Dans la malle. Voilà la réponse à l’insoutenable cliffhanger, sur lequel s’est clôturé l’épisode précédent. Après des heures de recherche intensive au beau milieu de la nuit, le balt(ringue) est finalement parvenu à le localiser dans le chaos d’un dawa indescriptible - et d’un appartement qui, in fine, ressemble à Los Angeles après le séisme. Le parfait attirail du Adam Ondra à la petite semaine. Là, tout au fond de la malle à malices - comme il aime à l’appeler - entreposée dans le cagibi. Enseveli sous tout un amoncellement de, euh … de bandelettes en soie, de pinces à tétons, de menottes en moumoutes et … de plumeaux télescopiques ? Qu'est-ce que ça fout là ? Faut pas chercher à comprendre. Le bon sens et la logique n'ont pas leur place avec lui. Ci-gît les derniers vestiges d’une époque faste et un tantinet délurée. Les conservateurs et les esprits étriqués préféreront sans doute les mots tordu, déviant ou vicieux. Grand bien leur en face. Nota Bene : penser à brûler ce fatras et le jeter avec les cendres de sa vie sexuelle dans le Lac Champlain, afin que le tout achève de se dissoudre.
Trouvaille effectuée, le bouffon put s’endormir victorieux et rempli de satisfaction. Un sentiment fragile, éphémère et qui périt au petit jour sur la rosée. Une fois n’est pas coutume, Mykolas a encore raté une occasion de fermer l’égout qui lui sert de grande gueule. Combien de conneries de ce genre devra-t-il encore commettre, avant de comprendre qu’il serait bien inspiré de réfléchir avant de l’ouvrir, quand il a bu et consommé ? A peine a-t-il émergé des brumes et avalé un café, que déjà le regret l’assaille de toute part. Rien ne l’empêche de se défiler. D’invoquer un prétexte fumeux, une excuse boiteuse. De raconter des craques et de mettre une disquette cinq pouces. De décommander et de remettre à plus tard … et par plus tard, idéalement jamais. A bout d’auto-persuasion, le steward n’en fit rien et maintint l’engagement pris la veille. Après tout, cela ne pourra jamais être pire que ce navrant dîner chez les Salisbury, qui l’attendait dans l’entre-temps. Et pourtant … .
Qui l’eut cru.
Eu égard aux prémices de cette expédition dans les Green Mountains, la soirée en compagnie de Lloyd et de toute sa charmante petite famille de papier glacé dans les beaux quartiers de Burlington, s’avère aussi démente qu’une nuit de débauche dans un club undeground de Berlin. Codétenus dans la voiture du cuistot, le silence s’étire et s’étend sur des kilomètres. Insipides, les amorces de conversation sont autant de pétards mouillés, tués de part et d’autre par des réponses monosyllabiques. L’auto-radio habille d’un fond sonore la gêne et le malaise qui bruissent dans l’habitable. Sur le siège passager, la tempe appuyée contre l’encadrement de la vitre, le letton armé se contente de regarder le paysage défilé sous ses yeux à demi-clos. Tiraillé entre l’envie de sauter du véhicule en marche, et celle de s’asseoir sur le levier de vitesse jusqu’à ce que mort s’en suive.
Voiture garée à l’entrée d’un parc naturel, les alpinistes d’un jour suivent un sentier de randonnée. Toujours bercés par un silence de cathédrale et une ambiance monacale. Dix minutes plus tard, les voilà qui arrivent au pied d’une paroi. Repéré dans un guide pour les amoureux de la varappe, consulté à la bibliothèque quelques jours plus tôt, ce relief est le nec plus ultra pour les non-initiés. Pas très haut, pas de déclivité marquée, une faille qui lézarde le long de la roche et facilite l’ascension. Harnaché, le vagabond ailé aide son binôme avec le complexe jeu de sangles du système d’assurage. Un cortège de gestes habiles qui courent dans la région des hanches, du bassin et du haut des cuisses. Localisation corporelle sensible oblige, Myko se garde bien d’établir le moindre contact visuel avec le second de cordée.
