Qu’Olly s’installe à côté de lui le rassure, sans qu’il comprenne réellement pourquoi. Sans doute qu’un visage amical fait toujours du bien, même pour un solitaire comme Jamie qui n’aurait pas mal supporté d’être seul parmi tous ces gens. Sa remarque sur la foule a au moins le mérite de calmer le feu sur ses joues. Quelques joutes verbales et il oublie partiellement ses inquiétudes, laisse Olly le taquiner comme à leur habitude. Comme si de rien n’était. Que pourrait-il faire d’autre ? Jamie ne veut pas gâcher sa soirée. Même si cette histoire de première fois est une énième blague entre eux, l’occasion de se renvoyer la balle, pour Jamie, c’est du sérieux. Il tient à ce que la jeune fille rentre chez elle convertie à la magie des étoiles. Sérieux, il l’est quand il s’écarte d’elle. Son geste est volontairement exagéré, théâtral, un sourire malicieux au coin des lèvres quand ils s’entendent sur la bonne distance à adopter. « Bien. » Bien. Oui. Olly ne connait peut-être pas encore la force de la rumeur en ville, Jamie, lui, sait qu’elle court, à toute allure. Il n’a pas envie d’embarrasser sa coéquipière. Coéquipière qui, l’espace de quelques secondes, s’intéresse davantage aux visages hors de sa portée qu’au sien. L’occasion rêvée de lui tirer les vers du nez. D’ignorer le trouble qui monte dans ses entrailles à la vue des nouveaux visages, aussi. Le consultant n’est pas prêt pour l’interrogatoire. Pas prêt à admettre ce qui est à la fois sa plus grande peur et son pire souvenir. Que tout le monde les connaisse déjà n’y change rien. Jamie est censé se taire. Mais parfois, c’est plus fort que lui. Avec Olly, c’est plus fort que jamais. Il ne réalise pas qu’il va en payer le prix fort, non, il exulte, ouvre grand les yeux et les oreilles à l’affut d’informations croustillantes. Il ne réalise même pas ce qu’elle lui raconte, prenant sa répartie pour un mécanisme de défense. Parce que ce n’est pas facile de faire cracher le morceau à Olly… Dans quoi s’est-il lancé ?! Elle penche la tête pour lui indiquer la direction que Jamie suit, docile, se préparant à ce que ses yeux croisent ceux d’une vieille dame, ou d’un homme, tiens, ça semble coller à l’humour de la jeune femme. « C’est Grace... » Il réalise à voix haute. Ce prénom évoque-t-il seulement quelque chose à Olly ? Maintenant qu’il sait de qui elle parle, Jamie prête une grande attention à ses histoires. D’un coup, ce n’est plus une blague. Le voilà fait comme un rat. Il fronce les sourcils quand elle lui donne plus de détails. Grace a regardé par ici, vraiment ? Il ne devrait pas s’en préoccuper. Après, tout, c’est lui qui a surpris Grace en agréable compagnie, il y’a de ça quelques jours tout au plus, pas l’inverse. Qu’elle se préoccupe de ce qu’il peut bien le lier à Olly n’a aucun sens. Mais bien sûr, pour Jamie, ça n’en est pas moins important. « Auriez-vous mal jaugé la distance de sécurité, officier Smith ? » Il rejette la faute sur elle, bien sûr, mais pas le temps de s'en délecter, déjà, sans qu’il s’en rende compte, son regard se pose sur Grace, parce qu’en la regardant bien, il y a des chances qu’elle se retourne, pas vrai ? Il n’attend que ce moment pour lui faire un signe de main timide. Après seulement, il reporte son attention sur Olly qui boit tranquillement son chocolat. Jamie, lui, trépigne sur place. « Je te présente si tu veux. On verra qui de nous deux a le charme le plus ravageur. » Il est déjà debout sur ses deux pieds, ne lui laissant pas vraiment le choix. Son instinct lui dit qu’elle ne louperait cette occasion pour rien au monde. L’occasion de le voir rougir jusqu’aux oreilles pour la deuxième fois de la soirée, oui.

