Un sourire aux lèvres, elle se dirigea vers son deuxième rendez-vous. Elle était finalement contente d’avoir été mise avec Gaël, une belle mise au point avait pu être faite. Oh, elle savait que c’était pas gagné d’avance, mais une amélioration était en marche ! Difficile de faire pire de toute façon. Arrivée à la prochaine table, elle se rendit compte qu’elle connaissait son deuxième rendez-vous de la soirée également. Nathan. Un étudiant aussi, pote de Gaël d’ailleurs… un dragueur invétéré. Elle l’avait pas trop aimé au premier abord, mais ça allait un peu mieux. Bien mieux à vrai dire, pas du genre à s’arrêter à la première impression, ils avaient fini par se recroiser régulièrement sur le campus. On pouvait pas aller jusqu’à dire qu’ils étaient amis, mais l’entente était cordiale. En levant la tête, elle le vit arriver et l’observa un instant. Wahou, il avait un peu une sale tête quand même. Boudeur… Elle se demandait si son premier rendez-vous s’était si mal passé. Elle imagine qu’elle le découvrira bien assez vite. "Hey Nate." Et puis le laissant s’installant, elle ouvre son biscuit. Le premier truc qu’elle a eu dans son biscuit était pas mal ridicule, mais elle avait fini par le placer sans vraiment s’en rendre compte. Est-ce qu’elle allait arriver cette fois ? à voir si y’avait des trucs pires ou pas.

Mais contre elle ? Est-ce que tu sais te défendre ? Les paroles de Robin virevoltaient encore dans son esprit tandis qu'il se dirigeait vers son prochain rendez-vous. Elle avait du culot, quand même ! Non, elle abusait. Se pointer devant eux avec toute cette hargne, ça avait été débile. Il pouvait comprendre que ça l'eût énervée, mais certainement pas l'excuser. Il lui en voulait. Il avait le droit de lui en vouloir. Il savait se défendre seul. Même face à Reagan. Et s'il n'y arrivait pas, qu'est-ce que ça pouvait lui foutre ?! C'était aussi dans la défaite qu'on apprenait, non ? Elle devait le savoir mieux que quiconque. Bref, elle l'avait saoulé. En s'approchant, il releva la tête, et vit Casey. Il essaie de lui adresser un petit sourire, mais ça doit certainement être la chose la moins convaincante qu'elle ait vue de la soirée. « Salut Casey. » Il se demanda si elle avait croisé Gaël, qu'il avait encouragé à venir. Peut-être même que ça avait été son premier rendez-vous ? Cette pensée lui arracha un bref sourire. « Ça va ? » Dans le fond, il était plutôt soulagé de tomber avec elle. S'ils n'avaient pas très bien débuté, aujourd'hui, ils s'entendaient globalement bien ; les tensions s'étaient apaisées. Il tendit la main pour attraper le biscuit chinois, et le brisa. Dans tous les cas, ça ne pourrait pas être plus gênant que le précédent.

Elle secoue la tête en lisant le message du biscuit. Sérieux, elle se demandait vraiment qui avait pu mettre des conneries pareilles. Le premier biscuit qu’elle avait eu était pas mal gênant quand même, parler de maison, de mariage et d’enfants… bon, finalement, ça avait plutôt bien passé et elle avait dévoilé des choses vraies… enfin auxquelles elle pensait parfois en tout cas. Certes, elle voulait pas s’installer, se marier et faire des enfants tout de suite ! Mais elle en voulait des enfants, elle les adorait et puis avait plutôt un bon contact avec eux. Elle relève la tête pour regarder son deuxième rendez-vous et hoche la tête à sa question. "Bien et toi ? Désolée de te le dire, mais ça a pas l’air d’être la grande forme… " Elle lui sourit malgré tout. Elle se dit qu’elle peut se le permettre. Et puis elle jette un nouveau regard à son biscuit. "La Cavendish a jamais pu écrire ces messages… t’as quoi toi ?" Elle pouffe de rire et puis bat des cils. "Moi, je dois te dire… que je suis un peu perdue… pourrais-tu me montrer le chemin de ton cœur ?" Elle secoue la tête. "Tu crois que c’est qui qui s’est incrusté dans l’écriture de ces petits mots ?" Elle est certaine à 200% que ce n’est pas la madame très respectable qui s’était sûrement incrustée dans l’organisation de cette soirée.

