Stage au bout du monde - Castiel et Juliet -

Stage au bout du monde.

Assis derrière son bureau, il regarda le dossier posé devant lui puis releva son regard azur sur son secrétaire. Callum était sous les ordres de Marty. Il effectuait des tâches de moindres importances. Il était très rare que Castiel le croise. Aussi, le voir devant lui, suggérait que le jeune homme avait un souci.
« Une jeune personne de votre cercle privé nous a fait parvenir une demande de stage. »
Castiel avait rédigé une liste de personnes qui avait un accès direct à sa personne. Les autres, devaient passer par l’un de ses secrétariats, qui triait et transmettait ensuite. La liste fluctuait souvent, mais ne s’allongeait que très peu.
« Il s’agit de Jun Howell. »
Une expression étonnée barra son visage tandis qu’il demandait :
« Jun veut faire un stage au Point ? »
Il savait que la jeune fille rêvait de devenir astronaute. Certes, le Point était un établissement étoilé, mais rien à voir avec celles que Jun rêvait de côtoyer.
« Non monsieur. »
« Elle préfère le DeWitt à New-York ? Il est vrai qu’elle a dû garder un beau souvenir de la ville. »
Il rajouta, amusé :
« Ne me dites pas qu’elle veut aller à Paris. »
« Non monsieur. Elle aimerait vous accompagner aux Maldives. »
Cette fois, Castiel ne peut retenir son rire.
« Sacrée Jun. »
« Je pense qu’elle a dû lire l’article qui est paru sur votre prochain mécénat dans l’Océan Indien. Vous avez fait plusieurs Une, et vous avez aussi lancé des appels à contribution. »
L’homme d’affaires s’en souvenait très bien. Seulement, il demandait de l’argent, mais aussi l’aide d’étudiants afin de venir en aide à l’équipe de chercheurs déjà sur place. Les étudiants devaient être des doctorants dans un domaine qui les intéressaient et non, des étudiants qui vivaient à l’autre bout de la planète.
Avec un reste de rire dans la voix, il dit :
« Je ne crois pas que Jun correspond aux critères... »
Son secrétaire pointa le dossier qu’il n’avait toujours pas ouvert.
« Il y a sa convention de stage, une lettre de motivation, ainsi qu’un message qui vous est personnellement adressé. »
Cette fois, même son secrétaire avait du mal à retenir son sourire.
Castiel tendit la main, ramena le dossier vers lu et l’ouvrit. Il parcourut rapidement la lettre de motivation puis le message de Jun.

Castiel,
Je dois faire un stage et j’ai vu que tu partais aux Maldives. Je t’en prie, amène-moi avec toi. Je rêve de voir comment on plante du corail afin de régénérer les massifs. Je te promets d’être studieuse. Je ne prendrais pas beaucoup de place dans ton jet.
Dis oui, s’il te plaît. En plus, ça ferait un super sujet de rapport de stage.
PS : Maman n’est pas au courant de ma démarche, pourrais-tu lui en parler, stp ? Et dire oui.
Jun.

Castiel regarda son secrétaire. Rien qu’à voir sa mine, il se doutait qu’une longue liste de problèmes n’allaient pas surgir à sortir de sa bouche et c’est ce qu’il se passa.
« Même si, vous acceptiez, cette jeune fille est mineure, ce qui signifie qu’il faut énormément de papiers pour qu’elle passe les frontières. Même en votre présence. »
Callum marqua une pause avant de continuer.
« Je me suis permis d’appeler le responsable du projet et il m’a dit qu’il travaille souvent avec des écoles, collèges et lycées afin de sensibiliser les jeunes le plus tôt possible. Ils doivent justement faire une campagne de greffes et il serait prêt à y inclure Jun. »
Le jeune homme s’approcha du bureau de son patron, du bout des doigts, il bougea quelques feuilles afin de trouver celle qui illustrait ses propos.
« Tout est détaillé ici. Les dates et le programme. C’est sur 3 jours. Rien ne l’empêchera de continuer son stage avec l’équipe. On m’a laissé entendre qu’il y avait toujours du travail pour des personnes volontaires.»
« Merci pour ce compte-rendu. Je crois qu’un saut au Drop of Milk s’impose.»
Alors que son secrétaire allait s’éclipser, Castiel lança :
« J’espère que vous savez nager, car vous faites partie du staff qui m’accompagne. »
« Merci beaucoup monsieur DeWitt. Oui, je sais nager. »
Le jeune homme quitta le bureau avec un grand sourire qui ne disparaîtrait pas de sitôt.
Castiel se bascula dans son imposant fauteuil quand la porte s’ouvrit sur Gustav.
« Je suppose que tu vas te changer. Pas question que tu bousilles tes chaussures, ni ton costume avec cette gadoue. Tes vêtements sont prêts.»
« Tu écoutes aux portes maintenant ? »
Son majordome lui lança un regard dédaigneux avant de tourner les talons, aussi digne qu’un roi.

