Autour d’eux, de grands arbres dénudés se mêlaient à d’autres beaucoup plus touffus qui s’étiraient vers le ciel. Castiel voyait tout cela par les vitres de la limousine, sans en apprécier réellement la beauté. À ses côtés, Garensen. Un pli soucieux barra son front. Le silence régnait dans l’habitacle. De temps en temps, il apercevait son chauffeur qui fumait un peu plus loin. Pour l’occasion, Garensen avait fait appel à l’un de ses gars et dès que le moteur de la voiture s’était arrêté, l’homme était sorti, les laissant seuls. « Est-ce un problème ? … » Il soupira tout en demandant « ne peut-on pas trouver quelque chose pour le renvoyer d’où il vient ? » Garensen secoua lentement la tête de gauche à droite. Dans son regard, Castiel pouvait lire qu’il avait déjà envisagé toutes les possibilités et qu’il n’avait rien trouvé pour contrecarrer la décision de la justice. « Ma mère est toujours en contact avec celle de Marty et celle-ci lui aurait dit qu’elle comptait héberger son époux... J’ai supposé que cette situation serait désagréable pour lui. » Son regard se perdit derrière la carrure imposante de Garensen avant qu’il ne continue. « C’est pour cela que j’ai changé mes projets cette année. Je ne serai pas au gala du maire. Je l’ai prévenu, tout en le rassurant. » Un petit rictus sarcastique étira ses lèvres. « Il recevra bien son chèque pour ses œuvres de charité. » Et même si cette grande fête était une fabuleuse façon de se montrer et d’entretenir ses contacts, il s’en passerait et en organiserait une autre, dans quelque temps, afin de ne pas se faire oublier. « J’espère qu’il n’avait pas de projet avec son ex… Quoique celui-ci ne soit plus dans les parages. Un souci en moins. Ses liens familiaux, même anciens avec la Rose risquaient d’attirer des problèmes et tu sais comme je déteste ça. » Cette fois, c’est un petit rire qui vint accompagner sa tirade. Castiel avait été soulagé de voir dégager Huerta. Il glissa un regard entendu vers Thorunn avant de revenir au sujet qui le préoccupait. « Je ne t’ai pas encore remercié pour avoir tout organisé. Je ne voulais pas que quelque chose filtre. Je tiens vraiment à ce qu’il ait la surprise.» « Ce n’est pas moi, mais mes collaborateurs qu’il faut remercier. » Garensen se mit à rire. « J’ai une équipe spécialisée dans l’exfiltration, ce sont eux qui ont bouclé ton dossier. Tout est finalisé. Avion, rotation du personnel, réservation et tout ce que tu as demandé.» Castiel imagina la tête de ces personnes, habituées à agir dans l’urgence pour sauver ou protéger des vies, s’occuper de son escapade. « Merci. Il ne me reste plus qu’à voir si Marty ne va pas changer d’avis… ou si j’insiste trop, s’il ne va pas m’envoyer sa démission à la figure. Il n’a pas vraiment apprécié tes ‘dossiers’ concernant sa vie privée...et j’ai été quelque peu maladroit moi aussi, je dois avouer...» Sous des aspects d’enfant sage, son secrétaire était un homme avec un caractère bien trempé. Sa blondeur était trompeuse. Il n’avait rien d’un ange. Garensen ne répliqua pas. Lorsqu’il s’agissait de sécurité, il ne pouvait jamais y avoir de maladresse. Le chauffeur revint prendre sa place et la limousine roula en direction de la propriété de l’homme d’affaires.
Nanny avait accueilli le blond avec son habituelle sollicitude, vraisemblablement ravie de l’avoir pour elle seule. Marty avait poliment décliné la tasse de café qu’elle lui avait proposé, surpris de ne pas trouver Castiel prêt à l’informer sur ce voyage d’affaires dont on l’avait avisé à la toute dernière minute. À vrai dire, le secrétaire ne savait pas exactement ce qu’il s’était attendu à trouver en mettant les pieds au domicile de son patron. Une situation de crise, sans aucun doute, quelque chose qui aurait justifié aisément qu’il lui soit demandé de mettre sur la glace tous les projets qu’il aurait pu avoir. Vu la saison, c’était le contraire qui surprenait davantage, soit le fait qu’il n’avait absolument rien prévu de particulier pour souligner les fêtes de fin d’année. Passer Noël en famille, cette année, n’était pas envisageable. Il ne s’agissait de toute façon que d’un jour comme les autres, qui serait vite passé, et qui lui offrira tout compte fait un repos précieux. Pendant un instant, il avait bien envisagé de se rendre à New York pour y voir quelques membres de sa famille plus élargie. Mais il était plutôt à quelques mètres tout juste du bureau où il avait l’habitude de passer des heures à éplucher d’importants dossiers, sa valise de voyage à ses côtés et son porte-documents sur son épaule. « Il n’a rien dit du tout ? » Osait-il enfin demander, à nouveau, à la vieille femme qui s’affairait non loin de lui dans le grand couloir menant aux cuisines. Négatif, et un sourire surtout. Rien de plus déstabilisant pour le blond, qui jetait un œil à l’écran de son smartphone, vide. Tout à coup, la porte d’entrée s’ouvrait et Garensen paraissait, fidèle à lui-même, l’expression indéchiffrable. Marty inclinait légèrement la tête pour le saluer, avant de se rendre compte que le bras droit de Castiel l’invitait à rejoindre le véhicule posté devant la demeure. Nanny en profitait pour venir lui offrir ses souhaits des fêtes, posant ainsi deux baisers sur chacune de ses joues, et Marty glissait ses lunettes de soleil sur son nez avant de marcher jusqu’à la limousine qui l’attendait, où il retrouvait enfin l'instigateur de tant de mystères. « Même en étant habitué à tous ces mystères, je t’avoue que celui-là a quelque chose de particulier. » Commentait-il en prenant place à bord, une fois que leur chauffeur eut pris soin de le libérer de ses bagages. « Tout va bien ? » Bouclant sa ceinture de sécurité, Marty prenait le temps d’observer Castiel afin de déceler chez lui le moindre indice d’une contrariété à laquelle il devrait tôt ou tard se frotter. « Tu ne m’as même pas dit ce que je devais emmener… » Il en avait l’habitude déjà, Marty, plus ou moins. Il lui fallait s’adapter au quotidien mouvementé qui allait de pair avec ses fonctions pour la DeWitt. Sans compter qu’il se doutait très bien qu’il ne manquerait de rien, que son boss s’assurerait de fournir tout ce dont il pourrait avoir besoin en fonction de ce qui les occuperait ces prochains jours. Castiel était probablement pressé de régler ce qui devait l’être, sans doute prévoyait-il être rentré à temps pour les fêtes auprès de sa famille. Si cela s’avérait plus simple, Marty ne s’opposerait pas à ce qu’on le dépose à New York lui-même, il avait encore le temps de voir venir et de prendre une décision à ce sujet. Encore heureux, il s’était donné la peine de demander à sa voisine de récupérer son courrier en son absence. On ne prenait jamais trop de précautions et cette dernière en avait pris l’habitude puisqu’il arrivait souvent au blond de partir quelques jours à la dernière minute pour le travail.
