Une notif’ qui le sort du chilling ultime : devant sa télé et un épisode débile, et un joint pincé entre les doigts. Reid n’est pas du genre à se complaire dans l’oisiveté, non. Sauf qu’elle l’a bien mis dans la merde, sa frangine, avec sa dernière connerie en date. Résultat : il fait profil bas, le Dewar, parce qu’il faut bien qu’il y en ait un plus sensé que l’autre pour rattraper le coup avant l’hécatombe. Quand l’hiver approche, ça le gêne quand même un peu moins. Dans une autre vie, il aurait peut-être hiberner, Reid. En tout cas, il se fait mieux qu’on l’imagine à ces moments solo. Parait que c’est un peu ça, vieillir, surkiffer son confort, etc. Il ne réaliserait pas que les 40 piges sont au coin de la rue si ce n’était de ces petits changements ici et là, comme l’envie irrépressible de se taper une sieste en plein après-midi. Revenons-en à la notification, qui vient changer le cours du planning. Eli le garde jeune, même si ce n’est plus comme avant. Aucune hésitation, il pianote une réponse à une main, façon Reid.

R.D. Besoin d’un peu plus qu’un café today. Waiting for you, boo.

Il se bouge un peu, quand même, fierté y oblige. Sa tignasse a besoin d’un passage devant le miroir, mais tant pis pour la barbe de deux jours. Ça ne lui donne même pas un air négligé, ils ont ça dans le sang les Dewar, they look good sans trop y mettre d’efforts. Il écrase le bâtonnet magique, surtout, histoire de se mettre dans le bon état d’esprit. Eli, elle ne s’arrête jamais, un peu comme lui d’ailleurs, sauf quand il commence. C’est toujours ça le couac, faut pas arrêter. Reid n’a pas arrêté par choix, juste le temps de laisser la tempête passer. Jamais, pas en cent ans, il n’admettra qu’il a actually un problème. Ça lui changera les idées, qu’il se dit. Il ne lui passe même pas à l’esprit de lancer le café, et c’est tant mieux parce que c’est avec deux tasses qu’elle se pointe, la belle blonde. La voir lui tire un sourire, spécialement alors qu’elle lui quémande un câlin comme s’ils sont deux gosses, ou alors brother and sister style.
Acquiescer à sa requête, c’est automatiquement se griller parce qu’il n’a certainement pas eu le temps de se débarrasser complètement de l’odeur de marijuana, mais ô pourquoi retarder l’inévitable. « Sure, boo. » Elle sent bon, elle sent toujours bon. Il ne s’attarde pas, Reid sait se tenir, et puis c’est vrai qu’elle a pris cette place à part et qu’il la protégerait autant qu’il le ferait avec sa propre sœur désormais. Il ne lui reste plus qu’à espérer qu’elle ne lui causera pas autant d’ennuis que cette dernière, oh well. « C’est une longue histoire. » Du genre, il n’a pas tellement envie d’entrer dans les détails, mais si elle demande, il ne refusera pas. Ainsi va la vie, ainsi va surtout le lien particulier entre eux. « Quelque chose me dit que toi aussi, t’as des choses à me raconter… » Ouais, surtout comme : est-ce que c’est son mari chéri qui l’a invitée, comme ça, sans prévenir, à aller se prélasser dans les caraïbes ?