TW: Maladie cardiaque
Adam arque un sourcil, pour le moins perplexe. « J’adore Richard Gere, mais non. » Hors de question pour lui de se faire des cheveux blancs. Il préfère autant conserver ses boucles brunes. Pas qu’il craigne sincèrement de vieillir. En vérité, il s’agirait plutôt du contraire. Il a peur d’un départ prématuré, d’une existence écourtée. On ne sait jamais vraiment avec un cœur qui flanche. Enfin… Il sait bien qu’il ne vivra pas tellement vieux. Le toubib n’a pas manqué de lui sortir les chiffres. Quarante ou cinquante ans, dans le meilleur des cas… Voilà l’espérance de vie des patients atteints de cardiopathie congénitale, une moyenne qui varie d’un cas à l’autre. La cause principale de décès serait la mort subite. Des termes qui lui évoquent la Lambic Kriek Belges aux arômes de cerise, bière porteuse du même nom… Il redoute parfois de s’endormir, par crainte de ne pas se réveiller. C’est con, il le sait. Toutefois, un tel sentiment ne se maîtrise pas. Adam maudit souvent son cœur à la traîne. Brûle en lui une colère blanche qu’il peine à contenir. « Puis... Ce n’est même pas dit que j’ai le temps d’en avoir vraiment, des cheveux blancs. » qu’il échappe malgré lui, la voix empreinte d’ironie. Dahlia, de toute façon, ne comprendra pas l’allusion. Il est suffisamment méticuleux pour ne rien trahir de sa condition. Taire sa maladie lui fait parfois l’effet d’une double vie.  Du reste, on lui pardonnera son trait d’humour noir. Il pourrait bien lui promettre de prendre soin de lui, mais à quoi bon ? Adam aurait le sentiment de sceller une promesse en l’air, et il n’aime pas mentir. D’aucuns diraient que passer sa maladie sous silence relève en soi d'un mensonge par omission. Point de vue qui n’est pas le sien. Il continuera de la sorte, convaincu du choix qui a été le sien.

Il est des instants où son palpitant lui paraît tout à fait fonctionnel. Quand le traître s’emballe à trop forte proximité de Dahlia. C’est à croire que le bougre cherche à lui faire passer un message. Message qu’Adam est déterminé à esquiver. Il force son attention sur le bout de papier froissé, porteur d’une énigme digne du Père Fouras. La réponse lui vient sans trop tarder. Il a toujours aimé les devinettes. Gosse, il chouravait les revues de ses camarades dans le seul but de résoudre les charades, logogriphes et rébus que l’on trouve fréquemment dans les magazines pour enfants. C’était son sport mental à lui.  Les mots griffonnés lui permettent d’ignorer la présence de sa camarade, laquelle s’avère excessivement proche. Dahlia lève les yeux vers lui et son nez frôlerait presque le sien. Il se détourne vivement, au prétexte d’indiquer un point sur la carte. Ashford semble prête à le suivre, ne cherche pas même à remettre son hypothèse en question. Il pourrait pourtant se tromper. La confiance qu’elle lui porte n’a de cesse de le surprendre. Lui qui est son premier ennemi, toujours enclin à l’autocritique.  Sa mère n’a pas eu pour lui les mots les plus doux, si bien qu’il peine encore à croire en sa propre valeur. « Pas plus qu’un autre. » qu’il rétorque humblement. Adam le pense sincèrement, persuadé que tout un chacun possède un talent et un génie propres. Certains manquent juste d’une occasion à même de les révéler à eux. Nonobstant, le vingtenaire sourit franchement pour la gentillesse des mots que Dahlia a eu pour lui. C'est aussi ce qui fait la force de leur équipe, cette complémentarité d'idées et de pensées.

La route reprend à travers bois. Adam veille régulièrement à enregistrer sa position sur son téléphone, de manière à ne pas se perdre. Par chance, la clairière est un endroit qu’il connaît bien, s’agissant d’un spot photo qu’il fréquente régulièrement. Ironique de songer qu’il y est si souvent passé sans même soupçonner les mystères que cet espace pouvait receler. S’il ne s’est pas trompé… Pour l’heure, rien n’est moins sûr. Les arbres se font plus rares, l’éclat de la lune s’intensifie. Les voici enfin à cette trouée fleurie. Dahlia contemple la voûte céleste et les étoiles qui s’offrent à leurs regards. Plus pragmatique, Adam s’élance dans les hautes herbes, en quête d’un indice. « Je ne sais pas… Si on trouvait un autre rosier, ce serait déjà pas mal. Jusque-là, ils ont toujours semblé baliser notre route. » observe-t-il. Carte en mains, Dahlia s’attarde sur la géographie des lieux. Lui continue d’arpenter la prairie, analogue à l’enfant en quête d’œufs de Pâques. « Symbole de papillon… Ce n’est pas con. » qu’il s’exclame soudain, se redressant légèrement. En toile de fond, son esprit s’agite à l’idée d’une piste. Au premier plan, son regard dérive vers Dahlia qui attire soudain son attention sur les étoiles jusque-là négligées. Adam reste un instant sans mot dire, avant de tirer sa caméra de son sac pour capturer un moment d’authenticité. Une séquence qu’il n’inclura pas au montage, mais qu’il se doit d’immortaliser pour son charme sans artifice. Beauté qui tient essentiellement à celle qui se trouve devant lui. Derechef, le palpitant s'affole. Le brun abaisse finalement son objectif, puis lève les yeux au ciel. « Je ne sais pas si tu connais NGC 6302, aussi appelée nébuleuse du Papillon. » qu’il cite, par un étrange cheminement de pensée. Papillon et étoiles lui ont évoqué ce lointain objet situé dans la constellation du Scorpion. Aucun rapport avec leur quête, tout rapprochement serait tiré par les cheveux. Mais il trouve une certaine poésie à ces noms que l’on donne aux astres et autres phénomènes spatiaux.  « C’est vrai qu’on les voit particulièrement bien ce soir. » Sa manière à lui de signifier qu’il les trouve également magnifiques.

