Levi appréciait la belle saison pour sa météo beaucoup plus clémente et sa possibilité de dormir dehors, plutôt que de squatter une chambre chez des amis ou pire, devoir payer un loyer. Ces derniers mois, il avait trouvé une solution un peu plus pérenne, mais dès le retour des beaux jours, avec sa tente sur le dos, il s’était mis en quête d’un bon spot pour s’y installer et ainsi, ne rien devoir à personne. Un jour, peut-être, il rassemblerait suffisamment d’argent pour acheter un van afin de pouvoir être encore plus indépendant, mais pour le moment, la tente lui convenait parfaitement. Sauf en cas d’intempéries, comme des orages qui survenaient parfois en cette saison, mais dans ces cas-là, il parvenait toujours à se réfugier quelque part en attendant que ça passe. Ce jour-là, le soleil était déjà haut dans le ciel quand il avait émergé, un peu dans le brouillard, mais il était d’excellente humeur ; en tendant l’oreille, il entendait la rivière bouillonner et sourit. Une journée idéale, même s’il ne savait pas trop ce qu’il en ferait, probablement chiller dans les parages, sachant qu’il ne travaillait pas. Il s’attela à ses tâches quotidiennes et commença par laver très sommairement le peu de linge qu’il avait, avant de commencer à le suspendre sur le fil de la tente. Ce n’était pas une tâche qu’il appréciait particulièrement, mais c’était un passage obligé s’il voulait avoir des vêtements un minimum propres pour les jours à venir.

Alors qu’il commençait tout juste son activité phare du jour, une silhouette familière apparut dans son champ de vision et il cligna des yeux, se demandant s’il ne rêvait pas. Joe ? Joe ici ? « Je pourrais te retourner la question… tu t’es perdue ? » en souvenir de cette fois mémorable où il lui était venu en aide, alors qu’elle se trouvait perchée sur la branche d’un arbre et ne savait plus redescendre. Le fait qu’elle ne sache où aller était donc parfaitement logique. « J’habite ici – pour le moment » qu’il répondit en désignant sa modeste demeure du menton. Avant même qu’il n’ait le temps de répondre à sa question, voilà Joe qui commence à fouiller dans son panier de vêtements à étendre. « Eh, laisse mes chaussettes tranquilles ! » s’exclama-t-il, avant qu’il ne lui vienne en tête de s’emparer de ses caleçons et d’en commenter les motifs. « Je peux me débrouiller » il cherchait à se rattraper, espérant ne pas lui avoir trop crié dessus. Il ne voulait pas la brusquer, Joe, mais elle était tellement singulière qu’il se demandait si quelque chose pouvait réellement la brusquer. Il ne la connaissait de toute manière pas assez pour ça, même s’ils avaient déjà partagé une boisson chaude, ce n’était pas suffisant pour se faire une idée de quelqu’un.

Levi ne savait toujours pas comment considérer Joe. Comment l’aborder, s’il devait prendre avec sérieux tout ce qu’elle lui disait, ses réflexions, ses remarques et ses questions, ou pas. Elle n’avait pas l’air de se payer sa tête, ça ne semblait pas être son genre. Alors, il préférait ne pas trop y réfléchir et la prendre pour ce qu’elle était, dans son ensemble : une fille un peu bizarre, mais pas méchante. Et plutôt jolie, ce qui ne gâchait rien, mais elle ne devait même pas s’en rendre compte. « J’sais pas… c’est pas souvent, que je croise des gens, par ici. Et t’es pas vraiment en tenue pour partir faire une grande randonnée, alors voilà, je me demande si tu t’es perdue » elle avait une tête à l’être, en tout cas, mais comme c’était sa tête naturelle, on ne pouvait jamais trop savoir… « Une amie ? » répéta-t-il en fronçant les sourcils. « La même que la dernière fois, mmh… Wendy ? Non, c’était pas ça » celle dont elle lui avait parlé, qui grimpait aux arbres comme personne et qui avait l’air de compter beaucoup aux yeux de Joe. Levi n’était pas certain qu’elle existe vraiment, mais les rares fois où il croisait la jeune femme, elle lui parlait d’elle. Impossible de se souvenir de son prénom, en revanche, il savait que ce n’était pas commun, mais… bref, ce n’était peut-être même pas elle. Joe avait peut-être d’autres amies un peu étranges. « J’ai pas vu de bracelet » répondit-il négligemment, en faisant mine de balayer les lieux du regard. Si elle l’avait perdu ici, Levi se serait rendu compte de quelque chose !