Le message inscrit sur le biscuit lui arracha un sourire. Que des conneries ! Il ferma le poing, le papier au creux de celui-ci, puis regarda Casey. « Ouais... » Il lâcha un soupir bref puis arqua les sourcils, un demi-sourire en coin, et déclara, sur le ton de l'humour : « Si tu m'connaissais pas comme tu m'connais, j'te dirais qu'j'suis désolé parce que j'risque de pas être de très bonne compagnie, mais... » Il haussa les épaules. Mais Casey avait dû affronter sa drague lourde et sans aucune discrétion - néanmoins, il l'avait fait pour réagir Gaël, et il était certain que si ça avait été fait subtilement, le petit brun n'aurait rien capté -, alors elle s'accommoderait sûrement de son air ronchon ; de toute manière, ça lui passerait vite. Il n'avait pas envie de ruminer les événements toute la soirée. Il savait que ça reprendrait après, quand il aurait ses pensées pour seule compagnie, dans la pénombre de la chambre... mais à ce moment, il aurait tout le temps de rager sans en faire pâtir d'autres. « Nan, c'est clair, ça peut pas être elle. Ou alors, elle est bieeeeen différente de c'qu'on pense. » Il se permit un sourire entendu, puis écouta ce qui était écrit sur son papier. Ah bah tiens, comme Reagan ! Elle allait le hanter toute la soirée. Il eut envie de croiser les bras, mais se retint, et regarda à nouveau le message du biscuit. « Hum, j'suis censé t'dire qu'on ne vit qu'une fois, qu'faut pas perdre de temps, que j'veux une maison avec une barrière blanche, un chien, cinq enfants, et que maintenant j'suis sûr de vouloir tout ça avec toi. Bon... j'te cache pas qu'cinq, c'est p't'être un peu trop, surtout avec le chien en plus. » Il reposa le morceau de papier. « Enfin bon, ça va, on a des trucs plein d'innocence. Ils nous ont bien cernés ! » ajouta-t-il dans un rire. Il enchaîna sur sa seconde question : « J'sais pas, quelqu'un qui voulait s'marrer dans tous les cas. Et toi ? » Et il se fit la réflexion que c'était exactement le genre de bêtises qu'il aurait pu faire, en s'imaginant des scènes rocambolesques...

Elle avait été directe avec lui, il avait l’air de bouder et ça l’étonnait. En fait, elle le connaissait surtout avec un grand sourire charmeur… et pas d’humeur maussade. Elle éclate de rire à sa blague suivante et puis secoue la tête. "Pas b’soin de me le dire, aucun doute. Je connais ton potentiel désagréable…" Mais elle sourit, preuve qu’elle ne lui en tient pas rigueur et puis de toute façon, elle est pas mal sûre que même si elle lui en tenait rigueur, il en aurait littéralement rien à foutre. Elle change de sujet, les messages de ces petits gâteaux chinois l’interpelle vraiment. Elle avait dû sacrément craquer si c’était elle. Nathan est d’ailleurs d’accord, sûrement pas elle, sauf si elle a un côté secret. La demoiselle hausse les épaules. Elle écoute ce qu’il a eu lui, oh c’est drôle, c’est ce qu’elle a eu avec Gaël. "Marrant, j’ai dû dire la même chose à Gaël. Donc désolée, je suis déjà presque mariée." Ce qui était clairement pas vrai du tout et vu qu’elle souriait, amusée, le Myers devait sûrement le savoir. Et puis c’est parti pour la partie devinettes, qui avait bien pu écrire ces messages ? Il a pas trop d’idée, mais lui renvoie la question. Elle se met à réfléchir et puis hausse les épaules. "J’sais pas trop non plus. La Cavendish, elle a pas des gamins ados ? C’est peut-être eux. En tout cas, ils ont l’air plus marrant que leur mère. " Et puis elle sourit en posant son menton sur son poing fermé. "Si ça avait été quelqu’un d’autre qui organisait ça, j’aurais pu penser que c’était un coup des frères Myers. Paraît que vous en avez fait un certain nombre de belles au fil des années…  Mais bon, vous devenez sûrement un peu trop vieux et puis la Cavendish vous aurait pas laissé approcher l’organisation à plus de trois kilomètres…"