« Bonsoir Grace. » Il lui a fallu beaucoup de courage pour faire trois pas jusqu’à elle, mal-assuré, par peur de déranger, d’interrompre un moment avec ses enfants. Mais elle a été courageuse, Grace, c’est à son tour. Oui, un peu de courage ! « Je te présente Olly, mon binôme officiel. » Aucun suspense. Jamie n’a pas l’esprit revanchard. Il lance un regard complice à Olly, à la fois impatient et angoissé de ce qui pourrait bien sortir de sa bouche. Il repense aux dix ans de moins, au charme ravageur, et ajoute aussitôt, dans l’espoir de lui couper l’herbe sous le pied. « J’espère qu’on ne te dérange pas, j’ai vu que tes enfants s’amusaient avec les télescopes, alors… » Alors… rien ? Jamie s’excuse presque de venir lui parler quand c’est elle qui a posé les yeux sur eux. Il ignore si elle a parlé à ses enfants depuis Halloween. Si Olly ignorait qui était Grace, à présent elle doit se faire une idée plutôt limpide de qui elle est pour lui.

« Alors prenez place, ne vous occupez plus de la terre ferme, elle ne compte plus, elle n’est plus importante. Allongez-vous sur les matelas, asseyez-vous sur les chaises disponibles, testez les télescopes. Ce soir, oubliez tout ce que vous connaissez et levez la tête vers le ciel ! »

Nul ne pouvait tout oublier ce qu'il connaissait, c'était impossible et surtout pas en regardant les étoiles, songeait Rafael en observant avec attention Winston Evans faire son allocution du soir. C'était probablement une métaphore, mais il jugeait que c'était un choix de mots maladroit. L'incessant flot des pensées ne disparaissait qu'en dormant et encore, il y avait les rêves pour matérialiser les préoccupations les plus obscures. En ce qui le concernait, Rafael n'était pas seulement engourdi par le froid qu'il bravait comme la plupart des gens qui avaient choisi de se réunir pour l'évènement. Il avait des fourmis dans les doigts, comme si quitter l'écran de son ordinateur trop longtemps le plongeait dans une certaine angoisse. Quand il pouvait éviter de sortir, il le faisait. Au boulot, il emportait son ordinateur et nul ne pensait jamais à lui suggérer de faire autrement. La majeure partie du temps, on acceptait le Sullivan tel qu'il venait parce qu'il n'y avait pas d'autres façons de faire avec lui. À prendre ou à laisser et ce n'était pas lui qui s'offusquerait de vous laisser tomber en définitive. Il avait fini par détourner les yeux de l'homme ayant prononcé son discours pour chasser du regard quelque chose pour le distraire. Ça l'arrangeait bien qu'on ne le remarquait jamais, il se faufilait comme une ombre au travers des couples, des familles et des âmes esseulées qui elles, semblaient chercher de l'attention contrairement à lui. Alors, il l'apercevait. Louise Howell, celle qui avait grandi chez les Amish, qui se frayait elle-même un chemin au travers d'autres citoyens pour se trouver un endroit où s'installer. Rafael coupait en diagonal et la devançait. L'instant d'après, il était à ses côtés et la jeune femme lui adressait la parole. Il l'écoutait d'abord sans répondre. Il avait appris qu'il ne servait à rien de conforter les gens dans leur opinion lorsqu'ils se dépréciaient, par conséquent lui répondre " oui, c'est idiot " n'aurait probablement pas amorcer l'échange d'un bon pied. La deuxième question était trop rhétorique pour y répondre. S'il ne faisait pas froid, il n'aurait pas enfiler ce manteau et ce bonnet, ainsi que ses gants. Ce n'était qu'à la troisième question qu'il se décidait à répondre : « Non. » Il la regardait, avec la même curiosité que lorsqu'il lui avait fait peur. « Il y a suffisamment de mystères en ce monde pour éviter de se soucier de ce qu'il y a là-haut. » Il le pensait, tout simplement. « Je connais votre nom. La plupart des gens doivent le connaitre, mais n'osent pas le dire. C'est pour cela que je vous regardais. » Difficile de faire plus honnête, et difficile de faire autrement lorsque l'on avait Rafael devant soi, qui écartait sans s'en soucier la plupart des habituelles formules de politesse.

