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Prénom(s) & noms ★ Elle s'appelle Ted, Mae, et a toujours pensé que ses parents manquaient d'inspiration pour ce bébé du milieu de la fratrie, mais on s'y fait de toute façon, comme pour le fait de ne porter que classiquement le nom de famille de son père, O'Hara. Date & lieu de naissance ★ Ted a vu le jour aux premières heures du trente juillet mille neuf cent quatre-vingts seize dans l'état du Vermont, à Springfield, la ville des Simpsons ouais. Âge ★ Vingt-deux années passées comme des comètes, un double chiffre brûlant les veines. Statut social ★ Rien de terrible, ça ne peut pas l'être quand on est sorti du système et qu'on a dû subir un processus de réintégration, ça ne peut pas l'être quand on n'a pas de diplômes et pas non plus de relations, ç'aurait du mal à l'être même sans tout ça de toute façon, parce que, parce que Ted, voilà. Situation maritale ★ Souvent sur les papiers qu'il faut remplir il y a quatre ou cinq cases pour dire cela, et Ted choisit toujours la plus à gauche, célibataire, et ne dit jamais que techniquement elle est maman. Mais techniquement seulement. Orientation sexuelle ★ Elle a grandi dans une famille où l'attirance pour le sexe opposé est la norme, ce n'est pas qu'on l'aurait rejetée si ça n'avait été pas le cas mais juste que ça ne leur vient pas tout de suite à l'esprit. Du coup, elle n'a jamais trop remis ça en question, ni même ne s'est interrogée dessus d'ailleurs. Métier ou études ★ Ted a eu son diplôme de fin de lycée, avec plus ou moins de difficultés, mais elle l'a eu. Ensuite elle est allée à l'université et y a tenu deux mois avant de claquer la porte, elle n'a jamais repris ses études et se débrouille en conséquence tant bien que mal avec les opportunités qui se présentent, les petits boulots ça s'enchaîne vite. Pour le moment, elle travaille dans une pizzeria, surtout aux livraisons et aux commandes, parfois à la cuisine c'est ce qu'elle préfère. Avatar choisi ★ Katherine Langford. Groupe choisi ★ Little talks.

Décrivez le caractère de votre personnage en 5 lignes minimum Ted est une enfant à laquelle on n'a jamais appris à s'exprimer. Elle se laisse aisément aller à tout ce qui est à portée de main, paresseuse sur les bords, déterminée à avoir autre chose dans l'existence, autre chose sans pouvoir préciser exactement quoi : pas les mots pour le dire, rarement la volonté pour chercher. Malgré ce qu'elle a vécu, elle est encore assez immature, plutôt inconsciente, et on a carrément l'impression qu'elle n'a aucune morale. La preuve, ce qu'elle regrette le plus dans l'existence est de ne pas avoir pu toujours vivre en cavale. Ted est pétrie de nostalgie, mais pas la bonne aux yeux du monde.

Quelle est votre position par rapport à la Rose Lunaire? Ça ne fait pas assez longtemps qu'elle est là pour que tout ça lui paraisse très sérieux, à vrai dire, ça semble un peu irréel cette histoire de secte, c'est curieusement excitant - Ted a conscience que c'est malsain, des gens sont morts quand même, sujet tabou - mais au moins il se passe quelque chose, bon sang, ça c'est précieux. La Rose lunaire l'intrigue et l'intéresse, mais elle n'a pas le sentiment d'être concernée : pour elle, il y a de grandes chances pour qu'elle n'y soit jamais confrontée.

