ALTER-EGO : D. Munroe, T. Hargreaves, R. Sullivan, C. Cartwright, G. Wilson, W. Brennan, R. Dewar, M. McDonald
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Sujet: Wild World (Till) Jeu 26 Oct - 2:48
Wild World - Till & Archibald -
Nous savions, bien sûr, lorsque nous nous étions lancés dans l’ambitieux projet de mettre sur pied une fondation s’attaquant au plus grand fléau de cette ville que les défis seraient nombreux. Les opposants à notre démarche existaient, tantôt discrets, tantôt virulents, et il nous avait surtout fallu apprendre à se nourrir des petites victoires. Ce que nous n’avions pas prévu, en revanche, c’était l’effet cyclique qui s’opérerait par le passage du temps : lorsque la date bien connue du tristement suicide collectif approchait, un sentiment général de devoir de mémoire s’emparait de la population. Plus de sympathie, plus de temps et de disponibilité – généralement, de nombreux appels ou passages par nos locaux pour s’enquérir des façons d’aider ACT. Mais puisque la vie continuait, que l’on ne pouvait que se réjouir de ce constat malgré tout, les temps froids amenaient avec eux des calendriers plus chargés de diverses préoccupations et quelquefois même des changements dans nos rangs. Le matin même, j’avais reçu un appel de notre adjointe administrative, annonçant son départ pour rejoindre l’entreprise familiale. Bien sûr, que nous comprenions, même si le préavis ne nous laissait que très peu de marge de manœuvre. Faith ne pouvait déroger si aisément à ses propres occupations envers le ranch et sa vie de famille, tandis que mon emploi du temps était plus malléable. En attente d’une solution permanente, la solution s’imposait donc : j’occuperais moi-même les bureaux de la Fondation et me lancerais dans les démarches d’affichage du poste, en espérant que nous parvenions à le combler rapidement. Après tout ce temps, le Snow Rose café pouvait bien sûr se passer de ma présence, mais le roulement de personnel des derniers mois, spécialement à la succursale de Burlington, m’avait fait y passer le plus clair de mon temps. Il en fallait beaucoup pour me tenir enfermé à l’intérieur toute la journée, encore plus pour que je ne me laisse prendre à passer des heures derrière un écran d’ordinateur ou les mains dans la paperasse. Certaines fois, tout de même, le choix se rangeait à la plus grande nécessité.
Bonjour Till, mauvaise nouvelle. Un imprévu de dernière minute m’empêche de passer par Burlington ce midi, je serai aux locaux de la Fondation toute la journée. Partie remise ?
Rendez-vous avait été pris un peu plus tôt cette semaine pour un dîner en bonne compagnie avec le professeur. Rendez-vous que j’étais à présent contraint de déplacer.
Un tri rapide des emails reçus pendant le week-end me confirmait toutefois l’importance d’avoir quelqu’un pour s’en occuper. Des témoignages à fleur de peau, parfois anonymes, et bien sûr aussi les doléances de nombreux détracteurs. Quelques missives obscures, d’autres encore nous prédisant dix ans de malheurs. Les minutes en venaient à s’enfiler jusqu’en heures, et jusqu’à ce que le soleil n’en vienne à disparaître de bien bonne heure, comme le voulait la saison. Et tout à coup, la porte s’ouvrait sur un visage familier que je n’avais pourtant jamais croisé en ces lieux. « Hey, Till. » Son arrivée me faisait prendre conscience de l’heure qu’il était. Les mauvaises habitudes avaient tendance à avoir la vie dure, ces derniers temps, puisque Gwenn rentrait lui aussi généralement assez tard, et que je m’étais calé sur ses horaires. « Tu emmènes Burlington jusqu’à moi, finalement ? » Sa sollicitude me touchait, après tout, j’étais celui qui lui avait posé un lapin ce midi, alors que nous aurions dû déjeuner en ville entre les cours qu’il donnait et mes habituels passages au café. « Désolée, notre adjointe a dû quitter son poste et il n’y avait que moi pour prendre le relai aujourd’hui. On prend parfois certaines choses pour acquis, je réalise à présent tout le boulot qu’elle abattait chaque jour pour la Fondation. » Admettais-je avec un sourire amusé. Aucune prétention, de ma part, d’être aussi efficace qu’elle ne l’avait été, par ailleurs. Mais puisque le brun s’était donné la peine de cette visite, je prendrais bien une pause pour l’accueillir. « J’allais t’offrir un café, mais je crois qu’il n’y a ici qu’une vilaine machine à filtre. » Bien loin de toute la variété offerte sur la carte du Snow Rose, où nous avions la plupart de nos discussions lorsqu’il ne s’agissait pas d’invitation à diner à la maison.
