Aujourd’hui je ne travaillais pas. Tehaunui, lui, travaillait ce jour. Il avait quitté la maison assez tôt ce matin. Le jeune hawaïen devrait être de retour en milieu de journée. J’avais donc passé  ma journée avec Elio. Ce matin nous avions pris un peu l’air tout en promenant Poina. Puis en rentrant, j’avais profité qu’Elio soit calme pour lui préparer quelques petits plats faits maison. Nous avions commencé il y a peu la diversification alimentaire. C’était donc pour moi un véritable plaisir de cuisiner pour mon fils. Bien sur tout était mouliné en purée pour le moment.

En ce milieu d’après-midi la maison était bien calme. Elio dormait paisiblement dans sa chambre. Poina était couché dans son panier non loin de la cheminée qui crépitait. Quant à moi, je profitais du calme régnant pour faire un peu de rangement et de tri. Installée dans notre chambre, j’avais décidé de trier quelques vêtements à moi. Mais aussi les vêtements d’Elio. Certains étaient déjà trop petits pour lui. C’est fou comme il grandissait vite. Je pliais donc soigneusement d’un côté les vêtements qui pouvaient encore y aller. Et d’un autre côté, je plaçais toujours soigneusement dans un carton les vêtements qu’Elio ne porterait plus. Sans doute que ces vêtements seront vendus ou alors donnés à quelqu’un en ayant besoin qui sait. Mais je trouvais cela inutile d’entasser des affaires qui ne serviront plus.

Un court instant plus tard, j’entends la porte d’entrée s’ouvrir puis se refermer. Un léger sourire se dessine instinctivement sur mon visage. Tehaunui était rentré. D’ailleurs j’entends ses pas se diriger vers la chambre. Rapidement, je le vois sur le pas de la porte. « Hey... » Je me lève pour venir déposer un tendre baiser sur ses lèvres. « Comment ça va ? Tu as passé une bonne journée ? » demandai-je curieuse mais aussi soucieuse de savoir si l'homme que j'aimais, le père de mon fils, avait passé une agréable journée ou non.

 

Tehaunui pousse la porte de la salle des professeurs, occupée par quelques-uns de ses collègues. C’est la deuxième année que l’homme est prof au lycée de Redwood Hills. Il a déjà pris ses marques l’année dernière, et il se sent de plus en plus à l’aise dans ce petit établissement de campagne. Rien à voir avec l’université d’Hilo où il enseignait quand il vivait encore à Hawaï. Parfois, il a le mal du pays et est nostalgique de son île. Mais sa vie est désormais bien établie dans le Vermont, avec Moïra et Elio. Il trouve son équilibre, et pense même qu’il commence à aller mieux. Il sent une joie de vivre en lui. Une envie d’avancer, pour eux, pour son fils.

Parfois, ce n’est pas facile d’être prof, surtout face à des lycéens en plein dans la crise d’adolescence ! Il essaie de faire au mieux, de ne pas être trop dur, ni trop laxiste. Seulement, des fois, il n’a pas le choix. Il a dû coller un des élèves parce qu’il n’a pas encore fait les devoirs demandés, parce qu’il chahute dans la classe, et surtout parce qu’il s’en prend aux autres… Généralement, les élèves sont plutôt sages, dans sa classe. Tehaunui est du genre imposant, et n’hésite pas à user de sa carrure pour faire respecter l’ordre dans sa classe. Mais il y en a toujours un qui se croit le plus malin de la bande. L’hawaïen n’aime pas perdre son temps avec ce genre de gamins, même si ça fait partie du boulot.

Du coup, c’est légèrement grognon qu’il quitte le complexe scolaire. C’est le milieu de la journée, Elio doit faire sa sieste, pense-t-il tandis qu’il est sur la route pour rentrer à la maison. Il va aussi retrouver Mo’, qui est de repos ce jour. Il sent son air maussade disparaître petit à petit. Il gare la voiture devant la maison, et doucement, il entre dans la maison qui est silencieuse. Poina s’est levé pour l’accueillir, et après quelques caresses, retrouve sa place dans son panier, près du feu. Quant à lui, il retrouve Moïra dans la chambre, des vêtements pleins le lit. Il s’appuie sur le chambranle de la porte. « Salut. » Elle se lève et vient l’embrasser. Il passe ses bras autour d’elle. « Ça a été. J’ai fini par coller un de mes élèves. L’emmerdeur, là. » Tehau avait déjà parlé de lui à Moïra. « Et toi ? Ta journée ? Elio a été sage ? »


 

