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All those nights that we stayed up talking | Adam

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Levi Collins
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Levi Collins

PERSONNAGE
LITTLE TALKS : 337
PSEUDO : linoa
AVATAR : rudy pankow
CREDITS : orujoyk (av) alcara (sign) nasty (icon sign)
ALTER-EGO : Judson, le président des girafes, Robin la révoltée, Grace, la new-yorkaise, Danny l'extraterrestre, Eilin la fantasque et Edwin le pianiste.
ÂGE : 23
QUARTIER : ici et ailleurs, partout à redwood hills
MÉTIER : sans emploi, si vous avez un plan, contactez-le (à vos risques et périls)
COEUR : en vadrouille
INTERVENTIONS RL : oui
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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam - Page 2 EmptyMer 15 Mai - 14:08


All those nights that we stayed up talking
Levi & Adam


Adam était d’accord avec lui. Ici, ce n’était pas si mal. Pas pire qu’ailleurs, en tout cas. Pas pire que là d’où ils venaient tous les deux, mots esquissés silencieusement, inutile de les prononcer à haute voix. Pas si mal. Est-ce que c’était tout ce dont ils devaient se contenter ? Ne pouvaient-ils pas prétendre à mieux ? Espérer davantage qu’être pas si mal quelque part ? Levi garda le silence, mais il ne put s’empêcher d’y songer. Pas pour Adam, peut-être qu’il ne partageait pas du tout son avis. Mais pour lui. Il sourit malicieusement devant la remarque de son interlocuteur. « Les trois à la fois, sans aucun doute » il avait peur de beaucoup de choses, Levi, mais pas de ces peurs que l’on nomme aisément. J’ai peur des araignées ou des clowns. Ou j’ai peur des espaces fermés. Lui, c’était plus diffus, plus abstrait. De ces peurs que l’on ne dit pas, parce qu’elles touchaient à l’intime, parce qu’elles faisaient paraître trop vulnérables et ce n’était pas envisageable. Et si Levi profitait de son boulot pour attirer les jolies filles à base de pâtisseries gratuites et dégustation de thés, le plan d’Adam, lui, était plutôt la photographie. « Tiens, c’est une idée sympa, faudrait que j’me mette à la photo » répondit-il, amusé. « Et ça marche vraiment ? Je veux dire, tu passes pas pour le pervers du coin avec ce système ? » chaque plan avait ses faiblesses, après tout. Levi, lui, avait peu de photos. De son passé, quasiment aucune. Aujourd’hui, il tâchait de se rattraper un peu grâce à son téléphone portable, garder des traces indélébiles de ce qui fut, même si ce n’était pas aisé. En partant de chez lui quand il était adolescent, un départ préparé et anticipé, il avait glissé dans une petite poche de son vieux sac à dos rapiécé quelques photos, les rares qu’il conservait précieusement. Les rares qu’il possédait. De lui et de Nova, surtout, des photos parfois floues ou cornées, une qui avait subi un accident de chocolat chaud un jour, mais qu’importe. On voyait quand même Nova. No-va et son visage adolescent, pas plus de quinze ou seize ans sur le cliché, avec un blondinet rieur à côté. Pour lui, Nova aura toujours cet âge sur les photos, C’était tout ce qu’il conservait d’elle. Tout ce qu’il se souvenait.