Elle avait l'air d'avoir passé l'éponge. Tant mieux. Parce que même si en soi il s'en moquait, il imaginait que ça pouvait importer à Gaël, que sa copine - parce que ça le deviendrait, oui oui - s'entendît bien avec ses potes. Ils discutèrent des messages, et elle lui apprit qu'elle avait dû dire la même chose à Gaël. Il ne put s'empêcher de sourire et de lâcher : « Ah, avec Gaël donc... » Il aurait adoré, mais absolument adoré, être une petite souris, rien que cette fois - faut pas abuser, être une souris c'est pas marrant tous les jours -, pour observer les deux tourtereaux. Sûr que ça en aurait valu le coup ! Empoté comme était Gaël avec cette fille... oh la la. Cependant, il n'ajouta rien - il venait de faire l'expérience du malaise que toutes ces choses-là pouvaient occasionner, et n'avait pas vraiment envie de lui faire subir la même chose. « Vraiment, tu m'brises le cœur... » fit-il avec un air tout triste, mais la malice au fond de l'œil. « Mais bon tant pis, j'en trouverai une autre ! » Il haussa les épaules, un grand sourire aux lèvres. Parfois, c'était agréable d'être Nathan Myers. En un claquement de doigt, on avait l'air de passer d'un état à l'autre ; la magie de la représentation. Il finissait toujours par enfiler son costume de plaisantin et de fêtard lorsqu'il avait le sentiment que le ciel lui tombait sur la tête. Une vieille habitude de fuite. Il reporta son attention sur Casey. « Ahhh, ouais ! Ouais, j'crois qu'elle en a ! P'tain oui c'bien possible que ce soit eux. Enfin c'pas difficile d'être plus marrant qu'leur mère, j'ai envie d'te dire... » Il haussa les sourcils pour accentuer son propos. Puis, il rit à la réplique de la jeune femme. Leurs frasques les suivraient longtemps. « Bah j'sais pas, 'paraît qu'la sénilité, ça ramène en enfance... j'te dis pas quand on sera tous les deux en maison de retraite. Le pire cauchemar des infirmières... » Ils en avaient parlé, parfois. Ils ne pensaient pas beaucoup au futur, mais il arrivait que comme on plaisantait, on partît trop loin. « Et tu doutes de nos talents de ninja ! Pfff, elle nous aurait même pas vu venir, la vieille ! » Il croisa les bras, un air satisfait et malin sur le visage.

Le sourire du jeune homme la perturbe un peu quand il demande sans vraiment demander la confirmation qu’elle était avec lui lors du premier rendez-vous, elle hoche simplement la tête. Rien de plus à dire, enfin pas vraiment. Enfin, peut-être qu’il y en avait beaucoup à dire. Elle fronce légèrement les sourcils, elle se demande ce que c’est ce sourire, elle a l’impression qu’il en sait plus qu’elle à un sujet qui la concerne. Perturbant. Mais elle laisse cette impression de côté, elle n’est pas sûre de toute façon, de vouloir la réponse. Du coup, elle annonce simplement qu’elle est déjà presque mariée et sa réaction l’étonne moins. Elle lève les yeux au ciel. Il draguait assez de fille de toute façon, pour ne pas être trop vexé par son refus. Elle se met à rire. "J’ai aucun doute là-dessus !" Il était charmant et charmeur… ça ne faisait aucun doute qu’il avait du succès avec la gente féminine. Continuer la conversation sur la si parfaite organisatrice de cet événement était plus intéressant… ou en tout cas moins glissante. Elle fait part de son idée et elle a presque l’impression qu’une ampoule s’allume sur le dessus de sa tête… il vient de se rappeler de ce fait, le fait que cette charmante dame a des ados pas si sages que ça. Elle hoche la tête. "Pas vraiment difficile d’avoir plus d’humour que la mère…" Et puis elle ajoute que ça aurait pu être un coup de son frère et lui… enfin il y a quelques années. Elle rit à ce qu’il dit ensuite. La sénilité, ça ramène en enfance, peut-être bien. Et là, imaginer les deux Myers dans une maison de retraite en mode petit vieux qui font des courses de chaises roulantes et qui font des blagues aux petits vieux ou qui matent le cul des jolies infirmières… même pas si choquant que ça en fait. L’image est drôle en tout cas. Elle ne les connaît pas si bien que cela, mais elle a toujours entendu parler de leurs frasques, à chaque fois qu’elle venait dans le coin en tout cas. Elle lève les yeux au ciel quand ils vantent leurs talents de ninja. "Mmh, j’sais pas. J’vous imagine plus être tout sauf discret… Après j’avoue que j’ai toujours appris vos frasques de seconde main… j’peux donc pas dire. J’ai pas grandi ici." C’est sa grand-mère et puis quelques autres personnes qui lui avaient raconté au fur et à mesure les frasques de ces deux frères bien connus en ville, sa grand-mère les aimait bien d’ailleurs, comme elle disait : ça secouait tous ces vieux coincés.