Alors Edwin courait à en perdre haleine, tout courage envolé depuis qu’il avait traversé cette clairière maudite et constellée de taches de sang. Soit c’était un coup monté de la Rose Lunaire pour leur faire peur, soit c’était le véritable lieu de sacrifices humains mais tous les cas, ça n’avait rien de drôle et Edwin n’était pas rassuré – les autres n’ont plus, sans doute, puisqu’ils le suivirent dans sa course effrenée, même s’il n’avait aucune idée d’où il allait, même s’il craignait de s’enfoncer davantage dans cette forêt inconnue, plongée dans la pénombre, il n’avait plus qu’une idée en tête. Fuir cet endroit, fuir loin, là où ils ne pourraient pas le retrouver. Il partait devant, enjambait les branches qui dépassaient, survolait les buissons comme s’il volait, si vite qu’il manqua de glisser à de nombreuses reprises, mais il tint bon. Et soudain, il entendit un cri et se retourna vivement. Nathan dévalait une pente à toute allure, sans rien pour le retenir et l’espace d’un instant, Edwin imagina le pire. « Nathan ! » sans attendre, il se précipita à sa suite, veillant à ne pas reproduire la même erreur et à ne pas tomber. Il arriva à sa hauteur et s’agenouilla à son chevet, inquiet. « Est-ce que ça va, t’es vivant ? » il ne plaisantait même pas, Edwin ne le se permettrait pas. Il commençait doucement à saturer, il avait froid, il avait peur, et voilà maintenant que son cœur avait failli lâcher alors que l’un de ses compagnons d’infortune venait de se ratatiner dans un buisson de ronces. « Bon sang... » Edwin ne savait pas quoi dire, pas quoi faire. Nathan bougeait encore, rien n'était perdu.

Spoiler:

Edwin était soulagé de voir que Reyes semblait savoir ce qu’il faisait, à l’inverse de tous les autres. Il le laissa donc se charger de s’occuper du blessé en obéissant néanmoins à ses directives, espérant que ça ne soit pas trop grave. En somme, espérant qu’il s’en sorte et qu’il ne faille pas l’amputer par la suite. Mais c’était sans doute exagéré et en silence, Edwin observa Reyes prendre les choses en main, alors que les autres demeuraient à l’écart. Quand Nathan remarqua qu’il allait les ralentir, Ed haussa les épaules. « Tu crois vraiment qu’il est envisageable de te laisser mourir ici, dans les bois ? Ça n’arrangerait pas nos affaires, même si ton sens du sacrifice est très respectable » ironisa-t-il malgré lui. Comme s’ils étaient dans un film, comme si Nathan allait vraiment mourir, comme s’ils étaient pourchassés par des tueurs assoiffés de sang. Non, c’était impossible. Et si c’était vrai ? Edwin frissonna malgré lui, mais refusa de dévoiler sa peur, ce n’était pas le moment.  La seule chose à faire était de faire front ensemble, de le relever et de partir, tous ensemble. Comme sur un champ de bataille, même si Edwin n’avait encore jamais mis les pieds sur un champ de bataille, il se disait que la comparaison était tout à fait appropriée.  « Reyes est le plus qualifié pour te porter, au pire, on peut s’y mettre à deux... Et continuer, même à un rythme ralenti, en faisant le moins de bruit possible. Ils ne nous retrouveront peut-être pas » hasarda-t-il, plein d’espoir, sans être totalement convaincu par ses paroles. Il se rassurait en se disant que si on les poursuivait, ils auraient déjà été rattrapés.