Les disputes entre Chris et Cassie étaient violentes parfois, mais elles ne duraient jamais bien longtemps. Certes, il avaient du mal à se pardonner parfois. La différence entre ce qu'ils faisaient, ce qu'ils disaient et ce qu'ils voulaient vraiment était large. La communication était clairement leur problème, mais lorsque l'on ne parle pas, communiquer reste compliquer. Pourtant, lorsqu'ils étaient dans les bras l'un de l’autre, rien ne comptait vraiment mis à part eux. Tous les deux ensemble. Leur histoire avait beaucoup de haut et de bas et beaucoup de rancœur s'y mêlait aussi. Des histoires qui furent, mais qui n'étaient plus. Des actions que l'on regrettait, irréparables. S'ils s'étaient séparés deux ans et demi plus tôt c'était parce que pour la première fois, aucun des deux n'avait cédé à la colère de l'autre. Ils s'étaient tout deux murés dans ce silence qui étaient leur compagnon depuis tant de temps. Ce n'était pas une question d'amour, ça ne l'avait jamais été.

Ce qu'il ressentait pour Cass était même au delà du sentiment amoureux, il savait qu'il existait quelque chose entre eux, au delà des sentiments qu'il avait pour elle. Quelque chose de plus fort que cela la liait. Ils étaient bien ensemble. Ils avaient le même stupide caractère, les mêmes idées sur la vie, la même façon de réagir face aux événements, la même difficulté à pardonner et en même temps la même facilité à aimer. C'était peut-être comme ça lorsque l'on avait vraiment vécu, les choses semblaient toujours plus précieuses, mais aussi tellement plus fragiles. Certes, il allait falloir s'accorder un peu plus que ça s'ils voulaient vraiment construire quelque chose mais, ils arriveraient, Chris était certain en montant les escaliers avec Cassie complètement bourrée sous son bras, qu'ils y arriveraient s'ils le voulaient tous les deux... Lui, le voulait. Qu'en était-il d'elle ? Un mari ? Un fils ? Christopher ne pouvait pas se permettre de merder sur ce coup là. Ni même de faire une erreur de parcours... Et pour ça, il savait qu'il allait devoir pour la première fois de sa vie, faire les choses bien. Et cela impliquait du temps. Cela impliquait de parler et d'aller au delà de l'attirance physique qui était leur moyen de communication favori.

Cassie se détacha de lui pour aller courir dans les toilettes. Il la suivit et lui tenu les cheveux pendant qu'elle faisait ami ami avec la cuvette. Il s'assit à côté d'elle en attendant. Heureusement qu'il avait déjà vomi de son côté parce qu'il aurait certainement fait de même. Mais en temps que médecin, il avait senti et vu largement pire que du vomi. Il avait déjà vu Cassie vomir aussi. Ce n'était pas la première fois. Son instinct de docteur parla pendant que sa chère et tendre ne semblait pas vouloir quitter la vaillance. Il tressa rapidement ses cheveux pour qu'ils ne trainent pas partout et parti chercher un verre d'eau quelque part. Il couru et prit un verre qui trainait derrière le bar. Tout était déjà impeccable dans la salle à manger. Des équipes de nettoyage avaient déjà du œuvrer ici. Il remplit à l'eau du robinet pendant qu'il entendait Cassie, qui sans doute ne s'était pas vraiment rendue compte de sa brève absence, murmurer son nom.

- Je suis là ma belle, tiens bois ça, c'est de l'eau.

Il lui sourit. Il savait que lorsque l'on avait l'estomac tordu, la dernière chose que l'on voulait c'était boire, mais c'était important qu'elle ne se déhydrate pas. Ca l'aiderait d'autant plus à ne pas avoir un gueule de bois trop dure le lendemain. Il ferma le battant et tira la chasse d'eau. Ca arrivait à tout le monde d'être malade pendant la nuit hein. Pas qu'aux gens trop alcoolisés.

- Je sais pas où est ton dortoir. Tu viens dans mon lit ? Y'a qu'une place mais on se serrera. Par contre, il est en hauteur, ça sera le dernier défi de ce soir.

Il chuchotait. Il ne voulait pas réveiller tout le chalet non plus. Déjà que leur dispute avait pu être entendue de toute personne à l'extérieur du lieu au moment où ils avaient crié. Il se leva et l'aida à se relever d'une main ferme. Il embrassa sa joue toute réchauffée à l'intérieur du chalet. Il avait juste envie de s'endormir contre elle. Il n'avait pas envie de revenir dans ses draps froids. Avec le petit et son mari, il n'aurait peut-être pas beaucoup d'autres occasion comme celles-ci.