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Fermer les yeux est un pouvoir magique, ça fait venir les souvenirs en surimpression derrière les paupières : les couleurs, les contours, et même les bruits et parfois des odeurs. Tout y est. C’est comme y être encore.
Il lui est souvent arrivé de sentir un regard, une tête curieuse d’enfant l’espionner derrière la haie séparant le jardin et la rue, car Ted avait pour habitude d’aller de long en large sur les trottoirs tandis que ses petits frères et sœurs jouaient aux agents secrets dans l’enceinte protégée de la maison. Ils ne tenaient jamais très longtemps silencieux. Elle entendait un éclat de rire, des mouvements dans les feuilles ; ils s’en étaient allés. Ça lui était complètement égal qu’on l’observe, ça rompait justement la monotonie des longues heures. Malgré ses quinze, seize, dix-sept et dix-huit ans, Ted continuait de marcher dans la même rue en faisant l’équilibriste sur les rainures du trottoir, en attendant que l’été sirupeux veuille bien finir, que quelque chose arrive enfin.
On ne peut pas se permettre d’attendre trop longtemps, car les jours et les nuits finissent par vous alanguir, autrement, et toute volonté et toute vie se retirent jusqu’à une minuscule et trop rare étincelle dans vos yeux. Ted en a eu plus que marre, Ted a surtout été complètement dégoutée : l’université, ce Graal, cette rupture nette entre l’enfance et l’âge adulte n’a pas tenu ses promesses, elle s’est sentie mourir de plus en plus entre les cases égales de son emploi du temps. Personne ne bouge, tout le monde accepte cela ? C’en est trop.
Teddy peux-tu vider le lave-vaisselle, aider ta sœur avec cela, aller acheter des œufs sinon comment ça va les études, ta mère et moi on se disait, maintenant que vous commencez tous à grandir, peut-être qu’un jour on pourrait partir en week-end, et vous vous occuperiez des petits…
Attendre toute sa vie pour s’offrir un week-end.
Ted a choisit sur un coup de tête de se faire un cadeau, la clef dorée des champs, et gratis avec ça, parce que l’argent s’est écoulé à toute vitesse entre ses doigts affamés de plaisirs, entre les tickets de bus pour partir de Springfield, les petits-déjeuners dans les motels et les sandwichs dans des cafeterias en bord de route, les fringales, les envies, l’irresponsabilité et l’ivresse d’être libre. C’était pas grave, car ses doigts sont prodigues, ils savent chiper l’air de rien ce qui leur passe à côté… et Ted a appris sur le tas comment quitter un endroit sans payer, se fondre dans une foule et se mettre à courir au moment opportun, comment passer la nuit, passer ces heures toutes creuses en attendant le jour. Oh oui, ça a très vite dérapé… et ç’aurait pu être pire sans ces quelques journées avec Ren, ce n’est pas le seul à l’avoir prise en stop au cours de sa cavale mais c’est celui avec lequel elle est restée le plus longtemps, avec lequel elle a fait les trucs les plus chouettes, avec lequel elle a souri. Les meilleurs jours de toute son existence. Il n’y a jamais rien eu, aucun autre sentiment que celui d’être avec un très, très bon ami, mais la nuit était là et c’est venu mécaniquement, comme un passage obligatoire, pas vraiment désiré, pas non plus regretté : ça ne faisait rien. Ensuite, quand Ren et elle ont fini par se séparer,  les choses ont commencé à bien plus sérieusement déraper. Elle est passée à l’échelon du dessus, sans réfléchir à rien sinon qu’à continuer, la morale était depuis longtemps en cendres, qu’est-ce qui comptait qu’est-ce qui restait sinon, souviens-toi, cette liberté incroyable ? Le fait d’être désinvolte, parfaitement inconsciente, de se moquer de tout, demain, l’heure suivante ? Laisse venir à tes yeux cette multitude de souvenirs.
Ted a fini par se faire prendre, et ça n’a pas été joli. On peut même dire que très loin d’être docile ou coopérative, elle a contribué à aggraver son cas, et puis… il faut qu’elle rouvre ses paupières, parce qu’elle ne veut pas forcément se rappeler de tout ça, et qu’elle fixe ses mains immobiles sur ses cuisses. Les poignets ont été serrés à une époque par des menottes. Par la suite, pendant toute son incarcération, ses mains n’ont pas cessé de s’agiter pour écrire, pour envoyer des lettres, il fallait qu’elle garde contact avec Ren pour ne pas perdre pied, conserver l’assurance que le bonheur avait bien existé. Et puis, il a fallu lui dire, avec des lettres encore plus laides et plus petites qu’à l’ordinaire : j’ai peur et je suis désolée…
C’était idiot. Ces jours de fugue qu’elle sanctifie dans sa mémoire ont forcément eu lieu, autrement elle n’aurait jamais eu à affronter les conséquences. C’est juste qu’ils se sont terminés, que Ted les a perdu et n’arrive pas à l’accepter.
Forcément, c’est moins facile de vivre maintenant.
Le bébé est né alors qu’elle avait encore du mal à y croire et venait juste de fêter son anniversaire. C’était bizarre que de tenir contre elle cette petite chose qui ne ressemblait pas à ce qu’on lui affirmait qu’elle était, un être de sexe féminin et même, sa fille à elle ; ça n’a pas été long de toute façon, les premiers mois c’est tout. Ensuite c’est Ren qui a pris la relève, et qui le fait toujours.
Un jour, les portes de la prison se sont ouvertes pour la laisser sortir. Et depuis il faut vivre à la manière des autres, regagner sa place parmi eux, mais c’est un processus d’étouffement long et sans échappatoire que ce quotidien-là, Ted a tout le temps cette impression que tout ce que l’existence pourra jamais lui offrir de bon est derrière elle, et c’est terrible. Ça hurle d’une rage désespérée dans son esprit : je ne suis qu’une enfant encore !

Si Ted ferme assez fort les paupières et s’immerge complètement dans les images, si elle s’y accroche, accroche de toutes ses forces… peut-être qu’elle retrouvera ces jours passés. Peut-être qu’en les rouvrant, elle y sera de nouveau.