L’histoire du tatouage avait occupé l'esprit Alonso pendant quelques jours, occupé et préoccupé en même temps. Que ce soit dans la réalisation du cover ou juste en pensées. Ils avaient retravaillé ensemble le motif. Curieusement c’étaient les couleurs qui avaient le plus retenu l’attention de son ami. Même s’il fallait du foncé pour pouvoir cacher les mots, Jeff tenait à ce que le tatouage soit resplendissant de couleurs vives. Il allait sans doute falloir faire une deuxième séance après la cicatrisation pour pouvoir obtenir le rendu que Jeff souhaitait, enfin c'était l'avis d'Alonso. Il avait une maigre expérience en tatouage, n’en ayant aucun sur le corps, mais il avait vu quelques émissions sur le sujet et regardé des vidéos au cours de la semaine. C'était quelques jours plus tard qu'avait pris contact avec Peter puis qu'il avait envoyé le motif pour savoir s’il pouvait le travailler, si c’était envisageable en cover ou non. Bien sûr, Peter verrait une fois sur place ce qu’il était possible de faire. Alors ils avaient pris rendez-vous au salon.

Alonso peinait encore à comprendre comment un esprit tordu avait pu vouloir tatouer « Spencer's property » avec une flèche située au-dessus de la fesse droite de son amant du moment quand bien même ce dernier était d’accord pour le faire. L’image de ce Spencer tournait dans l’esprit d’Alonso, ressemblant étrangement à un méchant maigre et désagréable des film des années soixante-dix. Jeff, restait Jeff, il avait l’air enthousiaste de faire ce projet commun avec Alonso. Pourtant, ce dernier avait toujours l’inquiétude de le forcer d’une manière ou d’une autre à faire quelque chose qu’il ne voulait pas. Il marchait toujours sur des œufs lorsqu’il évoquait le sujet. Il lui avait même proposé de prendre un autre dessinateur, de laisser Peter faire s’il voulait, mais Jeff avait insisté pour que le dessin vienne de lui alors il avait continué sur le projet.

Alonso avait posé sa matinée pour accompagner Jeff au salon de tatouage situé à Burlington. Il appréhendait un peu. Après s’être garés à proximité, Al et Jeff avaient remonté la rue jusqu’au salon, l’esprit du pharmacien était préoccupé par la matinée qui allait se dérouler. En poussant la porte, Alonso observe le salon. Une salle comme une autre, de beaux dessins au mur, le lieu est propre et le rassure. Au cours de son balayage visuel il reconnait son ami et s’avance vers lui. Hey ! Ca fait plaisir de te revoir, comment tu vas ? Il lui fait une accolade chaleureuse. Jeff, Pete, Pete, Jeff, déclare-t-il en faisant les présentations. Il avait un peu parlé à Jeff de Peter, expliquant que c’était un bon ami à lui et qu’il serait LA bonne personne pour la situation - il l’espérait surtout -. A Peter, il n’avait pas expliqué grand-chose non plus sur Jeff en dehors du fait que c'était un ami qui voulait couvrir le texte d’ancien tatouage avec un dessin de phénix coloré. Il ne sait pas vraiment comment procéder au-delà de ces présentations qui n’en sont pas vraiment puisque Al ne mentionne même pas sa relation avec Jeff, mais il se dit que l’information sortira bien assez vite dans la discussion. Malgré lui, il trouve ça bizarre d’amener son chéri se faire retirer le tatouage qu'il fait pour un ex au dessus de ses fesses. Même si ce tatouage avait des années et ne signifiait plus rien pour Jeff, Alonso n'est pas tout à fait à l'aise avec l'idée et il ne savait pas non plus comment Pete allait réagir face au problème.

Idée globale du tatouage:

Le jour était arrivé. Tu ne sais pas pourquoi, mais le matin, au moment de ta douche, tu avais frotté plusieurs fois, pendant de longues minutes, ton tatouage. Comme pour tenter de l'effacer de toi-même. Tu savais que ce n'était pas possible évidemment mais tu avais envie que cette partie soit bien propre et bien prête à être travaillée. D'ailleurs, tu as enfilé l'un de tes sous-vêtement les plus jolis, parce que tu savais qu'il allait le voir. Tu portes toujours une chemise, c'est le type de haut que tu préfères avoir sur la peau. Cette fois, c'est une chemise noire à la coupe slim en coton léger et doux, elle affiche un motif floral beige des sortes de tournesols qui forment un dédale fleuri, tu portes un pantalon de lin noire. Tu reprenais doucement du poids aussi, tu restais encore bien fin mais c'était mieux pour toi d'être un peu plus en forme pour ce jour. En tout cas, tu te sentais mieux. Surement assez pour supporter la douleur. Tu avais failli tourner de l’œil pour le premier tatouage et ça avait bien fait rire Spencer, qui avait pu dire tout le long que tu n'étais qu'une chochotte, qu'un cliché sur patte de l'homosexuel fragile. Ça n'avait pas aidé, forcément.