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MÉTIER : Professeur d'histoire au lycée de Redwood depuis 6 ans, titulaire d'une thèse sur le traitement des homosexuels pendant la Shoah, président de la société historique de Redwood
La pause de moitié de matinée est déjà presque terminée lorsque je sens vibrer mon téléphone dans ma poche et une légère moue se dessine sur mes lèvres en prenant connaissance du message qui vient d’arriver. Partie remise, m’écrit Archibald, et malgré ma déception je confirme rapidement que nous trouverons bien une autre occasion de nous voir. Au-delà du plaisir tout naturel de passer du temps avec lui, j’espérais pouvoir profiter de ce déjeuner en tête à tête avec Archi pour discuter de choses que je n’aborde généralement avec personne, ou alors à demi-mots très prudents. La dernière réunion de la société historique a néanmoins remis sur le tapis certaines de mes interrogations silencieuses et à défaut de m’être beaucoup exprimé ce jour-là, l’importance de m’impliquer davantage que par de simples cheminements personnels s’est progressivement imposée. A qui d’autre en parler qu’à Archibald ? J’ai beau apprécier mes collègues de la société historique, ma confiance n’est pas sans limite. Puis, personne dans mon entourage proche ne semble réellement investi par les mêmes questions que moi : Eilin ne saurait sans doute pas quoi me répondre, Gwenn changerait probablement assez vite de sujet… C’est presque drôle comme c’est systématiquement vers Archibald que je me tourne lorsque je ne sais plus qui appeler, et ce bien que nous nous fréquentions principalement par l’intermédiaire de Gwenn. A croire que sur certains sujets, je sens moins de distance chez son conjoint que chez mon propre meilleur ami, que je connais depuis des années pourtant.
Bien qu’annulé, notre rendez-vous ne quitte pas vraiment mes pensées tout au long de l’après-midi qui s’écoule au rythme habituel des sonneries et des changements de classes. Lorsque je quitte enfin le lycée, le soleil commence à peine à décliner mais l’air commence déjà à se rafraîchir et je réajuste un peu le col de ma veste autour de mon cou. Une brève hésitation : rentrer à la maison ? Aller prendre un café seul ? Distrait, je n’ai pas spécialement envie de rentrer tout de suite et de me coller à la correction de copies à peine ma journée de cours terminée. Je repense à Archi, relis comme par automatisme son message. Je serai aux locaux de la Fondation toute la journée. Se pourrait-il qu’il y soit encore ? Ce n’est pas vraiment mon genre de débarquer à l’improviste, encore moins de m’imposer à un rendez-vous annulé. Cependant, j’imagine qu’Archi ne serait pas contre une petite pause-café s’il a passé toute sa journée à la Fondation et prends donc la direction du Snow Rose pour y récupérer de quoi improviser un rapide goûter. Ce ne sera sans doute pas le jour où je pourrais lui parler de ce qui me préoccupe, mais qu’importe.
« Hey » je réponds, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Peu familier des locaux de la Fondation, je suis soulagé d’être tombé sur mon ami assez rapidement. C’est même la toute première fois que j’y mets les pieds, maintenant que j’y pense, et cela me renvoie instantanément aux raisons pour lesquelles j’avais voulu voir Archi aujourd’hui. « Eh oui, je fais partie de ces gens qui ne supportent pas qu’on leur pose un lapin comme tu peux le constater. » C’est faux, bien sûr, et mon sourire se drape d’un léger inconfort car ma démarche me semble malgré tout cavalière et ce encore davantage lorsqu’Archi se sent obligé de s’expliquer. « Il n’y a pas de mal, vraiment. J’imagine que ta journée n’a pas dû être très drôle… Tu sais déjà qui va reprendre ce poste ? » Si j’en juge aux petits yeux de mon ami, je dirais volontiers qu’il semble avoir passé la journée face à un ordinateur. Pas vraiment la spécialité d’Archi, lorsqu’on le connaît un peu. Je secoue la tête à la négative, lorsqu’il propose de partager un café instantané, lève un peu la commande à emporter que j’ai ramenée. « Je t’ai devancé en faisant un crochet par ton café préféré. J’espère juste que les boissons seront encore assez chaudes. » Quelques pas pour m’avancer dans la pièce et déposer ledit sac afin d’en tirer ses trésors. « Désolé d’ailleurs de débarquer à l’improviste, je n’avais pas la tête à rentrer directement après les cours. » Ce qui n’est pas faux, mais n’explique pas tout à fait non plus les raisons qui m’ont poussé à venir malgré tout. Je tends son gobelet à Archi puis jette un rapide coup d’œil autour de moi et j’esquisse de nouveau un petit sourire. « En même temps, c’est l’occasion de voir les locaux de la Fondation. » Pourquoi ne suis-je jamais venu auparavant ? Si moi je le sais, j’ignore pourquoi Archibald ne m’a jamais posé la question. Sans doute a-t-il trop de délicatesse pour m’interroger aussi ouvertement. « Tu me fais visiter ? » je demande finalement avant de prendre une gorgée de mon propre café. « Hm, c’est chaud ! Ils ont décidément du bon matériel, au Snow Rose. » Un rire complice m’échappe, maigre tentative de dissimuler l’étrange malaise qui ne me quitte pas et dépasse finalement d’assez loin le simple fait de m’être imposé auprès d’Archibald en débarquant sans prévenir.
