Le mois de juillet touchait déjà à sa fin. À croire que je perdais toute notion du temps ! Il faut dire que la reprise au Point, la soirée pour fêter mes résultats glorieux et d’autres événements m’avait bien occupé tandis que le tourisme battait son plein à Redwood. Rien de tel que l’été pour métamorphoser cette commune paumée en destination à la mode ! Bref, je venais de me réveiller d’une longue nuit de sommeil lorsque je découvris un message m’invitant à un pique-nique en compagnie de Peter. Eh ben ! Celui-ci avait retenu mon jour de congé ou le hasard faisait bien les choses. Après avoir répondu positivement à son invitation, je m’étais empressé de nous préparer un dessert simple mais frais (soit une tarte aux pommes) puis avais filé sous la douche. Un débardeur mauve sur le dos et un short beige pour un minimum de pudeur, je partis jusqu’au lieu de rendez-vous sans oublier d’emmener le Golden avec moi. Opportunité parfaite pour le laisser se dégourdir les pattes ! Dès que nous arrivâmes sur place, la remarque de mon interlocuteur me fit pouffer. Castiel était incroyable. M’offrir un véhicule pareil par pure bonté d’âme… J’avais conscience qu’il roulait sur l’or et que ce qui constituerait un gouffre financier pour moi était à peine perceptible pour lui mais je n'avais pu me retenir de l’engueuler en découvrant mon cadeau. Peine perdue. J’usais inutilement de ma salive à chaque fois que je lui rappelais qu’il n’était pas forcé de m’acheter quoique ce soit afin de préserver notre amitié. Il faisait toujours la sourde oreille et dépensait à tout-va. Une bataille impossible à remporter en somme !

- C’est pour mieux séduire les touristes, répondis-je en adoptant un faux air de Don Juan.

À peine avais-je verrouillé la Lexus que Moana se précipitait déjà sur le fils Black pour le saluer sans manquer, bien sûr, de venir embêter son partenaire canin de jeu préféré. Dommage qu’il fût toujours aussi complexe de motiver le carlin ! Sacrée pair ! Je ne leur prêtais pas intention davantage puisque je dus tendre l’oreille vers les propos du tatoueur qui rappelait les espoirs désespérés de sa mère. Elle ne lâcherait jamais le morceau c’était sûr !

- Parce que le menu chips et charcuterie ne te paraît pas romantique ?

Je ris puis lui fis la bise en guise de bonjour. Heureusement que nous avions de quoi boire car un tel repas risquait de nous assoiffer (en particulier avec cette température frôlant l’indécence) ! Je déposai au sol mon sac contenant le dessert puis commençai à dresser notre « camp » alors que le brun mentionnait un « énorme service » à me demander. Suspicieux tout ça ! Je le fixai en fronçant les sourcils de manière exagérée avant d’opter pour l’angle de la Drama Queen que j’aimais tant.

- Et moi qui pensais que je t’avais manqué… Tu me blesses.

La nappe installée, je m’assis en tailleur tout en aidant le musicien à y répartir la nourriture. Un coup d’œil vers la rivière où mon gosse s’amusait déjà me donna une folle envie de le rejoindre. Plus tard, peut-être. Toutefois, je ne pouvais pas taire cette éventualité plus longtemps.

- Quand on aura terminé et que tu m’auras révélé que tu es un super-héros ayant besoin d’un coup de main, ça te dira de piquer une tête ? On crève de chaud ces derniers jours bon sang.

Je grimaçai avec amusement en guise de réponse quant à l’attraction qu’exerçait mon nouveau bolide sur les touristes. Pour l’instant, je ne pouvais pas prétendre avoir enchaîné ! Je mettais pourtant promis de m’ancrer dans le présent davantage et de saisir les opportunités suite à notre rupture mais force était de constater que j’étais foutu. Incapable d’installer une application qui me permettrait de m’amuser un peu par exemple. À croire que j’étais un romantique bien trop maladif pour me contenter d’un passage express sous des draps d’inconnus. À l’heure actuelle, la question ne se posait pas de toute manière. Je ne me trouvais ni en présence d’un étranger, ni susceptible de glisser dénudé sur mon interlocuteur. En théorie du moins puisque celui-ci me proposa un bisou. Ok, cela était prononcé sur un ton humoristique donc je n’avais rien à en attendre ! Cependant, je vis-là l’opportunité idéale pour le taquiner.

- T’as intérêt à t’appliquer. Ta sincérité sera mesurée à l’application que tu mets à l’ouvrage !