Il fit remarquer à Adam qu’il avait disparu. Il était parti, lui aussi, disparu dans cet univers trop vaste, emmené où ? Longtemps, Levi s’était demandé. Longtemps, il l’avait haï. L’un de ses rares copains, l’un de ceux pour qui il semblait vraiment compter, volatilisé. Ce n’était pas la faute d’Adam, il était trop jeune pour protester. ne s’appartenait pas. « Ouais… j’y avais pensé, souvent. A fuguer. Mais pour aller où ? » un môme de huit ou neuf ans, seul sur les routes du pays, aurait forcément attiré l’attention. On l’aurait ramené de force à la maison, ça n’aurait plus jamais été pareil. Et puis, Levi ne voulait pas vraiment partir en réalité. Au contraire, pendant longtemps, il voulait rester. Il ne voulait pas partir, il voulait que ses parents lui reviennent. Ses lèvres s’étirèrent en un rictus. Bien grandi. Toujours le môme qui pleure dans son for intérieur. « Toi aussi » sa gorge se serrait. Le cœur au bord des lèvres, le souffle qui lui manquait. Il sourit bravement. « J’continue de pas être d’accord et de militer pour Spider-Man, c'est l'meilleur » il n’était même plus vraiment sûr de se souvenir de leurs conversations, de leurs jeux, de leurs croyances. Mais de ça, oui, Levi se souvenait. Il avait peur de la suite, peur que la mémoire d’Adam lui revienne et qu’il associe Levi à elle, car à l’époque, il n’y avait pas de levi sans elle. Il n’existait que dans son ombre rassurante, toujours présente. Inévitablement, Adam l’évoqua. Crispation immédiate. Le sourire qui se fige, suspendu dans l’air glacé. « Yep » du bout des lèvres. Après un bref moment de flottement, Levi se ressaisit. « Elle est partie, elle aussi. Pas longtemps après, elle avait mieux à faire ailleurs. Pas de carte postale, rien. Pas de nouvelles depuis » les mots piquaient, brûlaient, acérés comme des couteaux. Adam ne connaissait pas ce volet-là de l’histoire. Il était parti quelque temps après son arrivée, comme on retournerait dans la vie réelle après des vacances estivales. Il ne savait pas tout le reste et de toute façon, il n’y avait rien à dire. Elle était partie, voilà tout. Ce prénom qu’il ne prononçait plus depuis si longtemps, comme si ne pas le dire à voix haute contribuerait à le rendre moins réel. « No-va » dans un souffle, cette fois.    


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Adam McAllister
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ALTER-EGO : L'escogriffe cartésien & la bibliophile revancharde.
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QUARTIER : #20 Willow Street
MÉTIER : Étudiant en troisième année d'art cinématographique à l'université de Burlington, se destine à la réalisation. Monteur vidéo et photographe à ses heures.
COEUR : All of our thoughts are misgiven.
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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam - Page 2 EmptyMar 28 Mai - 18:36

All those nights that we stayed up talking
@Levi Collins & Adam McAllister

Il ne restera pas ici éternellement. Adam se le dit souvent. Il a trop de choses à vivre. Pas de dédite possible. Départ programmé de longue date, appel du septième art… Il le doit au gamin du vidéoclub, fort de ses 2500 visionnages. Le bouclé en aura bouffé des bobines de bandes magnétiques, des heures de films mouchetés sur écran cathodique. Programme bien en tête : boucler son cursus universitaire et devenir un artisan de l’image. La réalisation l’a toujours attiré, tropisme intérieur. Son rêve, celui de la seconde chance... Le premier s’est évaporé sur le parquet massif d’un terrain de basket. Ce combat-là, il l’emportera de haute lutte. Adam a pris le mors aux dents. Face à lui, un spécimen d’un autre genre… Levi qu’il n’a pas encore rétabli comme Levi, le petit blondinet aux joues rebondies et au sourire édenté. Adam ne sait pas que cette rencontre fera date. Si quelques éléments l’interpellent, il se vautre encore dans l’ignorance, prêtant une oreille attentive. Folie, désespoir, fanfaronnade. Levi se réclame des trois. Adam acquiesce en silence. Sympathie qui lui vient. Il exhale quelque chose d’authentique. Levi ne se contente pas de dire, il assume. « Tu ne serais pas du genre à t’embarquer dans des plans foireux, toi ? » qu’il demande, suite logique. Bien le genre d’Adam, il trouve toujours le moyen de se mettre dans le pétrin. Ce n’est pas sa faute, il a toujours été un aimant à problèmes. Esprit aventureux… Trop, diraient certains. Son approche semble convaincre Levi. Pas qu’il s’agisse d’un stratagème proprement dit. Il ne l’a pas pensé à dessein. Pour le blond, toutefois, la carte du photographe pourrait bien devenir un plan drague des plus concrets. « Tu n’as pas besoin de devenir le prochain Steve McCurry. Apprends juste à cadrer. Le mode automatique sera ton ami. » C’est à croire qu’il l’encourage, Adam. « Je peux même te prêter le matos, au besoin. » qu’il plaisante. Un rire le secoue face à la question qui suit. « Nope. Je n’ai jamais essuyé de revers de ce genre. Après tout, c’est le principe même du portrait de rue. » répond-t-il, épaules haussées. Sa démarche se veut sincère, trouver un modèle à des fins artistiques... Parfois, certes, il en résulte un échange de numéros. Adam a un œil plus affûté que d’autres. Un œil qui, parfois, charme son public. On ne l’a jamais taxé de perversion. « Tu utilises toujours des plans de ce genre, pour draguer ? » qu’il demande. Mcallister cherche à cerner le personnage.