Mais elle précisa rapidement qu’elle s’était un peu perdue, en effet. Un peu. Levi esquissa un vague sourire. « Faut croire que j’suis ta bonne étoile, alors. Deux fois, on se croise, deux fois, je te viens en aide. C’est p’tête un signe ! » un signe de quoi, il n’en avait absolument aucune idée, mais ça sonnait bien. « Ou alors, prochain coup, c’est toi qui me sauvera » difficile d’imaginer une situation où les rôles seraient inversés, mais pourquoi pas ? Ça le faisait marrer, Levi, d’imaginer ça. « Ah oui ! Wanda. C’est vrai, t’as de la chance d’être tombée sur elle » après un bref silence, Joe lui avoua que sa sœur ne voulait pas d’elle. « Elle t’as foutu dehors, ta sœur ? » il grimaça, sans trop savoir comment réagir, si cet aveu affectait particulièrement la jeune femme ou pas. « Désolé pour toi, j’connais ça. Ça craint » c’est sans doute complètement différent, et Levi ne devrait pas faire le parallèle avec sa propre vie, parce que les situations n’étaient pas comparables, mais il s’y risqua malgré tout. C’était plus fort que lui. Son ordre fut peut-être un peu trop sec, un peu brut, puisqu’elle lâcha immédiatement le vêtement qu’elle avait attrapé et recula d’un pas. Les amis, ça rend service. Il arqua un sourcil, mais ne fit aucun commentaire. Au lieu de ça, désireux de se rattraper pour avoir été un peu trop agressif, il reprit « Et si tu m’disais plutôt comment je peux t’aider, moi ? » la ramener sur le bon chemin vers Redwood ? Plus loin encore ? Ou lui offrir quelque chose à grignoter ou à boire ? Il n’en savait rien, il pouvait l’aider de plusieurs manières différentes, si c’était dans ses cordes. Sauf lui filer du fric, parce qu’il n’en avait pas beaucoup. « Oh non, pas cet hiver… je serais mort de froid, je crois. J’ai trouvé des amis chez qui dormir » il aimait bien cette vie, Levi, pour le moment. Ça ne durerait pas, un jour ou l’autre il devrait se poser quelque part, mais pour l’heure, il était parfaitement heureux ainsi. Terminant de suspendre ses vêtements, il ne lâcha pas Joe du regard, et la jeune femme ne semblait pas pressée de repartir.        

Levi n’imaginait pas tomber sur quelqu’un en installant sa tente ici, encore moins quelqu’un comme Joe. Un randonneur, à la rigueur, ou un fermier du coin… ça arrivait, parfois. Mais pas de fille. Pas Joe. « Et ça ne marche pas, de toute évidence » commenta-t-il négligemment alors qu’elle lui demandait si c’était pour ne croiser personne qu’il avait posé sa tente ici. Une autre amie que Wanda. Combien d’amies Joe avait-elle, il ne posa pas la question, ne voulait même pas vraiment le savoir. Il n’avait pas vu de bracelet, et la jeune femme lui demanda ce qu’il en aurait fait si tel avait été le cas – avec l’air suspicieux de celle qui fait des hypothèses un peu foireuses. « Je l’aurais vendu au marché noir pour m’en faire un paquet de fric et avec ça, j’aurais tout plaqué pour acheter une baraque sur une île au soleil. Non, mieux, j’aurais acheté carrément toute l’île » répliqua-t-il, goguenard, voyant parfaitement l’allusion. Qu’est-ce qu’il en aurait fait réellement ? Il l’aurait probablement laissé, se connaissant, parce qu’il n’y aurait pas fait attention. Ou il l’aurait récupéré au cas où, avant de l’oublier au fond d’un sac, parce qu’il était comme ça, Levi. Il oubliait beaucoup. Il laissa échapper un léger rire et hocha la tête « Ouais, on fera ça. Tu me sauveras la mise un jour » comment, il n’était pas certain de vouloir le savoir non plus. Mais Levi partait du principe qu’il n’avait pas besoin d’aide, non, jamais. Il se débrouillait parfaitement bien tout seul.