Dans son dressing, une tenue de circonstance l’attendait. Un jean brut, une chemise marine et un pull ciel. Ses boots en cuir fauve complétaient l’ensemble. Un caban marine et une écharpe dans les tons de bleus et motifs de flocons de neige égayait le tout.

Durant le trajet jusqu’à l’établissement de Juliet, il feuilleta le dossier de Jun. Cette gamine avait de la suite dans les idées, elle avait même joint ses bulletins scolaires, afin de prouver son niveau et sa capacité à travailler. Les appréciations de ses professeurs étaient toutes dithyrambiques. Callum avait complété par un fascicule sur la fondation.

Une bonne odeur de sucre vint lui chatouiller les narines lorsqu’il entra. Il salua tout le monde et s’installa à une table, un peu à l’écart. Il adressa un grand sourire à Juliet qui avançait vers lui.
« Juliet, comment vas-tu ? C’est un plaisir de te revoir.»
Il s’était délesté de ses affaires et le dossier de Jun était posé, bien en évidence sur la table.

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Stage au bout du monde

Juliet est appuyé contre le plan de travail de sa cuisine, au 29 Waterfall Avenue. Elle boit une gorgée de café, observant sa fille qui mange ses céréales, le nez plongé dans un bouquin. Un manuel scolaire ou un livre sur l’astronomie, certainement. Elle ne fait pas attention à sa mère, trop absorbée par ce qu’elle lit. Elle fait à peine attention à ce qu’elle mange. Elle hésite un instant, Juliet, à arracher sa fille à sa lecture. Mais elle doit lui poser la question.
« Tu as trouvé ton stage ? »
Jun doit trouver un stage pour l’école. C’est sérieux, elle sera notée sur son rapport qu’elle rendra. Quand elle lui avait annoncé ça, un instant, Juliet avait imaginé que sa fille lui demanderait un stage au Drop of Milk, mais bien vite, l’idée s’était envolée. Un stage dans le salon de thé de sa mère n’apporterait pas grand-chose à son parcours scolaire, surtout quand le but de la jeune fille était les grandes universités, pour travailler ensuite à la NASA. Non, elle allait viser bien mieux, bien plus prestigieux. Juliet aurait pu se sentir vexée, mais elle comprenait l’ambition de sa fille. Elle voulait l’aider à atteindre son rêve, comme Juliet avait pu atteindre le sien quand elle était plus jeune. Sauf que Jun n’a pas demandé l’aide de sa mère. Elle lui parle à peine des démarches qu’elle a entrepris. Elle essaie de ne pas se montrer trop curieuse, montrer à sa fille qu’elle a confiance en elle, mais quand même… Juliet se râcle la gorge, se rappelant à Jun qui ne lève même pas les yeux vers sa mère.
« Pas encore, mais j’ai des pistes. T’inquiète. »
Doit-elle demander des précisions alors que la jeune fille enfourne sa cuillère pleine de céréales dans sa bouche. Juliet souffle. Elle doit y aller. Pas le temps de démarrer une discussion avec sa fille.
« Je file. » Lance-t-elle à sa fille, avant de déposer un léger baiser sur le sommet de son crâne et de partir pour le travail. Juliet est de service aujourd’hui. Ce qui veut dire, pas de comptabilité, pas de planning à gérer ! Elle aime ces journées-là, même si elle est un peu préoccupée par sa fille. Elle se demande si elle ne lui cache pas quelque chose. Certainement que si, Jun ne se tournerait pas les pouces alors qu’elle doit trouver un stage. Un stage dont la note sera inscrite dans son dossier scolaire. Que mijote-t-elle donc ?

