Le cimetière, Elise était venue ici il n'y avait pas si longtemps que ça pour l'enterrement d'Alex. Ils avaient croisé un trou pour mettre un cercueil vide. Au loin, elle pouvait encore voir les fleurs sur la tombe. Un peu plus loin, il y avait la tombe de ses parents, recouverte par de la neige, sur laquelle ses grands parents avaient déposé des fleurs quelques jour auparavant. Elle détourna le regard car aujourd'hui ce n'était pas à propos d'elle. Aujourd'hui, Redwood Hills commémorait la mémoire des colons mais aussi des peuples ayant fondé la région. Par ce temps hivernal, Elise avait enfilé un long manteau, des gants, un bonnet. Elle avait privilégié les couleurs sombres par respect. A l'entrée du cimetière des fleurs et couronnes avait été laissé à disposition. La pâtissière avança pour en choisir une s'avancer vers une tombe qu'elle affectionnait particulièrement. Son grand-père avait l'habitude de lui raconter les histoires de leurs ancêtres venus s'installer ici, et il lui parlait en particulier de cette femme courageuse qui avait tout sacrifié pour sa famille. Il y avait déjà quelques personnes autour d'elle dont certaines qu'elle connaissait, et elle offrit un sourire avant de déposer la couronne contre la pierre dans un silence solennel.  

Je n’ai rien contre les cimetières, mais je ne vais pas mentir en disant que ça me met particulièrement à l’aise. Mais aujourd’hui, c’est particulier. Je n’y viens pas pour visiter le caveau familial où reposent mon oncle, ma tante et mes cousins – tous morts pou/à cause de la secte -, mon grand-père et ma grand-mère. Ça en fait du monde. Et j’espère vraiment que Mandy, ma cousine, ne va pas s’enliser dans une histoire qui va mal finir, à force de fouiner au sujet de la Rose Lunaire. Je frissonne, à cause du froid ou de mes pensées, peut-être les deux. J’avance en retrouvant mon habituel sourire et mon air toujours heureux. Pour l’occasion j’ai une tenue d’époque, elle appartenait à mon grand-père. C’était un féru de reconstitutions historiques. Moi, j’avoue que je suis loin d’être incollable sur le sujet. L’Histoire ce n’est pas mon fort. C’est l’occasion d’apprendre quelques trucs et passer un bon moment. Dommage qu’Evy bosse, je suis certain qu’elle aurait été magnifique en costume.
Je prends une couronne, et comme les autres, je me dirige vers les vieilles tombes. Je la dépose silencieusement sur l’une d’elle. Je ne connais pas ces gens mais j’espère qu’ils reposent en paix. Du coin de l’œil, je remarque la jeune femme juste à ma droite, sur le coup j’ai même cru que c’était Mandy – d’où mon intérêt. Elle pose sa couronne comme si elle savait de qui il s’agit. Se redressant elle me sourit aimablement. Moi aussi.

« Bonjour. Je ne sais pas ce qu'on est sensé faire ensuite... »

Avec mon accent anglais, ça passe ou ça casse. J’espère que ses aïeux n’ont pas trop souffert des anglais qui n’acceptaient pas que leurs colons s’éloignent de la couronne…

Raphaël en avait assez de cette affaire de secte. Il était vrai que travailler sur cette histoire commencer à lui peser plus que ce qu'il avait pu imaginer. Cela ne voulait pas pour autant dire qu'il n'appréciait pas la ville. Il avait fini par s'attacher à cette ville, il aimait les paysages qu'il pouvait y voir, il aimait avoir l'impression de se sentir enfin chez lui. Il ne savait pas bien pourquoi il avait fini par s'intéresser à cette journée du souvenir. Peut être avait-il envie de trouver de nouvelles informations ou peut être avait-il simplement envie d'en apprendre plus sur cette ville dans laquelle il vivait depuis plus d'un an maintenant. Il ne le savait pas, il se laissait porter par ses émotions et ses envies même s'il savait que cela ne lui réussissait pas toujours.

