pêche aux infos

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Edith passe un dernier coup de chiffon sur la porcelaine. Elle observe alors, sous une lampe, les détails de chaque petite poignée anciennes, peintes à la main. Des fleurs, des oiseaux, et quelques dessins de styles asiatiques, l’antiquaire appréciait chacune d’entre elles. Une dizaine au total. Sur quelques meubles relookés, elles seraient du plus bel effet. Désormais, il lui fallait y apposer un prix. Devait-elle les vendre en lot ? Ou à l’unité ? Une fois qu’elle aurait décidé, il lui faudrait leur trouver une place dans sa boutique. Edith avait beau vendre, elle remplissait aussi vite. Dans l’arrière boutique, mais aussi dans son bureau, d’autres objets attendaient sagement. Des vases, des livres, de la vaisselle, des bibelots… On pouvait trouver tout et n’importe quoi dans cette boutique, mais que des objets avec une certaine valeur, à en croire la propriétaire des lieux. Hardings n’allait pas perdre de la place pour des babioles et des breloques. Elle était vigilante à ce qui entrait dans sa boutique. La clochette au-dessus de la porte d’entrée était d’ailleurs là pour ça. Elle hausse un sourcil quand elle reconnaît le fils Black dans sa boutique. Elle avoue retenir un peu son souffle à sa vue. Martha Black ne manque pas d’éloges pour son fils, mais elle confie aussi souvent les quelques bourdes de son rejeton. A cet instant, Edith a l’image d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Rapidement, l’antiquaire ramasse les petites poignées sous son comptoir. Il semble s’avancer précautionneusement, sous l’œil scrutateur de la brune. Elle se demande bien ce qu’il fait ici. « Bonjour. » Elle tente de se montrer avenante, écoutant les raisons de la présence du fils Black dans sa boutique. Elle se méfie un peu, Edith, encore plus quand le jeune homme évoque Hailee. Elle se crispe un peu plus, et sa méfiance monte en flèche. Il y a quelques temps de cela, son employée lui avait dérobé un document sur le Rose Lunaire. Un document qui évoquait la famille Black et que Mademoiselle Burrows avait jugé devoir retourner à ceux-ci… Et voilà que Peter Black se pointait pour une soi-disant expertise d’un service à café. Enfin, d’une partie d’un service à café. Elle l’écoute attentivement et ne cache pas sa curiosité. Elle avait devant les yeux une tasse à thé, ainsi que la soucoupe qui allait avec, en provenance de chez Martha Black. Edith avait le pressentiment que cette femme cachait quelques trésors chez elle, sauf qu’Edith n’avait jamais été invitée chez cette chère Martha. Elles se côtoyaient souvent à la paroisse de la ville, ou encore au club de tricot, mais les deux femmes ne s’appréciaient pas plus que ça… Avec une infime précaution, la brune prit entre ses doigts fins la tasse pour l’observer de plus près. Son premier réflexe fut de retourner la tasse pour y constater une quelconque inscription. Elle constatait une décoration fine, probablement peinte à la main. Un travail minutieux. Elle fit de même avec la soucoupe. Tout cela dans le silence. Edith ne faisait pas de remarque à voix haute, pour ne pas trahir la véritable valeur de l’objet qu’elle avait entre les mains.

L’ensemble passé sous son regard expert, elle le repose sur le comptoir, entre elle et Peter, et relève les yeux vers lui. « C’est une belle porcelaine. Bien décorée, délicate. Très fragile. » Elle se tait, une seconde. « Les autres tasses sont décorées de la même manière ? Pour une valeur au plus juste, il aurait fallu que je puisse expertiser les autres pièces. » Ça se trouve, cette tasse était la seule en bon état… Mais il y a une question qui taraude Edith. « Martha a donné son accord pour ça ? » Connaissant un peu la vieille Black, Edith en doutait. Et du coup, elle se demandait à quoi jouait son fils…


@Peter Black

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Pour faire des affaires, Edith est capable de beaucoup de choses. Elle avait déjà menti sur une estimation, acheté au rabais certains objets, “débarrassé” certains d’objets… encombrants. Jusqu’à laisser entrer Peter Black dans sa boutique ? Apparemment… Elle l’observe, de la porte d’entrée jusqu’au comptoir. Il semble serrer les fesses pour ne rien casser dans la boutique. Il avait dû lire son écriteau. Arrivé devant elle, il sort une tasse, ainsi qu’une soucoupe, afin que Madame Hardings l’expertise. Tiens donc. Bien sûr, l’antiquaire use de la plus grande délicatesse. Au premier coup d’œil, elle voit bien qu’elle tient entre ses doigts une porcelaine fine. Et puis, elle se doute que si elle la casse, le fils Black ne sera pas le seul à payer le pot cassé… Le jeune homme lui confirme d’ailleurs ce qu’elle pressentait. Cependant, elle n’apprécie pas beaucoup qu’il la mette en garde. Elle est certainement plus délicate que lui… Pour autant, elle ne va pas se vexer pour si peu. « En effet, Agrippine n’est pas un prénom américain… Plutôt européen. D’où est originaire la famille Black ? » Edith est curieuse, mais dans ce cas présent, il ne s’agit pas seulement de curiosité mal placée. Pour déterminer la valeur de la tasse solitaire, ainsi que du service auquel elle appartient, l’antiquaire a besoin d’avoir un peu plus d’informations. Elle a donc besoin d’en apprendre plus sur l’ancienne propriétaire. Cette Agrippine. Peter sort son téléphone et fait défiler des photos de plusieurs tasses, ainsi que soucoupe, pot à lait, pot à sucre. L’ensemble a l’air complet. Et en parfait état. Chez Martha Black.

Elle relève les yeux vers le jeune homme. Doit-elle lui dire la vérité, ou bien lui mentir ? Il est clair qu’il n’a pas l’intention de vendre sur le champ. A cause de la vieille… Mais peut-être un jour… « Ce n’est pas du toc. En tout cas, pas du made in china… C’est de la véritable porcelaine… » qu’elle souffle, tout en caressant du bout des doigts le rebord de la tasse. Elle demande alors si Martha a donné son accord pour ce qui se passe ici. Elle relève les yeux tandis que Peter hésite. Elle laisse échapper un rire. Déjà, parce qu’elle n’imaginait pas le fils Black aller à l’encontre de sa mère. A vrai dire, l’image qu’elle a de lui est certainement bien loin de la vérité puisque c’est la première fois qu’elle le rencontre. Mais il semble qu’il ne la connaisse pas si bien que ça non plus. Si les échanges avec Martha Black sont plutôt rares, Edith n’allait certainement pas promettre quoi que ce soit à ce garçon. « Je ne promets rien. » Elle imaginait déjà la tête que ferait la vieille Black quand Edith lui dira qu’elle avait une jolie porcelaine, à la maison. « Je pourrais faire quelques recherches, pour en savoir plus sur ce joli service à café. Mais qu’est-ce que ça va m’apporter, hein ? » Elle le regarde alors de ses yeux perçants. Aurait-il quelque chose à lui offrir ? Ou peut-être à lui rendre ?


@Peter Black