Les pièces du puzzle s’emboîtent pour former une image familière. Levi devient Levi, le lointain blondinet de son enfance. Il mire ce faciès désormais familier. Les similitudes sautent au regard, comme autant d’indices que son cerveau refusait de voir. Structure du visage plus adulte, mais regard qui ne trompe pas. Le sourire a gagné quelques dents. Expressions faciales inchangées… C’est bien lui, le rasibus de la maison voisine. Une boule se forme au fond de sa gorge. Il exècre cette sensation. Tellement improbable que ça relèverait presque d’un film à la sauce un peu mièvre. Deux amis d’enfance se retrouvent, mouvement panoramique en caméra subjective, dévoilant une série de flashback. C’est ainsi qu’il le verrait. Qu’il le monterait... Adam a l’estomac noué. Sensation qui le ramène à sa condition d’être humain, cette vulnérabilité qu’il aimerait sur l’instant piétiner. La vodka lui pique les yeux. On dirait un poltron qui tente sa première cuite. Fuguer. Adam l’a fait. Souvent... Premier placement en famille... Il avait huit ans et la furie d’un lion en cage. Le désir obstiné d’exister par et pour lui-même, n’en déplaise aux adultes. Second placement. Troisième placement. Quatrième… Quelques jours de docilité, puis il foutait le camp. C’était son comique de répétition. Il savait bien qu’on le retrouverait. Du reste, il ne filait jamais très loin. Adam voulait juste leur donner du fil à retordre, leur rire au nez. Au littéral, comme au figuré… Une histoire, une exception… Au voisinage du petit Levi, Adam n’a pas tenté d’escapade. Pour une fois, il voulait que ça marche. Parce qu’il avait un ami. Peut-être bien le premier… « La mer. » qu’il propose. Parce que la mer, ça fait toujours rêver quand on est gosse. Quand on grandit entouré de bitume, de vagues montagnes et de maisons défraîchies. Puis… La mer ouvre sur un ailleurs. Elle offre un océan de possibilités. Rictus douloureux sur ses lèvres… Il ne parle pas sérieusement. Adam sait bien que ça n’aurait jamais fonctionné. En outre, Levi avait trop à perdre. Lui, en revanche, il n’avait rien. N’était-ce pas pour cela qu’il partait ? Parce qu’il pouvait tout tenter. Un jour, il a même fait une belle rencontre. Onze ans… Un flicard qu’il croyait grabataire, venu le sortir de sa cachette pour le ramener à bon port. Quand il découvrira toute l’ironie de cette histoire-là, Adam… « Un mètre quatre-vingt-deux ! » qu’il ironise, comme s’il en était vraiment fier. Inespéré pour un gamin qui accusait un tel retard de croissance. Il faut croire qu’il ne voulait pas grandir, le petit Adam. Mais la vie en a décidé autrement.  Son estomac se retourne. Adam se penche en avant. Il se sent vide, à peine un reste de vie rassemblé. « Merde. » qu’il dit. Un mot pas très joli. Mais merde quand même… Merde à tout ça, qu’il pense. Puis… Un rire franc s’échappe de ses lèvres, presque incrédule. « Tant que tu ne me sors pas Superman, c’est Okay. Spiderman, ça peut passer. » rétorque-t-il, lui jetant un regard amusé. Pesanteur sur les épaules, Adam se souvient d’une sœur aînée. Nova. Corrélativement lui revient la tension observée chez Levi, face à la mention d’une fratrie. Se sont-ils brouillés ? Le sourire glacé du blond le confond. L’intuition se confirme. De Nova, Adam conserve une image diffuse. Lignes et couleurs s’effilochent dans cette brume mémorielle. Crispation qui reprend son voisin. Sujet pénible… Bouche entrouverte, Adam échappe un hoquet surpris. Elle est partie, le laissant sans nouvelles. Ça, le brun ne l’aurait pas cru possible. Ils étaient indissociables, liés comme les doigts de la main. « Partie sans un mot ? » ose-t-il ajouter. Incrédule, le bouclé… Mieux à faire que sortir son cadet de cette vie ? Adam tente de se tempérer. Il se rappelle de ne pas lui jeter la pierre. Lui, il a la hauteur nécessaire. Elle, en revanche, devait encore être une gamine, quand elle a fichu le camp. Qu’aurait-elle pu faire ? Dans les faits, pas grand-chose…  Il n’empêche qu’elle l’a laissé. Seul, livré à lui-même. Ce que Levi n’aura pu interpréter que comme un abandon. Adam marche au réflexe. Sa main se tend machinalement, versant plus de vodka dans le verre de Levi. Façon bien maladroite de lui asséner une tape sur l’épaule, de lui manifester de l’empathie… Il ne trouve rien à dire. Rien qui ne soit suffisant. Levi souffle son nom, comme une invocation. Une seconde de flottement… Il s’attendrait presque à la voir apparaître sur l’instant, ressort scénaristique, pouvoir ambivalent du cinéma… Mais rien. Juste le silence épaissi par le son ténu de leurs respirations… Adam a déjà trop bu. Il déglutit difficilement, suspendu à ce fil. « Et toi… Qu’est-ce que tu as fait, après ? » Est-il parti… plus tard ? L’a-t-il cherchée ?