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Sujet: Re: Wild World (Till) Mer 14 Fév - 21:13
Même si c’était un rire amusé qui répondait à sa boutade, je n’en demeurais pas moins surpris de le trouver ici. Till avait un emploi du temps bien chargé et certainement d’autres préoccupations que de passer le début de sa soirée en ma compagnie, n’est-ce pas ? Ou peut-être avait-il eu quelque chose sur le cœur, quelque chose qu’il avait souhaité partagé lors de ce déjeuner annulé. « Pas du tout, mais je viens de l’afficher. Bientôt, j’aurai rencontré plus de la moitié de cette ville en entretien d’embauche. » Suggérais-je avec légèreté. Bien sûr que non, même pour une aussi petite ville, le compte était loin d’y être. Pourtant, j’avais bel et bien passé de bien nombreuses heures à consulter des CV et à recevoir des candidats pour le café ces dernières semaines. Apparemment, le Snow Rose café avait également traversé les pensées du professeur, puisque ce dernier dévoilait les provisions qu’il avait ramenées. « Je ne sais pas si c’est du chauvinisme extrême… Mais tu m’en vois extrêmement ravi. » Une boisson chaude et de quoi combler le creux que j’avais oublié de satisfaire. Till me connaissait suffisamment pour avoir arrêté son choix sur un thé, qui venait à point. « Merci. » Une gorgée de réconfort – mais certainement moins que la présence d’un ami, qui ne vous oubliait pas même après une longue journée. « Avec plaisir. Parfois, c’est bien plus occupé… La saison n’est pas vraiment à notre avantage. » De toute façon, aucune logique commerciale ne collait à nos activités. Le tout était d’exister et de mettre sur pieds différents projets dont l’impact pouvait faire une différence, ne serait-ce que la plus petite. « En dehors de ce bureau pour l’administratif, on a quelques salles fermées dont l’utilisation dépend des projets en cours. On a une psychologue qui tient des consultations quelques jours par mois, quelques avocats qui viennent donner des conseils pro-bono… » Pas un certain avocat que nous connaissions bien tous les deux. J’aurais volontiers exprimé qu’il était préférable de ne pas mélanger le privé et le professionnel, même s’il ne s’agissait pas exactement de la véritable raison pour laquelle Gwenn et moi n’avions jamais cherché à l’impliquer davantage dans nos activités pour la fondation. « … Une salle de réunion, où il se tient parfois des groupes de parole ou des rencontres des bénévoles pour organiser des campagnes de sensibilisation, tout ce qui leur vient à l’idée, en fait. » Nos activités étaient variées parce que les besoins des gens de cette ville l’étaient tout autant. Le silence qui régnait en cette fin de journée entre les mûrs ne donnait pas une image fidèle de l'effervescence que connaissaient parfois nos locaux.
La petite visite terminée, j’en revenais à porter ma pleine attention sur mon interlocuteur. Till me donnait parfois l’impression d’un livre ouvert, tant il peinait à cacher son trouble lorsque quelque chose le tourmentait. Pour autant, je ne savais pas lire si aisément en lui et n’éprouvait aucune envie, surtout, de le bousculer. « On peut s’installer dans la salle de réunion, je crois qu’on ira sera plus confortables. » Suggérais-je tout d’abord et ouvrant les lumières et en m’assurant de régler le chauffage à une température agréable. « Ce qu’il y a d’étrange avec les activités de la fondation, sur le plan personnel… » Je suivais simplement l’instinct du moment, qui me poussait à confier ma pensée au professeur. Après tout, la conversation avait toujours été aisée entre Till et moi. « … C’est que j’y croise généralement beaucoup plus d’inconnus que de proches. Un peu comme à cette soirée de commémoration qu’on avait organisée au café en juillet. » Lors de l’anniversaire du suicide collectif. Mon frère, Henrik, avait fini par s’y présenter. « Parfois, c’est compliqué de savoir ce que les gens en pensent vraiment. » À tel point qu’il me fallait bien souvent accepter de ne pas le savoir et continuer tout de même, simplement parce que cela me semblait juste. « Et il y a les grosses pointures qui souhaitent voir leur nom associé à cette cause. » Castiel DeWitt, dont nous avions décidé de nous passer du très gros chèque, et dont je n’avais plus entendu parler depuis – si ce n’était que dans les médias. « Je peux te demander ce que tu en penses, toi ? » La question était posée avec douceur et un sourire, non sans pouvoir dissimuler complètement la curiosité. Après tout, le professeur était un féru d’histoire. Cela me paraissait bien improbable qu’il ne se soit jamais posé de questions sur la Rose lunaire ou qu’il n’ait jamais eu d’avis quant à cette fondation.