Le sourire de Juliet est éclatant, avec tous les clients, mais encore plus quand une serveuse en salle vient la chercher pour lui dire que Castiel DeWitt est là. Ça semble être un événement pour son employée, mais pour la blonde, il s’agit juste d’un ami qui vient prendre un thé. Et il vient certainement la saluer ! Elle indique donc à sa collègue du jour qu’elle prend une pause, mais qu’elle n’hésite pas à venir la chercher si elle a besoin.
« Bonjour Castiel ! Je suis contente de te voir ici ! On s’est occupé de toi ? Est-ce que je peux prendre ta commande sinon ? »
Elle est trop occupée à être sûre que l’homme d’affaires à tout ce qu’il faut, elle ne remarque pas tout de suite le dossier sur la table, pourtant bien en évidence. Ce n’est que quand Castiel est servi, et qu’elle s’est installée en face de lui, qu’elle se rend compte que le nom de sa fille est noté sur ce dossier.
« Qu’est-ce que c’est ? »
Elle est curieuse, mais elle est surtout interloquée par ce dossier, les sourcils froncés.

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Lorsque Juliet se matérialisa devant lui, son sourire s’agrandit. Elle était toujours aussi resplendissante.
« Juliet, c’est toujours un plaisir. Oui, on s’est occupé de moi, merci. »
Il n’eut pas le temps d’en dire plus qu’une serveuse, tout sourire, vint lui apporter sa commande. Un earl grey. L’arôme du thé se répandit autour de lui. Il aimait cette odeur qu’il trouvait rassurante et apaisante. Exceptionnellement, il avait fait l’impasse sur les pâtisseries.
C’est Juliet qui aborda le sujet du dossier.
« C’est le dossier de Jun. Elle recherche un stage.»
Castiel regarda la jeune femme.
« Elle a fait parvenir sa candidature à mon secrétaire. »
Il ne put retenir un petit rire.
« Afin d’être certaine que son dossier ne soit pas mis de côté, elle m’a adressé un petit message. Ta fille est une jeune fille pleine de ressources. »
Malgré son amusement suite aux manœuvres de la demoiselle, Castiel était admiratif de voir qu’elle s’était renseignée sur la fondation, les dates, son emploi du temps à lui et qu’elle avait ficelé toute seule un dossier en béton.
Il ouvrit enfin la pochette. Le mot manuscrit était épinglé sur le rabat. Il poussa le tout vers Juliet.
« Si cela peut te rassurer, elle n’a pas demandé un stage au Point, ni dans mon hôtel parisien. »
Il ne savait pas si cela allait réellement rassurer Juliet.
« En fait, elle a su, en lisant la presse spécialisée et je ne parle pas de la presse people, que j’allais participer et financer une campagne afin de replanter les massifs de coraux. »
Castiel se tut quelques instants, le temps que la mère de famille enregistre les informations qu’il lui communiquait avant de rajouter :
« Aux Maldives. »
Il n’osait pas imaginer ce qu’il se passait dans la tête de Juliet. Il préféra la laisser digérer ces informations tandis qu’il dégustait son thé.
« Comme souvent, nous cherchons des étudiants qui viennent dans le cadre de leurs études. En règle général, il s’agit de doctorants... Il manque encore quelques diplômes à ta fille pour faire, normalement, partie du programme. Et lorsque nous prenons des lycéens, ce sont des jeunes des iles alentours afin de bien les sensibiliser au problème. En fait, Jun ne coche aucune case… mais… »
Son torse bascula légèrement vers l’avant « rien n’est impossible. Il faut juste que tu sois d’accord parce que pour traverser la planète et avoir les autorisations pour son stage, elle a besoin de ton accord.»
Il s’amusa à faire tourner le liquide dans sa tasse avant de relever son regard azur sur la jeune femme.
« Après, tu peux aussi l’accompagner. On a toujours besoin de volontaires. Je te dirai bien que tu as le temps de réfléchir, mais ce n’est pas vraiment le cas. Je pars dans moins de onze jours exactement. C’est long mais aussi très court pour obtenir tous les papiers. »
Il savait que Garensen avait ses contacts et que tout serait bouclé bien avant le départ. Peut-être même qu’il avait anticipé certaines étapes…
Il tourna la tête vers l’extérieur où la neige et le froid avaient pris possession de la ville.
« L’avantage des Maldives, c’est que l’on voyage léger. »
Pour passer les journées dans l’eau, un maillot et un t-shirt étaient amplement suffisants.
« Si tu te demandes où on logera, je peux te dire qu’il y a un bungalow à la disposition des stagiaires. »
Il dodelina de la tête en rajoutant :
« Certes, il y a aussi du personnel qui s’occupe des tâches ménagères afin que les étudiants puissent se consacrer à leurs études. C’est, dirons-nous, le petit plus DeWitt.»
Un sourire innocent accompagna ses paroles.
« J’aime que les personnes travaillent dans d’excellentes conditions. C’est la devise du groupe. »
Avec une certaine désinvolture, il avala le reste de son thé qui avait refroidi.
« Alors, que penses-tu du projet de ta fille ? »
Parce que c’était bien de cela dont ils parlaient. Du stage de Jun. Certes, elle n’avait pas choisi n’importe quoi, n’importe où mais autant rendre hommage à sa détermination.
« J’ai de la place dans mon jet... »
Il ne savait pas si cet argument ferait pencher la balance en faveur de la blondinette.

