Aujourd'hui, Ophélia a pour mission de se rendre à Burlington pour rendre les clés de son ancien appartement. Bien qu'elle ne soit pas très motivée, elle sait qu'il est temps de le faire, d'autant plus qu'elle aurait dû le faire il y a deux semaines déjà. Elle rassemble les documents nécessaires et prend sa moto pour se rendre en ville. Une fois sur place, elle ne perd pas de temps et se rend directement chez son ancien propriétaire pour lui rendre les clefs.

Après avoir profité d'une après-midi agréable en compagnie de ses amis, elle ne voulait rester que quelques minutes en coup de vent, mais la voilà à rester tard, le soleil ce couche et il est tant pour elle de partir sur sa moto. La route se déroule devant elle, le vent caressant son visage passant dans son casque alors qu'elle traverse le pont qui la mène vers Redwood Hills. Sur le chemin, elle admire le paysage urbain et l'eau du lac qui défile à toute vitesse.

Tout à coup, une silhouette masculine attire son attention de l'autre côté de la rambarde du pont, à une hauteur dangereuse. Un frisson parcourt son corps, son cœur tambourine dans sa poitrine tandis que sa respiration s'accélère de peur. Même si elle continue son chemin, ses yeux inquiets se retournent pour observer une dernière fois la silhouette solitaire, qui semble se fondre dans l'immensité du paysage.
Un dilemme surgit en elle. Devrait-elle intervenir dans la situation de cet inconnu en détresse, ou bien poursuivre son chemin en se disant que ce n'est pas son problème ? Mais l'élan d'aider cette personne vulnérable est plus fort, et sans hésitation, elle fait demi-tour.
Avec des gestes précis et un regard déterminé, malgré les klaxons des voitures à proximité, Ophélia avance vers la silhouette, s'arrêtant à une distance respectable. Elle descend de sa moto, retire son casque, dévoilant des traits marqués par la détermination.

Le silence pèse lourdement, seulement entrecoupé par le bruit du vent et le léger grondement des voitures passant à toute vitesse. Ophélia demeura immobile, scrutant attentivement le moindre signe émanant de cet homme, plongé dans des pensées sombres.

"Ne faite pas ça !"

"Quel que soit ce que vous pensez ne le faite pas !"

Elle parle avec une voix rassurante, presque maternelle, prenant l'exemple du ton que prenait sa mère quand Ophélia était triste. Ophélia sait exactement comment réagir dans ce genre de situation délicate. Même si sa mère ne lui parlait pas de ses journées en psychiatrie, elle lisait les livres qu'elle avait écrits sur le sujet. Ainsi, elle connaissait parfaitement la procédure à suivre : il fallait rester calme, écouter sans jugement ni reproche, essayer de comprendre ce que la personne vivait et l'encourager à exprimer ses émotions, transmettre de l'espoir en aidant la personne à trouver des gens, des projets ou des rêves qui puissent lui donner une raison de continuer à vivre malgré la crise.

En prenant une grande inspiration, elle se mit doucement à marcher en direction de l'homme. Ses cheveux bouclés roux volent au vent caressant son visage.

"Je suis sûr que dans votre vie il y a des gens qui vous aime, et qu'ils seraient désespérés à l'idée que vous n'êtes plus de ce monde..."

Le souffle de Ophélia se bloque. Oups... Elle sais qu'elle n'est pas une professionnelle pour remarquer quand quelqu'un est sur le point de mettre fin à ces jours, c'était le métier de sa mère, pas le sien. Une légère rougeur monte à ses joues, montrant sa gêne.
Même les mots ont du mal à sortir de sa bouche, alors elle se pince les lèvres pour éviter de dire quelque chose d'inapproprié.

"Euh... Et bien je..."

Ophélia lâche un rire nerveux et gênée, se mordant la lèvre inferieur de stresse, l'autophagie est de famille chez Ophélia, sa mère mâchait la peau morte de ses doigts et Ophélia ce sont ses lèvres. Elle à donc des lèvres en mauvaise état mais aujourd'hui ça ne l'a dérange plus trop qu'avant.

