Bien sûr que je m’emballais et ce peut-être un peu trop vite ! Toutefois, j’avais déjà été témoin de son talent. Peter n’avait plus besoin de faire ses preuves en ce qui me concernait puisque j’étais toujours aussi abasourdi de son inventivité qu’au premier jour. Ce mec était une machine à écrire et composer ! Sans parler de sa voix si douce à l’oreille. Fut un temps, j’avais rompu nos promesses en m’imaginant l’entendre de façon disons… « permanente ». Comme tout le monde le sait : cela n’avait rien donné de bon. Aujourd’hui, je me contentais de nos petits moments irréguliers en tête à tête, bien plus sages qu’à cette même époque. Même ma mère demandait encore de ses nouvelles même si elle avait enfin renoncé à en apprendre davantage sur ce qui s’était passé entre nous (nul doute qu’il devait en être de même avec Martha). Finalement, peu d’individus avaient été mis dans la confidence en dehors de Castiel et d’Eliot de mon côté.

Bref, mon rire redoubla en apprenant que le millionnaire quasiment toujours tiré à quatre épingles se révélait être une véritable casserole dès qu’il s’agissait de pousser la chansonnette. Au moins, nous avions un point commun lui et moi ! Cependant, n’étant pas au courant de cette donnée, il aurait prochainement le droit à quelques moqueries bien placées. Il fallait bien le chambrer ! Ça l’empêchait de s’ennuyer. La vie bourgeoise avec ses réunions à n’en plus finir peut être si chiante…

- Comme quoi : même l’Homme le plus parfait ne peut l’être totalement ! répliquai-je en rebondissement sur le culte que lui vouait mon interlocuteur. On devrait le traîner au karaoké un de ces quatre.

Seulement une fois que je me serai déjà payé sa tête bien sûr. Sinon, ce serait me jeter une balle dans le pied en loupant une magnifique opportunité ! Pour l’heure, nous nous concentrions sur ses débuts sur scène. Je lui promis alors de le gratifier d’une vidéo sympathique en compagnie de Moana dans l’espoir de lui fournir une bonne dose de courage. Dieu sait qu’il lui en faudrait ! Oui, j’étais toujours terrifié par la scène même si mon anxiété fondait une fois lancé.

- Petit conseil : on dit toujours d’imaginer son public nu - mais fait-le uniquement pour les BG histoire de ne pas grimacer sur les photos.

Je pouffai puis me préparai à me changer afin de me glisser dans l’eau dans une tenue appropriée. Notre échange se révéla évidemment digne de nos discussions habituelles et je ne pus taire un « comeback » suite à sa riposte.

- Mais je ne tiens pas à nourrir ton addiction maintenant que tu es sobre.

Je parlais bien sûr de nos ébats multiples. Puis, je filai me rafraîchir. Et ce fut le cas de le dire puisque mon acolyte ne manqua pas de se plaindre de la température à la seconde où il m’eut rejoint. Je laissai échapper un « Chochotte ! » impossible à louper puis pris une mine indignée après son refus d’épouser Ricky Martin. Quant à son mariage à ses parents…

- Peter, nous ne sommes pas au Texas, dis-je en m’inspirant d’une réplique du Magicien d’Oz. Je doute que ce genre de choses soit autorisé ici.

Ne s’agissait-il pas d’un des pires États du pays ? Bien sûr, j’avais conscience qu’il ne parlait pas de l’union sacrée mais un peu de légèreté ne faisait jamais de mal ! Je passai mon bras autour de ses épaules puis pris un temps pour me peindre le tableau.

- Toi, Ricky Martin… Je suis sûr qu’il est riche. En plus, il est vraiment bien conservé pour son âge ! Je devrais le suggérer à ta mère tient…

Ma mine pensive était fausse, exagérée. Je voulais juste le taquiner comme à mon habitude car je savais que, si l’idée montait au cerveau de sa génitrice, il en entendrait parler pendant deux ans minimum. Il était si simple de le « torturer » !

- Il faudrait que je me renseigne sur toutes les célébrités gay. Je suis sûr qu’elle pourrait négocier avec Cas’ pour que tu les rencontres tous. Elle pourrait même leur faire passer une audition ou je ne sais quoi.