Ted. Sa sœur qui l’avait fichue dehors. Enfin, elle ne voulait pas d’elle, selon ses propres mots, mais Levi n’en savait pas plus. « Ah ! J’crois l’avoir déjà aperçue en mettant les pieds dans le magasin, mais non, je la connais pas. Elle avait p’tête ses raisons de faire un truc pareil » ou peut-être pas, d’ailleurs. Parce que les sœurs, elles faisaient parfois des choses qui nous dépassaient, sans raison particulière. Il était sincèrement désolé pour la jeune femme. Même s’il ne disposait pas de tous les détails de son histoire, il comprenait sa déception, la souffrance qui pouvait étreindre son cœur. « Tu t’entends mal avec ? » demanda-t-il néanmoins. Peut-être à cause d’une dispute, ou de l’attitude un peu particulière de Joe. Ou de cette Ted, si c’était de famille… Il voulut savoir ensuite comment il pourrait l’aider, si elle en avait besoin. Aussitôt, Joe parut se fermer, elle hésita. « Un inconvénient à quoi ? » il essayait de l’encourager, elle avait su attiser sa curiosité et maintenant, il se demandait ce qu’elle avait derrière la tête. Non, oublie. « Mmh » il n’insista pas, se disant que ce n’était peut-être pas utile maintenant. Si Joe voulait lui dire quelque chose, elle finirait par le lui balancer d’une manière ou d’une autre… Non ? Il commençait vaguement à cerner son caractère. « Oui, toujours. Et ça se passe plutôt bien, pour le moment… mais je rêve d’ailleurs, de voir autre chose. J’ai pas envie de faire le service toute ma vie » il restait pour ses collègues avec qui il s’entendait bien, pour l’argent qui rentrait malgré tout, un peu. Mais il voulait voir le monde. Pas grimper les échelons, non, il s’en moquait bien de ça. Mais, avide de nouvelles découvertes, il voulait faire autre chose. « Et toi ? T’en es où à ce niveau ? Le boulot, la vie, tout ça… » il lui retournait la question par politesse, même s’il ne savait pas si elle lui répondrait franchement, une fois de plus. Elle était tellement difficile à cerner !

La question de Joe eut le mérite de le faire s’interroger. La seule chose qu’elle trouvait à lui demander, c’était comment il nommerait l’île en question, et il secoua la tête. « J’en sais rien, c’est pas une décision à prendre à la légère, laisse-moi le temps de la réflexion. P’tête quelque chose avec mon prénom, histoire que ce soit un minimum classe ? » le ton était interrogatif comme s’il attendait qu’elle approuve – ou non – mais il n’attendait pas vraiment de réponse non plus. Et puis, Joe abordait un sujet intéressant en dépit de tout, cette histoire familiale qui mettait la puce à l’oreille de Levi. Peut-être qu’ainsi, il pourrait mieux comprendre le fonctionnement (complexe) du cerveau de son interlocutrice. Comprendre d’où elle venait, en apprendre davantage sur sa famille, sur son évolution. Elle avait une grande sœur, voilà déjà une information intéressante. Une grande sœur, comme Levi en avait eu une, un jour. « Elle t’a fait quelque chose ? » demanda-t-il pour essayer de la faire parler, de démêler les nœuds de cette histoire. Jusque-là, Joe était à la fois bavarde et laconique, bien curieux paradoxe. Elle parlait, mais sans lui dire grand-chose ; des propos sibyllins qu’il avait un peu de mal à déchiffrer. « On choisit pas sa famille, malheureusement » soupira-t-il en sachant qu’il ne faisait qu’enfoncer des portes ouvertes. C’était bien là le problème, on ne pouvait absolument pas choisir d’où l’on venait, on ne pouvait que faire avec – heureusement, on pouvait choisir où aller. « J’en sais rien, p’tête un jour. J’veux dire, t’as jamais eu envie de voir autre chose, d’aller voir ailleurs, à l’autre bout du monde par exemple ? Y a sûrement d’autres horizons que Redwood, quelque part » il se sentit soudain mélancolique et leva les yeux vers le ciel. Un ailleurs. De lointains horizons, quelque part. Il en rêvait, Levi, mais il n’avait pas les sous pour, ce n’était pas la motivation qui manquait, c’était tout le reste. Et puis… et puis, une part de lui savait qu’il ne pouvait pas partir trop loin, on ne sait jamais. Et si jamais sa sœur refaisait surface, un beau jour ? Et si ses parents se souvenaient de son existence, se rappelaient tout à coup qu’ils l’aimaient, qu’ils avaient besoin de lui ? Il frissonna. Il ne pouvait se permettre de s’éloigner, non. Et ce n’était pas parce que ce jour n’était pas encore arrivé, malgré les années, que ça n’arriverait jamais.