@Louise Howell

A lever la tête vers le ciel, Grace ne verrait pas ce qui se trame juste sous son nez. Elle ne verrait pas Jamie discuter et même rire avec cette femme plus jeune, certainement plus belle aussi, plus tout en somme. Non pas que Grace doutait d’elle-même, ce n’était certainement pas son genre, elle était bien trop fière pour cela et n’avait jamais manqué de confiance en elle... mais cela lui faisait quand même quelque chose. Elle s’était retournée une fois, elle l’avait dévisagé certainement un peu trop longtemps, maintenant, elle se refusait à se retourner de nouveau. Alors, elle se concentrait sur la manipulation du télescope, elle parlait d’étoiles avec ses enfants, elle riait à gorge déployée pour bien montrer que tout allait bien, même si ses enfants ne seraient pas dupes. Elle se détourna quelques instants de ses enfants pour chercher quelque chose dans son sac et puis soudain, la voix. Elle sursauta et se redressa, releva la tête pour se retrouver en face de Jamie, qui s’était approché sans qu’elle ne s’en rende compte. Ne s’attendant certainement pas à ce qu’il l’aborde de cette manière, elle demeura figée pendant quelques secondes, les yeux écarquillés, avant de répondre un simple « Bon... Bonsoir » elle jeta ensuite un rapide coup d’œil vers la silhouette féminine derrière Jamie, que ce dernier présenta comme étant Olly, sa binôme officielle. Grace cligna des yeux. Binôme officielle ? Autrement dit, collègue de boulot ? Ce devait être ça, forcément ça. « Olly... Oh, enchantée, ravie de faire votre connaissance » elle sourit et tenta de se reprendre, même si dans son for intérieur, son cœur bondissait, une voix lui répétait que non, ce n’était pas une petite jeune trouvée au hasard, ce n’était rien d’autre qu’une femme parmi tant d’autres et Grace pouvait vivre l’esprit plus léger. « Aucun souci, ne t’inquiète pas. Même si... » elle jeta un coup d’œil vers les enfants restés près du télescope. Ils se rendraient rapidement compte de l’absence de leur mère et risquaient de revenir pour savoir qui étaient les étrangers qui s’étaient approchés de Grace. Malgré la gêne, Grace se concentra de nouveau sur Jamie et Olly et demanda « Alors, comment ça fait, de travailler ensemble ? Tout se passe bien ? » parler de boulot, il n’y avait que ça de vrai. Cela ne les mettrait pas trop en danger.

@Melody Fordham @Elijah Fordham @Jamie Whelan @Olly Smith  

sous les étoiles

a sky full of stars

Alice ✧ TC

Depuis plus de quatre ans, Alice avait développé cette habitude, bonne ou mauvaise, d’être capable d’être à la fois totalement distraite et profondément concentrée. Les deux allaient ensemble, elle était tellement concentrée sur ses soucis, ses craintes, qu’elle en oubliait ce qui se trouvait sous son nez, comme le spectacle des étoiles au dessus de leur tête. C’est bien pour ça qu’ils étaient tous rassemblés, pourtant mais elle, tout ce qu’elle voyait, c’était une opportunité de plus pour la Rose de frapper. Pour son ex-mari de lui arracher sa fille au nez et à la barbe d’une foule toute entière. Mais elle devait faire confiance à Faye. Malgré le côté un peu fofolle de sa sœur, elle était parfaitement au courant de la situation d’Alice. Elle savait que même la brune était souvent excessive dans ses inquiétudes, elle avait de bonnes raisons de le faire. La jeune femme qui l’avait rejointe, elle, semblait beaucoup moins préoccupée. Elle se rappela seulement à ce moment là qu’elle devrait peut-être surveiller l’enfant dont elle avait la garde. Alice, observatrice, la vit scruter les environs, poser son regard sur un groupe de jeunes adolescents, et arrêter ses recherches. Visiblement, pas de problèmes à l’horizon. Elle s’appelle Riley. C’est la petite brune, juste là-bas, indiqua-t-elle, désignant sa fille d’un geste de la main. Toujours avec sa sœur. Tout allait bien. Pas de raison de s’inquiéter.

Mais à Redwood Hills, il y avait toujours des raisons de s’inquiéter. Trop occupée par ce qu’il se passait sur le plancher des vaches, elle n’avait pas vu la fusée s’élever dans le ciel. Ce sont les murmures de la foule qui attirèrent son attention sur ce phénomène qui n’avait rien de naturel. Elle fronça les sourcils, et son cœur bondit dans sa poitrine lorsqu’elle vit des projecteurs mettre en valeur un message qui n’avait rien de rassurant. Elle n’avait même pas besoin d’entendre le discours dans le mégaphone pour savoir de qui il s’agissait. Sa sœur, qui la connaissait par cœur, faisait déjà route vers elle en compagnie de Riley. Ils sont cinglés ceux-là, dit-elle en les rejoignant, alors qu’Alice passait un bras autour des épaules de sa fille, ses yeux parcourant la foule qui murmurait, parlait vivement à présent, redoutant d’y voir sa silhouette. Ca la rassurait sûrement davantage que Riley, pour être honnête. Je te l’avais dit… ce n’était pas ça qui allait aider sa paranoïa constante. Je savais que ça arriverait… Je m’en doutais. C’était obligé, pesta-t-elle, se moquant bien que la jeune femme avec qui elle discutait seulement quelques minutes plus tôt la prenne pour une cinglée. Beaucoup de gens dans la file d’attente étaient partis. D’autres discutaient, trop occupés pour s’inquiéter de commander leurs boissons chaudes, et Faye, opportuniste qu’elle était, en profita pour se frayer un chemin. Vous voulez quelque chose ? demanda Alice. Autant lui faire profiter du talent de Faye pour éviter les files d’attente, après tout.

