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Whispers of the Night Sky - Marty

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Ángel Ortega
-- membre qu'on adore --
Ángel Ortega

PERSONNAGE
Whispers of the Night Sky - Marty Eq6d
LITTLE TALKS : 460
PSEUDO : Schnappi
AVATAR : Taylor Zahkar Perez
CREDITS : Berenice
ALTER-EGO : Till, Billie, Andrea, Søren, Beth, Asael & Kat
ÂGE : 35
QUARTIER : Midtown
MÉTIER : Responsable gestion et communication au Point
COEUR : Qui s'attache toujours un peu trop vite
INTERVENTIONS RL : oui
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MessageSujet: Whispers of the Night Sky - Marty Whispers of the Night Sky - Marty EmptyDim 12 Mai - 20:54

Whispers of the Night Sky
Ange & Marty

En dépit de la conversation dans laquelle il est engagé, le regard d’Ángel ne cesse de se promener parmi la foule, cherchant toujours le même visage, suscitant toujours le même sourire discret dès qu’il le trouve. Puis revient à son interlocuteur comme si de rien n’était, comme s’il était pleinement investi dans cette discussion qui pourtant l’ennuie, comme s’il n’avait pas tout simplement très envie de rentrer chez lui. L’ambiance de la soirée est bonne, pourtant. Les éclats de rire se mélangent aux discussions sérieuses, exemple parfait d’un succès de team building par une réception au Point gracieusement offerte au personnel de la DeWitt pour le remercier de son engagement sans faille. L’esprit festif des cadres satisfaits de leurs chiffres et impatients de les améliorer encore, ce n’est toujours pas un monde dans lequel Ange évolue avec plaisir mais il semble de plus en plus doué pour le cacher, se fondant dans le décor avec son verre à la main et son air faussement détendu. Ce n’est pas si terrible. Il faudra en outre reconnaître que ses relations au sein de l’équipe du Point sont devenues plus fluides et que même face à monsieur DeWitt, Angie parvient désormais à articuler un discours cohérent sans avoir envie de se fondre dans les lames du parquet. Des progrès, un semblant de banalité dans un monde qui feint de ne pas le considérer comme un intrus tout autant que lui feint de ne pas savoir qu’il en est un. Il fait ce qu’il peut pour coller à ce qu’on attend de lui, Ange. Dénoue sa cravate comme les autres, discute projets, meetings, conf call comme les autres, se félicite de la prospérité de sa boîte comme les autres. Et se contente de chercher un autre visage dès qu’il en a l’occasion, de sourire discrètement lorsqu’il le trouve, de revenir à son interlocuteur comme si de rien n’était. Ou de tarder à y revenir, lorsque son regard croise justement celui de cet autre visage qu’il se plaît tant à contempler en secret.  

L’instant ne dure qu’une seconde ou deux, attrape pourtant Angie sans qu’il ne puisse lutter. Le sourire discret se fait tout à coup plus large, plus sincère. Trop tendre, en réalité, compte tenu des circonstances. Un bref signe de tête, marque d’une reconnaissance mutuelle au milieu de la foule. Bonsoir Marty. C’est fugace et déjà les yeux se détournent pour plonger au fond du verre en même temps que le sourire redevient timide, comme cherchant à s’excuser du plaisir confus qu’il ressent dès qu’il voit l’autre homme. Sans aucune raison valable, d’ailleurs, puisqu’ils ne se connaissent pas ou à peine. Hors du cadre strictement professionnel, seulement quelques bribes de conversations qu’Ange a relues plus de fois qu’il ne voudrait bien l’avouer, alimentant le trésor bien pauvre de ses rêves avant d’éteindre et d’aller se coucher. Quelques rumeurs, aussi, auxquelles il n’a en revanche pas très envie de repenser. Ridicule, la manière dont il s’obstine à rêvasser l’image d’un homme qui ne lui donne pourtant aucune raison de s’entêter. En même temps, Marty a-t-il seulement remarqué à quel point sa présence chamboule son collègue à chaque fois qu’ils se trouvent dans la même pièce ? Même dans le cadre de cette soirée qui se veut informelle, les jambes d’Ange se transforment en coton dès l’instant où l’idée de traverser les quelques mètres qui le séparent du blond pour le saluer de vive voix lui vient à l’esprit. La peur de déranger, de s’imposer, d’être bizarre. D’être rejeté ou ignoré, de ne pas savoir quoi dire, de bafouiller. C’est plus facile par messages, bien sûr : aucun risque, de cette manière, pour que Marty ne découvre comme Ange est investi dans ces échanges, les rédigeant avec un soin démesurés, effaçant et réécrivant cent fois ses phrases jusqu’à trouver la bonne tournure, la bonne question, le ton approprié pour ne manifester ni trop ni pas assez d’intérêt, le juste équilibre de détachement que l’on attend d’un simple collègue. Or, attaché il l’est bien malgré lui, de même que dans l’impuissance parfaite de l’exprimer ne serait-ce que par un geste aussi anodin que celui de traverser une pièce pour dire « bonsoir ». A défaut, il en revient donc à son interlocuteur et aux projets, meetings, conf call. La danse du regard reprend son rythme discret, irrésistible sans pour autant susciter le courage du plus petit mouvement. Plaisir secret et innocent, qui n'attend ni n'espère rien.