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Castiel DeWitt
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MÉTIER : Dirige l'empire hôtelier DeWitt. Propriétaire du Point. Propriétaire du Valhalla avec Søren
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Sujet: Re: Noël - Castiel & Marty - Jeu 14 Mar - 14:42
Castiel sentait que Marty retenait ses questions. De temps en temps, il y en avait bien une qui venait briser le silence, mais Castiel répondait par de courtes phrases. « Tout est prévu sur place. » Il n’entrait pas dans les détails, de peur d’en dévoiler trop et de laisser filtrer quelques indices à son compagnon de vol, ce qu’il ne voulait absolument pas. La surprise devait demeurer intacte jusqu’au dernier moment. Le commandant de bord et son équipage avait ordre de ne jamais citer la destination. Heureusement, les nombreux dossiers qui s’entassaient devant lui, lui permettaient de rester le nez plongé dans les interminables paragraphes, laissant ainsi son secrétaire à ses nombreux questionnements. De temps en temps, lorsque le blond ne le regardait pas, son regard azur s’attardait sur son secrétaire et un discret sourire étirait rapidement ses lèvres avant de disparaître. Ils firent une halte pour le ravitaillement de l’appareil en France, puis le jet reparti vers sa destination initiale. Il ne restait que quelques heures avant qu’ils atterrissent.
Jour 1 : Arrivée à Rovaniemi Après des heures de vol, nous avons enfin atterri à l'aéroport de Rovaniemi, capitale de la Laponie finlandaise. L'air était pur et glacé, et dès notre descente d'avion, nous avons été accueillis par un paysage hivernal enchanteur. Les arbres étaient recouverts d'une fine couche de givre, et le sol était revêtu d'un manteau blanc étincelant. Cela ressemblait aux paysages du Vermont, mais nous n’étions plus là-bas. Tout me paraissait plus blanc, plus beau, plus magique. Revêtus de chaudes combinaisons, nous avons foulé le sol lapon en souriant. Du coin de l’œil, je guettais les réactions de Marty, espérant que cette surprise lui ferait plaisir. J’avais tenu à lui offrir cet intermède afin qu’il évite de penser à sa famille et à son père en particulier. Je savais que tôt ou tard, la réalité le rattraperait, mais en attendant, je voulais voir des étoiles dans ses yeux et des sourires sur ses lèvres. Je voulais que durant ce court séjour, on se laisse engloutir par la magie de Noël. Que l’on puisse redevenir comme des enfants. Sans souci. Sans tracas. Je n’irai pas jusqu’à dire ‘purs ’, car, ni lui, ni moi ne pouvions prétendre à cela. Rovaniemi, une ville qui semblait tout droit sortie d'un conte de fées enneigé. L'air était piquant, chargé de l'excitation de cette aventure nordique. Notre première étape était le village du Père Noël, une destination emblématique qui respire la magie de Noël à chaque coin de rue. La Visite au Village du Père Noël s’imposait avant toute chose. On se devait de rencontrer le célèbre bonhomme et lui glisser au creux de l’oreille tous nos souhaits les plus fous. Le village était comme une carte postale vivante, avec ses maisons en bois peintes de couleurs vives et ses ruelles bordées de lanternes. Nous avons eu la chance de rencontrer le Père Noël en personne, un moment aussi joyeux que celui d'un enfant découvrant ses cadeaux sous le sapin. Bien sûr, tout cela avait été chèrement monnayé en amont, toutefois cela ne m’empêcha pas de me prendre au jeu et de murmurer quelques souhaits au creux de l’oreille du vénérable Père Noël. Même les hommes comme moi ont encore des rêves. Quelque part, c’était ridicule et pourtant, je n’aurai laissé ma place pour rien au monde. C’est comme si, je me raccrochais à ce petit bout de magie que provoquais la situation. Ne pas y prendre part aurait été comme tout nier, et en ce moment, je voulais croire que le Père Noël existait, puisque je l’avais devant moi. Puis, nous avons déambulé dans le village où de nombreuses boutiques vantaient les trésors artisanaux. Je pris plaisir à franchir la frontière avec le cercle polaire. C’était comme entrer dans un monde inconnu alors que je n’avais fait qu’un pas. Forcément, je faisais de nombreuses photos. J’entrainais ensuite Marty dans un chalet où nous dégustâmes des mets typiques. Je pris enfin le temps de lui demander : « Est-ce que ta surprise te plait ? » Parce que, depuis que nous avions posé le pied sur la terre ferme, je l’avais entrainé à ma suite, comme dans un tourbillon, lui laissant à peine le temps de reprendre ses esprits. Pendant que nous profitions sans perdre une minute, nos bagages étaient livrés dans notre logement. J’avais peut-être peur qu’il me reproche cette initiative. Il m’avait bien dit ne pas avoir de projet, mais était-ce la vérité ? Avait-il dit cela pour ne pas me froisser ? Depuis qu’il savait que Garensen le ‘surveillait’, il devait se sentir épié et traqué. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je savais aussi qu’il y avait cet homme, je ne pouvais pas le lui reprocher. Je n’avais pas ce pouvoir. J’attendais sa réponse tout en la craignant. Ce n’était qu’à cet instant que je réalisais qu’il pouvait vouloir repartir. Être ailleurs.