(c) nightgaunt

Spoiler:

L'ambiance était légère, agréable. Collé l'un à l'autre sur ce matelas qui les coupait au moins du froid du sol, ils étaient plutôt bien installés. Ils plaisantaient tandis que Casey était évidemment écarlate. Elle avait presque envie de rentrer immédiatement, oui, il l'avait avoué, tout en cachant son visage tandis que Nate lui demandait de ne pas trop le tenter, ce qui la fit rougir un peu plus. Malgré tout, un peu inquiète pour lui, elle voulut savoir s'il n'était pas déjà complètement congelé. C'était une possibilité, il n'avait pas vraiment décidé de s'habiller très chaudement… enfin c'était typique de cet homme. Il lui assura que non mais cette fois-ci, Casey ne le crut pas tout à fait. Il profitait de sa chaleur et c'était suffisant. Elle lui sourit, légèrement amusée. Elle le connaissait assez pour savoir que même s'il était congelé et proche de l'hypothermie, il ne dirait rien, un truc bizarre avec sa fierté pas toujours très bien placée. Mais au lieu de l'agacer plus en avant sur ce sujet, elle leva les yeux au ciel pour observer les étoiles, c'était pour ça qu'ils étaient là d'ailleurs. Elle se redresse brusquement quand des gens de feux de détresse apparaissent dans le ciel. Ce n'était pas prévu, elle en est presque certaine. Ce genre de lumière empêche de voir les étoiles pendant quelques secondes, ça ne peut pas être prévu. Serrant la main de Nate, le stress monte légèrement et elle tourne la tête lorsque les projecteurs s'allument et là, ce n'est plus du stress mais de la panique. Tremblante contre Nate, tout se passe très vite, une voix se fait entendre, un appel à les rejoindre, promettant des choses qui peuvent être attirante mais qui ne devrait pas l'être vu toutes les horreurs commises par ces extrémistes. Casey a les yeux grands ouverts et complètement paniqué, elle tremble de la tête aux pieds dans les bras de Nate. Le calme revient, apaisant il y a quelques minutes à peine, elle le trouve maintenant lourd et oppressant. "Tu veux bien me ramener ? S'il te plaît." Elle n'est pas très loin de la crise de nerf d'ailleurs, elle a juste envie de quitter le lieu, le plus vite possible…

En général j'aime bien les sorties en famille, j'aime encore plus si papa est avec nous, mais autant dire que c'est plus vraiment d'actualité tout ça depuis qu'il est séparé de maman. Est-ce que nous avons toujours une chance de les revoir amoureux tous les deux ou alors est-ce réellement terminé entre eux ? Je suis trop petit pour le savoir et je pense aussi, que maman ne nous dira jamais rien à ce sujet. Ce soir je me retrouve avec maman et ma grande-soeur principalement, je pensais être tranquille, rien qu'avec ma famille et puis finalement ça ne semble pas être dans les plans de maman. Alors que nous sommes tous les trois, nous nous chamaillons légèrement avec ma grande-soeur jusqu'au moment où lorsque je me retourne je retrouve maman avec deux inconnues. Je fronce les sourcilles, regardant alors ma grande-soeur, « Tu sais qui ils sont ces deux-là ? » Peut-être que ce sont des parents d'élèves dans la classe de Melo ? En tout cas ça n'est pas de chez moi c'est sûr. Au moment où j'aimerais rejoindre maman, il se passe quelque chose d'étrange, encore ! Je reste figer sur place, ne pouvant plus bougé ayant peur de ce qu'il passe et forcément, repensant à la prise d'otages que j'ai vécu. Maman n'est pas près de nous en plus de ça.