Lorsque le groupe dans lequel il se trouve propose finalement de lancer une partie de billard, summum de l’activité ludique dans ce genre de soirées, Ange saute sur l’occasion pour discrètement s’éclipser. Il commence à il y avoir trop de bruit ou à faire trop chaud dans la salle ; Impression de manquer d'air encore renforcée par l’effet des deux rhum bus pour se donner du courage.  « Je me sers un verre et vous rejoins » glisse-t-il tout de même par politesse, prétexte facile pour s’éloigner sans que personne n’y prête trop attention et filer par la porte donnant directement sur l’extérieur. Prendre l’air. Aussitôt, l’écho étouffé des voix mises à distance lui tire un long soupir de soulagement. Ce n’est pas si terrible, certes, mais les mondanités demeurent une épreuve pour l’âme timide qui apprécie tout à coup de se fondre dans l’indifférence de la nuit. Quelques pas pour s’éloigner encore, le mobilier d’extérieur récemment réinstallé au Point pour fêter l’arrivée du printemps offre une oasis parfaite pour se reposer un instant. Ange se laisse tomber dans un fauteuil, inspire profondément, observe le reflet de la lune sur la surface miroir du lac Champlain, un peu plus loin. Une paisibilité qui rompt si radicalement avec ce qu’il se passe à l’intérieur qu’il a du mal à concevoir qu’il s’agisse bel et bien du même endroit et pas de deux mondes franchement différents. Quoi que, sans doute s’agit-il de deux mondes différents et Angie se demande combien de temps encore il faudra faire semblant d’appartenir au précédent. Ça lui évoque l'idée d'un dessin et comme un sourire qui adoucit un peu la mélancolie inévitable du moment. Seul dans le silence de cette nuit encore douce, il se laisse glisser dans le labyrinthe de ses pensées. Difficile de dire combien de temps s'est écoulé lorsque la porte se rouvre dans son dos, laissant filtrer quelques éclats de voix et arrachant au passage un léger sursaut à Ange.

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Marty A. McDonald
-- audi alteram partem --
Marty A. McDonald

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LITTLE TALKS : 650
PSEUDO : Red (Audrey)
AVATAR : William Moseley
CREDITS : (ava) mrs chaplin (ban profil) ethereal (signa) alaska + CCR lyrics
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QUARTIER : 86, Lilac road (#4)
MÉTIER : Secrétaire particulier pour Castiel DeWitt
COEUR : Et si tu n'existais pas...
INTERVENTIONS RL : Oui
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MessageSujet: Re: Whispers of the Night Sky - Marty Whispers of the Night Sky - Marty EmptyDim 22 Sep - 1:52