Tehaunui venait de rentrer à la maison. Je ne tarde pas à le voir apparaitre sur le pas de la chambre. C’est tout naturellement et chaleureusement que je viens le saluer. Mes lèvres trouvent rapidement le chemin pour retrouver les siennes. Ses bras se plaçant autour de moi, je profite de ce doux moment. Ce n’était peut-être pas grand-chose mais j’adorais ce moment de la journée où nous pouvions enfin nous retrouver, au calme, chez nous. Le jeune hawaïen me confie avoir passé une bonne journée. Bien qu’il ait du sanctionner un élève. Tehaunui avait déjà évoqué un lycéen au comportement assez difficile. A plusieurs reprises même. Cette annonce ne m’étonne donc pas réellement. « Oh... » Je me doutais que dans le fond, Tehaunui n’avait pas pris cette décision de bon cœur. S’il exerçait ce métier ce n’était pas pour sévir. Non, les objectifs étaient bien plus nobles. « Je me doute que ce n’est pas agréable de devoir sanctionner de la sorte. Mais te connaissant et au vue de ce que tu m’as déjà raconté sur lui, si tu en ai arrivé à prendre cette décision c’est qu’il le méritait. En espérant que ça le fasse réfléchir... » Le jeune hawaïen, me demande à son tour comment s’était passé ma journée et si Elio avait été sage. « Oui, un véritable petit ange… » dis-je le sourire aux lèvres. Pour le moment, on ne pouvait pas dire qu’Elio était un bébé difficile. « Et la journée s’est bien passée. On a fait une belle balade ce matin, ensuite j’ai cuisiné un peu pour préparer quelques plats à l’avance pour Elio. » C’était beaucoup plus pratique d’anticiper quelques repas surtout depuis que j’avais repris le travail. « Et il dort à poings fermés depuis deux bonnes heures... ». Elio dormait encore beaucoup en journée, que ce soit le matin ou l’après-midi.

Je note que Tehaunui avait remarqué les vêtements posés sur notre lit. Je jette un regard vers ces derniers avant de reporter mon attention sur le jeune hawaien « Ne t’inquiète pas, je n’ai pas dévalisé les boutiques aujourd’hui… » dis-je en désignant d’un léger signe de tête les habits, avec un léger sourire aux lèvres. Non, ces vêtements ne sont pas le résultat d’une séance intensive de shopping. C’était une petite plaisanterie, car Tehaunui, de son côté s’amusait régulièrement à me taquiner sur ma garde robe très importante et le plaisir que j’éprouvais en faisant les boutiques. « J'ai juste décidé de faire un peu de tri dans mes vêtements. Et dans ceux d'Elio aussi, il grandit tellement vite... » dis-je presque un brin déjà nostalgique.

 

Il aime rentrer à la maison, Tehaunui. Il n’y trouve plus qu’une simple bâtisse, mais un véritable foyer. Avant l’emménagement de Moïra, l’homme n’était jamais pressé de rentrer chez lui. Pour y trouver quoi ? Rien, ni personne. Seulement son chien. Bien souvent, il récupérait la bestiole et allait se balader dans les forêts alentour. Quitte à être seul autant que ce soit dans un endroit apaisant. Il aime le silence de la nature. Enfin, le silence apparent. Quand on tend l’oreille, on peut entendre beaucoup de choses dans les bois. Aujourd’hui encore, il prend parfois ce temps-là pour lui, pour se ressourcer. Il garde encore ce côté un peu ours solitaire, l’hawaïen. Heureusement, Moïra comprend bien ça ! Mais aujourd’hui, après sa journée au lycée, il rentre directement retrouver sa petite famille. La maison est silencieuse et Tehaunui trouve la brune dans la chambre. Il se doute que son fils doit être en train de dormir. Il sait qu’il faut profiter de ces petits moments à deux, et il ne se prive pas de gestes de tendresse envers la jeune femme. Celle-ci qui se montre soutenante et bienveillante envers lui, quand il parle de son travail et de cet adolescent à qui il a dû donner une retenue. Moïra est toujours une oreille attentive pour l’hawaïen qui fait des efforts pour partager avec elle ses journées et ses ressentis. Il lui sourit, hochant la tête avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres. Il lui demande ensuite comment s’est passé sa journée à elle, même si, bien souvent, il n’a pas besoin de poser de questions pour que la brune le lui dise. Elle lui déroule alors sa journée, qui s’est bien passée. Elio a été sage, mais Tehau s’en doutait, le bébé n’étant pas difficile. Ils ont de la chance, se dit-il.