Adam détache son regard des étoiles, pour en revenir à la terre ferme. Il reprend alors son investigation. Les minutes passent, infructueuses. Le brun craint d'avoir suivi une fausse piste. Il serait prêt à donner sa reddition, mais remarque un rosier au rouge caractéristique qui avait échappé à son regard. Preuve qu'ils sont toujours sur la bonne voie. Il s'approche, s'apprête à se pencher, mais remarque déjà une autre rosier plus loin encore. « Dahlia ! » appelle-t-il, pour attirer son attention. Son doigt pointe en direction du second arbuste. « On dirait une piste à remonter. Ils n'ont jamais été si rapprochés. On essaie de voir où ça mène ? Il y en a peut-être d'autres...  »

Les pas suivants ceux de son caméraman, la princesse semble se perdre dans la beauté des étoiles qui se trouvent au dessus d'eux. Dahlia a toujours apprécié l'astrologie, les galaxies. Trouve quelque chose de spécial, de si incroyable à travers les astres qui changent de luminosité chaque nuit. Qui offrent des nuits plus tendres ou plus froides. Mais à cet instant, ce n'est pas réellement les étoiles qu'elle apprécie. Plutôt la compagnie d'Adam qu'elle sait précieuse. Qui l'a toujours été à ses yeux. Ne dit pas toujours quelque à ses mots mais sait bien qu'il est plutôt silencieux sur sa personne. Dahlia se sent un peu idiote par moment, à lui raconter sa vie. A lui raconter tout le reste alors qu'elle doit être particulièrement ennuyante face à un esprit tel que celui d'Adam. Repense à sa phrase de tout à l'heure, alors que ses iris observent les étoiles. Pourquoi ne pourrait il pas avoir les cheveux blancs? Ne souhaite t-il pas en avoir? Non, sinon il aurait préféré dire qu'il n'en souhaite. Pourtant, il dit qu'il n'en n'aura pas le temps. Dahlia fronce délicatement les sourcils. Elle veut comprendre mais ne sait pas trop comment demander à Adam de quoi il parlait tout à l'heure. Pensées qui s'éloignent lorsqu'Adam lui parle des astres. Sourire sur ses lippes colorées tandis qu'elle tourne la tête vers lui. "Non, je ne connaissais pas. Est ce qu'on peut la voir d'ici?" demande t-elle. Dahlia est toujours intéressée par ce que dit Adam. Cultivé, son caméraman lui offre de nombreuses choses. De nombreux sujets intéressants. Et Dahlia, souhaitant entendre et voir l'enthousiasme d'Adam sur son visage, l'écoute en sentant son myocarde s'accélérer. Délicatement. Car son sourire est si habituel mais si nouveau à la fois que la princesse est ravie de savoir que c'est à elle qu'il lui offre. "Je connais quelques constellations." ajoute t-elle en riant délicatement tout en haussant les épaules. Pas qu'elle soit vraiment douée mais connait certaines constellations pour les montrer à Adam. "Elles sont magnifiques." répète t-elle tout en observant son ami. Parce qu'il n'y a pas que les étoiles qui sont magnifiques ce soir. Et Dahlia repense aux mots de Bailey. Est ce qu'Adam serait intéressée? N'en sait rien. Ne sait pas trop. "Adam, je-.." qu'elle commence avant de sourire plus timidement. Comme si elle ne savait pas trop si Adam s'intéresserait à elle de la même manière. Palpitant qui s'accélère alors qu'elle baisse les yeux. Sourire sur ses lèvres. Hausse les épaules puis soupire. Peut être que ce n'est pas pour son coeur à elle, l'amour. Adam mérite mieux. Puis il s'éloigne et Dahlia soupire en glissant une main sur son visage. Fait une moue tout en regardant les étoiles.

Puis, la voix d'Adam revient à ses oreilles et Dahlia revient vers Adam en souriant finement. Peut être parviendront ils à trouver la réponse de cette énigme. Elle, n'a jamais été douée pour cela. Adam, oui. Et encore une fois, elle vient se dire que peut être, elle n'est pas aussi intéressante qu'elle peut le penser. Que le ténébreux l'est beaucoup plus et se demande donc, pourquoi il travaille avec elle. "Oui. Oui, bien sûr. On pourra probablement trouver quelque chose." dit elle en hochant la tête tandis qu'elle avance dans la pénombre. Regarde d'abord le premier rosier puis prend le chemin aux côtés d'Adam. Ne pense pas réellement à l'énigme à cet instant mais plutôt à ce qu'elle est supposée dire. Ne s'est jamais posée la question sur Adam mais a toujours remarqué à quel point leurs créations étaient magnifiques, qu'ils trouvaient l'inspiration l'un à côté de l'autre et que d'un regard, ils savaient ce qu'ils souhaitaient. Adam n'est pas juste son caméraman. Il est bien plus et la princesse sait que c'est plus complexe. "Il y en a un autre ici." dit elle ensuite en regardant un autre rosier avant de relever les yeux sur le chemin devant eux. Prend sa carte avant de froncer légèrement les sourcils. "Je pense que c'est par là. On devrait-.." mais n'a pas le temps de terminer sa phrase que Dahlia glisse dans un cri. Tombe dans un léger ravin qu'elle n'avait pas vu pour finir entre les feuilles et les buissons. Reste silencieuse un instant, le temps de retrouver ses esprits. A trop penser à Adam, voilà qu'elle tombe littéralement pour lui. Rit légèrement malgré sa douleur à la cheville alors qu'elle se redresse. Puis se relève, quelques feuilles dans ses mèches dorées. Regarde autour d'elle tout en utilisant sa lampe torche et aperçoit un autre chemin, ne pouvant être visible de là où se trouvait Adam. Regarde sa carte en penchant la tête. "Adam, je crois que j'ai trouvé un autre chemin qui n'est pas sur la carte et il y a un rosier juste là." dit elle en relevant la tête vers Adam qui se trouve à quelques mètres d'elle. Il peut encore la voir de là où il se trouve mais évidemment, avec l'obscurité de la nuit, la lampe torche est efficace. Lui sourit adorablement, parce qu'elle sait qu'elle avec lui. Qu'il n'est pas juste un coéquipier. Qu'il est bien plus et que son myocarde n'appelle que son nom comme les étoiles appellent la lune. Ne sait pas trop comment le comprendre. Ne sait pas trop comment demander à Adam ce qu'il voulait dire avec ses cheveux blancs tout à l'heure. Ni comment lui dire à quel point elle l'apprécie. Peut être que ce n'est pas le cas pour Adam. Vient alors avancer sur ce chemin plein de feuilles tandis qu'elle l'attend patiemment. Rit délicatement alors que lui tend sa main en souriant adorablement. "Tu es supposé être mon preux chevalier, alors il faut bien que tu sois près de moi n'est ce pas?" Dahlia ne sait pas vraiment comment faire comprendre à Adam que son affection pour lui est certaine, peut être pourra t-elle lui montrer alors que leurs iris semblent se lier un peu plus longtemps qu'à l'accoutumée.