Personne n’avait besoin de lui expliquer son rôle; Marty savait d’avance à quoi s’en tenir lors de ce genre d'événement. Même si Castiel faisait tout ce qu’il pouvait pour se rendre accessible en s’enquérant des nouvelles de l’un et de l’autre, c’était à son secrétaire personnel que revenait la tâche de veiller au bon plaisir des quelques figures les plus importantes de leur organisation. Un chief financial officer auquel il fallait offrir discrètement une occasion de s’asseoir en raison de son arthrite au genou ou un director of sales intolérant au lactose, auquel il fallait présenter les bons amuses-gueules, pour ne nommer que ceux-là. En somme, une expérience « client » qui se prolongeait dans le fond bien au-delà des ventes, et dont la logique s’appliquait à l’ensemble du personnel, des cadres supérieurs aux commis de cuisine. Marty, puisqu’il avait fini par convaincre une majorité de ses collègues de se limiter à l’usage de son prénom seulement, évoluait habilement d’un groupe à un autre, suggérant aux uns de se joindre aux autres, félicitant publiquement ceux qui avaient besoin de l’entendre et engageant lui-même momentanément la conversation auprès de certains qui tardaient à s’intégrer aux autres. La vérité, c’était qu’il connaissait presque tout le monde, Marty, curriculum vitae et feuille de route personnelle à l’appui. Il n’y avait vraisemblablement que Garensen, qu’il avait rapidement aperçu rôder aux abords de la grande salle un peu plus tôt – toujours à veiller au grain lorsque le boss était de sortie – sur lequel il ne savait toujours pratiquement rien. La soirée se déroulait rondement, au-delà des espérances parce que c’était le standard requis en toutes circonstances, si ce n’était de cette vibration qu’il sentait, à nouveau, dans la poche intérieure de son veston. Il savait, Marty. Il savait trop bien qui tentait de le joindre depuis un peu plus d’une demi-heure, alors qu’ils avaient déjà eu une conversation un peu plus tôt, par messagerie.
C’était monté en lui sans crier gare, à cette nouvelle vibration qui, inlassablement, troublait les mécanismes bien huilés. Au lieu de rejoindre les prochains invités-collègues, il avait bifurqué par la sortie la plus proche et n’avait jeté qu’un coup d'œil anxieux vers l’écran de son smartphone avant de prendre l’appel importun. « Je travaille. Je te l’ai dit plus tôt. Je ne peux pas m’éclipser comme je veux. » Mais bien sûr, qu’il le pouvait. Loin d’être enchainé à son boulot ou à la perfection. Marty McDonald avait tendance à dresser ses propres contraintes en remparts contre l’écrasante sensation de vide qui le menaçait toujours de loin. Quelquefois, d’un peu plus près. « Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? » Le silence était parfois brutal. Comme la sensation de son cœur qui tambourinait furieusement. Seul, il se croyait l’être, trop absorbé par la conversation téléphonique qu’il pensait avoir, honteusement, à la périphérie de l’existence bien cadrée au succès qu’il s’était choisie. « Tu sais ce que j’en pense. Je n’ai aucune intention de mentir devant le comité. Il n’y a rien qui t’y oblige non plus. » Il ne comprenait pas, Marty. Il n’avait jamais compris pourquoi elle s’acharnait à pardonner l’impardonnable. Il voulait bien y croire – certaines personnes avaient besoin de se libérer du poids de la honte. Mais il ne pouvait pas lui, savait depuis longtemps que c’était au-delà de ses forces. Pas d’absolution pour ceux qui se contentaient d’espérer que le temps suffise à effacer l’ardoise. « Très bien. Dans ce cas, on n’a plus rien à se dire. » Qui tombait un peu trop brusquement, verdict sans appel. Le corps se crispait sous le coup de l’émotion, de ce tourbillon de colère qui menaçait d’éclater, faute de savoir s’exprimer. C’était au même moment qu’il pivotait sur lui-même pour s’éloigner de la porte vitrée donnant sur la grande salle. Au même moment qu’il apercevait Ángel, pauvre témoin de ce triste carnage ordinaire. « Ne me rappelle pas, s’il-te-plait. » Un souffle, cette fois, tandis que le regard de Marty ne se détachait pas de la silhouette de son collègue. Angie, qui avait toujours été d’une grande douceur et d’une infinie gentillesse. C’était avec embarras que le smartphone retrouvait le chemin de la poche intérieure de son veston. Avec embarras qu’il peinait à trouver ses mots, mais qu’il décidait néanmoins de devancer son interlocuteur, qui devait avoir envie de disparaître sous le carrelage.