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Sourire aux lèvres, Till chasse l’inconfort suscité par sa visite presque forcée pour se concentrer sur le désespoir latent de son ami. De fait, il n’a pas soupçonné un seul instant qu’Archibald ait pu annuler leur rencontre pour des prétextes légers, découvre donc avec une compassion non feinte à quel point ses occupations auront été redondantes. « Et comme tu connais déjà l’autre moitié… » plaisante-t-il, une lueur de complicité dans le regard. Que Redwood Hills soit une si petite ville dans laquelle tout un chacun semble avoir une connexion plus ou moins évidente avec son voisin ne cesse d’amuser l’enseignant. Ambiance de village, simplicité qui lui convient bien – après tout, lui n’en souffre guère trop les inconvénients pour le moment. « J’espère que la quête sera bientôt récompensée » poursuit-il avant de dévoiler de quoi, il l’espère du moins, briser le temps d’une courte pause la monotonie des curriculum vitae et des rendez-vous pour entretien. Trois fois rien, simple déplacement de leur propre rendez-vous pour venir jusqu’à Archibald puisque l’inverse n’avait pu se réaliser. En d’autres circonstances, sans doute Till se serait-il contenté de reporter sans davantage insister. Il l’avoue néanmoins : en cette fin d’après-midi précise, ses pensées préoccupées ne se prêtaient pas vraiment à une sage correction de copies. Aura-t-il cependant l’occasion d’aborder avec Archibald les sujets qui le préoccupent tant ?
Patient, le professeur ne s’applique pour le moment pas à trancher la question. Une petite visite des lieux est au contraire un détour facile pour se donner le temps d’y réfléchir, de sentir de quelle manière les choses viendront – ou ne viendront pas. Son café en main, ses pas emboîtés dans ceux d’Archibald, le regard découvre les lieux curiosité. « Beaucoup de gens qui interviennent au gré des besoins et des idées » note-t-il d’un air songeur, davantage à sa propre adresse qu’à celle de son interlocuteur. Bien que ces présences puissent être ressenties en sous-bois de chacun des mots de son ami, Till se surprend à apprécier la forme d’anonymat qui se dégage malgré tout de l’ensemble. Des gens vont, d’autres viennent ; Chacun contribuant à sa manière et en fonction de ses compétences. Même le prénom de Gwenn, Archi ne le prononce pas tandis que Till est presque sûr de le deviner en creux, à tort. « Je n’ose même pas imaginer à quel point coordonner l’ensemble doit demander d’énergie et de temps. C’est impressionnant. » Son regard retrouve celui de son ami pour lui adresser un sourire, se demandant tout à coup ce qui pousse Archibald à tant s’investir dans cette cause. Des principes, sans doute. Serait-ce tout ? Aussi étrange que cela puisse paraître, les deux hommes n’ont finalement jamais abordé le sujet en profondeur et comme pour lire dans ses pensées, c’est alors que Till s’installe à la place désignée qu’Archibald relève lui-même ce point aveugle.
« C’est amusant que tu ne me poses la question qu’après toutes ces années. » Tout comme il est amusant que l’enseignant, se sentant pourtant proche d’Archibald, n’ait jamais exprimé un soutien ou une curiosité plus affirmée au sujet de sa fondation en retour non plus. Till sourit à la réflexion, ayant parfaitement conscience de sa propre retenue qui ne saurait par ailleurs passer pour de l’indifférence, pas en sachant à quel point il tient à Gwenn et par extension à l’homme qui partage sa vie. « Je suppose qu’il est moins confortable d’associer son nom à certaines causes lorsqu’on ne possède pas l’avantage d’une immense fortune pour se protéger. » Une suggestion alors que son regard se promène de nouveau sur la pièce au gré de sa réflexion. Till n’est pas tout à fait sûr de deviner de qui il serait question exactement, n’en éprouve même pas le besoin tant il est certain de la validité de son idée : prendre position n’est chose aisée que lorsque l’on se sait hors de portée de la moindre conséquence. « Ça passe peut-être pour de la lâcheté mais j’avoue avoir personnellement tendance à me montrer aussi prudent que possible, en particulier sur ce sujet. » Les yeux retombent sur Archibald, un sourire effleure sa joue. Till est certes pondéré en toutes choses, il lui semble néanmoins utile d’insister sur l’unicité du danger que représente la secte. « Ce qui ne signifie pas que je sois en désaccord avec ce que tu entreprends, au contraire, j'aimerais même aider à ma manière. A vrai dire, c’est d’ailleurs pour t’en parler que je voulais te voir aujourd’hui. » Est-ce l’ambiance intime qui règne en ces lieux vides, le fait qu’il se sente en confiance auprès d’Archibald ou simplement sa question qui aura finalement fait basculer le choix ? Quoi qu’il en soit, il semble au brun que le moment soit venu pour lui aussi de prendre position, sous certaines modalités du moins.