Il décoche un regard sur l’immensité étoilée, méditant la question de Dahlia. Se rappelle à lui l’immémoriale page d’un ouvrage astronomique. « Non. Il faudrait un télescope. » Un sacré ! Rares sont les nébuleuses observables à l’œil nu. Il le déplore, pour ce qu’il aurait eu plaisir à lui indiquer. Le brun s’égare un instant encore, cherchant à repérer quelques constellations estivales. « J’en connais aussi. » qu’il lui répond, sourire aux lèvres. Pas tellement, cela dit. « Là » De son doigt, il rétablit les lignes de la Couronne Boréale. Alphecca est son astre le plus brillant, étoile binaire. Autrement dit, elle est accompagnée. Tout comme eux qui vont souvent par deux. La lumière est changeante, la clairière, ratissée par le grand œil lunaire. Adam s’écarte à l’ombre d’un conifère, soudain voûté de ténèbres. Sous ses ongles, il remarque des croissants de terre. Il époussète ses paumes contre l’épaisse toile de sa veste en jean, inconscient des pensées qui traversent à l’instant l’esprit de son associée. Il les sent pourtant peser sur eux de tout leur poids. Comme s’il pouvait s’agir d’une matière physique des plus tangibles. Il lui semble tout à coup que cette charge de l’invisible s’étend bel et bien entre eux. Les émotions et intentions ont une substance réelle que l’on peut pressentir. Adam en est convaincu. Interloqué, il lève sur elle un œil à demi-soucieux. Survient dans un même temps l’amorce d’une phrase, dont la chute ne sera jamais connue. La demoiselle se ravise, sourire timide aux lèvres. Adam reconnaît cet air résigné. Quelque chose la tracasse. Il a vu assez d’elle pour le savoir. Le rictus, qu’elle contracte, est chez elle le signe d'une remise en question. Dahlia n’est plus tout à fait là, avec lui. Son esprit brasse des pensées qui lui sont inaccessibles.

Il se ressaisit promptement. Ses réflexions ne doivent en aucun cas le distancer. Deux rosiers se détachent de l’obscurité, indiquant une nouvelle piste à suivre. La clairière est abandonnée au profit d’une obscurité sylvestre. Les arbres atteignent des hauteurs telles, que leurs sommets sont indiscernables. Adam se sent tout à fait serein. Son regard s’est accoutumé à l’ombre nocturne, si bien qu’il distingue plus efficacement les reliefs forestiers. Ses mains trouvent parfois  appui contre l’écorce râpeuse d’un résineux, imprégnant sa peau de sève. Quelques aiguilles de sapins parsèment ses boucles brunes. Adam évite soigneusement de songer à son acolyte. Difficile de s’y tenir quand Dahlia semble débuter et terminer la moindre de ses pensées. Dahlia qui attire son attention sur un nouveau rosier. Un chemin sinueux se poursuit devant eux. La jeune femme attrape néanmoins sa carte. Ses propos sont une fois de plus interrompus, alors que son pied ripe et l’entraîne subitement en contrebas. Adam n’a guère le temps d’esquisser un geste pour la rattraper. Sa chute s’achève dans un cri, effrayant probablement la plupart des animaux alentour. Un vaste silence s’ensuit, quelque peu angoissant. Il s'élance en avant, mais... Un rire s’élève du trou où s’est logée la cascadeuse, et son esprit s’apaise. « Ça va ? » lance-t-il, tâchant d’éclairer le ravin à l’aide de sa frontale.  La lampe torche de Dahlia lui révèle son exacte position. La demoiselle repose sur un tas de feuilles, lequel a sans doute amorti sa culbute. Elle ressemble à un épouvantail, les cheveux ainsi recouverts de végétaux desséchés. La jeune femme survole la zone du regard, puis déplie une nouvelle fois sa carte. Carte qui est étonnamment en parfait état. Brille la lueur rougeâtre d'une diode, celle de sa caméra. Dahlia est magistralement sortie du décor, et il se peut que l'appareil ait fortuitement immortalisé la scène. Nouveau chemin, énième rosier… La chose est claire. Tu dois descendre… Le brun ne perd pas de temps, engageant un pied dans cette pente hasardeuse. Il se soutient contre la racine d’un arbre, puis franchit la distance par une nouvelle enjambée. Adam songe à sa caméra, au fait qu’il ne devrait certainement pas s’adonner à de telles acrobaties. Fort heureusement, il montre assez d’agilité pour éviter toute chute, et attrape avec succès la main qui lui est tendue. Preux chevalier. Il grimace un tantinet. Pour tout dire, les romans de cape et d’épée ne l’ont jamais enchanté. Lancelot du Lac ne l'a que peu inspiré. Dahlia a un imaginaire plus édulcoré et romanesque que le sien, particularité qui constitue une part de son charme. Un sourire amusé gagne ses lèvres. « Surtout que tu n’es vraiment pas douée pour veiller sur toi. » constate-t-il, en référence à sa chute. Près d’elle… Comme Alphecca et son compagnon. Deux étoiles qui orbitent autour d’un centre de gravité commun. Une gravité qui semblerait presque l’attirer vers elle. Dahlia le fixe avec insistance. Ses prunelles paraissent porteuses d’un message caché. Sa main tient toujours la sienne. Il tend à le réaliser. Ses pensées semblent s’agiter au rythme de ses tachycardies. La nuit tapisse leurs visages d’ombres dansantes. Du bout des doigts, il choisit de retirer une feuille nichée dans ses cheveux. Cette dernière virevolte un instant, puis se perd dans l’obscurité. Adam libère sa main, s’éloigne de quelques pas, puis contemple le nouveau sentier . « Tout à l’heure, qu’est-ce que tu voulais di...» Sa voix s'estompe dans un souffle. Il s'avance de quelques pas, foulant un tapis d'herbes mortes. Plus bas, au-delà d'une embouchure buissonneuse... « Il y a une bicoque... » Dans un bien triste état, semble-t-il. Il en relève le bardage terni par temps, la toiture enfoncée et percée à jour.