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Bien sûr que quelqu’un s’est occupé de lui. La serveuse a dû prendre sa commande avant de venir voir Juliet, et puis elle l’a certainement préparée avec beaucoup d’attention et de rapidité. D’ailleurs, voilà le thé de DeWitt qui est posé sur la table, devant lui. L’odeur qui parvient aux narines de la blonde lui indique qu’il s’agit d’un Earl Grey. Mais…
« Pas de pâtisserie ? » qu’elle lui demande, sur un ton taquin, un petit sourire aux lèvres.
Le client servi, l’attention de Juliet se porte désormais sur le dossier posé sur la table. Dossier portant le nom de sa fille dessus. Elle fronce les sourcils et adopte presque instantanément une posture défensive. Son instinct maternel se réveille. Juliet peut se montrer exagérément protectrice envers sa fille. Surtout quand elle n’est pas dans les parages pour râler après sa mère et lui faire des reproches sur son attitude.
La surprise se lit aisément sur son visage quand Castiel lui indique que Jun cherche un stage. Elle se retient de répliquer qu’elle sait. Quand même. Elle est encore plus surprise quand elle apprend que Jun a envoyé sa candidature à DeWitt.
« Pardon ? »
Juliet pense au Point, forcément, mais ça ne colle pas avec les ambitions de Jun. Elle se remémore alors la proposition de l’homme d'affaires d'aller en France dans un Relais et Châteaux. L’adolescente se laisserait-elle tenter par le luxe et la vie de château ?
Jun ? Une fille pleine de ressources ?
« Tu n’as pas idée… » qu’elle souffle. La blondinette sait faire preuve d’intelligence et peut se montrer un brin manipulatrice pour obtenir ce qu’elle veut. Il suffit de la voir avec ses oncles…
Castiel ouvre enfin le dossier de sa fille, donc, et le pousse vers Juliet. Elle ne sait toujours pas ce que Jun a manigancé. Elle relève les yeux vers le brun quand il lui indique qu’elle n’a pas demandé le Point, ou Paris. Non, ça ne la rassure pas. Quelle idée a-t-elle bien pu avoir ? Ses yeux parcourent rapidement le dossier, mais son attention est plus focalisée sur ce que lui dit Castiel. Elle finit par le regarder quand il lui parle de massifs de coraux. Elle ne le quitte pas des yeux quand il se tait. Elle laisse le silence s’installer, attendant qu’il continue de parler. Elle commence à comprendre, Juliet.
« Oh, vous ne replantez pas de coraux dans le Vermont ? »