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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam - Page 2 EmptyDim 2 Juin - 16:10


All those nights that we stayed up talking
Levi & Adam


Devant la question d’Adam, Levi laissa échapper un rire franc. Des plans foireux. « A peine » qu’il répondit joyeusement, alors que c’était précisément sa nature même. S’attirer des problèmes, se complaire dans ceux-ci et râler ensuite, alors que c’est précisément lui qui en était à l’origine. Il ne réfléchissait pas beaucoup, ou alors seulement après. Quand il ne pouvait qu’observer les dégâts d’un air désabusé en se plaçant comme victime dans l’histoire. En attendant, il aimait l’idée de la photographie, un plan drague testé et approuvé selon son interlocuteur en qui il plaçait toute sa confiance. Plus qu’à trouver un appareil photo, un vrai, plutôt que son modeste téléphone qui le ferait vraiment passer pour un voyeur. Et puis, son téléphone prenait des photos dégueulasses, de toute façon. « D’accord… p’tête que les filles t’aiment bien naturellement ? Avec ta gueule de gentil, elles ne veulent pas te blesser » pas certain du terme, tout à coup. Adam avait-il réellement une gueule de gentil ? Il haussa les épaules, passant vite à autre chose, pas le temps pour ça. Le choix des mots, réfléchir avant de parler, très peu pour lui. « J’essaie de trouver des excuses, ouais. Disons que ça marche mieux que juste dire bonjour » en fait, la politesse fonctionnait quand il avait un peu trop bu et qu’il se sentait suffisamment en confiance pour aborder une fille, mais généralement, la suite se corsait. Parce qu’il oubliait qu’il avait bu et que les filles n’étaient pas dupes, sauf certaines un peu plus crédules que les autres qu’il parvenait à embobiner avec ses beaux discours plein de poésie – qui ne voulaient bien souvent pas dire grand-chose.