"J'avais un téléscope. Je crois que je l'ai emmené et que je l'ai dans mes affaires. Si tu voulais l'essayer." avait répondu Dahlia en souriant délicatement. Ayant toujours apprécié l'astrologie, Dahlia s'était achetée un téléscope qu'elle avait emmené avec elle. Elle supposait qu'elle ne l'avait pas encore sortit de ses cartons. Connaissant Adam, il devait se connaitre un peu concernant les étoiles et Dahlia aurait apprécié observer les étoiles avec Adam à ses côtés. Il l'observe alors lui montrer la Couronne Boréale, se demandant combien d'étoiles ils pouvaient voir d'ici. La lune était magnifique. Son regard se pose sur le visage d'Adam un instant et la princesse se demande ce qu'il a souhaité dire tout à l'heure. Mais à cet instant, les deux amis étaient comme des aventuriers avec leur carte en main. "C'est magnifique, en effet." avait elle dit, ses iris toujours sur le visage d'Adam. Son myocarde s'accélérant délicatement alors qu'elle finit par s'éloigner. Ne sait pas trop comment demander à Adam ce qu'il souhaitait lui dire ou encore savoir si ses émotions étaient comme les siennes. Plus intéressant de suivre le chemin qu'ils étaient parvenus à trouver. Marchant à ses côtés jusqu'à glisser dans les feuilles, la princesse avait rit, comme bien souvent. Sa cheville était légèrement douloureuse mais elle était heureuse de voir qu'Adam était à ses côtés. Sa question lui fait relever son regard vers le sien, la lumière éclairant son visage. "Oui, ça va. J'ai juste glissé." dit elle d'abord en époussetant la poussière sur son pantalon. Quelques feuilles dans ses mèches et Dahlia se relève et se remet à avancer sur ce chemin qu'elle vient à peine de trouver. La Rose doit apprécier éloigner les touristes ou encore les citoyens de la ville, semblait il. Le bruit des feuilles craquelant sous ses pieds, Dahlia tourne la tête vers Adam, un sourire sur ses lippes rosées. "Ne glisse pas, il y a des racines et des feuilles par ici." sa main dans la sienne émet un léger contact électrique dans la paume de la princesse. Coeur qui se réchauffe alors que leurs regardes se croisent, Dahlia se demande si Adam peut ressentir cette affection et tendresse. Émotions qui se mélangent alors que ses iris croisent celles de son ami. S'est souvent dit qu'elle ne pourrait trouver une symbiose de la sorte dans son art et pourtant, voilà qu'Adam est présent.

Sourire amusé à son tour, elle resserre délicatement sa prise sur sa main et continue à avancer. Seule lumière par celle d'Adam et sa lampe torche, ils s'aventurent sur le chemin. "Parce que je sais que tu le fais déjà." Adam a veillé sur elle au moment où il est devenu son caméraman. Depuis le début, Dahlia le sait, le ténébreux prend soin d'elle à sa façon. Il l'écoute, lui parle. Lui fait comprendre que son art est intéressant lorsqu'elle doute d'elle. La fait sourire, la fait rire à bien des moments. Et alors qu'elle arrête de marcher un instant, la main d'Adam vient faire disparaitre une feuille dans ses mèches. Coeur qui s'affole, ses doigts caressent sa main quelques secondes. La feuille s'éloigne, de même qu'Adam. Le début de sa question lui fait comprendre qu'il a entendu ce qu'elle souhaitait lui dire mais n'y est pas parvenue. Ne sait pas trop comment lui faire comprendre qu'il est un ami vers qui elle souhaite se perdre dans le regard. Dans le chat de son rire et dans la façon dont son souffle glisse dans le creux de ses oreilles lorsqu'Adam observe par dessus son épaule. "Et bien, je-.." commence t-elle avant de le voir s'éloigner à nouveau alors qu'elle vient à le suivre. Les émotions semblent vouloir attendre mais la princesse ne sait pas si elle parviendra à lui faire comprendre que son coeur se réchauffe près du sien. Le suit alors vers la petite maison qui a l'air bien vieille. Fronce les sourcils et reprend sa carte tout en observant les différents chemins qui devraient faire apparaitre cette vieille maison mais rien. "Adam, elle n'est pas sur la carte alors je suppose qu'on doit avoir trouver quelque chose, tu ne penses pas?" demandait Dahlia en s'approchant d'entrer lentement à l'intérieur. Sa lampe torche illumine les pièces de la maison, se demandant bien ce qu'Adam et elle peuvent trouver. "Qu'est ce que tu penses qu'on doit chercher?" demande t-elle tout en ajoutant. "Peut être qu'il y a une rose, quelque part." dit elle ensuite en regardant des feuilles au sol, de légères décorations et de la poussière. "Il me semble que cette un peu ancien." Dahlia soupire tandis que quelques feuilles tombent de ses mèches, sur le sol. "A quoi est ce que cela servait?" souffle t-elle alors qu'elle regarde à nouveau sa carte. La cabane n'est pas sur celle ci, alors Dahlia suppose que la rose souhaitait que le monde autour d'eux ne s'y intéresse pas.