La brise printanière, en d’autres circonstances, aurait pu suffire à adoucir les émotions à vif. Son regard fuyait, Marty, de peur sans doute qu’une étincelle de cette laideur qu’il avait au fond du cœur ne se matérialise sous les yeux du jeune homme. « Je suis navré. » C’était le ton doux, de tout temps posé et bienveillant qui se faisait entendre. « Je me pensais seul. » Mais cela changeait-il vraiment quoi que ce soit, à bien y penser ? Il s’était rapproché, Marty, tout l’aplomb qu’il avait eu un peu plus tôt à s’assurer du confort et du plaisir de chacun en moins. De l’autre côté de la porte, il pouvait apercevoir un serveur, plateau de consommations alcoolisées à la main. « Tu veux un verre ? Je vais nous chercher des verres. » Déclarait-il sans vraiment attendre l’acquiescement d’Ángel. Le blond prenait sur lui de chasser la gêne, pour eux deux, sans savoir s’il suffisait de faire comme s’il ne s’était rien passé. Quelques instants à peine et il était de retour, deux coupes de vin à la main – du rouge et du blanc. Comme suspendues entre eux, il laissait le choix à l’autre homme, cela lui importait si peu. « C’était ma mère. » Tant qu’à se demander ce qu’il y avait de pire en laissant tout le loisir à Ángel de s’imaginer une explication ou la lui donner, il optait simplement pour la vérité. « La famille, ce n’est pas toujours inné. » C’était le moins qu’il pouvait en dire, alors qu’il mettait tout en oeuvre pour s’apaiser. Sans s’en rendre compte, il avait fermé les yeux une seconde, peut-être deux, Marty. Respire.

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Ángel Ortega
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MessageSujet: Re: Whispers of the Night Sky - Marty Whispers of the Night Sky - Marty EmptyDim 27 Oct - 11:44

Whispers of the Night Sky
Ange & Marty

Sans habileté mais par force d’habitude, Ángel donne le change aussi longtemps qu’il s’en sent capable au sein de cette immense assemblée. Discussions ennuyeuses, intérêts abstraits, un esprit d’équipe qui ne lui fait pas défaut pourtant mais dont il peine définitivement à saisir les visées réelles dans ce contexte ; Tout le monde voit qu’il n’a rien à faire là, tout le monde fait semblant de ne pas s’en rendre compte. Au fond, il se sent ingrat de se plaindre intérieurement, l’homme qui gagne trop bien sa vie pour ce qu’il fait réellement et déguste les meilleurs petits fours de l’État tout en rêvassant aux bandes dessinées abandonnées sur son canapé. Il y a pire, comme situation. C’est donc en essayant de se raisonner qu’il part en quête d’air frais, s’accordant au moins une pause sociale à défaut de réussir à s’accorder une pause dans ses crises existentielles. Qu’un adolescent se demande où est sa place, c’est bien normal ; Qu’un homme de son âge ne le sache toujours pas ? Ses yeux zigzaguent sans but entre les étoiles pendant quelques minutes, s’imprégnant du calme extraordinaire qui règne sur la terrasse, avant que la porte de celle-ci ne s’ouvre sur une silhouette qu’Ange serait capable de reconnaître entre mille – fascination dévorante d’un regard systématiquement attiré par les mêmes yeux bleus, par la même façon délicate de frôler un bouton de manchette tout en conversant avec ses interlocuteurs.  

La quiétude de ce bord de lac semble tout à coup beaucoup moins sereine, beaucoup plus tumultueuse, beaucoup plus étouffante - ou peut-être n’est-ce lié qu’aux battements du cœur d’Angie qui se sont aussitôt emballés. Il ne devrait pas être là, ou au moins devrait-il se manifester alors qu’il perçoit beaucoup trop distinctement la conversation téléphonique en cours ; Intrusion tout à fait involontaire d’un garçon trop timide pour oser ne serait-ce que se lever. Peut-être aurait-il tenté un vague mouvement pour signaler sa présence si cette conversation n’avait pas semblé si tendue, mais de ce qu’il en comprend Marty se dispute avec quelqu’un, et c’est exactement le genre de discussions qui ont tendance à figer Ángel sur place. Ses doigts se crispent nerveusement contre l’assise du canapé, à peine se redresse-t-il, pas assez pour sortir de la pénombre cependant. Va-t’en, bon sang. Comme l’envie de se coudre les oreilles pour ne pas écouter aux portes, il faudra néanmoins reconnaître qu’il entend davantage qu’il n’écoute et son esprit couplé aux éléments qu’il connaît déjà de manière tout à fait honteuse de la vie de son collègue fait le reste du travail. Moites, les doigts crispés. Ses joues ont eu le temps de passer par toutes les nuances de rouges d’ici à ce que Marty ne mette brusquement fin à sa conversation, le silence reprenant ses droits sans pour autant ramener avec lui la moindre once de tranquillité dans l’esprit du brun qui, confus, s’attend désormais à se faire incendier pour son manque de discrétion.