Te voilà dans la voiture en direction de Burlington. Le trajet se fait rapidement, Alonso se gare et tu le suis jusqu'au salon de tatouage. Un lieu différent certes mais l'ambiance te fait remonter de mauvais souvenirs. Tu tentes de ne pas y penser pendant qu'Alonso dit bonjour à celui qu'il connait bien. Tu as tout de même quelques appréhensions. Tu lui serres la main pour ta part, tu n'as pas cette proximité avec lui. Tu commences à stresser un peu plus, ton rythme cardiaque s'accélère légèrement. Alonso t'a déjà parlé du tatouage à couvrir ? Tu regardes Alonso pour avoir la confirmation ou non, il ne semble pas. Peut être que ça aurait été moins gêné qu'il le savait déjà. Il aurait eu le temps de rire tout seul et de se concentrer à ne pas rire devant toi. Parce que c'est ce qu'il va se passer non ? Spencer te l'avait dit, on se foutera de toi le reste de ta vie Jeff et c'est comme ça que je laisserai ma trace dans ton existence pathétique. Tu te souviens des mots exactes. Ils te font mal, de nouveau.

Bienveillance et discrétion, voilà les deux termes qu'il aurait pu utiliser pour parler de Pete. C'est pour ça qu'il avait tout de suite pensé à lui. Il n'avait pas d'autres amis tatoueurs aussi mais il ne serait pas allé voir n'importe qui. Il ne le connaissait pas dans sa vie professionnelle. Non. Mais il avait estimé que ce genre de personnes ne pouvaient qu'être les mêmes dans leur vie professionnelle. La bienveillance de Peter transparaissait dans chacun de leur échange, sur leur famille, leurs angoisses, c'était une personne à laquelle Al s'était émotionnellement liée très vite. Sa discrétion aussi, il avait pu compter dessus, car Alonso ne se confiait pas à ceux qui parlaient à tort et à travers, racontant les histoires des autres pour les leurs. S'il y avait une chose qui l'énervait à l'hôpital c'était les moqueries sur les patients par le personnel soignant, on pouvait avoir vécu des situations cocasses, on pouvait avoir eu un moment d'humour mais se moquer des gens à leur dépends. Ça ne passait pas. Il n'en avait pas entendu sur Jeff et heureusement car les choses auraient été vite très claires.

Les mots de Peter ont un effet rassurant immédiat sur Alonso. Il obéit dans l'instant, enclanchant le mécanisme. Au moment où il revient, Al sent le regard de Jeff sur lui, il demande s'il a parlé du tatouage alors que le rideau se ferme doucement derrière eux. Il sent peur de son compagnon mais Pete vient immédiatement à son secours. Al en profite pour passer une main dans le dos de Jeff, espérant que ce contact et les mots d'un autre le rassureront. Il se dit que ça fera du bien à Jeff, d'entendre de la bienveillance d'ailleurs que dans sa bouche à lui, avec des mots différents, un ton différent. Peter est léger et professionnel, mais ça ne suffira peut-être pas pour calmer les angoisses de Jeff. Il imagine comme ça doit être tumulteux dans son esprit. Jeff adore être au centre de l'attention, briller, mais là il ne brille pas et ce n'est pas le genre d'attention qu'il souhaite. C'est déjà difficile quand il n'y a que Al et lui alors il ne sait pas comment il réagira avec cette troisième personne entre eux. La question finit par tomber sur Alonso qui hoche la tête en souriant, ce sourire éclairant son visage jusque là un fermé d'inquiétude.  C'est moi, oui, mais il est né de l'imagination de Jeff et nous l'avons travaillé ensemble. Il le précise, même s'il estime que ça va de soi. Il pose les yeux sur Jeff, sa main toujours sur son dos, caressant doucement sa chemise avec son pouce. Alonso n'a pas dit quel genre d'ami est Jeff mais il ne faut pas être devin pour voir que la façon dont il le regarde est bien plus amoureuse qu'amicale. Il attend que Jeff prenne la parole, ses yeux essayant de passer un message rassurant, qui veut dire ça va aller, je suis là, prends ton temps.