Une étrange atmosphère s’épand entre eux. Pensées entrecoupées, phrases inachevées… Ils butent sur les mots comme on bute sur les pierres. Dahlia garde pour elle quelques non-dit. Elle qui parle toujours sans détour, paraît soudain dans la retenue. Il s’interroge, habitué à une parole libérée.  Par la force des choses, Adam est devenu pour elle une sorte de confident.  La confiance s’est tissée au fil de leurs aventures. Ensemble, ils ont traversé moult péripéties, tournages plus ardus que la présente exploration. Leurs idées conjointes sont souvent aussi sottes que grenues, mais le génie frôle parfois l’absurde. L’improbable duo remporte les suffrages, en témoigne le nombre toujours croissant de leurs abonnés. Des abonnées prêts à les suivre dans cette quête aux mystères, une Rose Lunaire qui le questionne tant et plus. Ce soir, Dahlia devient pourtant sa principale source d’interrogation. Il s’écarte, et sa question meurt sur le bout de sa langue, alors qu’un nouveau détail lui saute au visage. Elle se fond si parfaitement au cœur des bois crépusculaires, qu’il aurait bien pu ne pas la remarquer. Une bâtisse tapie dans l’ombre d’un conifère. Adam alerte son associée, puis se presse en avant. Les mots de Dahlia sont avalés par le fracas de ses pensées.  Pas une trouée de lumière, les arbres font écran. Il descend un sentier à peine frayé, enfoui dans les ronces. Le chemin n’est plus pratiqué. À quand remonte le dernier passage ? Son esprit s’agite en tous sens. Adam envisage tout d’abord une vieille cabane de chasse, sinon le refuge oublié d’un garde forestier. Il reste sur ses gardes, contient tout emballement. Dahlia lui apprend que la bâtisse ne figure pas sur la carte. Elle s’en approche. Adam s’interrompt, scrute la façade vermoulue, la peinture écaillée, les planches gâtées par le temps, les carreaux brisés. « Ça ne ressemble pas un mirador. J’ai d’abord cru à la cabane d’un chasseur ou d’un garde forestier, mais… » La bâtisse paraît trop grande pour ce faire. Il s’agirait plutôt pour lui d’une ancienne habitation. La porte est-elle barrée ? Non. Dahlia pénètre déjà à l’intérieur. Il perçoit les mouvements de sa lampe, par-delà l’embrasure. La végétation a depuis longtemps repris ses droits. Les mauvaises herbes s’infiltrent de toutes parts, traversant presque les lames du perron. Il demeure figé face aux fenêtres qui le dévisagent. D’un geste machinal, il manœuvre sa caméra. Une part de consciencieux lui revient. Adam se doit de filmer. Il s’avance avec lenteur. « C’est clairement abandonné. » Les murs dépouillés réverbèrent sa voix. La charpente tremble sous chacun de leurs pas. Il songe au risque d’effondrement, mais balaie sitôt cette pensée. Que doivent-ils chercher ? « À vrai dire, je ne sais pas. Tout ou rien… » Il pourrait s’agir du plus fortuit des hasards. Cette maison n’a peut-être aucun rapport avec la Rose Lunaire. Prudence et retenue sont de mise. Adam ne veut pas s’emballer. Il avance dans l’écho de ses pas. Le plancher est recouvert de poussière. Les murs sont entoilés d’araignées.  Il relève quelques vieux meubles de bois. Un triste vide les entoure. Son regard s’attarde sur les rideaux rongés par les mites et l’humidité, lesquels pendent comme de vieilles capes en lambeaux. Il pousse une nouvelle porte. Elle grince sur ses gonds, puis vient percuter le mur. La poussière le démange, il réprime un éternuement. « Ça pourrait aussi être un ancien squat ? » hasarde-t-il, forçant sur sa voix pour être entendu. Un sort que connaissent parfois les vieilles demeures. Toutefois, rien n’atteste d’un récent passage. Seuls leurs pas marquent le sol poussiéreux. Des crottes de souris jonchent le plancher inégal. Question hygiène, on repassera. Adam tâche d’éviter les toiles visqueuses émaillées d’insectes morts. Il n’y a rien qui ne puisse vraiment l’impressionner. Des bribes de papier gisent çà et là, sur une vieille commode. Il s’en approche, puis brasse de vieilles coupures de journaux… De préhistoriques éditions du journal local, bien antérieures à sa naissance. « Il y a de vieux journaux ici ! » prévient-il. « Années 80… » De vieux articles portant sur la Rose Lunaire… Il les connaît pour les avoir souvent consultés au sein du Town Museum. Une fois de plus, pas de quoi sauter au plafond… Adam y voit déjà l’œuvre d’un papi un brin obsessionnel… Le genre à découper les journaux pour ses archives personnelles. Le vingtenaire cherche à rationaliser, réfutant tout possible indice. Au cœur de ces vieilles reliques, il relève une photo jaunie et délavée. Le brun reconnaît la façade de la maison. Elle était alors en bien meilleur état. Au tirage, Adam est capable de donner une date approximative. Le demi-format 18-24 est typique de certains appareils des années 70… « Tu trouves quelque chose ? » demande-t-il, fourrant la photo dans son sac. Sait-on jamais, elle pourra toujours s’avérer utile… Il s’apprête à rebrousser chemin pour rejoindre Dahlia, quand un bruit sourd retentit à l’étage. « Dahlia ? » Il s'immobilise un bref instant, puis traverse la pièce à la hâte.

HRP:

La douceur des sentiments est présente. Comme une brise d'été, venant caresser le visage ensoleillé. Le bruit des vagues dans une douce mélodie qui venait se glisser sur le myocarde de la princesse. Habituée à partager ses idées aux côtés d'Adam, leur art est magnifique. Pourtant ce soir, Dahlia ne sait pas trop comment lui exprimer que son palpitant s'adoucit à sa présence. Alors ils continuent à marcher entre la forêt qui les observe puis finissent par entrer dans une cabane. N'est pas présente sur la carte alors ils supposent qu'il s'agit de la Rose. Silence dans cet endroit, surtout en pleine nuit. Bruit des feuillages et léger vent qui souffle à travers les planches de bois. Observe Adam un instant puis cherche de son côté, pousse les portes pour travers les pièces mais ne trouve que des journaux, rien de bien intéressant. Soupire un instant, se demande bien à quoi cela peut bien servir de visiter cette maison. Sa lampe torche illumine le reste de la pièce alors que Dahlia remarque une autre porte. Essaie de l'ouvrir sans y parvenir. Dahlia remarque ensuite un escalier menant à l'étage et décide d'aller voir. Sa lumière illumine le couloir et alors qu'elle s'avance vers une pièce, la princesse entend le même bruit qu'Adam. Reste immobile un instant puis recule d'un pas lentement. Une ombre se fait voir un peu plus loin après que Dahlia ait éteint sa lampe torche. Palpitant qui s'accélère, Dahlia redescend les escaliers aussi délicatement que possible puis se dépêche de trouver Adam. Tourne la tête en arrière pour être certaine qu'elle n'a pas fait de bruit avant de se cogner contre Adam. Le coeur qui s'apaise pendant quelques secondes, la princesse relève ses iris vers lui. "Adam, tu n'as rien?" demande t-elle dans un murmure, sa paume se posant sur sa joue pour s'en assurer. Paume qui disparait alors qu'elle vient la passer dans ses propres cheveux blonds. "J'ai vu quelque chose.. Ou quelqu'un là en haut et je ne sais pas.. Je.." Dahlia secoue la tête. Bien sûr, ils sont habitués à se balader dans la forêt, à chercher des informations pour leur art mais à cet instant, Dahlia se demande qui pourrait bien être à l'étage.

