « Je m’en sors pas si mal. Mes cours de physique aident beaucoup, » répond-il avec un sourire en coin, son regard se portant vers la table de billard. Le souvenir des années passées à l'université lui revient alors, un temps où chaque vendredi soir était synonyme de rituels au bar étudiant avec ses camarades de classe. Autour d'une table de billard, les bières à la main, ils passaient des heures à échanger des coups, à parier pour le simple plaisir de gagner une tournée ou à discuter de tout et de rien entre deux frappes bien ajustées. En ramenant son attention de nouveau vers elle, elle vient délicatement replacer ses cheveux. Une mèche rebelle. Le mouvement est simple, mais empreint d'une grâce naturelle qui ne lui échappe pas. Un doux sourire, légèrement gêné, se dessine sur ses lèvres tandis qu'il plonge son regard dans le sien. Il y a quelque chose de fragile dans ce moment, une complicité naissante qui flotte dans l'air entre eux. Henrik se surprend à apprécier cette sensation, cette intimité subtile qu’il n’a pas ressentie depuis un certain temps. Cela lui semble à la fois étrange et plaisant, comme redécouvrir un vieux sentiment enfoui, mais jamais tout à fait oublié .Il est encore absorbé par ce petit jeu de regards et de sourires, lorsqu’ils sont interrompus par l’arrivée du barman, posant les verres devant eux. Le charme du moment se dissipe doucement, mais Henrik s’empresse d’ajouter : « C’est ma tournée. » Son ton est ferme mais courtois, comme s'il voulait s'assurer que ce soit lui qui contribue à cette soirée. Il s’occupe de payer la facture sans hésitation, considérant que c'est la moindre des choses.

À deux, ils ramènent les verres auprès du groupe, et Henrik est accueilli par des remerciements chaleureux avant que l'attention ne retourne rapidement à la partie en cours. Henrik et Sarah s'installent tranquillement sur des tabourets, légèrement en retrait, mais assez proches pour observer la partie. Malgré l'animation autour d'eux, ils parviennent à préserver cette petite bulle intime qu'ils ont créée depuis leur rencontre, une sorte de refuge discret au milieu du brouhaha du pub. Il tourne légèrement la tête vers elle, un sourire léger aux lèvres, avant de demander, presque sur un ton complice : « Ça ne les embête pas que je monopolise ta présence ? » Il en doute sincèrement, mais préfère vérifier. Il a toujours été plus à l’aise dans des échanges en tête-à-tête, plus que dans les interactions de groupe où tout se mélange. « Je t’avoue que je ne fais pas ça souvent, improviser des soirées, » confie-t-il avec un sourire en coin, révélant une part plus spontanée de lui-même, qu’il explore rarement. Avec son agenda bien rempli, chaque minute de sa journée semble souvent programmée à l’avance. Entre les réunions, les projets à superviser, et ses engagements personnels, il est difficile d’improviser quoi que ce soit. Tout, ou presque, est minutieusement organisé, prévu à l’avance.