Lorsque l'homme pose sa deuxième question, Ophélia sait exactement quoi répondre cette fois-ci. Elle regarde l'horizon un instant puis le regarde et sourit en réfléchissant au livre de sa mère qu'elle a lu d'innombrables fois. Elle se sent inspirée par les mots de sa mère.

"De un : parce que au moins une personne dans ce monde vous aime. Et de deux : vous avez levez vos yeux vers la gauche. Vous vous remémoriez une image, donc sûrement une personne de votre entourage qui vous aime. Je me trompe ?"

Ophélia n'aime pas forcément crâner de tout ce qu'elle avait appris de sa mère sur la psychologie et les signes non verbaux du corps humain, mais elle trouve toujours intéressant de partager ses connaissances avec les autres. C'était grâce à cette technique qu'elle avait appris à distinguer un mensonge : la partie gauche du cerveau traitent les images remémorées, tandis que la partie droite traitent les images construites. Ainsi, lorsque cet homme a brièvement levé les yeux vers la gauche, Ophélia a su qu'il pensait à une personne qui lui était chère.

Ophélia plisse les yeux avec méfiance lorsqu'il lui propose de s'approcher. Elle s'avance lentement pour ensuite poser ses avant-bras sur la rambarde et croiser ses doigts. Puis, elle se penche pour contempler le lac et le soleil couchant. Un sourire se dessine sur son visage lorsqu'il lui fit part de son appréciation pour la sensation de vide sous ces pieds. Pour Ophélia, c'est la hauteur qu'elle aime, après tout elle passait son temps à grimper aux arbres dans le sentier derrière sa maison. Une véritable acrobate.

"C'est vrai qu'avoir les pieds dans le vide nous font nous rendre si vulnérable, mais ça a une part de libérer dans un sens, on se sent allégés de nos problèmes. Mais mon truc c'est plus les hauteurs, quand je peux tout voir, tout anticiper."

Ophélia déteste perdre le contrôle d'une situation. Pour elle, prendre de la hauteur signifie prendre de l'avance et anticiper les événements pour éviter les mauvaises surprises. Elle veut éviter à tout prix de se faire poignarder dans le dos ou de commettre des erreurs. Depuis toujours, Ophélia a une peur irrationnelle de l'échec, car elle sait que cela la déstabilise profondément.

Ophélia sourit lorsqu'il parle de l'amour entre les parents et les enfants. Elle sait que sa mère l'aimait, mais elle ne le ressentait pas vraiment. Elle n'a jamais ressenti un amour sincère de sa part. Le fait de la gâter et de l'emmener partout à chaque fois qu'elle rentrait de ses conférences internationales ne suffisait pas à montrer son amour pour sa fille. Ophélia n'a jamais osé lui dire la vérité, de peur de la décevoir. Elle se demande même si elle éprouve de l'amour pour sa mère...

"Oh si je pense qu'elle t'aime, être chouchouter et aimer par un parent, qu'il sois de notre sang ou pas c'est... c'est ce qui compte le plus pour un enfant. Être aimer et avoir de l'importance aux yeux du parent."

Elle lâche un petit rire quand il parle de la difficulté de s'occuper d'un enfant de 2 ans.

"Attend à l'adolescence..."

Chaque enfant est unique, et Ophélia se démarquait vraiment des autres pendant son adolescence. En particulier pour sa gouvernante, Anne. Parfois, cette dernière était tellement exaspérée par le comportement ingérable de Ophélia qu'elle envisageait sérieusement de démissionner. Cependant, étant une amie très proche de la mère de Ophélia, elle a décidé de rester à la maison et de continuer à s'occuper d'elle malgré tout.

Ophélia avait du mal à accepter les ordres, en particulier ceux venant de Regan, ce qui a finalement conduit à sa décision de partir en ville pour ne plus dépendre d'elle. Son aversion pour les directives et son besoin d'indépendance étaient parmi les principales raisons de son départ.