"On devrait y aller." ajoute t-elle car évidemment, elle ne souhaite pas qu'il arrive quelque chose à Adam. Ne savent pas qui est cette personne, ni si elle se trouve avec la Rose ou encore s'il s'agit de quelqu'un de la Rose Lunaire. "Mais j'ai trouvé une porte que je ne parviens pas à ouvrir et de ce que j'ai vu, elle n'a pas l'air si ancienne." ajoute Dahlia, le souffle un peu plus court. Pour l'instant, Adam et elle savaient où se trouvait cette maison, l'ayant noté sur la carte. Mais avec quelqu'un à l'étage, cela était plus compliqué. Repose son attention sur sa carte, essayant de lire à travers l'obscurité. Dahlia n'a que rarement peur dans ce genre d'endroits et souvent, la princesse vient à se jeter dans le précipice. Pour autant, à cet instant, Dahlia comprend qu'elle souhaite partager encore de nombreuses choses avec Adam. Qu'il lui faut probablement un peu de temps pour lui exprimer ce que son myocarde souhaite lui souffler. "On devrait revenir quand il fait jour." Dahlia range sa carte mais les bruits de pas se font un peu plus bruyants et la princesse fronce les sourcils. Retrouve sa détermination et d'un geste, elle attrape la main d'Adam pour l'amener avec elle à travers la pièce. Regardant autour d'elle, Dahlia aperçoit le placard qu'elle avait vu il y a à peine quelques instants et pousse délicatement Adam à l'intérieur avant de le suivre et de fermer la porte derrière eux. L'espace n'est pas très grand et Dahlia se retrouve en face d'Adam. Son visage se relève vers le sien alors qu'elle peut sentir son parfum. Myocarde qui s'affole. Probablement parce que l'obscurité est autour d'eux. Sa main toujours dans la sienne, Dahlia fixe la porte du placard tout en essayant d'entendre du bruit. "Je suis désolée.." soufflait t-elle, à peine audible. Parce qu'elle aurait dû rester avec Adam, parce qu'ils sont une équipe. "On est une équipe et je me suis baladée.." ajoutait t-elle sans finir sa phrase, haussement d'épaules. Parce que Dahlia a l'habitude de suivre Adam mais il semblait que cette soirée était bien complexe. Et sa main se resserre délicatement dans la sienne, légers tremblements alors que ses sourcils sont encore froncés. Parce que si Dahlia sait une chose, c'est qu'elle est assez déterminée pour qu'Adam soit sain et sauf.

HRP:

Chaque mouvement soulève un nouveau nuage de poussière. Adam ménage sa respiration, réprimant un éternuement après l’autre. De sa lampe torche, il balaie les surfaces et regarde, songeur, les fines particules qui dansent dans la lumière. Lui parvient un bruit étouffé.  Ses pas se hâtent en direction de l’escalier. Il a perdu trop de temps à explorer le séjour. Dahlia s’est probablement aventurée à l’étage, renversant un obscur objet sur son passage. Une intuition qui semble se confirmer, lorsqu’elle le heurte de plein fouet, descendant les marches qu’il s’apprêtait à gravir. Un demi-juron lui échappe, tandis que sa vision se stabilise « Ça va. » Il se prépare aux questions déjà trop nombreuses, mais Dahlia lui coupe l’herbe sous le pied, annonçant une découverte. Saisi d’étonnement, le brun la dévisage soudain avec attente. « Quelqu’un ? » répète-t-il d’une voix monocorde. Son regard se pose sur l’escalier. Une profonde obscurité tapisse les marches supérieures. Ravalant sous souffle, il tend l’oreille, mais ne perçoit rien de plus que les constants grincements de la bâtisse. Une rencontre. Adam n’avait pas songé à cette éventualité ou plutôt l’avait-il envisagée comme une sorte de plaisanterie improbable, une menace irréelle. « Tu es sûre ? » demande-t-il, malgré lui. Dans ces ténèbres où tout se confond, elle aura peut-être cru voir ce qui n’était finalement qu’une ombre. Quand le cœur s’emballe, l’esprit apeuré déforme parfois le réel. Nonobstant, Adam n’entend pas remettre sa parole en question. « Quoi ? Non ! » Une vive opposition monte en lui. Il ne veut certainement pas partir, alors qu’il reste tant à voir. Son refus enfle davantage lorsqu’elle lui apprend qu’une mystérieuse porte n’a pu être forcée par ses soins. Adam veut d’ores et déjà savoir ce qui se cache derrière. Il est prêt à braver l’obscurité pour confronter l’inconnu. S’il s’agit d’un membre de la Rose Lunaire, qu’à cela ne tienne. Ce dernier aura peut-être des choses à leur apprendre. La pensée le traverse avec promptitude, et il réalise immédiatement son caractère grotesque et insensé. Il ne peut ainsi se jeter dans la gueule du loup, toute tête brûlée soit-il.