Peu importait, tout le reste ne comptait plus, parce que Levi retrouvait ce môme qu’il connaissait jadis, ce p’tit plus grand que lui, qui un jour était là, et le lendemain ne l’était plus. Disparu sans qu’il ne sache pourquoi, alors il s’était fait des films, inventé un départ précipité, une obligation, exactement comme il avait fait pour Nova. Et puis il avait oublié, comme il avait oublié tout le reste, et le visage d’Adam s’était estompé progressivement de sa mémoire instable. Ses traits avaient fondu au milieu des autres souvenirs, pour ne plus former qu’un tout indistinct que l’on appelait passé. La mer, oui. Ils auraient pu fuguer là-bas s’ils avaient pu, s’il en avait eu le cran, Levi n’avait jamais vu l’océan. Il avait honte de le dire, alors il ne le disait pas. C’était une promesse de Nova, un jour on ira ensemble voir l’océan, mais une promesse jamais tenue et Levi n’avait pas eu envie d’y aller seul. Il n’aurait pas éprouvé les mêmes sensations, tout ce qu’il aurait vu, ça aurait été la silhouette de Nova qui lui tournait le dos, sans même laisser de traces de pas sur le sable. « Ouais, la mer. J’suis sûr que ça aurait marché » bien sûr que non, ça n’aurait jamais fonctionné mais se bercer d’illusions, c’était bien son truc. Quand on a neuf ans, le monde entier est encore à notre portée, s’ouvrant sur un champ infini de possibles. Il en était persuadé, si les gamins arrêtent d’y croire, c’est à cause des adultes qui les rabrouent constamment. Nova débarquait sur le tapis, forcément. Impossible d’y réchapper. « Ouais, ça craint, hein ? » confirma-t-il, sourire désabusé aux lèvres. Il souriait, Levi, quand le monde tout autour s’effondrait, c’était sa plus grande force. « J’lui en veux pas vraiment, je m’en fous, maintenant » un mensonge de plus, mais il n’était plus à ça près. « Si elle est partie, c’est qu’elle devait avoir une bonne raison, c’est tout ce que je sais. J’imagine que j’ai dû faire un truc sans m’en rendre compte – si elle m’a laissé derrière, je veux dire. Je me suis longtemps posé la question, ce que j’avais pu lui dire qui la mettrait en colère, ce genre de choses… j’ai jamais trouvé la réponse » et c’était peut-être ça, le plus difficile à vivre, même s'il feignait l’indifférence. L’absence de réponses. La conviction, profondément ancrée, insidieuse, qu'il avait fait quelque chose de mal. S’il avait été un meilleur petit frère, elle serait restée avec lui. Si tu avais fait plus d’efforts, ils t’auraient aimé. Une blessure béante, jamais refermée. « Pas grand-chose, j’ai erré quelques années là-bas, et puis je suis venu errer ici » ça n’était pas si mal, finalement. Il était peut-être seul dans sa famille, mais il était toujours entouré par ses amis, il avait appris à être heureux autrement. On pouvait survivre de bien des façons, Levi avait trouvé la sienne. « Bref » reprit-il d’une voix plus forte pour se redonner une contenance. Pas question de donner l’impression à Adam que c’était important, que ça l’atteignait encore. Il l’avait dit, il n’avait peur de rien. « J’imagine la tête de Malik, quand il apprendra qu’en fait, on s’connaissait déjà » l’idée l’amusait, plutôt que de le faire pleurer. Comme quoi, le vaste monde pouvait aussi être minuscule, et l’on pouvait recroiser des âmes échouées, esseulées, par le plus grand des hasards.    