Sécurité : checked
Préparation faite, Blondie s’assoit en tailleur sur une souche battue par les intempéries. Affublé d’un short cycliste et d’un t-shirt en lycra. Les jambes glabres et fraîchement rasées de la veille, afin d’éviter les infections en cas de bobo. Nez levé, le coude vissé sur le genou, le menton calé dans la paume. Ses iris serpentent le long de la modique falaise, en quête du meilleur itinéraire qui soit pour rallier le sommet. Pendant un moment. Un long moment. Dix minutes. Peut-être plus. Suffisamment pour que Gabriel commence à trouver le temps long. Sur le point d’entrevoir la totalité du tracé qui les attend, le bon luron lève une paume vers son interlocuteur pour le dissuader de lui adresser la parole. L’index sinue et zigzague dans l’air. Ca y est : la voie s’illumine. Tête baissée, Kalnietis compte alors les coinceurs attachés à sa ceinture. Sept. Deux de plus aurait été idéal … mais c’est jouable. Pour peu que l’on ait le compas dans l’œil.
"Bon … .".
Phonème qui traîne et marque la prise de décision. Une tape sur la rotule pour s’injecter un peu de motivation et accompagner le retour debout. Les mimines ornées de mitaines plongées à tour de rôle dans le sac à magnésie qui pendouille au bas de son dos. Au pied du mur de la montagne.
"On y va ?".
Question qui rime avec passage à l’action. Les serres agrippent la caillasse, les baskets aussi souples que des pointes de danseuse prennent appui sur la fente creusée dans le minéral. Quelques soubresauts pour évaluer l’érosion de la roche, sa solidité et la préhension. Tout est ok et sécuritaire.
I think I'll find another way. There's so much more to know. I guess I'll die another day. It's not my time to go. For every sin I'll have to pay. I've come to work, I've come to play. I think I'll find another way. It's not my time to go.
Gabriel Montero
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PERSONNAGE
I wished for a lasting love; the love lasted, but the lover lefted.
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LITTLE TALKS : 482
PSEUDO : Rainbow D.Ashe
AVATAR : Darren Criss
CREDITS : (av) samounette
ALTER-EGO : Dorian
ÂGE : 35
QUARTIER : Waterfall Avenue, Bâtiment #1, dans un petit appartement (#2) pratiquement vide...
MÉTIER : Chef cuisinier au Valhalla
COEUR : Célibataire, le cœur pas mal amoché
INTERVENTIONS RL : Oui
INFOS RP
Sujet: Re: The climb (Gabriel) Jeu 10 Oct - 9:39
De toutes les mauvaises idées que Gabriel a eu dans sa vie, celle d’accepter cette invitation a peut-être été la pire. Il le savait déjà au moment de dire oui, bien conscient qu’on ne s’improvise pas grimpeur simplement parce qu’on le veut. Ça ne l’a pas empêché d’essayer quand même, d’abord en investissant dans une tenue toute neuve entièrement adaptée à la tâche, puis en profitant de chaque moment disponible pour s’informer sur la marche à suivre. En frappant à la porte de Mykolas ce matin, il croyait avoir emmagasiné assez d’informations pour ne pas trop se ridiculiser, mais toujours trop peu pour ne pas se sentir encore un peu nerveux. Rien de vraiment terrible, rien qu’il ne se sente pas capable de maîtriser sans qu’on ne remarque rien, lui qui a l’habitude d’être le type bizarre et tendu de la bande.