Il avait bien vu la tête qu’elle faisait, comme si elle était inquiète à l’idée qu’il parte, ce qu’il ne pouvait pas comprendre puisqu’ils se connaissaient à peine – ils n’étaient même pas amis. Il préféra changer de sujet. « Qu’est-ce qui te plaît pas, au Old Maple ? » ils exerçaient un boulot très similaire, finalement. Rien d’étonnant dans une ville pareille, le service était ce qui recrutait le mieux, supposait Levi. Il vit une grimace se peindre sur son visage qu’elle évoquait le départ de son frère, sa sœur qui lui en voulait à mort, elle semblait sincère et le cœur de Levi se serra un peu en comprenant combien c’était un sujet épineux, douloureux. Qu’elle en souffrait, même si elle assurait l’inverse. « Non, t’as raison. C’est pas grave. C’est triste, mais c’est pas grave » il haussa les épaules avant de glisser « Ma sœur est partie, elle aussi, y a longtemps » c’était la première fois qu’il en parlait à quelqu’un depuis une éternité. En dehors de ses plus proches amis, personne n’était au courant de ça, de son passé tumultueux, il n’en parlait pas. A ne pas en parler, on faisait comme s’il n’avait jamais existé. Mais Joe, elle méritait de savoir, parce qu’au moins, elle comprendrait qu’elle n’était pas seule dans cette galère. Que c’était même courant – triste, mais pas grave. Il cligna des yeux, avec l’air de ne pas tout à fait comprendre ce qu’elle était en train de lui dire. Elle pouvait avoir sa propre famille. Avec des amis, voulait-elle signifier ? C’était ce que Levi ne cessait de répéter, qu’il se moquait bien de sa famille, puisqu’il avait des amis pour compenser. Sa seconde famille. Mais il n’était pas certain que c’était vraiment ce que voulait dire Joe. Avec elle, difficile de savoir vraiment, alors il osa « Qu’est-ce que tu entends exactement par on ? Toi et moi… ? » voilà qui était étrange, voire incongru. Il plissa les yeux sans cesser de la fixer, comme s’il essayait de lire dans ses pensées.    