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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam - Page 2 EmptyMar 18 Juin - 1:30

All those nights that we stayed up talking
@Levi Collins & Adam McAllister

« Euphémisme, j’ai l’impression. » Si Levi a la tête du surfeur, il a aussi celle du téméraire. Adam l’imagine tremper dans quelques galères improbables, de celles qui s’attire ou se convoque. On ne peut tout à fait juger le client au faciès, mais le ton de son interlocuteur en dit long. Garçon peu commun, l’intuition se confirme.  « Ce n’est pas moi qui vais te juger. » admet-il, sourire aux lèvres. Les problèmes, plus le temps passe et plus Adam semble mettre son nez dedans. Sa dernière aventure aurait pu connaître une fâcheuse issue. La conscience est là. Nonobstant, Adam projette déjà de remettre le couvert, inconséquent notoire. Une gueule de gentil ? Celle-ci, le vingtenaire ne l’attendait guère. Il reste muet, puis échappe un rire rauque. C’est bien la première fois qu’il entend une telle chose. « On m’a souvent dit que j’avais une tête d’emmerdeur ou de petit con. Celle-là, je ne l’avais encore jamais entendue. » Du revers de sa manche, il vient essuyer une larme passagère. Dealer, mais bouille de gentil garçon… En soi, l’un n’empêche pas l’autre. Levi l’aura affublé de toutes les étiquettes possibles. « Tu ne t'es pas mangé quelques râteaux, par le passé ? » qu’il demande, de but en blanc, le trouvant un rien pessimiste. Il se demande si Levi n’a pas connu sa série de déboires amoureux. « Tu testeras la technique et tu me diras ce qu’elle donne avec toi. » S’il se fait jeter, alors Adam aura quelques questions à se poser.  Foncièrement, il ne se fait pas de souci pour lui. Appareil en mains, Levi devrait faire des ravages. Trogne de Californien oblige. Il acquiesce en silence. La séduction est pour lui une langue étrangère, qu’il bredouille plus qu’il ne parle. Levi maîtrise probablement mieux son sujet. Il paraît toutefois devoir se cacher derrière une sorte de façade, comme s’il manquait de confiance en lui.