Ce à quoi il ne s’attendait pas, c’était à ce que l’ambiance entre eux soit à ce point tendue. Il l’était même moins en arrivant qu’il ne se sent une demi-heure plus tard, ses mains fermement agrippées au volant, alors qu’une énième tentative de faire la conversation ne donne rien. Sans l’alcool pour leur délier la langue, aucun des deux hommes ne paraît très enclin à parler de quoi que ce soit. Ce n’est pourtant pas l’envie qui manque, du côté de Gabriel tout du moins. Il déteste ce malaise qui semble le suivre partout où il va et il croyait même avoir appris à le contenir un peu mieux, ces derniers temps. Sans doute que sentir la gêne de son voisin ne l’aide pas à maîtriser la sienne. Est-ce que cette petite soirée improvisée dans son appartement n’était qu’une hallucination ? D’accord, l’ambiance ne s’était pas réchauffée immédiatement, mais ils avaient fini par passer un bon moment, non ? S’il avait bu un tout petit peu plus ce soir-là, ou consommé autre chose que de l’herbe, Gabriel jurerait désormais qu’il a tout inventé. Et bien sûr, dans le silence oppressant qui les accompagne jusqu’aux Green Mountains, sans rien d’autre à faire, le chef cuisinier ne peut s’empêcher de trop réfléchir. Si bien que quand ils arrivent enfin à destination, il en est absolument certain : tout est sa faute. Il s’est montré trop familier l’autre soir, ou trop bizarre, ou trop quelque chose, qui explique pourquoi Mykolas a clairement envie d’être n’importe où ailleurs qu’ici avec lui.
Pendant toute la phase de préparation, Gabriel se concentre assez sur l’idée de ne pas faire une affreuse chute pour oublier un instant qu’il est en train de vivre l’un des moments les plus gênants de toute sa vie. Il oublie tout ou presque quand Mykolas décrète qu’il est temps de commencer l'ascension. La paroi choisie par son compagnon d’escalade ne semble pas affreusement haute, mais bien plus haute que ce que Gabriel aurait choisi quand même. “Ouais, carrément !” approuve-t-il malgré tout, son ton enjoué totalement feint. “Vas-y, je te suis !” Planté au pied de son Everest personnel, Gabe observe attentivement les gestes de l’autre homme quand il se lance. Les premiers instants semblent assez faciles, c’est juste qu’ensuite, le cuisinier sera occupé à rester accroché à la montagne et il n’aura plus tellement l’occasion de regarder en haut pour savoir ce qu’il doit faire.
“En fait, euh…” Mykolas a avancé à peu près autant qu’il le peut sans la coopération de Gabriel quand ce dernier décide que, ridicule ou non, rien ne vaut l’honnêteté dans une situation pareille. “Peut-être qu’on devrait parler de la théorie d’abord. Est-ce que je suis censé faire autre chose que… tu sais, ne pas tomber ?” Grimper, bien sûr, mais c’est tout ? Il a vraiment du mal à comprendre comment tout ça fonctionne. Comment ils peuvent arriver jusqu’en haut sans risquer de se briser la nuque à chaque instant. Pourquoi il a imaginé que cette petite virée entre hommes serait une bonne idée alors qu’il ne connaît rien à cette pratique. “Je te l’ai sûrement pas dit, mais… J’ai jamais fait ça avant.” Sans blague. Il n’a probablement pas eu besoin de le dire aussi clairement pour qu’on le devine. “Alors, ouais, quelques explications ne feraient pas de mal.” Il lève son sourire penaud vers le jeune homme en même temps qu’il passe une main dans ses cheveux bouclés. Si seulement ils avaient profité de ce long voyage en voiture pour discuter de ce genre de détails.
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I care. I always care. That's my problem.
Mykolas Kalnietis
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PERSONNAGE
LITTLE TALKS : 264
PSEUDO : Quentin
AVATAR : Justs Sirmais
CREDITS : Me & Astra
ÂGE : 29
QUARTIER : (#002) Lilac Road
MÉTIER : Steward
COEUR : Blet
INTERVENTIONS RL : Non
INFOS RP
Sujet: Re: The climb (Gabriel) Jeu 10 Oct - 11:03
A tout ceux qui en auraient quelque chose à cogner et qui se poseraient la question ; non, la pratique de l’escalade n’a pas grand-chose à voir avec celle du vélo. A remiser trop longtemps ses cordes et ses pitons, on finit par oublier l’art subtil de la grimpe verticale. Un constat qui, en l’espèce, vaut également pour bien d’autres domaines. Après tout, n’est-ce pas là le propre d’une compétence ? Sans un recours et un emploi régulier … les acquis sont fatalement voués à la perdition. Semblables à ses quelques rudiments d’estonien – partis loin et autant en emporte le vent dans les catacombes de son cerveau – ses aptitudes à la varappe s’avèrent plus que nébuleuses. Ont-elles pour autant fondu comme neige au soleil ? Difficile à dire. Seule certitude, cet été s’inscrit dans la droite lignée des dix derniers l’ayant précédé. Les aspérités du schiste sous les doigts, les orteils enfermés qui se recroquevillent et tentent de s’agripper à ce qui peut l’être. Fort des premières sensations éprouvées, c’est encore la même appréciation qui s’en revient tel une sempiternelle rengaine. Il a rouillé. Conclusion : deux ascensions annuelles en haute période estivale sont donc insuffisantes, pour qu’un crapahuteur garde pleinement la main. Du moins, en ce qui le concerne.