Ainsi, je dépeignai son pire cauchemar (non-lié à la Rose du moins) ! Si après ça il n’essayait pas de me couler afin de réduire la menace à néant…

- Mais, plus sérieusement, c’est dingue de s’imaginer que d’ici un an ta vie aura peut-être complètement changée. Tu auras peut-être un loft à New York en plus de vivre à la ferme. Ou même à Hollywood ! Pourquoi se priver quand on peut ?

Le connaissant : il pourrait avoir un compte bancaire aussi fourni que celui de DeWitt, il continuerait de porter ses vieux kimonos. Sa simplicité était l’un de ses traits que j’aimais le plus depuis notre rencontre. Il était si… authentique !

- Puis on pourrait se défouler sur les décos de Halloween !

Il est clair que Castiel ne pouvait être aussi parfait qu’il le laissait paraître. Personne ne l’était. Encore moins un millionnaire aux pratiques parfois un peu douteuses. Ne m’avait-il pas menti pendant quelques temps à notre rencontre en se laissant passer pour quelqu’un d’autre ? Je ne l’oublierai jamais mais comptais malgré tout sur lui pour qu’il ne me joue plus jamais un tel tour. Ainsi, j’espérais que ma confiance en lui était bien placée. Mais loin de le concerner, mes tentatives de « caser » mon interlocuteur échouaient platement. Il faut dire que Peter n’avait jamais été un très grand adepte du second degré et prenait tout pour argent comptant. Bien sûr que je ne comptais pas le faire se marier avec Ricky Martin ou Dieu sait qui ! Cette simple pensée était plus ridicule qu’autre chose. Toutefois, je fus distrait par sa réplique suivante qui rappelait ce que nous avions partagé autrefois. Non, je n’étais pas riche il y a deux ans et ne le serais sûrement jamais. Cela faisait juste toujours bizarre de l’entendre mentionner notre relation passée tant il préférait l’éviter en général. J’esquissai un sourire sur ma trogne puis lâchai :

- Riche en conneries ça compte ?

Je ris avant de dévier la conversation vers l’inclination naturelle de sa mère à farfouiller la planète entière à la recherche du gendre idéal. C’est que Martha était prête à tout au plus grand dam de son gosse ! Et le chanteur pouvait difficilement compter sur moi pour promettre de ne pas lui insuffler cette idée ! Ainsi, je haussai les épaules dans un rictus diabolique. Qu’il ne rêve pas trop si l’envie m’en prenait ! Je me surpris ensuite à me projeter dans la vie qui pourrait être la sienne d’ici l’été prochain dans le cas où sa carrière décollait. Appartement new-yorkais, confort optimal… Quelques dollars en plus dans son compte en banque pourrait faire des miracles ! C’était sans compter sur son attachement profond pour la simplicité. Je lâchai un soupir exagéré.

- Donc je ne suis pas près de me débarrasser de toi… Moi qui pensais que cette torture touchait à sa fin !

Ce fut à mon tour de lui jeter de l’eau à la figure, tel le gamin qui me collait à la peau. J’éclatais de rire puis entamai une bataille acharnée. Les interventions d’un Moana surexcité n’aidèrent en rien à nous éviter de boire la tasse à maintes reprises mais cela ne fit qu’accentuer la folie de ce moment. Cette guéguerre s’acheva lorsque je réussis à immobiliser mon rival en lui bloquant les bras dans son dos tout en lui faisant face. Pas super pratique comme technique mais plus simple pour le narguer.

- Et c’est un échec cuisant pour Papi Black ! Heureusement que vous êtes plus talentueux sur scène que dans l’eau !

Comme toujours, se trouver à proximité de ses lèvres et ne pas les toucher relevait du challenge tant ma respiration s’accélérait par automatisme. Mes yeux étaient plongés dans les siens et nos corps à distance inexistante (leur nudité respective n’aidant pas).

- Il serait facile de blâmer la chaleur…, soufflai-je par provocation avant de le relâcher et de réinstaurer une poignée de centimètres entre nous. Mais je meurs d’envie d’une glace, pas toi ?

Magnifique et appétissante diversion, non ?