Est-ce que ta surprise te plait ? Combien d’heures s’étaient déjà écoulées depuis qu’ils avaient mis le pied à terre à Rovaniemi, Finlande ? Marty n’aurait su le dire tant tout s’était déroulé à une vitesse folle. La surprise, d’abord; celle de découvrir qu’ils n’étaient pas venus remplir quelque mission de dernière minute avant les fêtes. Aucune urgence requise par la société, ni même pour les affaires personnelles de son patron. Castiel avait organisé, ou fait organisé, une virée au bout du monde dans un paysage enchanteur. Elle ne l’avait pas quitté, Marty, cette sensation de vivre la vie d’une autre personne. D’être en plein cœur d’un film comme ceux qu’il avait sans doute regardé plus jeune à cette période de l’année. S’ils avaient échangé quelques mots, l'asymétrie qui encadrait d’ordinaire leurs rapports s’était prolongée en ce que Marty n’avait aucune prise sur le programme de leur première journée. Tout était soigneusement préparé, si bien qu’il lui était arrivé de jeter spontanément un coup d'œil par-dessus son épaule, à la recherche des employés qu’il avait l’habitude de voir entourant Castiel DeWitt. Ils étaient seuls, pourtant. Seuls dans cette contrée féerique, où tout était trop beau, trop grand, trop parfait pour être vrai. Les gens qu’ils croisaient étaient ceux qui vivaient vraiment ici, nulle mise en scène pour parfaire la surprise. Il se trouvait bien à des milliers de kilomètres à arpenter le village du Père Noël en compagnie de l’homme le plus énigmatique qu’il ne lui avait jamais été donné de rencontrer ! Tout était comme s’il n’avait pas pu reprendre pied, Marty. Trop à voir, trop à entendre et finalement à goûter. Ils étaient installés dans le chalet luxueux qu’avait choisi Castiel pour les héberger quand il lui semblait enfin revenir à lui-même, et réaliser l’ampleur du cadeau de Noël que lui avait offert son boss, cette année.
Un sourire délicat se formait sur ses lèvres. Le mot lui paraissait trop léger – une surprise. Personne ne pouvait se permettre ce genre de présent chez les communs des mortels. Castiel était décidément d’un autre acabit. « C’est mon cadeau de Noël ? » Demandait-il, plus hésitant qu’il ne l’était d’ordinaire. Une part de lui se trouvait sur la réserve, peut-être parce qu’il ne savait pas encore comment recevoir cette incommensurable dose de générosité. Oh, il savait qu’il fallait remettre les choses en perspective. Pour Castiel, ce n’était qu’un séjour ordinaire, sans aucun doute. Que pouvait-on offrir à un homme qui n’avait qu’à claquer des doigts pour tout obtenir ? « J’avoue que je suis curieux… Où est-ce que tu as emmené Nanny ? Gustave ? Ou Garensen… » Les autres proches de Castiel, ceux qu’il considérait comme des membres de sa famille. Il y avait cette lueur taquine au fond de son regard, à Marty. À vrai dire, il ne savait toujours pas sur quel pied danser. Le blond l’aurait su, si Castiel s’était éclipsé plusieurs jours pour ce genre de séjour. À moins qu’il ne s’agisse de quelque chose qu’il réservait aux nouveaux venus dans son cercle restreint. « C’est… probablement trop, même pour toi. Tu sais ? Le mot chalet me parait indécent, il s’agit d’un véritable palais champêtre. » L’amusement faisait place à une lueur d’embarras, toute légère, au fond du regard du blond. C’était beaucoup trop pour lui, assurément. La première fois où Marty avait pris le temps de l’observer vraiment, depuis qu’ils avaient quitté la demeure sur Farming Area, c’était lorsque Castiel avait murmuré à l’oreille du Père Noël. Lui-même s’était prêté au jeu sans savoir se montrer sérieux. Un piano à queue, avait-il énoncé. Tout haut, sans même se cacher. Il n’avait pas su s’il fallait s’en amuser, ou s’il s’agissait d’une tradition revêtant une importance toute particulière pour Castiel. Tout était allé beaucoup trop rapidement pour qu’il ne se pose vraiment la question de ce qu’il aurait souhaité, si tout avait vraiment été à sa portée. Cette fois, le cadre était beaucoup plus intime. « Mais, merci. Je l’apprécie, Castiel. » Les mots lui manquaient et il ne voulait pas être ingrat, Marty. Il osait à peine imaginer les milliers de dollars - même s’ils n’étaient rien pour Castiel - et toute l’organisation qu’avait nécessité la mise sur pied de sa surprise. Ce n’était pas seulement l’acoustique des mûrs en bois. C’était la réalisation qu’ils étaient seuls, à présent, repus et bien servis en alcool s’ils le désiraient. Marty avait opté pour du vin blanc. Il ne pouvait s’empêcher d’avoir l’esprit vagabond, toujours perturbé, en quelque sorte, par ce cadre idyllique et pourtant trop candide pour être évident. « La dernière fois qu’on m’a invité à prendre un avion sans me dire où nous allions, c’était pour une semaine dans le Sud de la France, au bord de la mer. Il faisait chaud, même pour un mois d’août. » Les vacances. Un des derniers moments heureux à deux. Mais c’était de la chaleur des draps dont il n’oubliait pas le souvenir empoisonné. Portant sa coupe à ses lèvres, il éprouvait tout à coup l’ampleur de la tension associée à ces confidences, à cet instant tout court. « C’était plus facile, loin des regards. » Pour lui, aurait-il pu ajouter. Qu’espérait donc Castiel ? Même la pensée la plus évidente lui paraissait audacieuse. Castiel n’était pas Diego, ne le serait jamais. Peut-être n’espérait-il qu’un ami. Peut-être, l’une de ces rares certitudes qu’il ne pouvait se procurer si aisément. « Qu’as-tu donc demandé à ce cher Saint-Nicolas ? » Il y avait bien d’autres questions qu’il aurait voulu lui poser, à cet instant, mais c’était celle-là qui devançait toutes les autres.