Elle s'assoit elle aussi sur la rambarde ses pieds dans le vide aussi au côtés de cet inconnu. Elle sourit quand il se présente, elle lui prend la main pour la serrer. Ophélia a toujours été très tactile bien qu'elle ne sois pas trop sociable, toucher les gens elle le fait sans cesse et même sans s'en rendre compte parfois.

"Ophélia, enchantée également."

Elle soupire et un doux silence s'installe entre eux. Une atmosphère paisible et détendue les entoure alors qu'elle observe le coucher de soleil, voyant le soleil disparaître lentement derrière l'horizon, laissant les nuages roses se transformer en un bleu clair apaisant. Un sourire se dessine sur son visage à sa question, elle sait exactement quoi dire.

"4000 mètre. J'ai fait un saut en parachute quand j'avais 18 ans, c'était pour mettre en colère Regan, c'était ma gouvernante, de base. Mais au final j'en est fait un autre à 20 ans, car j'avais vraiment adorer ce... Ce sentiment de liberté. Et c'était aussi beau que ce coucher de soleil."

Elle regarde Ian et lui sourit avant de regarder le ciel.

"Et toi ?"

Elle le regarde de nouveau curieuse d'en savoir plus sur lui. Elle adore faire connaissance avec des inconnus. Parler des expériences passées, de leurs enfance, et tout plein d'autres anecdotes drôles ou moins.

Ophélia voit en cet homme une certaine crainte de ne plus jamais revoir son être aimer, tant il semble chérir sa présence. Cette situation lui rappel sa relation compliquée avec sa mère. Pendant longtemps, Ophélia a cru que sa mère ne se souciait pas d'elle et agissait par simple obligation. Mais désormais, elle réalise que sa mère l'aimait de tout son cœur et faisait tout pour son bonheur.

Un léger sourire se dessine sur les lèvres d'Ophélia alors qu'elle regarde l'horizon. Sa voix est calme, presque un murmure, lorsqu'elle répond.

"Vous le serez..."

Ce n'est pas habituel pour Ophélia d'être mielleuse avec quelqu'un, elle le réalise rapidement et se racle la gorge comme pour reprendre ses esprits. Elle reprend alors la parole de son ton habituel, direct et franc.

"Oui, je loue un appartement à Redwood Hills, et toi ?"

Elle rit légèrement lorsque Ian mentionne le dernier étage de l'Empire State Building. Une brise fraîche fait frissonner la rouquine, ajoutant une touche de fraîcheur à l'air du soir, le soleil est pratiquement coucher, l'obscurité s'installe peu à peu. Ses yeux pétillent de malice lorsqu'elle reprend la parole, taquinant gentiment Ian du regard.

"C'est déjà un bon début."

Ophélia écarquille les yeux de surprise en apprenant que Ian est né lors d'un concert de Metallica. Elle trouve cela à la fois original et drôle, et ne peut s'empêcher de laisser échapper un rire amusé. Elle est née à la maison, avec un mois et demi d'avance, mais c'est rien comparer ça. Elle tape ludiquement l'épaule de Ian, étant très tactile avec les gens en général le petot coup est partie tout seul.

"Trop cool ça !"

Elle fini de rire, ce n'est pas un rire moqueur, mais surpris, après tout ont entend pas ce genre de chose souvent. Elle écoute attentivement la suite. Un sourire s'affiche son visage après la deuxième annonce.

"Du moment que tu allais bien c'est le principale je pense."

Elle inspire profondément, aspirant l'air pur de la nuit. Le calme de la campagne lui avait tellement manqué, après avoir passé la majeure partie de sa vingtaine en ville. Parfois, elle trouve qu'elle regrette cette période, préférant de loin la tranquillité et la sérénité qu'offre la campagne. Les bruits incessants de la ville sont simplement trop pour elle. Elle adore pouvoir se retrouver dans son petit cocon à la campagne, se sentir dans sa bulle, loin de l'agitation urbaine.