L’enfance, pays lointain qu’il a quitté voilà plusieurs années. Une terre par laquelle chacun a transité. Il en porte la trace fragile au fond de lui. Les souvenirs ont été refoulés au point d’en perdre la mémoire. La sienne ne porte pas le vernis rassurant d’un passé doucereux. Les couleurs sont froides et les ombres nombreuses, comme autant de monstres tapis sous les meubles d’une chambre d’enfant. Parmi tous ces visages oubliés, celui du petit Levi retrouve toutes ses nuances. Quelques images rejaillissent, mêlant sensations et odeurs. Sur l’instant, une pointe de nostalgie viendrait presque le cueillir. Nostalgique ? Adam ne l’a jamais été. Le sentiment est inconnu. Il ne souhaite pas vraiment rebrousser chemin, pour gagner cette époque. Adam constate simplement avoir quelques souvenirs aux tons pastel. Il a passé de bons moments avec ce gamin qui n’en est plus un. Quelque part, c’est un peu triste. Triste de constater que le temps a passé, qu’ils ne sont plus ceux qu’ils ont été. Adam tenterait presque de réécrire l’histoire, proposant une issue alternative. Elle est bien là, la magie de la fiction. Si la fin ne plaît pas, on peut toujours en changer. La version originale se veut pourtant plus vraisemblable, offrant un potentiel dramatique non négligeable. D’autre part, la trame est bien réelle, écrite à l'encre indélébile. En outre, sa proposition manque cruellement de réalisme. Une bande de gamins esseulés sur une plage… Ils n’auraient pas pu arriver jusque-là. Quelqu’un les aurait arrêtés, chemin faisant. Levi fait pourtant comme si… L’un des premiers jeux que l’on apprend, enfant. Faire semblant… On commence innocemment, en jouant le marchand. Avec le temps, chez certains, le masque devient permanent. « Ils nous auraient attrapés à la sortie de la ville. » dit-il, pour en revenir au réel. À deux doigts d’ajouter qu’il se serait laissé attraper pour lui permettre de filer, acte héroïque digne des gentilles comédies familiales. Celles qui se terminent toujours bien et devant lesquelles on abandonne les gosses pour souffler un brin. Adam se tait. Il faut savoir s’arrêter. La boîte aux souvenirs étant déverrouillée, d’autres visages rejaillissent. Nova est immanquablement évoquée. Levi conserve le sourire aux lèvres, trahissant tout de même une part de désenchantement. Adam l’écoute sans vraiment le croire. Il ne pense pas que ce soit possible, que l’on puisse s’en foutre. Privée de sa garde, sa mère a pourtant accueilli son départ comme un soulagement. Preuve que l’on peut se détacher, même de ses propres enfants. Adam ne le croit pas, mais… À son tour, il fait comme si… Levi minimise. Comment pourrait-il faire autrement ? Le contraire serait trop douloureux: affronter l’ampleur de ses sentiments. Le plus dur reste à venir. Le garçon se met en cause, évoquant un possible faux pas de sa part. Une charge mentale qu’il s’est infligée, durant toutes ces années. Adam ne peut rester de marbre. « Tu n’as rien fait pour ça. Tu n’es pas responsable. Tu n’étais qu’un gamin. Ta sœur a fait son choix. » Le fait qu’il se soit tant questionné, au fil des années, démontre bien l’impact encore vivace de son départ. « Quand on part… Je crois qu’on n’imagine pas tout ce que ça aura de conséquences… » C’est impérieux, égoïste… Un égoïsme vital. « Elle n’a probablement pas réalisé à quel point… » Il n’achève pas sa phrase. Parle-t-il pour elle ou pour lui ? Adam ne pourra juger un acte qu’il a lui-même commis. Parti du jour au lendemain, sans un mot, sans un regard… Il se souvient des paroles de l’ex-flicard. « Ils ont demandé plusieurs fois après toi, tu sais. » Non… Il ne savait pas. Il avait été plus facile d’imaginer que son départ ne leur serait d’aucun effet. Dans sa crédulité, Adam ne pensait pas qu’on pouvait se soucier de lui. Il y a dans son cœur d’enfant des peines d’adulte. À lui aussi, ses parents ont laissé une jolie plaie. Il ne le dira pas: « Elle n’a peut-être pas eu le choix. » Partir ou imploser. S’il ne l’avait pas fait, lui… « J’en déduis que tu n’as pas essayé de la chercher. » dit-il. Puisque le scénario officiel veut que ça ne l’atteigne plus. Il erre Levi. Il erre… Pas si loin de son chez lui. Il ne l’attendrait pas encore ? « Et tes parents, tu les vois encore ? » Il re-songe au père cogneur. Adam sait tout l'impact que peuvent avoir les parents. À quel point il aurait été prêt à tout pour que s'esquisse un peu d’amour maternel. Désespéré qu'il était de lui plaire. Les parents restent les parents.  Levi orbite-t-il toujours dans leurs sphères ? Le sourire revient avec la mention de Malik. C'est à lui qu'ils doivent leurs retrouvailles. Petit monde que le leur... Certains hasards ont seulement l'air de coïncidences. « J'ai hâte de voir sa tronche. » Il se connaissaient et, en même temps, pas tout à fait. Ça ne l'empêche pas de reprendre: « La prochaine fois que tu auras besoin de crécher chez quelqu'un, n'hésite pas. »


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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam - Page 2 EmptyMar 9 Juil - 19:20