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Sujet: Re: Noël - Castiel & Marty - Mer 1 Mai - 17:51
« Non, ce n’est pas ton cadeau de Noël. Je ne sais pas si l’on peut considérer cela comme un cadeau. Disons que c’est une parenthèse dans ton» je me repris et rectifiais par un « notre emploi du temps surchargé. » Un sourire amusé vint éclairer mon visage. « Nanny et Gustav doivent avoir pris le jet pour rejoindre New-York. C’est là-bas que nous passons les fêtes, tous ensemble. Il y a aussi Delia et Rodolfo avec les jumeaux. Le 24 au soir, c’est une tradition, ils vont voir une comédie musicale. » Je ne précisais pas que je ne participais pas à cette soirée, étant toujours invité à la soirée donnée par le maire et où se pressait le gratin new-yorkais. Pas que cela me réjouissait plus que ça, mais cela me permettait de renouer des contacts. De me montrer. De faire de la communication. Je me prêtais au jeu. Souriais aux photographes. Répondais aux questions. La routine. Souvent, Isobel était accrochée à mon bras. Mon paravent contre les tentatives de séduction. Un rempart contre quiconque tentait de s’approcher trop près. C’était un deal qui nous convenait à tous les deux. C’était le 25 à midi que je fêtais Noël avec eux, au complet. Je portais toujours pour l’occasion, un de ces horribles pulls qui faisait rire tout le monde. Nous ouvrions nos cadeaux, comme n’importe quelle famille, puis le soir, je me glissais dans mon smoking pour aller rejoindre la demeure familiale où la haute société se réunissait pour fêter, avec un snobisme à vomir, cette fête religieuse. « Quant à Garensen, c’est une période surchargée pour lui. Il doit assurer la sécurité de pas mal de personnalités. » Je savais aussi qu’il filerait à Venise entre Noël et jour de l’an, passer quelques jours dans son palais. Seul. Entouré de ses fantômes. C’était l’un des points que nous avions en commun, lui et moi. Nos fantômes. Nos femmes. Je ne doutais pas qu’il eût aimé la sienne avec passion, ce que je ne pouvais pas dire de Sidonie. J’avais aimé son nom et sa fortune. Son intelligence aussi. Le reste avait été une question de … mental. C’était odieux à formuler, mais tellement vrai. Je ris à l’évocation du chalet champêtre. Je n’y pouvais rien si c’était le style du restaurant. J’avouais que c’était beau et grandiose. Les confessions de mon secrétaire ne me faisaient plus rire et je sentais la douleur derrière les paroles. Je me doutais du nom qui se cachait derrière cette surprise. Ces vacances. Je ne jugeais pas Marty. J’étais bien placé pour savoir que parfois, on pouvait faire des choses que l’on ne ferait pas dans d’autres circonstances. Avec d’autres personnes. L’amour rendait aveugle. Il rendait bête aussi. Je ne parlais pas pour moi. L’amour ne m’avait jamais aveuglé. Il avait aveuglé Sidonie et cela m’avait bien arrangé. « Jolie destination. » Moi aussi, j’aimais le sud de la France. La Méditerranée. Les cigales. Le froid des tomettes sous mes pieds. Les grandes tablées où les éclats de rire se prolongeaient tard dans la nuit. J’aimais aussi le bruit que font les rideaux de perles de buis lorsqu’on les traverse. J’aimais tout ça et plus encore. Je me demandais quels souvenirs Marty avait ramené de ses vacances, sans toutefois poser la question. Je n’avais pas envie qu’il me parle de Diego. Est-ce qu’il croyait que nous étions ici pour ne pas être vus ? Je fronçais imperceptiblement les sourcils à cette idée que je me devais de rectifier. « Je n’ai pas choisi cette destination pour être loin des regards. Plutôt parce que c’est la bonne période pour rendre visite au Père Noël. » Mon sourire revint avec ses sages paroles. De plus, il fallait avouer n’y avait rien à cacher entre nous, puisqu’il n’y avait pas de nous. « Oh, ça... » J’accompagnais ces mots qu’un haussement d’épaules sans toutefois répondre. Je n’avais rien demandé pour moi, ayant déjà plus que la plupart des mortels. Demander aurait été indécent. Bien sûr, j’avais entendu celui de Marty, puisqu’il n’avait rien fait pour le cacher. J’oubliais souvent que mon secrétaire était un virtuose. J’aurai du depuis longtemps faire installer un piano chez moi afin qu’il puisse en jouer. J’avais été négligeant et je m’en voulais. Je réfléchissais au moyen de réparer mon manque de… de quoi au juste ? Générosité ? Clairvoyance ? Je balayais ces interrogations de ma tête. « J’oublie souvent que tu es un musicien... » Je laissais ma phrase en suspens quelques secondes avant de rajouter : « Par contre, j’espère que tu n’oublies pas que tu es libre. Libre de changer de parcours si tu en ressens le besoin. J’ai parfois l’impression d’abuser de tes compétences. » Marty était brillant, et même si je n’avais aucune envie de le voir partir, je savais que je ferai tout ce qui était en mon pouvoir pour qu’il réalise ses rêves ou ses ambitions. Nous avions dégusté les spécialités locales avec appétit et dehors, l’obscurité enveloppait déjà le paysage. Des guirlandes de lumières multicolores avaient pris le relais et égayaient l’atmosphère festive du lieu. Je regardais rapidement l’heure en priant pour que le personnel ait eu le temps de mettre en place ce que je considérais comme la surprise des surprises . « Allez, viens, demain, de nouvelles découvertes t’attendent. » Je me mis à rire en songeant au programme prévu. « J’ai