Elle est un peu agacée, Juliet. Pas par Castiel, mais par sa fille. Elle admirant son enfant, d’avoir fait tout ça toute seule, à son âge, pour obtenir un stage. Seulement, elle est vexée, la blonde, que sa fille n’ait pas assez confiance en elle pour la mettre dans la confidence. Elle avait certainement eu peur que sa mère, étant amie avec Castiel, allait prendre les devants et demander directement à l’homme d’affaires une place pour aller replanter des coraux aux Maldives.
Elle souffle, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. Au discours de Castiel, elle entend bien que Jun n’est pas prioritaire sur ce genre de stage. Pas encore. Mais elle perçoit de la nuance aussi…
« Mais ? »
Castiel ne rejette donc pas la candidature de Jun, de ce que comprend Juliet. Elle plonge son regard dans les yeux bleus de Castiel, tout en réfléchissant. Pouvait-elle refuser la proposition de l’homme ? Pouvait-elle refuser ce stage à sa fille ? Un instant, elle se dit que c’est un peu démesuré. Un stage de plantation de corail aux Maldives pour un devoir de lycée. Jun met la barre haut. Cela montre son ambition, son envie de réussir, et ses capacités. Celles de mobiliser son réseau et de décrocher un stage prestigieux avec du sens. Et puis, la proposition l'inclut, elle aussi. De toute façon, elle n’imagine pas laisser sa fille traverser la moitié du globe, sans elle.
« Tu as besoin d’une réponse tout de suite ? » Elle souffle, encore une fois. « De toute façon, je ne pense pas avoir beaucoup le choix. Si tu es d’accord… »
Castiel enchaîne ensuite sur des détails pratico-pratique. Pas besoin d’une valise trop remplie, et bien sûr, le brun a une réponse pour chaque question : hébergement, ménage, repas… Elle n’en doute pas, elle a expérimenté le côté DeWitt, à New-York.
« C’est un stage de combien de temps ? » parce que ça, il ne l’a pas encore dit. Le stage demandé par l’école n’est pas très long, mais elle imagine qu’elles ne peuvent pas faire seulement un aller-retour aux Maldives…
« Je n’avais pas du tout idée de ce qu’elle manigançait. Même si je me doutais qu’elle tramait quelque chose. Elle était trop désinvolte pour un projet aussi important pour son dossier scolaire. »
Elle retrouve un peu son sourire, quand même, Juliet. Elle ne le perd jamais longtemps, cela dit. Elle ne sait pas à quoi elle s’attendait en voyant le dossier apporté par Castiel, avec le nom de Jun dessus, mais elle est tout de même soulagée.
« C’est un peu du favoritisme, non ? »
Elle se pose la question, Juliet. Elle ne voudrait pas mettre quiconque en mauvaise posture par rapport à la demande de Jun.
Son sourire s’agrandit, tandis qu’elle secoue la tête.
« Est-ce qu’il me reste quelque chose à m’occuper ? » demande-t-elle, amusée.