Moïra a noté son regard vers l’intérieur de la chambre, et plus précisément sur les vêtements posés en tas sur le lit. Elle le rassure, ce n’est pas le résultat d’une séance de shopping intensive ! En même temps, la brune fait bien ce qu’elle veut. Ça reste une plaisanterie entre eux, lui qui se contente de quelques t-shirts, pantalons et pulls pour se vêtir. Et bien souvent, son choix se porte sur la seconde main ! Ça laisse de la place dans l’armoire pour la garde-robe de Moïra ! Apparemment, elle a décidé de faire un peu de place en faisant du tri. « Tu vas en faire quoi ? » Elle a raison, Elio grandit vite et certains pyjamas et bodys ne lui vont plus ! Il a déjà huit mois. Le temps passe si vite… Il se détache de Moïra pour se diriger vers le lit, prenant entre ses doigts un pyjama, détaillant le dinosaure dessus. Il se retourne vers Moïra, s’assoit sur le lit, sans quitter des yeux le vêtement dans sa main. Un petit sourire se dessine sur ses lèvres. « J’imagine que tu vas les ranger dans un coin pour le prochain… » Sa voix est basse, son ton est doux. Il relève les yeux vers la jeune femme en face de lui.

Ces petits moments de retrouvailles avaient sans doute l’air d’apparence insignifiants. Mais ils étaient loin de l’être. Le plaisir de se retrouver, de raconter un peu sa journée, de confier à l’autre ce qui avait été ou au contraire ce qui n’avait pas été. Tehaunui m’avait toujours écouté, mais depuis un certain temps maintenant, lui aussi avait pris plus ou moins l’habitude de me parler un peu de sa journée quand il rentrait à la maison. C’est ce qu’il venait d’ailleurs de faire en évoquant cette décision de sanctionner cet élève turbulent.

Le jeune hawaïen avait bien évidemment remarqué les vêtements posés sur le lit. Tout en plaisantant, je le rassure en lui expliquant qu’il ne s’agissait là que d’un tri et non la finalité d’une séance de shopping. Elio grandissait très vite. Trop vite même. Et certains de ses vêtements ne lui allaient plus. Je trouvais donc cela inutile de garder ces derniers. Il était plus raisonnable de les mettre de côté et de faire de la place pour de nouvelles affaires. Le jeune papa me demande ce que je compte faire de ces affaires qui ne servent plus. J’avais en tête de les ranger proprement dans des cartons et de les vendre ou de les donner à quelqu’un qui en aura besoin. Mais avant que je ne dévoile mes plans au jeune hawaïen, ce dernier me dit qu’il imagine que je vais les rangers dans un coin pour le prochain. « Le prochain !? » mon visage se tourne instinctivement vers Tehaunui. Il était là, à côté de moi. Assis sur le lit, un pyjama d’Elio dans les mains. Mon regard croise le sien. La surprise peut aisément se lire sur mon visage tout comme elle peut s’entendre au son de ma voix. Avais-je réellement bien entendu les propos de Tehaunui ? Je prends place aux côtés du jeune homme. Mon regard ne quittant pas le sien. « Tu...Tu es en train de me dire que tu voudrais un autre enfant ? » Il n’y avait pas d’assurance dans le son de ma voix. Car oui j’étais surprise. Et encore c’était un euphémisme. Avant l’arrivée d’Elio, Tehaunui m’avait clairement dit ne plus vouloir d’enfants. Certes, sa volonté avait été chamboulée avec ma grossesse inattendue. Mais de ce fait, j’avais imaginé qu’Elio serait le seul enfant que nous aurions. « Je suis surprise… Je pensais que tu ne voulais pas d’autres enfants étant donné qu’avant l’arrivée d’Elio tu… enfin tu sais... » Oui cette fameuse discussion que nous avions eu sur sa volonté de ne plus vouloir d’enfants, une discussion qui avait ammené des révélations concernant le passé de Tehaunui.


 