« Non, c’est… Pardon, je n’ai pas osé me manifester. » Sourire qui passera peut-être inaperçu à la faible lumière réfléchie par la lune, Ange ne relève les yeux qu’avec difficulté pour constater que la silhouette qu’il pensait connaître par cœur paraît tout à coup changée. Les épaules plus basses qu’à l’ordinaire, ou moins ouvertes tout simplement – comme un parfum d’assurance qui se serait dissipé, qu’Angie croyait pourtant inhérent à la personne qui lui fait face. « Je ne voulais pas te déranger. » Nouvelle tentative qui à défaut de justifier son silence épieur, parviendra peut-être au moins à l’expliquer. Son regard suit celui de Marty tandis qu’il se tourne vers la salle de réception, pas la moindre surprise en supposant que l’interaction non souhaitée et empreinte d’une certaine gêne s’arrêtera d’ici quelques instants, et pourtant c’est la réalité qui le surprend. « D’a… Oui, super, merci. » Pourquoi, Ange ? Premièrement parce qu’il est incapable d’opposer le moindre refus à une proposition si gentiment formulée, d’autre part parce qu’au fond, il n’a pas envie de voir Marty repartir et se fondre dans le flot des visages éparses. C’est paradoxal, puisqu’il n’a aucune idée de ce qu’il pourrait lui dire et se sait navrant dans ce genre de situations, mais justement : il y a une situation, et c’est tout à fait inespéré. Le blond s’éclipse, le brun en profite pour tenter de se composer une attitude ; Mais laquelle ? Il aimerait être de ces personnes qui changent de visage comme l’on change de vêtements, doit cependant admettre être bloqué avec le sien : Angie, le collègue un peu bizarre, pas méchant mais bon, pas le plus drôle ni le plus extraverti ni celui qui raconte les meilleures histoires ni même celui qui prépare le meilleur café. Juste Angie, et son sourire timide.

« Merci beaucoup. » Oh non, pas la responsabilité supplémentaire de devoir choisir entre les deux verres. Force d’un courage inouï, Ange opte pour le blanc parce qu’il préfère le rouge et suppose tout naturellement que ce doit aussi être le cas de Marty. Il a déjà assez bu à vrai dire, mais qui sait quelles merveilles un alcool dont il n’a pas l’habitude pourrait faire sur sa capacité à mener une conversation charmante avec un homme charmant ? C’était ma mère. On laissera donc de côté la possibilité d’une légèreté au moins apparente, et la surprise que déclenche l’honnêteté de cette confidence a au moins le mérite de ne pas devoir être jouée. « Oh. » Trop mauvais menteur pour pousser jusqu’à demander si tout va bien, celui qui sait que ce n’est probablement pas le cas. « Je comprends. Mon père me déteste. » C’est sorti tout seul, aussi rapide que les poussières qui filent au-dessus de leurs têtes : l’arrière-goût du vin blanc en bouche, la sensation qu’il serait toujours moins difficile de parler de lui que de poser la moindre question à Marty, aussi. Ange n’est pas du genre à forcer les confessions, surtout lorsqu’il en connait malgré lui les grandes lignes, mais il n’entend pas les repousser non plus. Je ne sais pas si ça aide mais sache que chez moi non plus, ce n’est pas inné. Une porte ouverte donc, qu’il pousse encore davantage malgré l’inconfort qu’exprime son sourire noué. « Il aimerait m’aimer davantage, je pense, tout autant que moi aussi j’aimerais l’aimer davantage. C’est juste ce nom de famille qui pèse entre nous, et dont la signification nous éloigne plus qu’elle ne nous rapproche. Enfin, je comprends, je crois, au moins, dans une certaine mesure. » Les pincettes lui semblent encore trop grosses et il grimacerait presque de toute la maladresse de sa propre approche. « Même si ce n’est pas pareil, évidemment. » Pas pareil que quoi ? Il n’y a pourtant guère de mystère à entretenir : aucun de leurs deux noms de famille n'est inconnu à New-York, les lieux que fréquentent ce genre de cercles non plus, le fait qu’ils se connaissent tous encore moins. S’il a déjà fait le deuil d’avoir laissé un souvenir à Marty, de ces lointaines années où le hasard des comptes en banque aura fait qu’ils fréquentent la même école privée, sans doute l’esprit agile du blond reconstituera-t-il malgré tout cette énigme qui n’en est pas une.


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