Lev’island. Malgré tout, ce nom lui arracha un sourire. C’était lui qui avait proposé quelque chose en lien avec son propre prénom et en même temps, était-il suffisamment égocentrique pour vouloir avoir une île à son nom ? Oui, certainement. Du Levi tout craché. Il hocha la tête, signe qu’il y allait y réfléchir, puis la conversation dévia sur la famille de Joe et le blond était curieux d’en apprendre plus. Découvrir pourquoi elle s’entendait si mal avec sa sœur, pourquoi les choses étaient compliquées, peut-être pour essayer de comprendre sa propre famille, son propre passé. Rien n’était comparable et même si les familles dysfonctionnelles se ressemblaient, chacune possédait une souffrance particulière. Levi ne savait pas pourquoi il ressentait ce besoin de savoir, ce n’était pas seulement par politesse. Joe l’intriguait depuis longtemps. « C’est bizarre qu’elle t’ait jamais dit ce qu’elle te reprochait, alors. Parce que comment s’améliorer si on n’est pas au courant de ce qui ne va pas ? » la question n’en était pas vraiment une. Et d’ailleurs, songea Levi, même quand on savait ce qu’on nous reprochait, il n’était pas évident de changer. Son cœur se serra un peu en se rappelant les reproches incessants de son père, ces remarques blessantes qu’il ne croyait pas mériter, au début – après, bien sûr, il les méritait. Toutes ces bêtises, cette faiblesse, ce manque d’ambition, trop ceci et pas assez cela, c’était tout lui. « Parfois, les gens donnent cette impression, ouais. C’est p’tête pas vrai » mais il n’en savait rien, Levi, de ce que la sœur de Joe pensait, il ne la connaissait même pas. Peut-être n’aimait-elle vraiment pas Joe. « Ou qu’elle a juste envie de vivre sa vie de son côté, sans personne pour lui rappeler le merdier que c’était avant » Peut-être en avait-elle marre et un beau jour, elle avait décidé de partir. Comme Nova. Mais Joe, elle s’était accrochée. Pas comme Levi.

Nouveau sourire. Ce qui compte, avec qui. Son credo aussi, clairement. Il se moquait de l’endroit où il bossait, où il atterrissait, pourvu qu’il soit avec des gens cools. Elle lui retourna la question, voulut savoir comment ça se passait de son côté, il haussa les épaules. « Oh, moi… je me pose pas cette question. J’ai du boulot, c’est ce qui compte. Le reste… on s’en fiche un peu » il éludait, clairement, mais il n’avait pas l’intention de faire carrière dans le service. Il aimait bien ça, pourtant. Mais Levi, il avait des rêves grands comme le monde, des idéaux impossibles à atteindre, surtout parce qu’il ne s’en donnait pas les moyens. Il rêvait beaucoup, il agissait un peu moins. Peu importe. Il lui avoua que sa sœur était partie, à lui aussi. Joe paraissait sincèrement surprise de cette révélation et il opina de la tête, sans rien rajouter. Parce qu’il n’y avait rien dire, Nova était partie un beau jour, et ensuite ? Quelle histoire raconter, alors que tant de pièces manquaient au puzzle ? Joe expliqua qu’elle était venue retrouver sa famille, mais peut-être que sa famille ne voulait pas être retrouvée. Peut-être que le nœud du problème était là et, d’ailleurs, c’était bien pour cette raison que Levi n’était jamais retourné chez ses parents. Qu’il n’avait jamais cherché Nova quelque part, sur internet – parce qu’il avait peur de ce qu’il risquait d’y trouver. Que Nova n’est plus là, envolée, qu’elle a oublié ou qu’elle s’en moque. Il sortit de ses pensées, reposa son regard plissé, perplexe, vers Joe. L’air de comprendre un peu mieux ce qu’elle sous-entendait. Avoir sa propre famille. Avoir un bébé ? Etait-elle réellement en train de lui proposer qu’ils forment une famille ? Pouvait-on former une famille à deux, ou bien voulait-elle avoir un enfant avec lui ? Il cligna des yeux pour la énième fois et ne put s’empêcher de rire légèrement, tant tout cela lui semblait saugrenu. « Mais ça s’construit pas comme ça, une famille… » enfin, techniquement, si. « Je veux dire, c’est pas le genre de décision qu’on prend à la légère, et puis… ça résoudra rien… » il ne savait plus où se mettre, Levi. Si elle espérait le gêner, elle avait réussi, et en beauté. « Et on s’connaît même pas vraiment » qu’il conclut en essayant de prendre un ton dégagé. Il n’avait jamais autant discuté avec elle que ce jour-là, mais quand même. Il s’attendait à tout, sauf à ça !