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« Non, même si c’est un supplice de devoir résister à tant de bonnes choses. »
En fait, dans une poignée de jours, il serait sur une plage aux Maldives, en short de bain, des photographes tout le tour du ventre, alors, pas question de prendre ne serait-ce qu’un gramme. Il devait avoir une silhouette, si ce n’est parfaite, du moins, sans l’ombre d’un bourrelet de graisse. Impeccable en costume ou sur la plage. Castiel ne laissait rien au hasard, certain que le moindre défaut serait épinglé et affichait dans les magazines.
Prendre soin de sa personne était une chose, l’avouer en était une autre.
Ils n’étaient pas là pour parler de son régime alimentaire ni de sa routine beauté.
L’homme d’affaires se doutait qu’il marchait sur des œufs. Qu’arriver dans le fief de Juliet avec un dossier dont elle ne connaissait pas l’existence, n’était pas chose facile. Ici, il ne négociait pas de contrat. Juste le stage d’une jeune fille qu’il connaissait et appréciait.
Il est vrai que Jun aurait pu glisser quelques allusions à sa mère, histoire que celle-ci soit moins pris au dépourvu. Castiel préféra ne pas rentrer dans ce genre de propos. Du moins, pas tout de suite.
« Non, pas de coraux, du moins, pas à ma connaissance. Par contre, il doit y avoir des campagnes pour replanter des arbres. Je suppose que Jun n’a pas lu la bonne brochure. »
Il adressa un sourire amusé à Juliet. Elle pourrait dire ce qu’elle voulait, sa fille avait de la suite dans les idées et la tête sur les épaules. Elle n’était pas venue en touriste, demander l’aide de Castiel. C’est aussi pour cela qu’il avait tout de suite fait en sorte qu’il y ait une place pour elle dans l’équipe. Là encore, il préféra attendre la réaction finale de Juliet.
« On a toujours le choix Juliet. J’espère que tu ne te sens pas piégée. Je ne crois pas que c’était l’intention de Jun. Je crois plutôt qu’elle a voulu de montrer qu’elle savait gérer toute seule, comme une grande. »
Il se mit à rire et rajouta :
« Je t’avoue que je n’aurai jamais cru que cette demoiselle ose venir me trouver pour un stage. Heureusement que j’évite les paroles en l’air et les fausses promesses.»
Une leçon que lui avait enseignée sa femme. Ne jamais faire de promesses que l’on ne pouvait pas tenir. La parole donnée ne devait pas être une parole en l’air.
« Et bien sûr que je suis d’accord. Si cela n’avait pas été le cas, pour X ou Y raisons, j’en aurai informé Jun personnellement en lui donnant des explications. Heureusement pour elle, le programme touche aussi les écoles sur place. C’est avec ces enfants, qu’elle sera intégrée dans les groupes de travail durant les trois jours que dure son stage. Ensuite, elle sera avec l’équipe de chercheurs. Ils ont toujours besoin de petites mains pour faire les menus travaux. Il en va de même pour toi. »
Tout en parlant et argumentant, il finit sa tasse d’earl grey.
« La durée est courte, mais le voyage durera 7 jours. Il faut compter le temps de trajet. De plus, je suppose que tes activités » d’un regard, il engloba le salon de thé « peuvent se passer de toi quelques jours, mais pas une éternité non plus. Par contre, il va falloir que tu préviennes le collège de ta fille. Elle sera forcément absente, quelques jours, supplémentaires, quoi qu’avec le week-end, cela passera presque inaperçu. Elle ne devrait pas manquer trop de cours.»
Il fixa la blonde et dit :
« On ne peut pas dire que ce soit du favoritisme parce que Jun ne prend la place de personne et jamais je ne l’aurai privilégié au détriment d’un étudiant qui peut vraiment avoir besoin de cette expérience pour boucler son cursus. Elle vient juste ‘en plus’ »
Ce qui était vrai. Jun se grefferait à une classe qui participait à cette mission.
« Es-tu rassurée et surtout favorable à ce voyage, maintenant que tu visualises mieux la situation ? »
Castiel sentait que la réponse serait positive et il sourit, content que la jeune Jun puisse réaliser ce stage. Outre l’environnement idyllique, la mission était importante et, sensibiliser le jeune public à l’avenir des mers et des espèces, était un combat que la DeWitt menait et finançait depuis de nombreuses années.
« Bien sûr. Tu dois vérifier ton passeport et si besoin, joindre Callum, mon secrétaire afin qu’il règle au plus vite les problèmes administratifs. Prévenir le collège de Jun. Callum te fournira tous les justificatifs. »
Il se tut pour réfléchir quelques secondes.
« Pour le moment, c’est tout ce qui me vient à l’esprit…. Ha oui, préparer les valises. N’oublie pas des t-shirts. Crème solaire bannie. On ne reconstruit pas les coraux pour les faire crever avec des produits nocifs dont on s’enduit. Callum peut s’occuper de tout ça. Il a l’habitude. »
Il se pencha légèrement au-dessus de la table et rajouta, un brin taquin :
« Tu crois que je dois me rapprocher d’Elon Musk pour le prochain stage de ta fille ? Imagine qu’elle veuille aller dans l’espace ? La DeWitt ne fait pas encore dans le voyage spatial.»
Avec Jun, tout était possible. Castiel avait les moyens de réaliser certains rêves. Pas tous.