All those nights that we stayed up talking
Levi & Adam


Levi n’est pas doué pour qualifier les gens sur la base d’une première impression. La preuve, cerner Adam est mission impossible, puisqu’il se perd dans ses réflexions, sans doute devrait-il apprendre à réfléchir avant d’ouvrir la bouche, mais ça le fait marrer. Impossible de connaître toute l’histoire de quelqu’un simplement en le côtoyant quelques minutes. Il ignore tout de la vie du jeune homme, de son caractère, et il n’est pas au bout de ses surprises. « Oh si, un paquet de fois, mais c’est pas la partie de ma vie qui me rend le plus fier » qu’il lance spontanément, sans honte. Des râteaux, il en a récolté un certain nombre, probablement parce qu’il n’a pas toujours le tact nécessaire pour aborder les filles – d’où l’envie d’avoir plusieurs cordes à son arc. Il aurait pensé qu’avec sa belle gueule, ça suffirait à lui ouvrir toutes les portes, mais il s’est bien planté. Son problème majeur, parmi tous les autres, est sûrement qu’il veut trop en faire quand une fille lui plaît. Il n’hésite pas à exagérer, enjoliver la réalité, mentir pour se rendre intéressant. Parce qu’il se dit que le Levi tel qu’il est n’aura jamais rien à offrir de bien à qui que ce soit. Il sourit et hoche la tête. « Ouais, j’te raconterai ça » quelque chose lui dit que ça va foirer, comme toujours quand il entreprend quelque chose, mais quelle importance ? Ce n’est pas comme s’il y croyait vraiment. En vrai, il se moque que ça fonctionne ou non. Il se moque de beaucoup de choses, Levi. D’autant plus que ce qui suit lui fait tout oublier, alors que l’ambiance change brutalement, se tend. Il peut sentir l’électricité dans l’air à mesure que les souvenirs les assaillent tous les deux. Il s’efforce de paraître nonchalant comme d’habitude, comme si rien de tout ceci ne compte aujourd’hui, mais il peut difficilement masquer toutes les émotions qui l’enveloppent. Il se souvient, et c’est là tout le problème. Il aurait aimé fuir. Avec Nova ou avec Adam, n’importe, fuir pour être heureux ailleurs, et pendant quelques minutes il se perd dans ce doux rêve avant que la réalité ne le rattrape brutalement ; il est là, dans cet appartement, avec ce copain qu’il n’a plus revu depuis des années. Il ne peut pas faire semblant.

Au lieu de ça, il parle de Nova, puisqu’Adam se rappelle aussi. Nova, aussi brune que Levi était blond. Comme leur père n’a jamais manqué de le remarquer. « Je sais, ouais » ses lèvres s’étirent en une grimace peu convaincue. Ces paroles, il les a prononcées et répétées un nombre incalculable de fois. Ça n’empêche pas la culpabilité. « Elle a cherché à se protéger avant tout, je ne peux pas vraiment lui en vouloir » et pourtant, il lui en veut quand même. Parce qu’il ne sait pas pourquoi elle est partie sans l’attendre et ça, ça le ronge depuis douze ans. Elle aurait pu, elle ne l’a pas fait. S’il y a une explication rationnelle à ce geste, il ne l’a pas encore trouvée. Son regard se relève vers Adam qui paraît mélancolique, tout à coup. Absent. Levi réalise qu’il ne connaît pas non plus sa vie, une fois de plus. Il ignore ce qui lui est arrivé, mais il ne pose pas la question. Trop d’émotions fortes pour aujourd’hui, et tout l’alcool du monde n’y suffirait pas. « Non, je ne savais pas par où commencer, et… j’ai supposé qu’elle n’avait pas envie d’être retrouvée, sinon, elle aurait donné des nouvelles. Comme t’as dit, elle a fait son choix » et Levi a fait le sien, fin de l’histoire. Il ne sait pas ce qu’il lui dirait, à Nova, si un jour elle se trouvait face à lui. Rien, probablement. Quand Adam lui demande s’il voit encore ses parents, il secoue à nouveau la tête. Beaucoup trop de non dans cette histoire, sans doute beaucoup trop de lâcheté aussi. « C’est mieux comme ça » pas d’attaches, pas de liens, même si pour l’heure, il reste désespérément ancré à Redwood Hills. Parce qu’ici, au moins, il a quelques potes, c’est déjà pas mal. Il préfère penser à Malik, revenir définitivement au présent. A quoi bon ressasser le passé, alors qu’il est définitivement derrière eux ? Ça n’a jamais été le truc de Levi, inutile de se faire du mal de cette manière. « Me dis pas ça, tu vas m’voir tout le temps » qu’il répond avant d’éclater de rire. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, Levi est plutôt du genre à s’imposer même quand on n’a pas envie de lui. Mais peut-être qu’ainsi, ils pourraient rattraper le temps perdu. Non pas se souvenir, puisque Levi déteste ça. Mais trouver une manière d’avancer, envers et contre tout.      


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Il se demandait s'il avait peur de ce qu'il aurait pu apprendre. Que tu n'as pas de destinée particulière. Ni toi, ni l'humanité.
les chutes
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