« J’ai l'idée d'un papier sur les mécanismes de recrutement et d’embrigadement de la Rose Lunaire. Anonyme. Universitaire. Publiable dans des revues sérieuses. » Connaissant Till, de quel autre type d’article aurait-il pu s’agir si ce n’est quelque chose d’extrêmement sérieux, sourcé et fiable ? Un article qui, il l’espère, serait suffisamment convaincant pour alerter les autorités au-delà de Redwood Hills sur ce qui semble tout à fait enlisé dans cette ville. « Ne me manque que le terrain d'observation pour pouvoir récolter des données et les analyser. » Le sourire revient, adoucissant le sérieux du regard tandis que Till marque une pause pour porter la tasse en carton à ses lèvres. Il ne précise pas quel terrain il a en tête, doutant qu'Archibald ait réellement besoin qu'il explicite une chose aussi évidente.
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Sujet: Re: Wild World (Till) Dim 28 Avr - 4:47
La remarque de mon ami me tirait un sourire amusé. Il n’avait pas tort, surtout. Vivre à Redwood Hills depuis plusieurs années, c’était connaître presque tous les noms ou, au moins, les visages de ses concitoyens. Un avantage ou l’inverse, en fonction des occasions. J’étais reconnaissant des encouragements prodigués, néanmoins résilié à l’idée que la solution ne serait pas trouvée en ce jour. En attendant, je pouvais me dévouer à la cause et compter sur mon équipe du café. Même si de ce côté aussi, un recrutement était à prévoir lorsque reviendraient les beaux jours. Ce n’était pas sans une fierté certaine que la visite s’opérait avec quelques explications de circonstances. Till avait raison : beaucoup de gens étaient partie intégrante de nos opérations. Cette flexibilité était voulue ainsi, aucun engagement définitif n’était nécessaire et les intervenants autant que les participants étaient invités à se joindre lorsque le temps et le besoin se manifestaient. Au moment de recevoir, cette fois, les hommages du professeur, je détournais le regard un instant, sans perdre mon sourire amical. L’énergie et le temps ne représentaient qu’un sacrifice nécessaire à côté du besoin que j’avais de faire quelque chose. Le temps de prendre place et voilà que ma curiosité se muait en une question ouverte. J’avais toujours été fasciné de constater à quel point la Fondation suscitait des réactions polarisées. Bien sûr, mon interlocuteur ne pouvait s’empêcher de noter l’ironie de cette conversation qui n’arrivait que bien tardivement. « Ce n’est pas tous les jours que tu me rends visite en ces lieux. » Le Snow Rose café ou ma salle à manger étaient les lieux tout désignés pour partager de bonnes conversations. « Si je ne te connaissais pas si bien, je dirais que rien n’arrive pour rien. » M’amusais-je à ajouter alors, conscient que l’indifférence n’existait pas vraiment en ce qui concernait la Rose lunaire et, par extension, ACT. « Peu importe le rapport que les gens ont envers la Rose… C’est toujours très intime. On laise venir les gens à nous, rarement l’inverse. » On ne pouvait qu’ouvrir la porte, laisser la lumière ouverte, et espérer que certains passeraient le cadre de celle-ci. J’avais appris à appliquer la même approche avec mes proches. « Mmmh. » La réflexion qu’il formulait tout haut était intéressante; Castiel DeWitt avait-il cherché à se protéger de quelques soupçons en nous sollicitant ? Il semblait que nous n’aurions jamais de véritable réponse à cette interrogation. « Je ne pense pas que ce soit lâche, rassure-toi. » Je ne jugeais à vrai dire pas. Déni. Colère. Protestation. Tristesse. Acceptation. Tous n’avançaient pas au même rythme. Certains préféraient se tenir à distance par crainte ou par prudence, comme l’énonçait le professeur.
Malgré la plaisanterie d’un peu plus tôt, l’aveu de Till me surprenait – agréablement. Aider à sa manière; ainsi donc, songeais-je, il avait déjà quelque chose en tête. Le tout donnait un tout autre éclairage à sa curiosité lors de la petite visite guidée que je venais de lui offrir, ce que je ne pouvais m’empêcher de noter avec un sourire amusé. « Anonyme, c’est intéressant. » Prudence, avait-il dit quelques instants plus tôt. Il ne s’agissait évidemment pas d’un jugement de ma part. « Est-ce qu’ils te font peur ? » Question délicate, s’il en était. « Je suis d’avis que les prendre à la légère est toujours une erreur. » Ajoutais-je afin de préciser immédiatement que je ne minimisais pas les risques ni ne glorifiais inutilement la prise de risques lorsqu’il était question de la Rose lunaire. « Le comité de sensibilisation va t’adopter en un rien de temps. » Formé de quelques bénévoles soucieux de mettre sur pied diverses initiatives, le groupe se rencontrait quelques fois par mois pour déterminer l’utilisation du budget mensuel prévu à cette fin. « Leur prochaine réunion a justement lieu cette semaine… Si tu souhaites y rencontrer l’équipe. Je suis certain qu’ils pourront t’appuyer et te fournir ce dont tu auras besoin. » De par la diversité de nos membres, nous avions de précieux contacts en divers entités: dans la police, au Town Museum, à la mairie… Sans compter les familles des victimes qui voyaient d’un bon œil les initiatives de la Fondation. Prenant enfin une autre gorgée, je restais songeur quelques secondes. « Tu sais que ses parents sont morts en juillet 1985. » Till n’aurait évidemment aucune difficulté à déterminer de qui je parlais à cet instant. Celui qui avait fait le pont entre nous en premier lieu, l’homme qui partageait ma vie. « J’imagine qu’il n’en parle pas beaucoup. » En même temps, qui l’aurait fait ? « Je suppose que c’est ma façon d’être là et de l’épauler là-dedans… Qu’il le veuille ou non. Ou symboliquement, de tendre la main à tous les autres qui ont vécu quelque chose de similaire. » Parce que nous savions tous les deux combien Gwenn-Aël pouvait se montrer têtu à l’occasion… Pour ne pas dire, tout le temps. « Et toi, qu’est-ce qui t’a donné envie de te pencher sur le sujet ? » Osais-je alors demander, reconnaissant de pouvoir avoir cette conversation à coeur ouvert avec lui. Et de pouvoir parler ouvertement, malgré toutes ces choses qu’il m’était impossible de confier à qui que ce soit.