réservé un hébergement standard. Cela n’a rien d’un palace. » J’avais tout de même demandé un service de conciergerie afin que nos affaires soient portées jusqu’à notre habitation. Je croisais aussi les doigts pour que ‘ma surprise’ soit bien là. Nous traversâmes des rangées de logements identiques, ce qui me fit sourire, pour nous diriger vers un logis identique mais seul, à la lisière de la forêt. Une guirlande lumineuse éclairait la porte d’entrée en signe de bienvenue. Le chalet était recouvert de neige. Derrière les immenses baies vitrées régnait l’obscurité. Je fis glisser mon pass magnétique dans la serrure et un clac d’ouverture retentit. Je croisais les doigts tout en retenant mon souffle. « À toi l’honneur. » Je laissais passer Marty. Il n’y avait qu’une grande pièce au rez-de-chaussée. La chambre se trouvant à l’étage. Le pan de mur entièrement vitré et sans vis-à-vis permettait d’admirer les aurores boréales, si nous avions la chance d’en voir. J’appuyais sur l’interrupteur et la pièce s’éclaira, révélant ‘la surprise’. En quelques heures, ils avaient réussi à exaucer le vœu de Marty. Au centre du salon, qui avait du être réaménagé pour l’occasion, trônait un piano à queue. Je ne savais pas comment ils s’étaient débrouillés pour réaliser cet exploit. Je me doutais bien que mon nom et mon argent avaient du faire des miracles et que le Père Noël n’y était pour rien. Il était des réalités que je ne pouvais ignorer, même si j’avais très envie de croire en la magie de Noël. M’approchant de lui, je murmurais : « Tu voulais savoir ce que j'avais demandé au Père Noël tout à l'heure, hé bien, je lui ai demandé d’exaucer ton vœu.»
Les mots, chez Castiel DeWitt, étaient maniés avec une aise redoutable. Marty l’avait remarqué dès cet entretien qu’ils avaient eu, tous les deux, au cours duquel l’homme d’affaires lui avait témoigné une sympathie certaine. Du jeune homme discret de ses souvenirs, lointaine connaissance issue du cercle social de ses parents, il lui semblait parfois rester si peu. Si Castiel lui avait offert une place de choix dans sa garde rapprochée, il lui avait surtout fait miroiter une absolution que le blond ne s’offrait pas à lui-même. Subtile, mais non moins ingénieuse, manœuvre pour asseoir une loyauté qui, à ce jour, ne souffrait d’aucune égratignure. Le new-yorkais savait aussi naviguer dans l’océan des émotions – celles des autres. Les siennes, les émotions de Castiel DeWitt, ses sentiments, ses véritables aspirations ou même ses désirs, ne se laissaient pas apercevoir de qui le voulait. Quand même dîner en tête à tête, à l’autre bout du monde, ne suffisait pas à abaisser les masques. Il souriait, Marty. En éprouvant un curieux malaise à l’idée d’être tout le contraire, constamment la proie d’un trop-plein qui ne se laissait dompter que pour mieux l’étourdir, la fois suivante. Rien de tel qu’un vide pour y projeter celui des autres. Peut-être bien qu’il l’avait toujours perçu ainsi, Marty. Qu’il allait jusqu’à prêter à son patron une vie intérieure secrète plus riche que celle qu’il ne lui partageait qu’en bribes soigneusement calculées. « Waitress. C’était la favorite de ma mère. » S’était-il entendu répondre d’une voix lointaine. Marty avait beau se montrer prudent, il se livrait bien souvent plus qu’il ne l’aurait voulu. Toujours ce même appétit du vrai. Ce n’était pas la première fois qu’il se surprenait à parler de sa famille au passé. De ce qu’il en savait, cela pouvait encore être le Musical favori de sa mère. « Tu ne vas jamais avec eux ? Si je devais choisir pour toi, j’irais avec le Fantôme de l’opéra. » Classique grandiose de la scène new-yorkaise Les masques que l’on peinait à faire tomber. Les fantômes pour hanter chaque couloir. « Je suis surpris que tu ne l’aies pas emmené avec nous. » Les rapports entre Garensen et Marty avaient toujours été cordiaux, bien sûr. N’en restait pas moins que Marty n’appréciait pas particulièrement de l’avoir sur les talons. Il lui semblait parfois que le chef de la sécurité de Castiel ne le portait pas dans son cœur. Impression qu’il ne pouvait néanmoins asseoir sur aucune preuve concrète. La présence du Viking aurait certes rendu l’escapade au bout du monde encore plus… étrange. Presque autant que l’évocation de ce séjour français qui avait un caractère très intime pour le blond. Marty laissait son regard flotter sur la silhouette de son hôte quelques instants, alors qu’il se montrait avare de commentaires cette fois. Une voile sombre couvrait son regard, au blond. Sans qu’il ne soit possible de déterminer si c’était le souvenir de la solitude qu’il avait toujours éprouvée malgré lui en la compagnie de son ancien amant, ou celle qui lui chatouillait le ventre à cet instant même qui lui pesait le plus. Cette histoire de Père Noël laissait le blond un peu perplexe. Tout comme cette allusion à la liberté que lui faisait à cet instant Castiel. Libre ? Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était plus senti libre et cela n’avait finalement que très peu avoir avec le travail pour lequel il se levait tous les matins. Il était poli, ce sourire accroché aux lèvres de Marty. Vide, aussi. Peut-être bien que répondre à la question de ce qu’il désirait, cette année, même pour de faux, même pour rire, faisait de nouveau vibrer l’immense abysse au creux de sa poitrine.