Bien sûr que Nate ne manquait pas une occasion de la rendre écarlate, même dans cette obscurité où il ne pouvait en profiter véritablement. Mais rien que la voir sourire, gênée, se cacher, et deviner le rouge qui gagnait ses joues suffisait à le rendre fou de désire. Et il ne s’embarrassa aucunement en lui énonçant clairement cette envie qu’elle instillait en lui toujours davantage. Qu’est-ce qu’il était bien, là, contre elle. Parce qu’il tenait à elle un peu plus chaque jour, chaque fois qu’il pouvait la serrer dans ses bras. Parce qu’elle lui tenait irrésistiblement chaud aussi, il fallait bien l’avouer. Enfin, uniquement en pensée, puisqu’il ne dirait jamais à voix haute qu’il était frigorifié et n’attendait qu’une chose. Rentrer. Pour profiter de l’atmosphère moins fraîche, d’un feu réconfortant et de la compagnie de ce petit bout de femme. Nate fut arraché de ces agréables pensées par une fusée rouge dans le ciel qui fut suivie de projecteurs presque aveuglants dans cette obscurité qui dévoilèrent un message. La Rose Lunaire. Une voix ne tarda pas à s’élever et le professeur sentit son sang se glacer. Il sentit Casey se crisper et trembler contre lui, ce qui ne l’aida pas à garder les idées claires. Putain, ça n’allait pas recommencer. Il resta immobile, figé, le regard dans le vide tant que cette voix retentissait avant de laisser place à un silence encore plus dérangeant. Sa première pensée ne pouvait être qu’à cette dramatique journée où il aurait pu tout perdre et avait d’ailleurs perdu beaucoup. Cette journée où il s’était senti impuissant, triste observateur du drame qui s’était joué à quelques pas de lui. Sans pouvoir les protéger, la protéger. D’instinct, il serra la jeune femme contre lui, comme pour s’assurer qu’ils n’auraient pas à subir le même sort quelques mois plus tard. Elle voulait rentrer. Comme tout le monde présent, sans nul doute. Comme lui, qui ne tenait pas à rester une seconde de plus sur ce matelas avec des fous furieux à leurs côtés. Nate se releva en hâte, gardant Casey au plus près de lui pour s’assurer de ne pas la perdre dans le mouvement qui commençait à naître, puis ne perdit pas une seconde pour quitter les lieux. Mutique, parce qu’il était bien trop agité pour trouver que dire et la rassurer. Encore moins pour se rassurer lui-même.

L’arrivée de Juliet tombait à pic et Judson était impatient de pouvoir s’éloigner de Reagan, même si quelque chose lui disait qu’elle le suivrait malgré tout. Sa sœur lui proposa de s’installer sur un matelas pour écouter Jun leur raconter tout ce qu’elle savait sur les étoiles et ce qu’elle verrait à travers le télescope, ce à quoi il répondit « Excellente idée, je te suis ! » la fillette était passionnée par les étoiles et rêvait de devenir astronaute, ou quelque chose comme ça car Judson ne suivait pas toujours les rêves enfantins de sa nièce. Il adressa un sourire d’excuse à Reagan et, tout en attrapant le bras de sa sœur et la main de Jun, il les entraîna un peu plus loin pour se concentrer sur l’activité en cours. Le ciel était dégagé, les étoiles si belles, la soirée promettait d’être extraordinaire et Judson avait hâte d’entendre Jun lui parler du ciel et des constellations. Il regrettait un peu l’absence de son fils, mais Jem était encore trop jeune pour comprendre et il aurait seulement eu froid, sans parler qu’il aurait trouvé le temps long... alors c’était mieux ainsi. Il remarqua son autre sœur, Louise, un peu plus loin parmi les spectateurs et, si elle leur adressa un signe de la main, elle semblait trop occupée elle aussi pour venir leur dire bonjour, alors il ne lui en tint pas rigueur. Et puis un peu plus tard dans la soirée, les événements se précipitèrent et le discours dans le mégaphone figea Judson. Forcément, il se rappelait la prise d’otages, il n’oubliait rien. « Bordel, encore eux... Juliet, ça va ? Tu ferais peut-être mieux de rentrer avec la petite, on ne sait pas ce qui peut encore se produire » s’inquiéta-t-il d’abord en se tournant vers sa sœur qui devait être perturbée par ce qui venait de se produire. Il se redressa et jeta un coup d’œil à la ronde. « Ils sont forcément quelque part, autour de nous, ils nous observent » Judson était resté inactif une grande partie de la prise d’otages, de peur d’aggraver la situation, mais là, il ne voulait pas rester les bras croisés, il était prêt à se lancer sur leurs traces, à les retrouver.