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Le temps que Till a mis pour se décider à venir visiter les locaux de l’association ne passe pas inaperçu, bien sûr : comment expliquer un tel délai de la part d’un ami pourtant si proche ? Par l’intermédiaire de Gwenn-Aël, cela fait désormais quelques années que le professeur compte parmi l’entourage d’Archibald et il n’est pas connu pour être avare en paroles de soutien. Au sujet d’ACT, cependant, pas un mot. A peine quelques questions, toujours très larges et très ouvertes - innocentes. Tout se passe bien, de votre côté ? Pas qu’il n’ait pas prêté une attention toute particulière aux réponses, pourtant. C’est désormais Archibald qui pose les questions et Till qui en sourit, bien obligé de reconnaître les contradictions dont il a conscience, montre d’une trop grande précaution sans doute. On n’apprend ni au singe à faire la grimace, ni à l’historien à se méfier de l’histoire ; Rien de tout ceci n’est réellement inoffensif. « Voire, que tout arrive toujours pour une raison, n’est-ce pas ? » Un sourire complice tandis qu’il relève les yeux vers son interlocuteur, appréciant sans cesse l’acuité de ses réflexions. Délicat, Archi. Très délicat dans sa manière d’aborder les choses et de juger les situations. Laisser venir les gens à lui ressemble effectivement à ce que l’Allemand devine de son caractère, ou en connait déjà. A son tour de venir, donc, et de dévoiler la raison de cette visite si tardive. Préparée, réfléchie, mais tardive.
Son projet suscite un sourire amusé auquel il répond facilement, bien qu’avec un peu plus de retenue. La prudence en toutes choses et toutes occasions, y compris dans le cadre si intime de cette conversation. « On acceptera, je crois, de me publier sous pseudonyme » précise-t-il tout de même, l’anonymat complet ne se prêtant guère au type de revue qu’il a en tête. Le propre de l’universitaire n’est-il pas justement d’assumer ses propos, de soutenir ses thèses sur la place publique ? Étudiant assidu et professeur sérieux, Till a heureusement maintenu suffisamment de liens avec son ancien laboratoire de recherches pour espérer qu’on lui donne tribune malgré cette vigilance supplémentaire. Une réflexion secondaire, néanmoins : avant de chercher à se faire publier, encore faut-il écrire ; Et pour cela récolter des données traitables. La question d’Archi le désarçonne le temps d’une seconde. « Pas à toi ? » Quoi que peur soit peut-être un mot à peine trop fort pour exprimer ce que Till ressent réellement et la précision de son ami ne peut que le pousser à opiner. « C’est ça. Je me méfie, avancer avec trop de certitudes apporte rarement de grands bénéfices. » A vrai dire, il n’est même pas tout à fait sûr d’aller jusqu’au bout de son entreprise : on sait rarement ce qu’on va trouver avant de débuter des recherches. Une intuition, un espoir ; Aucune certitude. Et la surprise qu’Archibald accepte si facilement, tout à coup, sans poser davantage de questions.
« Super. » Un léger hochement de tête alors que son regard ne quitte pas celui de l’autre homme, se demandant ce qui se trame dans son esprit. Il ne sait pas vraiment pourquoi il s’attendait à devoir argumenter, peut-être de la sur-anticipation, surinterprétation. Au contraire de cela, la proposition d’un accueil immédiat accompagné d’un air songeur, rapidement balayé par autre chose. « Je… Oui. » Un léger froncement de sourcils. Voilà donc ce qui se cachait dans l’esprit d’Archibald. Impossible de ne pas faire le lien et ce même si le passé des parents de Gwenn compte parmi les sujets que Till n’aborde jamais. Pudeur ou respect, la sensation de se reconnaître dans quelque chose qui pèse et dont on n’est pourtant pas responsable. « Je dois aussi avouer ne pas avoir posé beaucoup de questions à ce sujet. » Comme à beaucoup d’autres, en réalité. Très proches mais très différents, si Till exprime facilement ses sentiments et ses pensées, son meilleur ami se montre souvent plus difficile à lire. Et il ne le brusquera pas, ayant appris avec le temps à s’accommoder de certains silences. « C’est une jolie façon de lui exprimer ton amour » note-t-il à voix plus basse, ses yeux revenant à son gobelet tandis qu’il esquisse un léger sourire. Deux approches différentes qui ont cependant le point commun de composer autour de ce que Gwenn autorise ou repousse, subtilités d’une personnalité difficile à apprivoiser - opaque sous bien des aspects.