Il s’attendait à cette réaction, Tehaunui. Il lit la surprise dans les yeux de Moïra, dans le son de sa voix. Forcément, puisqu’il lui avait dit qu’il ne voulait pas d’enfant. Il ne voulait pas d’autre enfant que Leilani. Et puis la brune est tombée enceinte. Et il savait, l’hawaïen, à quel point Moïra voulait des enfants. Elle lui avait même dit qu’elle était prête à élever leur bébé seule. Mais Tehaunui n’avait pas pu partir. Ce n’est pas l’envie qui lui avait manqué. De nombreuses fois, il s’était imaginé faire son sac, le balancer dans sa voiture, récupérer son chien et tailler la route. Parce que tout ça ravivait des souvenirs douloureux. Mais il était resté. Et il est toujours là. Et il est heureux. Oui, il est heureux. Cela ne veut pas dire que parfois il ne se sent pas triste, ou que la petite voix qui lui chuchote de foutre le camp n’est pas encore là, mais c’est plus facile de la faire taire. Il est bien là. Avec Moïra. Il veut la rendre heureuse. Et il s’est mis à repenser aux multiples conversations qu’il avait eues avec elle. Celles où elle lui disait son envie d’avoir une grande famille. Alors il s’est mis à réfléchir, Tehaunui. Pourquoi pas, après tout ? Leilani leur avait déjà réclamé, à lui et à Lali, d’avoir un petit frère ou une petite sœur. Ça ne s’était jamais fait, malheureusement. Il suit Moïra du regard. Elle s’installe à ses côtés. Elle ne semble pas en revenir. Il secoue la tête, en signe de négation. « Je dis que je pensais que tu en aurais voulu un autre. A un moment. » Parce qu’au fond, si elle n’en voulait pas un autre, il n’y tenait pas spécialement. « Je sais ce que je t’ai dit. Je ne pensais pas que je pourrais supporter d’avoir un autre enfant. Pas après Leilani. » Ses yeux se baissent de nouveau sur le pyjama qu’il tient toujours dans les mains. « Mais c’est différent aujourd’hui. Avec Elio. » Il regarde la brune. « Enfin… si tu en veux un autre… » Après tout, elle pouvait très bien avoir changé d’avis, elle aussi.

La surprise pouvait aisément se lire sur mon visage. Le temps d’une demi seconde j’eus presque envie de demander à Tehaunui de répéter ce qu’il venait de dire. Comme pour être certaine que je n’avais pas mal entendu. Que ces mots n’étaient pas le fruit de mon imagination. Mais non ce n’était pas le cas, je le voyais dans le regard du jeune hawaïen. Je prends place à côté de lui. Je demande alors à Tehaunui si il était en train d’insinuer vouloir un autre enfant. Ce dernier répond négativement déjà par un signe de tête puis en ajoutant que ce qu’il disait c’est qu’il pensait que moi j’aurais voulu avoir un autre bébé à un moment. Le jeune homme m’avoue dans la foulée que finalement, avec Elio les choses avaient changé. Son regard se pose sur moi et ce qu’il ajoute sur mon envie ou non d’avoir un autre enfant me faire légèrement sourire. Nous en avions déjà parlé. Je ne lui avais jamais caché que depuis toute petite je voulais fonder une famille, une grande famille. « Bien sûr que je voudrais un autre enfant... » Je viens déposer un doux baiser au coin de ses lèvres. « D’ailleurs… Si Elio ne serait pas sur le point de se réveiller de sa sieste je t’aurais déjà sauté dessus... » dis-je en riant légèrement tout en enroulant délicatement mes bras autour de son cou. Bien entendu, je plaisantais. Une manière de détendre un peu la situation, car malgré tout c’était un sujet sérieux qui avait été entamé. « Je plaisante… » je reprends mon sérieux et ajoute « Tehau… Plus sérieusement, oui je souhaite un autre bébé mais je veux que toi aussi tu en ai envie. » L’arrivée d’Elio avait été une surprise. Cela n’avait pas été prévu. Mais si un second bébé arrivait je voulais que ce soit une décision commune entre nous.



 

Il n’aurait pas pu trouver meilleure façon de surprendre Moïra. En lui proposant d’avoir un second enfant. Lui-même est un peu surpris de se lancer dans cette conversation. Mais il avait saisi l’occasion, alors que la brune faisait du tri dans les vêtements de leur fils. Il imaginait alors une maison remplie de cris d’enfants, de joie et d’animation. Pendant une fraction de seconde, l’idée ne lui plaisait guère, et puis, ça lui tirait un sourire attendri. Quand Leilani leur avait demandé d’être grande sœur, ils en avaient parlé avec Lali. Ça n’avait jamais été le bon moment. Encore moins quand leur fille est tombée malade. Et puis, Tehaunui pensait à sa propre enfance, celle avec sa petite sœur. Il partageait de bons souvenirs, avec sa frangine. Il voulait aussi donner ça à Elio. Un sourire se dessine sur son visage tandis que Moïra lui indique qu’elle lui aurait bien sauté dessus. Dommage… Elle passe ses bras autour de son cou, et l’hawaïen la serre un peu plus contre lui. Elle redevient sérieuse. Elle veut un autre enfant, si lui en veut un aussi. « Tu crois que je proposerais ça si je n’étais pas prêt à en avoir un autre ? » Il est vrai que son discours n’est pas très clair. Si Moïra ne voulait pas une grande famille, il n’aurait sans doute jamais mis le sujet sur le tapis. « Je veux juste te dire qu’on peut avoir un autre enfant. D’autres enfants même ! » Il la serre encore plus contre lui, l’embrasse. Il n’est pas du genre à dire ce qu’il ressent, Tehaunui, mais il est prêt à se surpasser, pour elle. « Je t’aime Moïra. Je veux que tu sois heureuse. Et ça me rendrait heureux, moi aussi. » Il plonge son regard dans le sien, pour lui montrer qu’il est sérieux.