Tu dois respirer. Sentir l'air qui rentre par tes narines pour alimenter tes poumons. Sentir l'air que tu éjectes aussi. C'est con. Très con parce que des tas de gens ont vu le tatouage, ton corps. Même à l'hopital récemment. Pourtant, dans une situation où c'est à toi de le montrer, où il devient le principal détail de ta visite, il te met mal à l'aise, alors même que tu oubliais son existence, avant. C'est surement à cause de ce qu'il a fait à Alonso. Avant tu t'en fichais d'avoir été marqué de la sorte. Ça ne pouvait que te rappeler à quel point tu pouvais être faible face à tes émotions et c'était bien fait pour toi. Mais un sentiment nouveau est apparu quand Alonso a posé les yeux dessus. La honte. Tu ne te sens pas souvent honteux, mais ce n'est pas du tout la même chose quand tu es un être faible aux yeux des autres et quand tu l'es dans son regard. Tu n'arriverais même pas à l'expliquer. Ta thérapeute t'a demandé de travailler là dessus, de ne pas élever Alonso au rang de divinité intouchable, à qui tu devrais plaire constamment. Pour toi, pour ta propre santé mentale dans un premier temps mais aussi pour Alonso, pour vous. C'est compliqué pour toi.

Tu hésites, tu regardes Alonso quelques secondes, cherchant dans ses yeux si rassurant une aide pour t'aiguiller. De toute façon, Peter finira par voir le tatouage, tu préfères qu'il ait les yeux bien ouverts pour travailler dessus, quand même. Il vaut mieux que tu donnes ta version des faits plutôt qu'il vienne à les imaginer. Tu regardes le tatoueur à nouveau, tu tentes de sourire mais le sourire ne vient pas. Tu n'es tout de même pas tout à fait rassuré. C'est... Disons que je tenais à quelqu'un, que cette personne ne tenait pas à moi mais qu'elle a trouvé ça très amusant de me faire marquer quelque chose en bas du dos, juste pour être certain de rendre ma vie un peu plus compliquée. C'est trop vague, tu te dis, Peter va s'imaginer n'importe quoi. Il s'appelait Spencer, il m'a fait noter que mes fesses étaient sa propriété et j'ai accepté. C'est sorti. Tu penses à ta respiration mais ça ne semble pas suffire. Ta main vient chercher celle d'Alonso, son contact, sa chaleur.

Heureusement, le lieu est calme, intime presque puis qu'il n'y a personne d'autre et qu'Alonso fait en sorte que personne ne vous dérange. Peter est rassurant, tu te dis qu'il a du en voir des pires. Tu espères que c'est le cas. Tu es parfois tombé sur cette émission qui recouvre les tatouages des personnes qui les regrettent, tu sais qu'il y a pire, mais pour celui que tu portes, c'est la honte associée à ce qu'il dégage qui te fait le plus de mal. Celle qu'Alonso a vu en tout cas. Heureusement, ce dernier ta caresse doucement le dos, ce contact te fait du bien, il permet de te concentrer dessus, c'est une bonne chose. Je suis pas hyper fan des médecins... Mais j'aime beaucoup les maquilleurs. Disons plutôt un maquilleur sympa ? Eux aussi, embellissent les corps, même si ce n'est pas pour toute la vie. Les médecins, le corps médical, ce n'est pas ta tasse de thé. Ça te rappelle de mauvaises périodes de ta vie et aussi de mauvaises personnes, parce que les médecins ne sont pas tous sympas.

Al prend la main de Jeff dans la sienne. Le stress de son compagnon est communicatif. Il l'avait dit, d'une manière bien plus directe qu'il ne l'avait jamais affirmé à Alonso. L'histoire courte n'en est que plus brutale. Je tenais à quelqu'un, ce petit bout de phrase lui fendait le cœur,  il tenait à cet homme... La réaction de Peter doit faire du bien à Jeff. Il lui confie même son histoire d'amour à sens unique à lui. Une histoire qu'Alonso ne connaissait pas. La vie n'est pas douce avec ceux qui ont le cœur tendre malheureusement. Il y a parfois ceux qui aiment et ceux qui les utilisent. Alonso aime penser que la vie est une nuance de gris plus ou moins clair ou foncé, mais il faut bien réaliser que certains événements sont bien complètement noirs et opaques. Il réagit simplement quand il dit que ça a duré 20 ans, mais quel âge avait-il quand ça avait commencé ? Alonso est empathique, surtout quand ça concerne l'adolescence. Il rapproche ça de ses fils bien sûr, l'idée qu'on puisse jouer avec leur cœur lui parait insupportable. La perle rare, Alonso sourit juste. Pour lui, c'est Jeff, la perle rare.