« Ennui ? Ou déformation professionnelle, qui sait. Le besoin d’aller chercher de la rationalité à ce qui n’en a pas au premier abord. » L’auto-dérision du rire qui lui échappe ne vise cependant qu’à recouvrir d’un voile de légèreté la pesanteur des raisons réelles qui motivent le professeur. Un léger haussement d’épaules alors que son visage reprend un air plus sérieux, acceptant de se confier à son tour. « J’ai beaucoup travaillé sur le nazisme, tu sais. Pas que ce soit comparable, mais c’est le mécanisme idéologique qui m’intéresse. Comment un leader quel qu’il soit parvient à établir un tel contrôle sur l’esprit de tout un groupe ? Comment se met en place l’emprise, sur quoi elle repose ? On dit souvent que c’est incompréhensible mais c’est faux : il y a des ressorts, des stratégies de manipulation, les gourous savent toujours très bien ce qu’ils font. » Il s’interrompt, son regard se détachant d’Archibald en même temps que son esprit s’attèle à reconsidérer toute la tension au cœur de ses interrogations. Le besoin de comprendre. « J’aimerais dire que ce n’est pas la culpabilité qui m’a poussé à choisir cette spécialisation mais ce serait probablement un mensonge. Ce à quoi notre famille prend part, les contextes dans lequel notre nom apparaît… Le nôtre, et même si les actions qui y sont rattachées n’ont rien à voir avec nous, leur poids qui pèse quand même sur chacune des lettres qui définissent notre identité. » Elle ne se résume pas qu’à cela, bien sûr : un patronyme n’est jamais qu’une étiquette, qu’un attribut parmi la multiplicité de ce qu’on voudra appeler « je ». Il n’empêche qu’on y est constamment confronté, à ce patronyme, qu’on le veuille ou non. « C’est peut-être aussi pour ça que je n’ai jamais posé de questions à Gwenn. Les deux situations ont beau n’avoir rien de commun, je pense quand même qu’on aura tout les deux passé un grand nombre de nuits à nous demander comment ça a été possible, comment on en est arrivé là. C’est à cette question que j’aimerais répondre, pour nous deux. » L’esquisse d’un sourire navré. Archibald s’attendait-il à ce que cette conversation prenne des tours à la fois si personnels et si lourds ? Till s’est toujours ouvert à cet ami avec facilité mais il ne peut s’empêcher d’éprouver une légère culpabilité à l’idée de ruiner le reste de sa journée avec toutes ces considérations particulièrement moroses. « Enfin, je surinvestis peut-être trop en pensant qu’il y a des similitudes dans la façon dont un mouvement fasciste et un mouvement sectaire peuvent se constituer. Honnêtement, il est très possible que je tombe complètement à côté. » Et de hausser les épaules en souriant de nouveau d’un sourire plus large, s’efforçant de replacer minutieusement le voile de légèreté et de recouvrir le sombre de cette conversation.
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Und mein Herz schlägt weiter, auch wenn es fürchterlich brennt, wenn alles hier zerfällt. Doch nichts tut für immer weh und die Welt dreht sich weiter.