Dahlia s’efface un instant de son univers, emporté qu’il est par ses tergiversations. C’est à peine s’il perçoit le froissement de sa carte. Sa voix le ramène toutefois sur terre. Dans un même temps résonnent les pas d’un tiers. Adam se fige momentanément, cherchant à situer l’exacte position de l’individu qui se déplace au-dessus de leurs têtes. Il n’a pas le temps d’y penser à deux fois. Dahlia se saisit de sa main, l’entraînant dans son sillage. « Qu’est-ce que tu fais ? » Pris par surprise, le vingtenaire se laisse guider jusqu’au placard le plus proche. La porte se referme sur eux, le brun fulminant intérieurement. Il se tient à présent dans un espace exigu, dépourvu de toute lumière. « Je ne veux pas être pessimiste, mais c’est toujours le placard que les tueurs fouillent en premier dans les films. » Trait d’humour noir qu’il ne peut réprimer sur l’instant. Adam l’a hélé plus d’une fois. Qui qu’il soit, cet individu doit parfaitement être conscient de leur présence. « Si on l’entend approcher, je lui jette la porte à la figure et tu coures sans te retourner. » Ce n’est pas comme s’ils avaient d’autres alternatives sous la main. Adam colle son oreille contre la paroi de bois, mais aucun son ne lui parvient. Quelques excuses glissent cependant des lèvres de Dahlia. Adam décoche un regard dans sa direction, discernant difficilement les traits de son visage. « Tu n’as pas à t’excuser. C’était normal de se séparer, ne serait-ce que pour une question d'efficacité. » Ils peuvent ainsi explorer un spectre beaucoup plus large. Un sourire de connivence joue sur ses lèvres. « D’habitude, tu ne te soucies pas de disparaître. » taquine-t-il, histoire de lui arracher un rire. « Désolé d’avoir douté de toi. Tu as raison, on est une équipe. » De toute évidence, ils ne sont pas seuls dans cette maison. Dahlia exerce une légère pression sur sa main, trahissant le malaise qui la domine. Étrangement, Adam n’éprouve aucune peur. Plus que tout, la présence de cet étranger est pour lui source d’interrogation. Une idée parvient néanmoins à le glacer. Dahlia aurait bien pu se trouver nez à nez avec cet inconnu. « Je me demande ce que cette personne fait là. » Rôdeur ? Squatteur ? L’étranger profite peut-être de ce qu’ils se cachent pour effacer d’éventuelles pistes. Son esprit s’emballe et fonde des théories qui n’ont ni queue ni tête. Rien ne leur dit que cette bâtisse est lié d’une quelconque façon à la Rose Lunaire. Derechef, le brun s’adonne à une brève exploration, éclairé par la faible lueur de son téléphone. Quitte à être coincé ici, autant rentabiliser le temps et fouiller le placard. Les minces étagères abritent des forêts de poussière. Ses mains tâtonnent contre les plinthes en bois. Une araignée lui tombe sur la tête, puis descend à toutes pattes le long de son bras. Adam s’époussète vivement. Il n’y a rien entre ces murs, si ce n’est quelques manteaux au tissu flétri par le temps. « On ne peut pas rester là. » Au risque d'être débusqué. Le brun se lève avec précaution, positionné contre la porte. La maison lui paraît trop silencieuse. Les pas se sont depuis longtemps estompés. Est-il parti ? Adam en doute. Sa main se pose sur la vieille poignée bouton, qu'il tourne avec une infinie lenteur. Un filet de lune ricoche sitôt par l'entrebâillement. Il risque alors un coup d’œil. Personne. La voie est libre. Dans l'obscurité, Adam attrape la main de Dahlia. « Il faut qu'on sorte. » Sans attendre de réponse de sa part, McAllister l'entraîne à sa suite, traversant le séjour, puis gagnant l'extérieur.

Aux question d'Adam, Dahlia hoche la tête. Peut être avait elle simplement eu l'impression de voir quelqu'un. Peut être qu'il s'agissait du vent. Néanmoins, elle ne souhaitait pas remonter à l'étage. Et ne souhaitait pas non plus qu'Adam y aille. Lorsqu'il ne souhaitait pas partir, la princesse avait soupiré. Evidemment. Adam préférait s'intéresser à ce qu'ils avaient trouvé. Mais bientôt, la luminosité fut encore moindre avec ce placard autour d'eux. Lui lançant un regard presque agacé, Dahlia avait écouté si le bruit autour d'eux était encore présent et surtout, s'il venait encore d'en haut. "Quoi? Non !" c'était à elle de répliquer tout en fronçant les sourcils. Elle n'allait pas laisser Adam seul. Qu'importe. Elle resterait avec lui, tout simplement parce qu'ils étaient une équipe et Dahlia ne partirait pas sans lui. Elle préférait rester à ses côtés. Qu'importe. Un fin sourire s'affiche sur ses lippes. Evidemment, Adam pense pratique alors que derrière ses mots, Dahlia pensait à autre chose. Quelque chose de plus doux. Quelque chose qui disait à quel point elle tenait à lui. Ses iris se relevant vers lui malgré l'obscurité, Dahlia sait qu'il a raison. D'habitude, c'est elle qui disparait pour chercher, observer. C'est elle qui s'éloigne un peu trop et laisse Adam un peu trop loin jusqu'à l'entendre appeler son prénom pour qu'elle revienne. Le nombre de fois où elle avait eu l'occasion d'entendre Adam râler car il ne la voyait plus, elle ne les comptait plus. Mais elle appréciait toujours de croiser les iris d'Adam alors qu'elle revenait, avec quelque chose ou non. Une douce sensation, comme s'il l'attendrait toujours. Petit rire qui glisse entre ses lèvres alors qu'elle hoche la tête. "Tu as douté de moi?" demande t-elle, curieuse de savoir à quel moment. Le bruit est presque silencieux alors que Dahlia relève la tête vers le plafond du placard. Ne voit rien et n'entend pas grand chose mais peut être qu'attendre était plus logique que de sortir à cet instant. Se pose les mêmes questions qu'Adam. Qui est cette personne et que fait elle ici. La Rose Lunaire est peut être présente mais n'en sait rien. Soupire alors qu'elle aperçoit la lumière du téléphone d'Adam. Dahlia vient à éclairer avec le sien pour lui offrir un peu plus de lumière. "Tu penses qu'on devrait aller à l'étage?" demande t-elle délicatement, ses sourcils froncés en voyant Adam ne pas être si surpris d'être rempli de poussière. Les yeux de la princesse s'intéresse au placard autour d'eux tandis qu'elle voit quelques boites. Rien de très intéressant avant qu'elle n'entende Adam lui dire qu'il vient de trouver quelque chose. Penchant la tête, la luminosité de son téléphone vient montrer ce qu'Adam a dans les mains. "Tu veux sortir?" demandait elle alors qu'elle aurait préféré rester ici un peu plus longtemps. Surtout pour s'assurer qu'ils étaient réellement seuls. Pour autant, elle hoche la tête et l'observe ouvrir la porte.