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Stage au bout du monde

Pas lu la bonne brochure… Juliet est quasiment certaine que sa fille est bien au courant des programmes financés par l’empire DeWitt. Elle avait dû éplucher chaque programme, et choisir avec soin celui auquel elle voulait participer. Jun est une fille sérieuse, et bien plus réfléchie qu’elle n’y paraît. Bien sûr, Juliet est fière de sa fille. Son regard se pose un instant sur le dossier posé devant elle. La blondinette avait manigancé tout ça dans le dos de sa mère. Et celle-ci qui s’inquiétait pour ce stage… Attend-elle la réponse de Castiel ?
« Ou qu’elle préfère aller aux Maldives, plutôt que de rester ici… »
Elle ne se sent pas piégée, Juliet. Seulement prise au dépourvu. Et elle se sent un peu bête de ne pas être au courant. Même pas un petit peu. Bien sûr, DeWitt lui laisse le choix. Mais l’a-t-elle vraiment ? Elle se doute que si elle disait non, et qu’elle demandait à Castiel de ne pas dire à sa fille que sa demande avait été rejetée par sa faute, il pourrait trouver une excuse valable facilement. Mais Juliet ne peut pas faire ça à sa fille. Elle a mis les moyens pour trouver ce stage, elle a tenté sa chance, et elle a réussi. L’homme d’affaires ne semble avoir aucune raison de refuser de faire une place à Jun.
Elle hausse les sourcils, Juliet.
« Oh ? Donc je vais être mise à contribution ? J’ai pas de stage à faire, pourtant… » qu’elle réplique, d’un ton amusé. Elle n’est pas du genre à rester bronzer sur la plage toute la journée, la blonde. Si elle pouvait participer à ce genre d’activités, elle allait faire comme sa fille et saisir sa chance.
Le voyage est court, et le temps de s’organiser aussi. Bien sûr, le salon de thé pourrait tourner sans elle pendant une semaine. Il allait juste falloir qu’elle revoit les plannings, qu’elle tienne au courant son équipe… Un instant, elle imagine la tête du directeur quand elle allait lui dire que Jun manquerait les cours pendant quelques jours pour aller replanter des coraux aux Maldives… Elle souffle.
« C’est une opportunité qu’elle ne peut pas manquer. Une chance… » Au cours de sa vie, Juliet a saisi sa chance, à plusieurs reprises. « Je suis d’accord. » Même si cela allait représenter un peu de préparation en amont, comme Castiel était en train de lui expliquer. Son passeport, celui de Jun, le collège, le Drop… Et la valise !
« Pas besoin que Callum vienne mettre le nez dans ma penderie, je peux me débrouiller toute seule. L’avantage, c’est que la valise ne sera pas longue à faire… Mais dis-moi… comment on fait pour se protéger du soleil sans crème ? » qu’elle lui demande, tirant sur une mèche de ses cheveux blonds. Les Howell ont la peau particulièrement sensible…
Elle rit, mais la question mérite d’être soulevée. Que sera la prochaine idée de Jun, quand elle aura encore un stage à trouver ?
« Ou il va falloir vous diversifier, Monsieur DeWitt ! » Elle rit de nouveau. « Plus rien ne va m’étonner, venant d’elle désormais. » Peut-être avait-elle aussi envoyé une demande de stage à Elon Musk…
« Bon, et bien, il va falloir que je vois tout ça, maintenant ! » Son regard se perd un instant sur les tables du salon de thé. Elle visualise le tiroir où se trouve son passeport et celui de sa fille. Elle réfléchit déjà à l’agencement des plannings pour couvrir son absence. Elle repose son regard sur Castiel.
« Je te laisserai annoncer la bonne nouvelle à Jun. Histoire qu’elle ne croit pas que j’ai quelque chose à voir la-dedans. »