J’aimais parler comme un petit vieux parfois. Je ris avant de m’« attrister » en apprenant la terrible vérité : Peter n’était pas un super-héros. Qui l’aurait cru ? Lui qui était si mystérieux, si baraqué et discret ! Oui, en plus d’être parfois chiant, je maîtrisais aussi l’art de l’ironie à la perfection. Ce fut néanmoins avec attention que je bus ses paroles suivantes qui se révélaient être d’un tout autre registre. Adieu la légèreté chaleureuse pour l’angoisse dramatique ! Je supposais que son voyage se justifiait par le succès de sa demo mais il était complexe de s’égosiller de joie pour lui lorsque le service demandé se révélait aussi capital. Seulement suggéré, je compris que mon rôle serait de m’assurer qu’aucune tentative ne soit commise de la part de ses parents en son absence. En particulier si la Rose se réveillait pile durant ce laps de temps. Comment le timing pourrait être si mauvais après avoir été épargnés pendant près de quarante ans ? Néanmoins, je devais accepter ne serait-ce que pour lui tranquilliser l’esprit. Qu’une telle mission me soit confiée en disait plus que n’importe quels mots sur ses sentiments (même platoniques) à mon égard.

- Bien sûr que tu peux compter sur moi. Vous êtes comme ma seconde famille ! lui rappelai-je en posant ma main sur son épaule. Je les surveillerai. Tu peux dormir tranquille.

Mots destinés à le rassurer puisque je ne possédais pas le don de clairvoyance. Comment pourrais-je savoir si la secte comptait s’en prendre à eux ? J’avais beau avoir été mis dans la confidence depuis maintenant une éternité, que le tatoueur soit toujours forcé de sacrifier sa tranquillité d’esprit dès qu’il s’éloignait me brisait le cœur. Par précaution, j’ajoutai malgré tout :

- Est-ce que tu as des raisons d’être particulièrement sur tes gardes ? Il s’est passé quelque-chose ?

Le sujet ne put pas être longuement approfondi car le carlin se précipita comme un goinfre sur une partie de notre déjeuner. Celui-ci s’était déjà lâché sur plusieurs tranches de charcuterie avant que l’un de nous n’ait le temps de réagir. Un vrai désastre ! Partagé entre fou rire et pseudo panique, j’assistai à ce massacre ingérable tandis que son maître tentait désespérément de reprendre le contrôle sur la situation. J’ordonnai à Moana de ne pas pouvoir afin de ne pas en rajouter une couche puis attendis que la situation se calme.

- Au pire on mangera de l’herbe…, conclus-je tout en déterminant l’étendue des dégâts visuellement.

Ce chien était si imprévisible ! À tel point que je mettais déjà interrogé sur la quantité de neurones fonctionnels dans sa mini-caboche. Il avait au moins eu l’avantage de nous distraire après une discussion compliquée. Merci !

- Tu l’emmènes avec toi à New York ? Il pourrait t’aider à manger gratuitement.

Pete : voleur de nourriture hautement recherché par les forces de l’Ordre ! J’en poufferai presque en l’imaginant chaparder une tonne de produits alimentaires. Tout en tentant de remettre de l’ordre sur notre nappe, je repris.

- D’ailleurs c’est quoi cette histoire ? Tu rencontres une maison de disque ? cherchai-je à approfondir avec une lueur d’excitation dans le regard.

Nous avions dépassé la période où la romance était omniprésente. En guise de preuve, Peter choisit de tourner une excuse parfaite pour un baiser en farce totalement décalée. Je me retrouvais ainsi avec une joue baveuse suite à un lèchement rappelant les témoignages d’affection de Moana. Je lui claquai la cuisse tout en m’essuyant avec mon bras gauche, lâchant quelques injures à prendre au second degré. Nous chamailler de la sorte n’avait rien d’inhabituel ! Plus rien ne nous touchait en plein cœur. Tristement, cette ambiance très décontractée s’assombrit lorsqu’une mission me fut confiée : celle de protéger ses parents lors de son absence pour la Grosse Pomme. Je ne parvins pas à obtenir des renseignements supplémentaires. Son silence fit toutefois office de réponse claire : quelque chose était arrivé mais il ne trouvait pas encore la force de m’en parler. À moins qu’il crût me protéger en se taisant ? Je ne me risquai pas à le forcer à la confession. À quoi bon ? Ce n’était pas ma place et cela devait venir de lui. Inutile de le brusquer. Probablement me fournissait-il un indice en mentionnant deux individus dénommés John et Daisy mais rien ne tilta dans ma caboche. Je me contentai donc de hocher la tête de droit à gauche, désolé de n’être d’aucune utilité. Le fils Black semblait parler davantage à lui-même de toute manière tandis qu’il se persuadait de l’utilité de jouer au détective ! Dans quoi allait-il encore se fourrer ?