Il s'était donc réveillé ce matin là, réfléchissant au fait que peut être ce n'était pas la meilleure idée que de se rendre là bas. Il n'était pas originaire d'ici donc peut être que ce n'était pas sa place mais en même temps, il avait envie de voir ce qu'il pouvait arriver ce jour là. Il avait le même pressentiment qu'il avait eu lorsqu'il s'était rendu à la maison hantée. Un mauvais pressentiment bien sûr... ce fut cela qui le poussa à se lever pour se rendre là bas. Il enfila quelques vêtements pour se rendre à l'un des spots qu'avait ouvert la ville. Le cimetière n'avait jamais été autant rempli et les gens posaient des couronnes ou des gerbes de fleurs sur les tombes de leur famille. Pour lui, il n'avait personne, donc il regarda les personnes autour de lui. Il entendit une personne un peu perdue et il le comprit bien puisque ce n'était pas facile de comprendre quoi faire dans un cimetière. "Il parait qu'il y a un mausolée d'un ancien colon... peut être qu'on aura l'occasion de le voir. Doit y avoir ses affaires de l'époque probablement." Il n'était pas très versé dans le morbide donc il imaginait probablement que les organisateurs avaient axé cela sur le fait que l'on pouvait en apprendre sur l'histoire de la ville.

La curiosité avait toujours été quelque chose qui avait fait partie d’elle. Et donc en voyant que la ville organisait une journée du souvenir et durant laquelle la population pourraient revivre le passé, elle s’était décidée à y participer. Elle s’était un peu baladée au hasard et puis s’était retrouvée au cimetière, elle trouvait simplement que c’était une belle idée d’honorer les disparus. Elle ne s’était par contre pas déguisée pour l’occasion. Elle suivit un peu les gens et puis en levant la tête, elle reconnut Raphaël. À croire que ce gars-là allait la poursuivre jusqu’au bout… elle l’observe depuis quelques pas en arrière et puis s’approche du groupe. "Je pense qu’ils ont encore des choses à raconter." Elle sourit et puis s’approche du groupe. "Salut Raph…" Elle ne savait pas vraiment quoi lui dire. Cet homme la rendait folle, positivement mais pas toujours. Elle alla prendre une gerbe de fleurs qu’elle sépara entre différentes tombes à proximité. Elle ne connaissait personne dans cette petite ville, elle venait de Chicago et à vrai dire, même à Chicago, elle n’avait jamais eu une grande famille, elle avait ses parents et quelques amis, c’était tout. Maintenant les choses étaient différentes avec un demi-frère. Elle sourit.

Un homme s'était approché d'elle pour la saluer, avouant en même temps qu'il ne savait pas ce qu'il était supposé faire. Elise haussa les épaules, elle non plus ne savait pas trop quoi faire. Peut-être qu'une des personnes présente était membre de ceux qui avaient organisé l'évènement. Habituellement, elle aurait posé les fleurs et n'aurait pas trop tardé à sortir... Et elle aurait bien eu envie de le faire là... mais une sensation étrange la retenait. Raphaël arriva, ils ne se connaissaient pas très bien, mais elle savait qu'il vivait pas très loin de chez eux et qu'il était sorti avec Nym. Une autre femme le salua d'ailleurs. Raphaël avait parlé du mausolée. Elise avait toujours connu ce petit établissement de pierres. Alex et Carter avaient plusieurs fois essayer de la faire venir avec eux pour y jouer quand ils étaient enfants. Elise n'était pourtant pas vraiment une peureuse mais cet endroit et surtout cette tombe ne lui plaisaient pas. Tout à coup, des bruits se firent entendre, des voix se mêlant aux bruits du vent. "Vous avez entendu ça?" C'était peut-être juste elle... Le retour dans ses souvenirs, le sentiment qu'elle ressentait vis à vis du mausolée. C'était certain elle se faisait des films et l'une des personnes qui l'entourait la rassurerait certainement.

Les cimetières ne sont pas l'endroit que tu préfères à Redwood. Outre le fait qu'il accueille des personnes décédées qui nous sont chers, tu trouves cet endroit glauque. Sombre, lugubre. Tu détestes cet endroit. Rien que le fait de penser devant en voiture, ça te fait dresser les poils sur les bras. Bref. Aujourd'hui, il y a cette histoire de comémoration en ville. Tu ne sais pas encore pourquoi tu t'y ai inscrit. Sur un coup de tête sûrement. Qu'importe la raison qui t'as poussé à t'inscrire. Tu es là. Devant le cimetière. C'est Harper qui garde ta fille actuellement. Tant mieux, tu ne voulais pas emmener ta fille dans un tel endroit. Marchant droit devant toi, les mains dans les poches, tu rejoins les quelques personnes à l'intérieur du cimetière. De temps en temps, tu jettes un regard autour de toi. Des pierres tombales. Les unes à côté des autres, elles défilent au fur et à mesure que tu marches.