« Standard ? Tu es sûr ? » Elle ne datait pas d’aujourd’hui, cette facilité que Marty avait toujours eue à lui répondre. Bien qu’il n’en usait qu’avec parcimonie, spécialement dans le cadre professionnel. Le secrétaire savait garder son rang lorsque les circonstances l’exigeaient. S’opérait alors, parfois, une sorte de déconnexion de lui-même, un mode automatique. Les logements avaient drôle d’allure dans le noir, les décorations lumineuses leur donnant un air irréel. Castiel avait eu envie d’autre chose que les grands hôtels auxquels nous étions habitués lors de nos déplacements professionnels. Une bulle vitrée d’environ 45m2, voilà où il nous avait conduit. Et il restait sans mot, Marty. Face à l’immense baie vitrée qui donnait à voir un ciel étoilé à découvert. Ses sourcils se fronçaient légèrement en posant enfin le regard sur l’instrument superbe. Castiel avait tout donné. « C’est beaucoup trop, Castiel. » Il abandonnait ses quelques affaires près de l’entrée, Marty, pour s’approcher du piano, en caresser les touches en silence. Puis il prenait place sur le banc dans un drôle de flottement. Que faisait-il vraiment ici ? « Qu’est-ce que tu aimerais entendre ? » L’idée de jouer, pourtant, lui était douloureuse. Une note, une seule, il n’avait pas été plus loin. « J’ai dit cela parce qu’il y a des choses qui ne s’achètent pas, tu sais. » Tout ce qui compte vraiment, aurait-il pu ajouter. Le piano, un prétexte. Une réponse facile, qu’il avait offerte pour s’épargner de penser à ce qu’il désirait vraiment, Marty. Il n’en était pas moins reconnaissant. Pour le piano et pour toutes les autres attentions de l’homme d’affaires. « Parle-moi de quelque chose que tu souhaites vraiment. » Lui demandait-il alors, les pensées suspendues comme ses doigts juste au-dessus des touches. La musique avait toujours eue quelque chose d’intime pour Marty, une façon de communiquer, d’envoûter. « Et qui ne s’achète pas. » Il estimait nécessaire de le préciser, alors qu'il levait les yeux vers l'autre homme, espérant avoir droit à une réponse sincère. « Même Castiel DeWitt ne peut pas avoir tout ce qu’il souhaite, n’est-ce pas. » Cette fois, Marty ne trouvait pas l'inspiration, et rien que l’écho du vide qui le tourmentait.
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QUARTIER : Farming Area
MÉTIER : Dirige l'empire hôtelier DeWitt. Propriétaire du Point. Propriétaire du Valhalla avec Søren
J’ai cru que dès qu’il verrait le piano, il se précipiterait dessus et jouerait, un sourire heureux sur les lèvres, or, il n’y a eu qu’une misérable petite note. Un son incongru craché par ce majestueux instrument. Ce n’est que le silence qui résonne entre les murs. J’ai cru bien faire. J’ai cru que c’est ce qu’il voulait. Un cadeau pour un grand enfant. Quelque chose d’un peu grandiose. Quelque chose qui fasse naitre des étoiles dans ses yeux. Mais pas là. Pas en ce moment. Rien n’est comme je l’imaginais. D’habitude, les gens sont éblouis par mes largesses. Ils me remercient. Apprécient. Et les choses s’arrêtent là. Personne ne gratte pour voir ce qu’il y a derrière la surface. Personne ne fait ça, car ils sont contents de ce que je leur offre. L’argent achète beaucoup de choses, dont la tranquillité. Je me demande ce qui a pu le casser à ce point. Pour qu’il traîne ce regard. Cette âme en peine. Je ne vois pas Diego être responsable de ce carnage. La prison peut-être. Je sais qu’il est difficile de faire face aux accusations. Aux regards des autres. Je l’ai expérimenté pour mon plus grand regret. J’en suis sorti. Pas totalement indemne. Pas aussi cassé que Marty. Je le fixe, sans rien dire et puis, je souris. Un peu. À peine une esquisse sur mes lèvres. « Je ne les accompagne pas parce que c’est leur rituel. J’offre les places et ils partent voir le show à la mode, ou bien, la comédie mille fois jouée pour les fêtes. De mon côté, comme tu dois le savoir, je participe à la soirée organisée par le maire. » Pas besoin de m’étendre. Quiconque a ouvert un journal ou un magazine durant cette période sait de quoi il retourne. Mon visage, ainsi que ceux de nombreuses personnalités recouvrent les pages entières. On y parle de nos projets. De nos fringues. De notre argent et parfois de nous en tant qu’individu. Je hoche simplement la tête à l’aveu de Marty concernant les goûts musicaux de sa mère. Je ne suis pas très au fait des comédies musicales, mais je me doute que cette histoire-là doit la toucher en particulier. Je ne peux que sourire à la suggestion du blond qui ne m’évoque qu’une affiche avec un dandy en cape noire portant un masque blanc sur le visage. Encore des masques à faire tomber. Néanmoins, je réponds, amusé. « Lorsque j’aurai le temps, je tenterai de suivre ton conseil. Qui sait, nous pourrions même y aller ensemble entre deux réunions. » Mon sourire s’agrandit à cette idée. Je me vois bien tout laisser pour filer voir une représentation et revenir pour enchaîner devant une assemblée qui n’attend souvent qu’une chose, que je me plante. « Même si j’emploie Garensen, j’ai souvent l’impression que c’est moi qui suis