- Nous ne sommes pas originaires d’ici. Je ne connais pas grand-chose des habitants d’avant, avouais-je tout en ayant conscience que notre différence d’âge n’aidait pas non plus. Pourquoi tu les recherches ?

Car oui, sans vouloir forcer, je tenais tout de même à comprendre d’où sortaient ces deux prénoms. Pour quelle raison les connaitrai-je ? Je m’étais toujours montré réfractaire aux rumeurs à propos de la secte, y prêtant seulement attention lorsque le sujet tombait sur le tapis via quelqu’un d’autre que moi. Sûrement aurais-je dû m’y intéresser depuis longtemps mais, dès que je comptais m’y atteler, un événement dans ma vie me distrayait. Comme avec Pete ! En effet, alors que je commençais à activer mes méninges, ce dernier se précipita sur la charcuterie qu’il dévora avec voracité. Avant-même que nous ayons eu le temps de réagir, une bonne partie de la nourriture était déjà avalée. Comment pouvait-il tant se goinfrer sans être malade ? Heureusement, son maître réussit à l’interrompre rapidement, diminuant les dégâts. En comparaison, mon Golden était bien sage à contempler la scène avec curiosité, la tête légèrement inclinée de consternation. Mais puisqu’une mauvaise nouvelle est parfois suivie par une excellente…

- Un concert ? T’es sérieux ? m’exclamai-je avec un grand sourire. Et tu as attendu tout ce temps pour me le dire ? Je ne peux même pas venir t’applaudir ni quoique ce soit !

Nous sommes d’accords que cela constitue une véritable trahison, pas vrai ? « Will. » Encore un prénom qui ne me disait rien ! Décidément, j’étais sur le banc de touche depuis un moment le concernant… Comment pouvais-je louper tant d’événements ? Paris avait peut-être causé plus de dommages que perçu en premier coup d’œil.

- Ce type c’est ton manager ? Le concert va durer combien de temps ? Ce sera où ? J’ai trop de questions, je veux tout savoir !

J’étais vraiment très heureux pour lui qui en avait tant bavé pour arriver jusqu’ici. Bien sûr, le coup de pouce de Castiel avait grandement aidé mais cela ne retirait rien au talent de mon interlocuteur dont les mélodies et autres créations m’avaient toujours épaté. Nos passages ensemble derrière le piano étaient toujours magiques grâce à son talent, à cette manière que nous avions de nous pousser mutuellement à ne rien relâcher et à progresser.

- Est-ce que ça veut dire que tu vas faire carrière dans la musique maintenant ?

La perspective de le voir quitter Redwood me brisait le cœur plus que j’osai l’afficher. Malgré tout, je doutais que cela se produise à cause des affaires non-résolues avec la Rose…

Après ce court chapitre autour de la Rose, je ne pus lui promettre qu’une chose : l’informer de la moindre découverte potentielle concernant le couple précédemment cité. Pourquoi tomberais-je par hasard là-dessus ? Aucune idée. Les chances étaient minces – pour ne pas dire inexistantes. Aussi dévoué étais-je, je ne comptais pas me prendre pour Sherlock Holmes en menant ma petite enquête qui ne pourrait que m’attirer des ennuis. Des gros ennuis par-dessus le marché. Il ne manquerait plus que je me mêle aux affaires de cette secte ! Allez savoir quelles en seraient les conséquences ! Je tenais à assurer la sécurité de mes proches plus que de fouiner un passé obscur dont je ne tirerai probablement rien. De toute manière, nous fûmes interrompus par le carlin qui avait bien plus en commun avec un estomac sur pattes qu’un chien, faisant ensuite dériver la conversation sur un événement que mon interlocuteur m’avait caché jusque-là : un concert dont il serait l’artiste ! J’étais vert de ne pas avoir été tenu au courant plus rapidement puisqu’il me serait impossible de me libérer afin de me joindre aux spectateurs. À moins que le hasard ferait que la date tomberait lors d’un de mes jours de repos ? Il me faudrait vérifier mon planning à la maison. Je pourrais toujours embarquer ses parents pour lui faire une belle surprise !