J’étais surprise que Tehaunui entame une telle conversation. Au fond de moi, j’étais persuadée qu’Elio, pour des raisons concernant le passé du jeune hawaïen, serait notre seul enfant. Et j’en étais comblée. Mais ce que venait de m’avouer Tehaunui me comblait davantage d’une joie extrême. Toutefois, je ne voulais pas qu’il se sente obligé ou alors qu’il fasse ce premier pas simplement pour me faire plaisir. Oui je voulais d’autres enfants mais ce que je souhaitais avant tout c’est que Tehanui le veuille aussi. Et sa réponse est des plus satisfaisante. Si il me proposait d’grandir la famille c’est qu’il était prêt. Un large sourire apparaît alors sur mon visage. Les propose du jeune papa était à présent beaucoup plus clair. Il était prêt, il souhaitait bien, avoir un autre enfant. D’autres enfants même. Mon corps se resserre davantage au sien. Notre étreinte perdure. « Je serai vraiment très heureuse d’avoir d’autres enfants. Très heureuse d’agrandir notre famille ! Si tu savais... » dis-je la voix pleine d'enthousiasme. Le simple fait d’entendre Tehaunui me dire qu’il m’aimait, qu’il voulait que je sois heureuse et qu’un autre enfant le rendrait heureux lui aussi me touchait énormément. La discussion était plus que sérieuse. « Je t’aime Tehau... » dis-je le plus sincèrement possible. « Tellement... » ajoutai-je dans un léger murmure.  Mes bras repassent délicatement derrière sa nuque, caressant tendrement cette dernière avant de venir déposer un tendre et langoureux baiser sur ses lèvres. J'avais encore un peu de mal à réaliser. Si on m'avait dit ce matin en me levant que quand Tehaunui rentrerait du travail on déciderait d'agrandit la famille j'aurais sans doute bien rigoler.  Surtout, je n'y aurais pas cru une seule seconde. Et pourtant. C'est ce que nous venions de décider. C'était acté. Je me sentais déjà comblée, mais à présent je l'étais encore plus.



 

Il n’a pas prémédité cette conversation. A vrai dire, il y pensait juste comme ça, à un autre enfant. Il savait bien que Moïra serait pour, s’il lui disait qu’il était prêt. La connaissant, elle ne lui aurait pas forcé la main. Il aurait très bien pu ne rien dire. Ils n’auraient eu qu’Elio, et peut-être auraient-ils été heureux comme ça. Mais Tehaunui ne voulait pas que la brune ait des regrets. Ou peut-être qu’un jour, elle l’aurait quitté parce qu’il ne pouvait pas lui donner ce qu’elle voulait. C’est de cette réflexion qu’il avait commencé à réfléchir à l’éventualité d’avoir, au moins, un autre enfant. L’idée avait fait son chemin, apparemment. Il voyait les yeux de Moïra s’éclairer. Il la sentait heureuse. Heureuse de cette nouvelle. Il sentait un peu d’appréhension, l’hawaïen. Il y avait encore et toujours cette petite voix dans sa tête, mais il voulait avant tout y croire. Il lui semblait qu’il avait trouvé sa place auprès de Moïra, mais aussi auprès de sa famille. Il n’y avait plus qu’à se lancer.


Tehaunui regardait son fils, les mains et le visage pleins de banane. Le bambin est assis dans sa chaise haute. Ils avaient commencé depuis quelques semaines déjà la diversification alimentaire. Et Elio appréciait grandement de manger avec ses mains. Enfin, si on pouvait appeler ça manger. Y’a pas grand-chose qui va dans sa bouche… Tehaunui finit par l’aider avec une petite cuillère, lui mettant dans la bouche des morceaux de banane de temps à autre. Une fois les preuves de la bataille livrée entre cette pauvre banane et Elio disparues, le bambin fut installé pour une sieste. Il rejoint ensuite Moïra, dans leur chambre. « Prête ? » Il s’approche d’elle, jetant un coup d’œil au test de grossesse qui attendait d’être utilisé.