Myocarde qui s'accélère, Dahlia sent la main d'Adam dans la sienne et en quelques secondes, la princesse le suit à travers la maison. Atteignant l'extérieur de la maison, Dahlia regarde par dessus son épaule avant de dire à Adam. "Adam, regarde.. Il y a une ombre derrière la fenêtre." souffle t-elle en restant près de lui. Peut être n'est ce que le reflet des branches d'arbre ou bien y'a t-il réellement quelqu'un. Repose ensuite ses iris sur son ami avant qu'elle ne commence à avancer à nouveau. "On peut revenir plus tard, quand il fait jour. Qu'est ce que tu en penses?" demande t-elle ensuite. Peut être auraient ils plus de chance de trouver des informations en pleine journée. Déjà, la luminosité serait présente. Mais Dahlia savait que si Adam souhaitait attendre ici, jusqu'à trouver quelque chose, la princesse resterait à ses côtés. Ses pas ralentissant un fois un peu plus loin dans la forêt, Dahlia soupirait. Prenant son carnet, ses doigts viennent à écrire quelques notes. Bien que l'obscurité ne lui plaisait pas, Dahlia avait un léger sourire aux lèvres. Elle était toujours ravie de pouvoir s'aventurer, trouver des informations avec Adam. "Bon. Est ce qu'on attend ici ou est ce qu'on retourne à la voiture?" demande t-elle ensuite en rangeant le carnet dans son sac, quelques feuilles dans ses cheveux dorés tandis qu'elle regarde autour d'elle. Ses douces iris se reposant sur Adam, Dahlia repense à leur proximité dans ce placard. Bien qu'Adam soit probablement loin d'avoir remarqué quelque chose, les pommettes de la princesse avaient légèrement rougies. Et encore à cet instant. C'était amusant dans un sens car Dahlia supposait qu'Adam ne remarquait pas tout cela. Riant délicatement, elle secoue la tête. Leurs aventures la faisaient rire, c'était certain.

S’il s’était trouvé seul, Adam aurait probablement couru au-devant du danger.  La présence de Dahlia tend à le raisonner.  Dans cet espace confiné, il a tout le temps d’y songer. L’adrénaline retombe, et les pensées se déversent en vrac. Adam se sent irréfléchi. Il connaît assez Dahlia pour savoir qu’elle n’hésiterait pas à le suivre. Il ne peut céder à l’impulsion, et l’entraîner dans de telles traverses. Elle refuserait de partir seule. Un subtil sourire plisse le coin de ses lèvres, prompte qu’elle est à s’élever contre son idée, confirmant par là même sa pensée.  La réciproque est vraie. Il ne pourrait tourner les talons, la laisser derrière lui. Autrefois, Adam se moquait des risques encourus. Ses folies n’impliquaient que lui. Il vient à réaliser que les choses ont changé. La penderie offre un confort spartiate. Remontent quelques souvenirs juvéniles. L’enfant se terrait souvent dans les armoires et les placards, pour échapper à l’aigreur d’une mère, ses rencontres d’un soir, projeter quelque aventure fictive sous des yeux clos. Les espaces étriqués le rassuraient. Il repoussait les murs par la force de son imagination. Adam venait parfois à souhaiter qu’on pût oublier jusqu’à son existence. Il espérait peut-être que le fond de l’armoire cèderait pour révéler un Narnia des plus réelles. Derrière ce bois grossier, les sons lui parviennent de façon déformée. Les pas résonnent sur le plancher, les portes claquent dans un écho funèbre. La nuit lui paraît soudain suffocante « Pendant une petite seconde. » confesse-t-il, peu fier. Oui, il a douté d’une présence. Ce tiers indésirable qui piétine les lames inégales du plancher, ravivant sur l’instant ses peurs d’enfant. « Je n’aime pas savoir qu’une autre personne est ici. » Pour s’occuper l’esprit, Adam entreprend de sonder le placard, sans grand succès. « Non. Imagine qu’on le croise. » Leur exploration devra attendre. Dahlia avait raison. La lumière du jour semble préférable. Ils reviendront sous un soleil de plomb. Alors, le rôdeur aura déserté la bâtisse et ils pourront visiter sans ambages. Pour l’heure, la sécurité de son acolyte s’impose comme une priorité.  L’étroitesse du placard le porte à l’étouffement. Il lui faut sortir. « Je ne compte pas attendre qu’il vienne nous cueillir. » Dahlia préférerait sans doute se cacher plus longtemps, mais Adam ne lui laisse guère le choix, l’entraînant à sa suite.

C’est au pas de course qu’il gagne l’extérieur, dans une obscurité fuligineuse qui paraît l’avaler. Le vent nocturne souffle lugubrement entre les arbres. Quelques pâles étoiles scintillent dans le ciel grisâtre. L’aube approche. À la lisière du bois, naissent des formes indéterminés que son imagination serait prompte à interpréter. Il trébuche, se rattrape contre une vieille palissade de bois, entendant l’avertissement de Dahlia. L’ombre gagne son champ de vision. Dans un réflexe, Adam presse le déclencheur de son appareil photo. Le flash rase la bâtisse, capturant – il l’espère – le visage de l’inconnu. Le temps semble ralentir dans une pesanteur proche d’un Matrix, avant de reprendre sa course effrénée. « Ce serait plus sûr. » qu’il lance par-dessus son épaule. Ils tombent enfin d’accord sur ce point : il est préférable de partir. Adam jette de la distance. La forêt se resserre, et son pas ralentit. Dahlia consigne ses observations, tandis qu’il reprend son souffle. L’élan le surprend, après une telle cavalcade. Le consciencieux de sa collègue l’amuse, mais il se garde de toute remarque.  La normalité qui se dégage de ce geste a quelque chose de rassurant. Adam sourit par mimétisme, pris d’une franche envie de rire. Cette soirée, dans son absurde globalité, le porte à cette rupture hilare. Tu parles d’un ascenseur émotionnel…  Nonobstant, il reste à l’affût du moindre craquement. L’esprit n’est pas apaisé. Adam vient de s’assurer quelques durables cauchemars. « On rentre. » De sa main, il retire les feuilles piégées dans la chevelure de son acolyte. La brume pré-matinale dissout leur environnement, il est temps de partir. Mais alors que la tension rompt, ressurgissent quelques questions. Le non-dit de Dahlia se rappelle à son souvenir. Il entrouvre ses lèvres, puis se ravise. Une autre fois, peut-être. Et pour quelles aventures ?