Je l’écoutai me présenter la représentation. S’il tentait désespérément de paraître sobre et de contenir son excitation, j’étais persuadé qu’un feu d’artifice grondait bruyamment en lui. Le nom de Castiel ne tarda pas à « poper » dans la conversation – mais comment s’en étonner ? – et j’en appris davantage sur ce fameux « Will ». À entendre le fils Black, les étoiles s’alignaient enfin pour lui et sa carrière musicale. Ma joie à son égard serait si intense dans le cas où il parvenait à se faire en nom sur la scène ! Un univers si éloigné de la campagne redwoodienne. Bien sûr, cela ne se ferait pas sans conditions de la part de Peter qui me les cita, sans grande surprise. Sachant pertinemment que le brun refusait de s’éloigner de ses parents bien longtemps, cela rendait amenuisait la perspective d’une tournée mondiale ou même s’attardant à travers les États d’Amérique. Sa famille conservait la priorité et je ne pouvais l’en blâmer vu la nature de ses craintes. Je m’arrêtai d’abord sur un point après avoir avalé une bouché de mon sandwich.

- Il faudrait être un imbécile pour te demander de changer quoique ce soit. Tes titres sont parfaits tels qu’ils sont et puis… Tu es tellement pointilleux et exigeant sur ton propre taf que tu n’as pas besoin qu’on te force la main à corriger quoique ce soit. Tu le fais toi-même.

Et qui d’autre que moi étais mieux placer pour juger de son talent ? Aucune autre personne – aussi loin que je sache du moins – n’avait eu le privilège de jouer autant d’un instrument en sa compagnie. J’avais même eu la chance d’entendre ses morceaux, d’assister à la composition de certains et même de proposer quelques mélodies qu’il avait arrangé à sa sauce pour mon plus grand bonheur. Dans une autre vie, nous aurions formé un excellent groupe. J’en étais certain. Toutefois, au sein de cette réalité, les fourneaux l’avaient emporté sur le monde du spectacle. À croire que nous étions destinés à nous frôler sans jamais réellement nous atteindre lui et moi et ce, aussi bien professionnellement que dans la vie privée.

- Puis en soi, tu touches déjà à pas mal de sonorités.

Je détestais ces labels qui forçaient leurs artistes à prendre une direction qu’ils ne désiraient pas. Cela constituait l’une des pires entraves à la création. Comment être épanouis et motivé si nous ne sommes pas en mesure d’exprimer ce que nous désirons ? Le bon point était que l’artiste en herbe paraissait très déterminé à ne pas se laisser marcher sur les pieds et débordait déjà d’idées, de l’écriture à la mise en scène ! Ce type était fait pour se trouver derrière un micro. Aucun doute. C’était son élément.

- Tu as pensé à inviter Aspen ? Son réseau est devenu immense, elle pourrait te faire une sacrée promo.

S’il comptait marquer les esprits, quoi de mieux qu’une influenceuse de renom pour diffuser son talent à travers les réseaux ? De la sorte, son répertoire ne s’inscrirait pas uniquement chez les observateurs directs. Oui, je voulais qu’il réussisse. Peter méritait d’être bien dans sa peau après quarante années à réprimer ses désirs.

- Tu as l’air pleinement investi. Je suis sûr – non, je sais – que tu vas faire un tabac ! Ils vont t’adorer. Et puis, on ne peut que fondre devant une bouille pareille, ajoutai-je en venant lui pincer la joue entre mon index et mon pouce droits. Tu vas chanter l’une de nos chansons ?

Bon, aucune n’était vraiment « ma » chanson même à moitié mais… Il comprendrait ce que je voulais dire. Il avait tant de titres dans son répertoire pourtant méconnu du public que ses choix de setlist m’intriguait énormément. Et dire que je ne serais sûrement pas aux premières loges pour y assister… En dépit des ombres projetées par les arbres, la chaleur paraissait s’intensifier. Faire du surplace n’était pas à capturer l’air.

- Et pourquoi tu ne répéterais pas un peu le chant en faisant trempette ? Au moins, ça me donnera un aperçu de ce que je vais louper !

Il était clair que, pour avoir entendu les morceaux de Peter, on pouvait aisément qualifier ces derniers d’extrêmement variés dans leurs sonorités. Si ce point était un atout à mon sens, la corvée d’organiser le tout pour en faire une setlist aussi agréable que cohérente n’en serait que plus ardue. Bon courage ! En tous les cas, j’espérais que quelqu’un aurait l’idée de filmer la représentation afin que j’y assiste même à distance et en décalé. Louper ses débuts sur scène me rendait barge !

