Edwin n’en pouvait plus, il était épuisé, tant physiquement que moralement, et il aurait bien voulu que tout s’arrête enfin. Malheureusement, cette forêt semblait sans fin et leur progression était retardée par la blessure de Nathan, si bien qu’il en venait à se demander s’ils passeraient toute la nuit ici. « Vous croyez qu’il y a des animaux sauvages, ici ? Je veux dire, plus menaçants que des lapins ? » demanda-t-il alors que sa vue se troublait, sous la fatigue. Il n’avait pas l’habitude de marcher autant, c’était un homme de la ville, sûrement pas de la campagne, les randonnées en pleine nature, très peu pour lui. Alors qu’il commençait à désespérer, Nathan poussa soudain une exclamation de surprise et il suivit du regard la direction indiquée. Le jeune homme avait raison, on discernait une petite maison, perdue au milieu du bois, faiblement éclairée. C’était peut-être leur jour de chance, finalement. Nathan proposa d’aller frapper à la porte et Edwin accueillit cette proposition avec soulagement. Il n’y avait pas grand-chose à faire d’autre de toute façon, pas question qu’ils retournent crapahuter dans le bois pendant des heures encore, Edwin n’en avait pas le courage. « Je suis d’accord, approchons-nous. On ne perd rien, de toute manière, si ce n’est pas les habitants de cette maison qui nous tuent, ce sera le froid et la fatigue dans cette forêt » résuma-t-il, alarmiste comme toujours. Il ne voyait pas d’autre solution que celle-ci et il espérait sincèrement que ses camarades d’infortune penseraient pareil.

A la vue de l'habitation, une vague de soulagement sembla revigorer le petit groupe. Edwin approuva aussitôt et, quoi que ses paroles procurassent à Nathan un frisson désagréable, il ne pouvait que se réjouir de le voir acquiescer. Ils ne voulaient pas mourir, et ils n'allaient pas mourir ! Ni le froid ni les bêtes ne les auraient, et il était convaincu que les propriétaires de la maison les accueilleraient sans mal. Reyes fut de l'avis des deux hommes, et reprit immédiatement la direction des opérations. Il devait avoir l'habitude de gérer des groupes, et des situations stressantes. Peut-être exerçait-il un métier à grandes responsabilités ? Même s'il ne pouvait pas le voir, l'étudiant hocha la tête. Il avait raison : le plus urgent, c'était de s'abriter. Tant pis pour les convenances.
Le petit groupe accéléra le pas, et bientôt, la lumière dorée des fenêtres éclaira leurs visages fatigués. « J'vais descendre, si ça vous dérange pas. » fit Nathan. Le barbu le lâcha, et le jeune homme se laissa glisser doucement jusqu'au sol. Il fit attention à ne pas trop s'appuyer sur sa jambe blessée. « Encore merci. » Il se répétait sûrement, mais il lui était réellement reconnaissant. Près de la porte, il leva le bras, et frappa du poing. Avant même d'entendre une réponse, il ouvrit la porte, et, claudiquant, entra dans la chaumière perdue au milieu des bois. La chaleur l'enveloppa comme une tendre couverture, et il en oublia presque les épreuves qu'ils venaient de traverser. Ses compagnons le suivaient de près, et refermèrent derrière eux.

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