Je n’avais pas pour habitude de faire des conférences ouvertes au public. Dans mon domaine et la plupart du temps, ces événements sont réservés aux spécialistes ou, au mieux à tout ce qui tourne autour de l’anthropologie judicaire : policiers, avocats, scientifiques… Bref, un peu de tout, mais un public large comme celui que j’allais avoir aujourd’hui. Etais-je donc stressé ? Donc, pas vraiment. Des événements, j’en ai déjà fait, surtout dans ma carrière d’auteur, mais aujourd’hui avait une saveur bien particulière. Je ne comptais pas parler de moi, ni même de mes différentes casquettes professionnelles —bien que j’aurai adoré, l’égocentrique que je suis adore toujours parler de mes recherches et de mes réussites— mais bel et bien d’une thématique qui pouvait intéresser tout le monde… Et c’était là, la complexité de la chose : Comment parler de poisons, de ses risques et de comment s’en protéger sans séduire des psychopathes —ou, à tout hasard une certaine secte— et risquer de mettre des gens en danger ?

L’équilibre était fin et complexe, mais rien d’insurmontable. Malgré la communication timide à ce sujet, tout ceci semblait avoir trouvé son public. La salle était complétée à son trois quarts ; puis dix minutes après le début des explications, elle était finalement pleine. Mes étudiants ainsi que moi-même étions là, à expliquer pendant plus de deux heures, les divers poisons existants, les affaires pouvant avoir tournés autour d’eux ainsi que la façon dont il était possible de les contourner : les symptômes et les bons gestes à avoir. Un événement rimant avec prévention, et surtout… Menace à tous ceux et celles qui tenteraient quoique ce soit : car notre liste de poison présenté n’était pas choisie au hasard… Chacun qui avait été listé, avait le mérité d’être possiblement découvert dans une affaire de meurtre. Une façon, peut-être pas très subtile, de dire que si vous tentiez quelque chose, nous allions finir par vous coincer. La direction voulait avoir ce moment « montrez ce que cet établissement savait faire ne terme d’enquête criminelle »

Après une présentation donc intense des poisons biologiques, (pour ne citer que la batrachotoxine, la curare, la toxine botulique, la muscarine, la ricine, la tétraodontoxine… Ou le fameux laurier-rose) et les poisons chimiques (là, on pouvait retrouver l’arsenic, le phénol, cyanure, sarin…) mes étudiants avaient quitté la scène pour me laisser seul, prêt à écouter les questions. Ces derniers se baladaient dans la salle, micro en main pour les laisser à celles et ceux qui voulaient poser des questions. J’étais prêt. Vingt minutes de questions n’allaient pas me tuer, n’est-ce pas ?