Il observe la demonstration de Peter sur son dessin. Il voit bien la différence et il trouve ça beau d'essayer de montrer à Jeff qu'il s'affranchira totalement de ce tatouage. Que l'ombre de Spencer n'existera plus sur son corps. Plus jamais d'autre qu'en souvenir. Il se demande si la peur du jugement avait aussi retardé le moment de le couvrir. Mais ils n'étaient que trois ici et le climat était de confiance. Pete cherche son appui alors Alonso tourne la tête vers Jeff. C'est le moment de dire adieu à ce mauvais souvenir, mon Jeff. Dans quelques heures ça sera ton tatouage, ta décision. Il sourit doucement à son ami, sa main toujours serrée dans la sienne. Sa renaissance commençait là peut-être, même si en réalité, elle avait déjà commencé depuis ce soir à l'hopital où Jeff avait demandé à Alonso de partir. Plus jamais ça. Tant qu'Alonso aurait sa main dans la sienne, il ne laisserait plus jamais quelqu'un lui faire du mal ainsi.

Peter est impressionnant. Tu n'as plus l'habitude des relations simples. Tu as eu des amis, certes, mais si aujourd'hui, tu as pu les quitter pour revenir à Redwood, et qu'ils ou même toi ne cherchent pas le contact, c'est qu'au fond, les relations que tu avais n'étaient pas sincères, pas assez pour perdurer. Finalement, à New-York, très souvent entouré, tu étais bien seul. Toujours en quête de nouvelles têtes, de nouveaux visages, de nouveaux rires à entendre.

Il vous raconte son histoire, une partie infime de son histoire. Tu souris tendrement, au moins, tu n'es pas le seul dans ce cas. Tu ne sais pas quels ont été les déboires d'Alonso. Tu sais qu'il a aimé son ex-femme, Alonso n'est pas le genre d'homme à se marier pour avoir des enfants, juste parce qu'il en voulait. Par contre, tu n'aurais pas aimé le retrouver encore marié, gâcher cette union ou même constater que votre histoire ne pouvait se conjuguer qu'au passé. Les deux auraient été difficile pour toi, la seconde sans doute presque impossible à surmonter. Tu regardes Alonso brièvement quand il te parle de perle rare. C'est ça. Une perle si rare qu'il faudrait toute une vie à plonger et plonger encore sous l'eau pour tenter de la dénicher. Tu as ouvert le bon coquillage, apparemment. Une perle noire et scintillante. Référence à ses cheveux de jais, tu n'étais pas prêt à les voir grisonner.

Peter s'affaire, tu es curieux en attendant d'observer les lieux. C'est un beau salon, bien décoré, il aspire confiance. Alonso connait tant de personnes ici. Il y a sa vie. Toi... tu as ta mère et Alonso. Tu sais que sur le long terme, ce n'est pas viable et pas sain pour toi. Mais pour le moment tu as l'impression d'avoir besoin de ce cocon de sécurité. Tu souris quand il te dit que le maquillage ne sert qu'à recouvrir et ne permet pas d'être quelque chose d'autre, de nouveau, de mieux aussi. Oh Darling, si tu savais comme je suis quelqu'un d'autre quand je me maquille. Tu penses intérieurement, et tu songes à Coco, évidemment. Il est tellement certain de ses propos et tu es tellement certain des tiens. Forcément, ses mots font écho à ton histoire, à celle avec Coco, si complexe que parfois, tu t'y perds. Coco n'a jamais voulu te faire disparaitre mais elle a pris cette charge parce que c'est ce que tu voulais. Tu jettes à regard en coin à Alonso, tu lui souris, tu es certain qu'il a compris ta pensée. On y va. Tu lâches la main d'Alonso. Il est temps pour toi de passer à autre chose. Tu n'as plus à garder cette marque comme punition pour te rappeler que tu ne vaux pas grand chose. Alonso ne te le permettrait pas et toi... Disons que tu as encore du mal à l'idée de te voir comme quelqu'un d'important. Tu t'installes sur le fauteuil de tatouage, tu as pris soin d'abaisser ton pantalon et de tirer un peu sur ton boxer pour qu'il ne soit pas gêné. Tu sais que ça ne sera pas agréable tout le long mais cette fois, tu le fais parce que tu en as envie et avec quelqu'un qui est présent pour te soutenir, alors tout va bien. Et ton crush, pourquoi il ne vient pas se faire tatouer ? C'est pas son truc peut être. Ce n'est pas le tien non plus, ce sera le seul tatouage que tu auras alors tu peux le comprendre.