Deux conquêtes des cimes qui, les années faisant, sont pour ainsi dire devenues des sortes de traditions. Depuis qu’il a déserté les bancs de la fac - et par là même raccroché avec quatorze ans de barbotage dans les bassins de poloïstes – pour être tout à fait exact. Soit une décennie. Voilà en partie comment il tue le temps, lorsque son employeur l’oblige à prendre des congés à la belle saison. Comme bon nombre de ses collègues du personnel navigant, Mykolas ne part pas en vacances : il reste. Dans les alentours. A flâner, musarder. A vadrouiller dans les Appalaches, en quête d’un sommet à gravir. Des grimpettes qui s’accompagnent toujours de quelques jours de (sur)vie dans la forêt. Mi-Robinson Crusoé, Mi-survivaliste. Des sortes … de retraites, de cures en plein air. Un manière de lever le pied, de ralentir la course effrénée du quotidien. De revenir aux sources, de communier avec la nature et d’éliminer toutes les toxines accumulées sur une année. N’étant pas seul, Blondie fera donc l’impasse sur cette seconde partie de son traditionnel programme estival.
L’approbation de son compagnon de cordée glanée, Icare ouvre la voie et s’attaque sans plus se faire prier à l’escalade de la paroi. Dans une posture très inconfortable et frôlant le grand écart vertical, Gabriel, toujours resté à terre, requiert avec toute l’affabilité qu’on lui connaît, un supplément d’informations théoriques. Redescendant légèrement afin de gagner en stabilité et en aisance, le steward regarde le chef en contre-bas. "Eh bien … tu mets tes pas dans les miens et tout devrait bien se passer". Instructions ahurissantes de simplicité, débitées dans un petit sourire famélique. Ca recommence. Myko a déjà vécu cette scène plus de fois qu’il ne saurait le dire. Combien de fois s’est-il risqué à inviter quelqu’un à prendre de l’altitude avec lui ? Combien de fois lui a-t-on répondu avec entrain par l’affirmative ? Et combien de fois au pied du mur – dans tout les sens du terme – l’entrain est-il soudain devenu unilatéral ? Oh, bien trop, ça oui ! Ce regard nerveux et ce sourire piteux sur les babines du cuistot lui sont tout sauf inconnus. Descendu de quelques enjambées pour rendre la hauteur sans risque, l’empoisonné lâche prise et se laisse choir jusqu’au plancher des vaches.
"Ecoute, si tu veux faire tout autre chose : il n’est pas encore trop tard pour le dire.". Une porte de sortie, mieux encore, une issue de secours. Proposée en saisissant délicatement son poignet. Quelques secondes de silence pour que le calme redescende. Liberté rendue au philippin, son homologue de la baltique poursuit. "On peut tout aussi bien … j'sais pas, se balader ? Il doit y avoir des tas d’endroits sympas ici. Ou rentrer, si tu préfères.". Suggestions émises dans un haussement incertain des épaules et une esquisse labile. Changement de plan et de programme servi sur un plateau. Après tout, tout le monde ne raffole pas de l’adrénaline comme lui. Oui … il a parfois tendance à oublier que pour certains, la vie vaut encore la peine d’être vécue.
I think I'll find another way. There's so much more to know. I guess I'll die another day. It's not my time to go. For every sin I'll have to pay. I've come to work, I've come to play. I think I'll find another way. It's not my time to go.