à son service. » Je me mets à rire. Thorunn est un homme secret et indépendant. Lui aussi devrait aller voir le fantôme de l’opéra. Malgré tout, j’accepte son emploi du temps, sachant qu’il ne néglige jamais ses obligations envers moi, ni envers les autres. Je ne peux que hausser un sourcil faussement outragé à l’évocation de notre logement. « Bien sûr que c’est standard. Ce sont peut-être les standards du Père Noël, qui sait. » Dis-je en haussant légèrement les épaules, l’expression amusée, toujours sur mon visage. Je veux oublier le fiasco du piano. Je veux oublier que je me suis planté. Que derrière sa façade lisse. Ses sourires. Il y a autre chose. Ma main s’envole dans les airs pour éluder sa question. Je ne veux rien entendre. Je ne suis pas un mélomane. Je n’aime pas la musique. Ou alors, en de rares moments. Assez rares pour qu’ils soient exceptionnels. Trop de bruit m’entoure toujours alors, lorsque je suis seul, j’apprécie le silence. J’en ai besoin pour réfléchir. Pour travailler. Pour mettre au clair mes pensées. Oserais-je avouer ça à un gars qui adore la musique. Je préfère m’en sortir avec une pirouette. « Je comptais sur toi pour me surprendre. Me faire découvrir quelque chose que je ne connaîtrais pas. » Et là, c’est plutôt facile, parce que je ne connais pas grand-chose, si ce ne sont quelques classiques que je suis obligé de connaître. Vie sociale oblige. Depuis que nous sommes entrés dans notre habitation, je suis debout. Je ne tourne pas en rond, parce que je me retiens et que je sais me tenir devant un public. Je suis juste à quelques pas près de Marty. Ni trop près, ni trop loin. Toujours dans la mesure. Aussi, lorsque les questions plus personnelles arrivent, elles finissent toujours par arriver à un moment, ou à un autre, c’est ainsi. Je le sais. Je me rapproche et je viens prendre place à ses côtés, sur le banc. Je fixe le clavier. Cette longueur de grandes dents blanches. Un sourire carnassier qui se fout bien de ma gueule en ce moment. Un sourire muet. J’ai envie d’abattre mon poing sur cette rangée de touches. J’ai envie de les entendre crier. Pleurer. Hurler. Cependant, mes mains restent tranquillement posées sur mes cuisses. Pas question que j’aille me blesser. On me poserait trop de questions. La sincérité. Ils en veulent tous. De la sincérité. Je vois en Marty un autre moi-même. Peut-être parce que cela m’arrange. Parce que j’ai envie de croire que c’est la vérité. Je me berce peut-être d’illusions en fermant les yeux sur la réalité. Sur sa complexité. Sur ce qu’il est vraiment. Je ne veux voir que ce qui m’arrange. C’est désolant, car je fais avec lui tout ce que j’exècre. Je veux être vrai, mais je ne le suis pas. Je veux être juste, mais je ne le suis pas. C’était plus facile avec Sidonie car tout était faux. En partie. En majorité. Je savais quoi faire et quoi dire. Elle était toujours heureuse. Je sens son regard sur moi. Son envie de réponse. D'authenticité. Cela fait tellement d’années que je porte un masque. Que je sors un discours bien rôdé. Comment je pourrais en quelques minutes changer tout cela. Changer. Je ne sais pas si un jour, j’ai été un autre. Si un jour, je n'ai agi autrement que par besoin d’obtenir quelque chose. Je donne beaucoup, mais parce que j’ai réussi à avoir ce que je voulais. Je donne beaucoup parce que c’est stipulé dans les contrats que j’ai signés lors de mon mariage. Par-delà la mort, Sidonie continue à imprimer son emprise sur ma conduite. Elle m’a formaté. M’a obligé à devenir celui que je suis. Lorsque mes mains se posent sur le clavier, je m’étonne moi-même. J’ai tellement détesté ces années de solfège et d’obligation musicale. Je n’ai pas la fibre artistique. Mes doigts restent immobiles. Jouer serait une pure catastrophe. Un grand moment de ridicule. « Effectivement, même Castiel DeWitt ne peut pas tout obtenir par la simple force de sa volonté ou de son argent. Mes désirs sont souvent enfouis sous des couches de responsabilités et de devoirs. Mais si je devais être honnête, vraiment honnête, je souhaiterais trouver cette paix intérieure, une certaine liberté. Un équilibre entre ce que je suis et ce que je montre au monde. Un espace où je pourrais être moi-même, sans masque, sans artifice. » Mes doigts s’animent et des notes s’élèvent. Au diable la honte si je me trompe. « J’aimerais avoir à mes côtés une personne qui me comprenne. Avec qui je pourrai être moi. Sans être jugé. Sans avoir à porter un masque. Je crains que tout cela soit utopique. Les gens ne voient plus que le personnage public et non plus l’homme que j’ai tenté d’effacer, je dois l’avouer depuis de trop nombreuses années. J’aimerais aussi parfois pouvoir effacer le passé. Repartir à zéro. Je ne sais pas. Renaitre.» Mes doigts se sont immobilisés. Le silence est revenu. Mes mains sont posées sur mes cuisses. « Et toi, que veux-tu qui ne s’achète pas ? »
ALTER-EGO : Archibald, David, Tom, Rafael, Charlene, Griffin, William, Reid
ÂGE : 40
QUARTIER : 86, Lilac road (#4)
MÉTIER : Secrétaire particulier pour Castiel DeWitt
COEUR : Et si tu n'existais pas...