Ils échangent un regard entendu sur le maquillage, oui Al voit très bien ce que son compagnon veut dire. Jeff lâche sa main, il est prêt et va s'installer. Alonso est fier de lui, son cœur d'amoureux s'attendrit. Il repense à sa réaction lorsqu'il a découvert le tatouage de Jeff, il se dit que s'il avait réagit différemment cette fois-là, s'il avait fait comme si de rien n'était... Mais qui aurait pu rester impassible face à une telle violence ? Parce que oui, pour Alonso c'était une marque de violence brute, mais pas indélébile comme Peter venait de lui expliquer. Il ne savait pas de quand datait le tatouage, depuis combien d'années il le portait. Al n'avait pas osé poser la question parce qu'il avait peur de la réponse. J'imaginer combien de personnes avaient vu ceci et avaient rit devant lui ou avec leurs amis de ce marquage, comme on tatoue des bêtes...

Ses pensées dérivent sur les relations impossibles, les amours à sens unique... Alonso y pense. Le premier qu'il avait eu c'était Jeff, pendant tout le lycée peut-être le seul. Persuadé que ce dernier était hétéro, ou en tout cas pas intéressé, parce qu'il n'avait rien tenté avec lui avant New York. En désespoir de cause, Alonso avait tenté de sortir avec une fille pendant quelques mois à cet époque, et elle avait vécu son premier amour à sens unique pour lui... ces dernières années, il y a eu au moins deux personnes qu'il voyait régulièrement qui lui ont avoué des je t'aime sans qu'il ne puisse les rendre, ne pouvant faire autre chose que couper les ponts définitivement... Sans compter cet espagnol, rencontré au bout du monde après sa rupture avec Jeff... Ils avaient vécu des moments de passion mais, Alonso avait finalement mis les voiles un beau matin, c'était encore trop tôt à l'époque pour se remettre avec quelqu'un. Il se rend compte qu'il a été plus souvent bourreau que victime dans ces affaires d'amours impossibles. Mais être celui qui coupe les ponts est pas toujours facile non plus. Alonso a vécu deux belles histoires dans sa vie, des histoires complètement possibles et qui s'étaient tout de même crashées de manière totalement réelle aussi et ça lui a suffit. Enfin, pas tout à fait, car actuellement une troisième était naissante, miroir déformé de la première.

Je suis désolé pour lui, il ne sait pas ce qu'il perd. se permet de souligner doucement Alonso ne voulant pas s'étendre sur le sujet, néanmoins si son ami avait un amour impossible avec quelqu'un qui ne le regardait pas... Pete est une bonne personne, il est dommage qu'il collectionne les coeurs brisés. Après peut-être que vivre dans le fantasme lui convient aussi, on souffre moins quand rien n'est réel, on peut s'inventer ce que l'on veut. Alonso est pragmatique, pas 100 % mais un bon 75 % pragmatique quand il s'agit d'affaires de cœur. Enfin, presque, parce que pour Jeff qui avait révolutionné son monde en quelques semaines à peine... Mais c'était un peu différent car Jeff ne s'était jamais fichu de lui. Dès leur seconde rencontre, il avait pu poser sa tête dans le cou de Jeff, dès cette seconde rencontre, Jeff lui avait dit qu'il ne l'avait jamais totalement oublié. Si ce dernier avait fait l'indifférent, Alonso ne lui aurait sans doute jamais proposé un toit et jamais ils n'en seraient arrivés là dans ce salon à retirer une épine du cœur de Jeff.

Il laisse Jeff répondre aux deux questions : le maquillage et si le calque lui va. Ce sont des questions personnelles et Alonso ne veut pas interférer là dedans. Il est d'ailleurs allé rapprocher un tabouret de Jeff et Pete pour pouvoir être assis à côté d'eux. Un café est une bonne idée oui. Souvent maintenant lorsqu'on lui propose un café, il repense à son pauvre café sur le comptoir ce jour terrible où Jeff lui avait échappé et ça le fait sourire. Ce serait avec plaisir. répond-t-il à Pete. Il sait que les tatouages ne sont pas une partie de plaisir quand bien même celui-ci lui semble nécessaire, l'associer à un souvenir agréable de thé et de gâteaux lui semble parfait.