- Tu as raison. Tu dois rester authentique et continuer de faire ce qu’il te plaît. Les maisons de disque qui te le refusent ne sont pas celles avec qui tu devras bosser, lui assurai-je, confiant qu’il en trouverait au moins une qui serait prête à le soutenir selon ses conditions. Pour toi, c’est avant tout une passion plus qu’un moyen de faire fortune. Tu n’as donc rien à perdre en faisant un doigt à celles ne jurant que par le succès commercial.

Et puis qui sait ? Rien n’indiquait avec certitude que sortir du moule l’empêcherait de se construire une fanbase fidèle et conséquente ! Vraiment : il ne devait pas lâcher le morceau face aux propositions de signatures. Ne pas laisser le pouvoir à ces types en costumes ne pensant qu’aux dollars. D’ailleurs, si j’avais autre chose à lui conseiller, c’était bien de garder la propriété sur les masters de ses chansons à la Taylor Swift ! Dingue comme les questions de droits pouvaient être à s’en arracher chaque cheveu de la tête ! Bref, par la suite, j’en arrivai à mentionner Aspen pour ses talents d’influenceuse. Si le fils Black ne comptait pas s’allier avec celle-ci dans les temps à venir, l’idée ne lui déplaisait pas et ses arguments étaient on ne peut plus justes. L’artiste ne jouait pas uniquement sa propre réputation mais également la sienne s’il lui demandait de lui offrir son soutien. Autant dire que le vent pouvait rapidement tourner tant que l’avenir était autant incertain.

- Et c’est tout à fait en ton honneur. Je n’avais pas vu les choses de cette manière… Mais je comprends que tu as déjà pensé à tout ! Tu impressionnerais n’importe qui rien qu’à la force de tes neurones !

Je ris puis nous en vînmes à discuter de ses intentions au sujet de son show entre deux bouchés de bonne bouffe. Mes lèvres s’étirèrent légèrement lorsqu’il confia que les titres que nous avions bossés ensemble possédaient une aura « rassurante ». N’était-ce pas adorable ? J’aimais beaucoup l’idée que, même là-bas, une partie infime de son cerveau penserait à moi et le ferait se sentir mieux pour ça. Nous formions une bonne équipe, qu’on le veuille ou non. Je m’apprêtais à le remercier lorsqu’une information me coupa net dans mon élan. Obligé de réviser mes paroles !

- Pardon ? Castiel a chanté ?

Ce détail me fit pouffer de rire. Pas que je doutais de ses talents en la matière (je ne l’avais jamais entendu ne serait-ce que fredonner le moindre air) mais cette vision possédait un je-ne-sais-quoi d’humoristique. Qu’est-ce que j’aurais aimé assister à ça ! Bordel, je commençais à croire que je loupais bien plus de choses que je ne le pensais dans la vie de mes proches. Étais-je devenu trop obnubilé par ma carrière ?

- Je te promets que tu auras une petite vidéo adorable de Moana et moi avant de monter sur scène. Tu ne pourras qu’être sur ton petit nuage après ça ! lançai-je avec complicité.

Mon invitation à se rafraîchir dans le lac voisin fut accueilli avec enthousiasme même si la menace d’être noyé me fit adopter une tronche outrée. À croire que j’avais à faire à la pire des trahisons. Toutefois, plutôt que de me plaindre, je choisis la riposte.

- Si tu fais ça, je te pique ton maillot et le reste de tes affaires. Bon courage pour rentrer chez toi !

Comment ça j’étais machiavélique ? J’en étais tout à fait capable voyons et cela devrait suffire à lui rabattre le caquet ! Nul doute que Peter hésiterait à prendre le risque qu’une telle prophétie se réalise. Je ris à nouveau, terminai mon repas puis fouillai dans mon sac à dos à la recherche de mon maillot de bain. Je détestais le porter inutilement (et sans savoir s’il serait utile ou non) ! L’habit trouvé, je me levai puis lui jetai un regard méfiant.

- Ferme les yeux. Je sais que je suis canon mais ce serait dommage de finir aveuglé par tant de beauté juste avant de faire tes débuts.

Je me changeai là (en réalité bien indifférent à s’il regardait ou non), me débarrassai de mon haut puis sprintai jusqu’à l’eau dans laquelle je sautai tout en encourageant le Golden à en faire de même. Bon sang ! Qu’est-ce que c’était agréable de se débarrasser de la chaleur estivale même temporairement ! Une fois que mon ami m’eut rejoint, je lâchai :

- N’empêche, si tu perces dans le milieu, tu vas peut-être te marier avec genre… Ricky Martin ! Ce serait dingue !

Les chances étaient minces mais pourquoi pas ? Les deux étaient gays après tout. Quoique l’un était peut-être déjà en couple ?