INTERVENTIONS RL : Oui
INFOS RP
Sujet: Re: Noël - Castiel & Marty - Jeu 17 Oct - 4:58
Décontenancé, voilà bien ce qu’était Marty McDonald face à la surprise offerte par son patron. Par où commencer ? Il lui semblait parfois que tout, au même titre que rien, ne faisait qu’agrandir le trou béant qu’il avait dans la poitrine. Il aurait voulu dire quelque chose de plus significatif, Marty, davantage surtout que ces misérables mots qui lui écorchaient la langue tant il ne savait pas exactement ce qu’il pensait, encore moins ce qu’il ressentait. Impossible, dans ces conditions, de chercher le regard de l’homme d’affaires sans courir le risque de s’effondrer. Ce n’était pas le visage qu’il souhaitait lui montrer. Castiel ne l’avait pas embauché pour l’épave qu’il pouvait être. Loin de Redwood Hills, loin de New-York également, il lui semblait tout à coup beaucoup plus difficile de se réfugier dans le havre que lui offrait leur routine et son travail. Une boule au ventre, une croix au cœur. Pourquoi diable Castiel DeWitt parlait-il de l’accompagner voir un Musical entre deux réunions ? Alors que son interlocuteur évoquait la surprise qu’il aurait aimé, lui, Marty se contentait de sourire. De l’un de ces sourires tristes, sans doute quelque peu embarrassé dans le fond. Lorsque le regard du blond trouvait enfin celui de l’autre homme, il brûlait du besoin de trouver quelque chose d’autre que ces phrases creuses qu’il y avait entre eux au quotidien. Marty avait besoin de la présence d’un autre être humain. Peut-être l’avait-il senti, car il se rapprochait et prenait place au piano. Pauvre instrument auquel Marty n’avait pas su accorder une véritable attention, encore. Le silence s’étirait, encore. Le temps de renoncer, voilà. Marty avait détourné les yeux et s’était mis à fixer le clavier lui aussi. Un sourire, ou une grimace, s’était formé sur son visage peint d’une tristesse silencieuse. Ne désirait-il donc rien ? L’habitude du vide était encore plus nocive que le vide lui-même. Et il se mettait à parler, Castiel, lui qui maîtrisait les mots comme la plus redoutable des armes. L’écoute de son secrétaire était attentive, toujours, aux aguets de quelque chose d’autre. Paix intérieure. Liberté. Des mots faciles, des souhaits universels. Ils avaient tout de même un écho différent en lui, à cet instant, alors qu’ils étaient tous les deux assis sous ce ciel étoilé devant le piano à queue. Une scène rêvée. « Et moi, je voudrais être tout, sauf moi-même. » Confiait-il lentement, d’une voix claire, vide. Là où Castiel voulait se débarrasser du poids des apparences, Marty, lui, souhaitait souvent ne plus avoir à porter le poids de sa propre peine. Il ignorait ce qu’il pouvait lui dire d’autre, sans compromettre tout ce qui le gardait à flots. Cette fois encore, peut-être l’avait-il senti. C’était Marty qui se trouvait surpris, finalement, alors que les notes s’élevaient. « Satie. » Commentait-il sobrement, avant de se laisser porter par la mélodie. Il regardait les doigts de Castiel sur les touches, un doigté habile quoi que légèrement crispé. « Musique d’ameublement, que disait ma mère. » Le compositeur français l’avait d’ailleurs revendiqué. « Je trouve que c’est plus que ça. Quand on écoute vraiment. » Une mélodie douce, simple et envoûtante, avec des phrase musicales qui évoluaient lentement. Des harmonies contemplatives, une profondeur émotionnelle qui invitait à l’exploration. On aurait presque dit que Castiel jouait la trame sonore qui facilitaient ses propres confidences.
C’était subtil, mais il avait froncé les sourcils. La proximité entre eux, la teneur de ses désirs. Ainsi donc, Castiel DeWitt souffrait de la même solitude ou, à tout le moins, quelque chose qui y ressemblait. Pendant un instant, il avait presque l’impression de retenir sa respiration, Marty. Dans quelles autres circonstances que celles-ci, n’y aurait-il pas vu une invitation à se rapprocher ? À envoyer paître la solitude, à la broyer d’un instant d’abandon… Renaitre, disait-il. Et l’hésitation qui l’avait pris, quelques secondes, se voyait chassée. Castiel ne cherchait pas en lui un amant, il ne brûlait pas des mêmes genres de désirs avec lesquels Marty ne faisait que se casser la gueule, inlassablement. « J’aimerais ressentir quelque chose, m’enthouasiamer de n’importe quoi… » Soufflait-il lentement, et alors, peut-être, peut-être que le nommer tout haut lui faisait bien éprouver quelque chose. Entre la honte et la certitude d’en dire trop, à quelqu’un pour qui il devait être inébranlable dans le cadre de ses fonctions. « Je suis navré, de ne pas… » Un froncement des sourcils, un autre. Il lui semblait que c’était bien ce qu’avait espéré Castiel en faisant preuve de toutes ces largesses. Éblouir quelqu’un d’autre, à défaut peut-être de l’être lui-même. « De ne pas avoir toutes les étoiles dans les yeux. Je suis persuadé que n’importe qui les aurait. C’est un voyage enchanteur. » Se trompait-il au sujet de son interlocuteur ? Ce dernier faisait-il montre d’une telle générosité afin de pouvoir vivre au travers les étincelles éprouvées par les autres ? Il pouvait se reconnaître là-dedans, Marty. « Peut-être qu’il y a des moments où il devrait avoir le droit d’exister. » L’homme derrière le personnage public. Marty posait alors les doigts sur les touches et un mince sourire lui venait alors qu’il se mettait à jouer à son tour, sur un tout autre registre. « Tu peux chanter, si tu veux. Tu connais sûrement les paroles. » Plaisantait-il. Il ne s’imaginait pas Castiel une seule seconde se prêter au jeu. La pièce de saison lui mettait un baume au cœur, malgré tout.