Qui dit comémoration, dit costume d'époque. Pour se faire, tu as revêtus le costume traditionnel des côlons. Ridicule un peu. Comme on dit, le ridicule ne tue pas. Vaut mieux être habillé de la sorte que de ne pas être habillé du tout. Tenant une couronne de fleurs dans tes mains, tu suis les autres. En silence, comme à ton habitude. Tu n'aimes pas te faire remarquer. C'est pas ton truc. À l'inverse de ton frère et ta soeur. Sur l'une des pierres tombales, tu déposes la couronne de fleurs que tu portes dans tes mains. Quatre personnes près de toi. Deux femmes, deux hommes. Tu ne les connais. Enfin, tu ne leur a jamais parlé en fait. "Salut !" Dis-tu d'une voix douce et calme à tes camarades de la journée. Puis soudain, vous entendez des bruits bizarres. Ça te glace le sang. T'es pas le genre de mec à avoir peur comme une fillette de trois ans mais là, c'est différent. Déjà qu'être dans un cimetière c'est flippant. Là, ça l'était doublement. Des voix, ce sont des voix. Serait-ce des petits malins qui s'amusent à faire peur aux autres ?! Probablement. Restons tout de même sur nos gardes. "oui, je les entends aussi.. A votre avis c'est des petits malins ?!"

Ce n’est pas la jeune femme qui me répond, mais un homme. Il a l’air d’en savoir bien plus que nous. Une jolie brune nous avait rejoints et un autre homme que je salue aussi. Je crois que je suis le seul à ne connaître personne, même si certains visages me sont familiers. Croisés au boulot ou en ville. On commence à former un groupe, drôlement vêtu. Ça donne un peu l’impression de faire un voyage dans le temps. Et puis des voix. Sur l’instant je pense au vent ou à des voix lointaines, d’autres visiteurs. Mais rapidement je fronce les sourcils et me tourne vers le mausolée. C’est de là que ça vient et ça… ça appelle à l’aide. Une blague ?

« Y’a qu’un seul moyen de le savoir. »

Mon côté macho ressort et je regarde l’homme qui m’a répondu plus tôt. Genre on y va ? J’ai pas peur, c’est un réflexe au boulot : on n’intervient jamais seul. Il a l’air partant, on avance donc vers l’imposant, et légèrement glauque, monument aux morts.

« Hey, y’a quelqu’un ? »

Peut être des gamins qui ont réussi à entrer mais pas à sortir.

Il y avait plus joyeux que de se retrouver dans un cimetière mais il fallait aussi se dire que ce genre de commémoration était parfois nécessaire. On av1it besoin de se souvenir du passé pour pouvoir aller de l'avant. Malheureusement pour cette ville, on avait l'impression qu'ils n'apprenaient jamais de leurs erreurs. Toutes ces commémorations ou tous les événements qui avaient été organisés par la ville avait fini dans la terreur à cause de la secte. C'était presque à se demander s'il n'y avait pas des personnes de la secte à l'intérieur de la mairie. "Salut Lexie...." il était toujours un peu gêné et perturbé lorsqu'il la voyait mais en plus cette fois il avait un peu peur que quelque chose arrive alors qu'elle était présente. Il ne lui restait plus qu'à espérer que rien n'aille de travers.

Malheureusement, c'est toujours à ce moment là, quand l'espoir est au plus haut que l'on finit par tomber. Tout à coup, ils entendirent des voix derrière le mausolée qui était près d'eux et tout le monde se tendit. La tension était palpable dans l'air mais personne ne voulait trop laisser voir sa peur. "Sois c'est des petits malins soit c'est des fantômes. .. a toi de voir ce qui te paraît le plus cohérent." Bien sûr, le sarcasme était toujours la meilleure arme contre ses angoisses. Il ne pouvait pas se laisser submerger donc forcément il en avait besoin. Lorsqu'il vit Jayce commencer à s'approcher il se dit qu'il ne pouvait pas se laisser seul. Ou peut être bien qu'il se dit qu'il ne voulait pas le laisser être le mâle dominant. C'était bien le moment de se montrer macho. Il avança à sa suite, attendant de voir si quelqu'un lui répondait. "Tu passes par un côté et moi par l'autre?" lui demandais je simplement.

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