Cette soirée... Cette soirée était magique. Oui, il s'était vu coucher contre un chalet par son ancien employé et son petit frère. Mais il n'y pensait pas. Cassie était avec lui et étrangement il se rendait compte que ça lui suffisait pour être heureux. Avec Oriana, il avait toujours eut des doutes. Mais, là, c'était différent. Cette soirée était complétement folle, elle n'était pas de leur âge, il avait l'impression d'avoir 24 ans de nouveau. Il avait l'impression d'avoir le droit d'aimer de nouveau lui qui s'était presque interdit ce droit depuis des années. L'Univers lui offrait une seconde chance avec Cassandra, il ne la laisserait pas passer. Il avait envie de caresser sa peau, il avait envie de sentir ses cheveux, de se réveiller chaque matin en voyant son visage. Il avait envie de prendre soin d'elle même s'il savait très bien qu'elle était assez indépendante pour survivre sans lui. Il l'aimait tellement que ça le blessait quand il la voyait. Qu'est-ce qu'il devait faire ? La vie semblait semblait si simple quand elle était là. Mais, la vie n'était pas si simple, il ne suffisait pas d'aimer, il fallait se battre, il fallait penser au boulot, il fallait penser à l'avenir, il fallait accepter le passé.

Il lui donna un verre d'eau et insista jusqu'à ce qu'elle le prenne. La fatigue commençait à arriver. Il avait juste envie d'être contre elle, de dormir oui, mais avec elle. « Je veux plus jamais dormir sans toi. » Il sourit, l'enlaça. Comment deux êtres en si grande symbiose avaient-ils pu se séparer ? Comment ou pourquoi n'étaient-ils pas arriver à se parler, à se murmurer des secrets, à s'aimer vraiment.

- Qu'il en soit ainsi...

Il l'aida à se relever. Ils savaient tous les deux que la prochaine nuit ils seraient séparés. Qu'ils dormiraient avec quelqu'un d'autre. Mais ce soir était le leur. Un soir comme il n'en avait pas eu depuis longtemps. Le quotidien se brisait avec Cassie, le quotidien n'était rien, l'avenir avec elle se réinventait, les souvenirs du passé se brisaient sur les rochers de l'indifférence et le soleil baignait de nouveau cet espace d'infinies possibilités du futur. Sa main dans la sienne, il l'aida à monter la petite échelle du lit superposé. Il la vit se coucher directement. Lui, profita d'être sur le sol pour se déshabiller rapidement en caleçon et poser un tee-shirt sur le lit sans pour autant l'enfiler. Il dormait avec le moins de vêtements possible, il avait toujours trop chaud mais demain matin allait sans doute nécessiter d'être couvert aux yeux des autres. Il regarda la fenêtre dont les volets n'avaient pas étés fermés. La neige dehors recommençait à tomber doucement. Il monta en deux marches et se posa contre son amante. Il fit glisser la couverture un peu rêche sur eux.

Elle se serra contre lui comme si elle voulait le pousser du lit. Mais Chris la connaissait assez pour savoir que c'était pour le sentir contre elle. Il passa sa main autour de sa taille et posa sa tête près de la sienne. Il était accueilli par une avalanche de cheveux. Il avait sourire aux lèvres. Lorsqu'il battait des paupières il avait l'impression de s'endormir déjà. Depuis combien de temps n'avait-il pas passé une nuit correcte ? Il bougea légèrement contre elle. Il avait envie que cette nuit dure des jours. « Me laisse plus jamais. » Il prit une longue inspiration et resserra son bras autour d'elle. Il ne savait pas quoi répondre. Qu'allait-il faire ? Quitter Ana ? La respiration de Cassandra se fit plus régulière, elle s'était endormie. Lui restait éveillé étrangement. La seule chose dont il était sûr c'est qu'il ne voulait plus jamais la blesser, plus jamais la faire souffrir. Elle était sienne pour toujours. Elle et le petit Casey. Elle et Eddie. C'était eux la famille, qui était-il pour détruire tout ça ? Que devaient-il faire tous les deux qui soit le mieux pour le petit garçon ? Deux ans... Il avait soudain envie qu'il soit là avec eux. Un week-end à la neige tous les trois... Il ne s'en rendait pas compte mais c'était la première fois qu'il acceptait l'idée de fonder une famille. Il ferma les yeux et s'endormit au rythme de sa respiration.