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Stage paradisiaque

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Il semblait que les formalités étaient réglées. Ils s’envoleraient bientôt pour les Maldives.
« Nous aurons des t-shirts anti UV. Ils sont manches longues et possèdent un indice de protection de 50 et plus. Nous travaillons aussi en collaboration avec un laboratoire de recherche qui planche sur des crèmes solaires Blue Beauty, afin de préserver la faune et la flore des océans. Ta peau sensible devrait être aussi bien protégée qu’avec des crèmes plus… chimiques. Les coraux te remercieront, mais ta peau aussi. De plus, sais-tu qu'après 20 minutes de baignade, 25% de ta protection solaire est déjà diluée dans l'eau ?»
Castiel adressa un grand sourire à Juliet. Lui aussi avait la peau claire et il n’était pas question qu’il revienne rouge comme une écrevisse. Sauver les océans sans y laisser sa peau était un dilemme.
« On dirait que nous avons abordé tous les points importants. Je n’aurai pas le temps de te recontacter avant notre départ. Là, je vais vite annoncer la bonne nouvelle à Jun. Mon secrétaire fera le lien et te donnera toutes les instructions ainsi que l’heure de départ le jour J. On viendra vous chercher pour aller à l’aéroport. Si tu as des questions, Callum y répondra. Chère Juliet, ce fut un plaisir de te revoir. Je te dis à bientôt. »
Quelques minutes plus tard, l’homme d’affaires s’est volatilisé.

Un avion beaucoup plus gros que le jet privé de la DeWitt avait été loué pour l’occasion. En plus des personnes, ils allaient transporter des caisses de matériels pour les chercheurs sur place. Un approvisionnement nécessaire pour la bonne continuité des travaux.

Durant le trajet, l’excitation de Jun le faisait sourire. Elle était très motivée et n’arrêtait pas de poser des questions. Heureusement, Callum était là pour combler les interrogations de la jeune fille. Très consciencieux, il avait tout prévu. Castiel put se plonger dans ses dossiers durant quelques heures.
On leur servit un repas et des collations tout droit issus des cuisines du Point. Un vrai régal. La nourriture sur l’îlot serait plus simple, mais pas moins délicieuse.

Ils arrivèrent en début d’après-midi et prirent un bateau pour rejoindre leur bout de terre. Le bateau étant définitivement plus pratique pour le transport des nombreuses caisses de matériel.

Sur place, ils furent accueillis à bras ouverts par l’équipe qui se précipita sur les caisses. Thomas, l’un des initiateurs du projet, les conduisit dans la paillote qui servait de laboratoire de fortune.
« Bienvenue et merci pour ton aide Castiel. On a toujours besoin de généreux donateurs. Mais aussi de petites mains. Bienvenue Jun et Juliet.»
Se tournant vers la jeune fille, il rajouta :
« Demain, tu seras avec une classe qui vient apprendre et participer à la mise en place des plants de corail sur les structures. Là, avec mon équipe, nous allons déballer nos caisses. Je vous laisse vous installer et vous changer. Ce n’est pas la même température que dans le Vermont »
Son rire fusa puis, il rajouta
« On se revoit plus tard. Jun, dès que tu as fini, tu peux nous rejoindre si tu veux. N’hésite pas à prendre des notes et à poser des questions pour ton dossier de stage.»
« Merci Thomas, on s’installe et Jun revient vous aider. »
Le temps de cette courte présentation, leurs bagages avaient été portés dans leur bungalow. Juliet et Jun d’un côté, Castiel de l’autre. Le caillou sur lequel ils étaient n’était pas très grand et l’espace avait été préservé. Ils étaient tous logés dans le même espace. Callum logeait avec l’équipe de chercheurs. Il avait un dossier de com à rédiger.

Il ne fallut pas longtemps à l’homme d’affaires pour ôter ses affaires, même s’il avait pris le soin d’opter pour une tenue informelle, elle n’était pas adaptée à la vie insulaire au soleil. Après une douche rapide pour se remettre des heures de vol et de la chaleur, il était méconnaissable lorsqu’il quitta le bungalow.

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