Dernier samedi. C'est ce que je me répète pour me donner du courage pour aller à cette putain de dernière matinée de colle que je me paye pour m'être défendu contre un connard de harceleur. Ma seule faute est juste d'avoir été le premier à m'opposer et à remettre ce crétin à sa place, si vous voulez mon avis. Ça fait bien longtemps qu'il le méritait... Et le pire dans cette histoire ? S'il s'est calmé un temps, il a bien sûr fini par redevenir lui-même et continuer. Au moins, il ne s'en prend plus à moi, c'est déjà ça...

Je traînais des pieds pour me rendre au lycée quand mon attention fut attirée d'un coup par ce que j'ai cru entendre. Des miaulements. Je m'arrête, coupe le son dans mes oreilles, et observe autour de moi. De nouveau des miaulements. Je n'étais donc pas fou. Je retire mes écouteurs et me faufile à travers les buissons pour tenter de mieux distinguer d'où ça vient.

Je me précipite d'un coup quand je vois la boîte en carton, tombe les genoux au sol, le cœur battant. J'espère qu'ils sont en bon état", c'est ce que je me dis en ouvrant la boîte. Ils sont quatre, mais j'ai bien peur que l'un d'eux ne soit plus de ce monde... Je ne peux pas les laisser là ! Mais je ne peux pas non plus me permettre d'arriver en retard à mon tout dernier jour de colle... Alors ni une, ni deux, je jette mon sac à terre devant moi, et y enfourne, en demandant pardon même s'ils ne comprennent pas ce qu'il se passe, les trois petites boules de poils qui bougent encore. Fébrile, je tente d'attraper le dernier, mais je crois bien que c'est trop tard pour lui... Que faire ? Je réfléchis à toute vitesse, et décide finalement de le laisser là. J'irais l'enterrer plus tard. Même si ma culture me dirait plutôt de l'incinérer, je me vois mal mettre le feu comme ça au buisson en revenant du lycée. Je risque d'avoir encore des problèmes, et Till finira vraiment par avoir une crise cardiaque à cause de moi. Mauvais plan. Soupirant, je referme donc la boîte en récitant un mantra, me promettant de revenir le plus vite possible, avant de me relever et de remettre délicatement mon sac sur le dos.

Ça gigote, ça miaule encore, mais j'accélère le pas. Il faut que je trouve un coin où les déposer en toute sécurité avant de les ramener à la maison. Je suis sûr (enfin presque...) que Till ne m'en voudra pas sur ce coup là. Non mais qui c'est qui abandonne des tous petits chats comme ça ? Je lui collerais bien mon poing dans la figure à lui aussi, tiens.

J'arrive avec quelques minutes d'avance, juste ce qui faut pour trouver un endroit. Le gymnase, les vestiaires ? Non, les sportifs s'entraînent aussi le samedi. La bibliothèque ? C'est fermé, et sans ce silence, impossible qu'on ne les remarque pas. J'ai alors d'un coup un flash, et me dépêche d'aller vers le théâtre. Ouf ! Personne. Mais où les laisser ? Pas entre les sièges, je risque d'avoir du mal à les retrouver plus tard... je m'enfonce alors dans les lieux, et trouve finalement l'endroit idéale. Dans le fond du fond de là où sont rangés les décors. Je souris en trouvant une jolie boîte en carton, que je peux aisément transformer en coin douillet avec les costumes qui se trouvent autour. Je leur laisse également un peu de la garniture du sandwich que je m'étais fait avant de partir, et enfin, un peu d'eau. Je me relève, relativement satisfait, avant de regarder l'heure. Oops. Je leur promets de revenir rapidement, et m'enfuis littéralement, courant vers la salle de colle pour ne pas arriver en retard.

Je savais que la matinée serait longue. Très longue. Normal. C'était la dernière. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser aux trois chatons que je venais de laisser tous seuls dans le fond de la salle de théâtre. Je m'en voulais, de les avoir abandonné une seconde fois alors qu'ils venaient de l'être, qui sait depuis combien de temps... Je réfléchissais déjà à leurs noms, et aux arguments que je ferais à Till pour les garder. Et les emmener chez le vétérinaire avant quoi que ce soit, d'ailleurs...

La cloche sonne enfin. Mes affaires sont déjà prête. La sonnerie a à peine le temps de terminer son refrain que je suis déjà dans le couloir. Je cours, je marche vite, mais je fais tout pour ne pas avoir l'air trop suspect non plus. Ouf ! L'amphithéâtre est encore ouvert ! Je me précipite à l'intérieur, file vers le fond, et...

Merde. C'est qui lui ? Je me trouve nez à nez avec un adulte, probablement un prof, mais en tout cas pas un des miens. Vite, trouve une excuse Dheeraj !

- Euh... Bonjour...

S'en est pas une, mais c'est pas un trop mauvais début.