ALTER-EGO : D. Munroe, T. Hargreaves, R. Sullivan, C. Cartwright, G. Wilson, W. Brennan, R. Dewar, M. McDonald
ÂGE : 42
QUARTIER : 52 Lilac Road (Waterfall Avenue)
MÉTIER : Propriétaire du Snow Rose Café, co-fondateur de la Fondation ACT
COEUR : Hey, dark eyes ღ
INTERVENTIONS RL : oui
INFOS RP
Sujet: Re: Wild World (Till) Mar 8 Oct - 18:22
La peur avait toujours été l’arme ultime des sympathisants de la Rose lunaire. Ils n’étaient pas les premiers. De nombreuses organisations aujourd’hui qualifiées de « terroristes » en avaient fait leur outil stratégique de prédilection. Bien sûr, l’organisation secrète avait marqué les esprits au fer rouge par ses actes de violence terrible. Aujourd’hui, elle n’avait besoin que de brandir une menace pour raviver les blessures collectives. Il s’agissait d’un cas d’école. Au-delà de la prudence du professeur, il me semblait percevoir de la pudeur. Éprouvait-il donc la même réserve que moi, celle de ceux qui venaient de l’extérieur ? Malgré mon engagement, j’avais toujours peiné à trouver ma légitimité dans le drame d’une communauté qui n’était pas la mienne. Je l’avais pourtant adoptée, m’en déclarais volontiers partie intégrante désormais. Il n’en était pas moins qu’il y aurait toujours une ligne invisible entre ceux qui l’avaient éprouvée dans leur chair, cette tragédie, et ceux qui venaient à titre d’observateurs extérieurs. J’aurais voulu le questionner, Till. Sur la posture que se devait d’adopter l’historien, peut-être un peu au même titre que l’allié que j’aspirais être. Au lieu de ça, je m’affairais à répondre à sa question : « Bien sûr que si. Ça s’en s’en va jamais, on apprend seulement à vivre avec. » N’était-ce pas le but même de la Fondation ? Aider les gens à vivre avec. Travailler à faire en sorte que cette peur ne soit plus seulement une faiblesse que pouvait exploiter la Rose, mais bien une force partagée. Quoi qu’il en soit, j’étais ravi de pouvoir aider le professeur. Ravi, encore plus, de le voir s’impliquer à son tour, à sa façon. « On est là pour ça aussi, soutenir toutes les initiatives. » Ajoutais-je spontanément, pris par l’étrange impression qu’il taisait certaines pensées. Nous avions toujours eu cela en commun, Till et moi. Une certaine délicatesse à éviter de brusquer… Je me risquais néanmoins aux confidences, cette fois, sur ce qu’il y avait de plus intime pour moi à cette cause. Difficile de dire si cela le mettait mal à l’aise, sans doute aurait-il été trop poli pour m’en faire la remarque. J’allais au fond de ma pensée néanmoins. « Tu trouves ? » Il n’avait pas tort en ce sens que Gwenn-Aël n’était pas de ceux à qui l’on faisait de grandes déclarations. Les gestes, petits ou grands, avaient bien plus d’importance. La Fondation ACT avait toujours été une prise de risque. « Je fais ce que je peux, en tout cas. » Que ce soit pour la cause ou dans ma relation. Il n’y avait jamais de mode d’emploi lorsque l’on sautait dans le vide.
Quelles étaient donc les siennes, ses motivations profondes ? Au lieu de tenter de le deviner entre les lignes, je préférais poser la question directement. Ennui – une réponse qui me tirait un sourire amusé, bien que je doutais qu’il ne s’agissait que de ça. Déformation professionnelle ? Peut-être bien. Dans ce cas, j’aurais dû lui demander ce qui l’avait poussé à choisir cette carrière; une vocation pour lui, semblait-il. « La Rose lunaire est un cas particulier. De moindre ampleur, certainement… Mais ça dure encore après des décennies et un tout nouveau visage. Je ne peux pas m’empêcher de penser à l’Hydre de Lerne. » Couper une tête et il en repoussera une nouvelle. Il était possible de se demander si l’idéologie prônée par la Rose lunaire durerait encore, comme elle avait survécu à la mort de Joy. Ces réflexions, déjà très personnelles, le poussaient à se confier à son tour. Oh. J’acquiesçais avec douceur. Chacun composait comme il le pouvait avec le poids du passé et des choix des autres, qui tentaient malgré soi sa propre existence. « C’est une belle preuve d’amitié. » Lui disais-je en écho à ce qu’il avait lui-même constaté un peu plus tôt. « On a tous nos mécanismes de défense, je crois. Qu’on s’en rende compte ou non. » Sur ce plan, il était évident que nous nous ressemblions beaucoup, tous les deux. Ironiquement, peut-être même plus que nous ressemblions à celui que nous avions en commun. L’avocat choisissait ses proches avec une certaine suite dans les idées. « Pour Gwenn, j’ai parfois l’impression que c’est… Je ne dirais pas la fuite. » Comment aurait-il pu ? « …Mais se concentrer sur autre chose. » À cet instant bien précis, il était douloureux de ne pas pouvoir faire preuve d’une pleine franchise. « Il y a une part de lui qui demeurera toujours inaccessible, je pense. » Et de ponctuer ce constat d’un sourire bienveillant… Résigné, d’une part. Mais tendre, surtout. Ça ne changeait rien du tout aux sentiments que j’avais pour l’homme. « Si tu as besoin d’un miroir de réflexion ou de quoi que ce soit d’autre… Je ne suis jamais bien loin. » Je lui apporterais toute l’aide qu’il m’était possible de lui fournir pour son projet, cela ne faisait aucun doute. Le sourire que j’affichais à l’entendre se montrer si humble sur les éventuels résultats de ses recherches s’évanouissait lentement, doucement, derrière les pensées qui me venaient. « Tu as toujours des contacts avec ta famille ? » À l’inverse du professeur, j’osais demander. Avec le besoin, toutefois, de préciser aussitôt : « Si c’est trop intime, on n’est évidemment pas obligé d’en parler. » Il me semblait bien n’avoir jamais entendu Till parler directement de sa famille, au cours de nos désormais nombreuses conversations sur tout et rien.
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God only knows
i may not always love you, but long as there are stars above you, you never need to doubt it, I'll make you so sure about it, God only knows what I'd be without you ✹